Carapace plate et lisse
Dossière brune ou noire, à lignes ou points jaunes
Plastron jaune pâle, parfois taché de sombre
Peau pointillée de jaune
Tortue des marais, tortue de Brenne, tortue boueuse
European pond turtle, european pond terrapin (GB), Testuggine palustre (I), Galápago europeo, tortuga d'Estany (E), Europäische Sumpfschildkröte (D), Europese moerasschildpad (NL)
Testudo lutaria Linnaeus, 1758
Testudo orbicularis Linnaeus, 1758
Emys europaea Durinden, 1897
Bassin méditerranéen élargi
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeOn trouve cette tortue en Europe centrale et méridionale, au Proche-Orient et en Afrique du Nord.
Elle occupe le sud de la France jusqu'au sud de la Bretagne et du bassin parisien.
La cistude choisit les eaux calmes, à fonds vaseux (marais, étangs, rivières et petits torrents éphémères). Elle est plutôt craintive et préfère les rives où la végétation est abondante, ce qui lui procure un abri. On peut aussi la rencontrer au bord d'eaux saumâtres.
Elle reste souvent près de l'eau en plein soleil. Mais s'il fait trop chaud, elle ne sort que le soir, restant sous les végétaux pendant le jour.
Elle hiberne d'octobre à mars dans la vase de la rive ou du fond de l'eau.
La cistude d'Europe mesure au maximum 20 cm.
Sa forme et sa couleur sont variables, sans toutefois que ces différences soient liées à une zone géographique.
La carapace est plate et lisse, bien qu'un peu plus bombée chez la femelle. La dossière* peut être brun clair à noire, avec plusieurs lignes, fines et rayonnantes, ou points, jaunes ou brunâtres. Le plastron* est jaune pâle, recouvert parfois de taches sombres et irrégulières. La dossière et le plastron sont articulés, et non soudés, ce qui permet au corps d'entrer complètement dans la carapace.
La peau de l'animal est recouverte de points jaunes. Il peut y avoir des dessins pointillés sur le cou, mais jamais de ligne. Sa queue est plutôt longue et effilée. Ses pattes palmées sont munies de fortes griffes (5 à l'avant et 4 à l'arrière). Les yeux des jeunes et des femelles sont jaunes ; ils sont rouges chez le mâle.
Mauremys leprosa, l'émyde lépreuse (ainsi appelée car une algue ronge son écaille) ou cistude de Maurétanie, est installée en Afrique du Nord et dans la péninsule ibérique. Elle serait présente en France dans les Pyrénées orientales. C'est une tortue semi-aquatique, carnivore, de 30 cm de long, au nez pointu. Sa dossière est sans motif, son cou est orné de lignes blanc-jaunâtre.
De taille équivalente, la cistude dentelée, Cyclemis dentata, est globalement brune, striée de noir. Sa répartition géographique comprend l'ensemble des pays de l'Asie du sud-est.
Emys blandingi, la tortue mouchetée, est très semblable, mais elle ne vit que dans la région des grands lacs canadiens.
La cistude est carnivore. Elle se nourrit dans l'eau (crustacés, grenouilles, poissons et oisillons) et à terre (insectes, escargots et limaces). Elle peut aussi noyer certains petits rongeurs. Elle ne mange qu'exceptionnellement des plantes aquatiques.
Les jeunes préfèrent les vers, les alevins et les têtards.
Pendant la période de reproduction, les yeux des mâles deviennent vraiment très rouges et leur agressivité envers les femelles s'accroît. Pendant l'accouplement, le mâle maintient la femelle sous l'eau, en lui mordant le cou et les pattes. Il peut alors arriver qu'elle se noie.
Les accouplements ont lieu en mai et les pontes au début de l'été. Elles se font dans un site sec, meuble et loin de l'eau, dans un trou de 10 cm de profondeur environ, creusé avec les pattes postérieures et qui accueille 3 à 12 œufs blancs. Ils sont déposés un à un au fond du trou par une patte arrière. Quand elle a terminé, la femelle rebouche le trou et tasse la terre avec son plastron.
Les petits naissent après environ 3 mois d'incubation, même s'ils peuvent parfois hiberner dans l'œuf. Leur carapace est brune, avec quelques taches jaunes sur le bord des plaques marginales. Elle mesure alors 3 cm.
Le sexe est déterminé en partie génétiquement et en partie par la température pendant les phases d'incubation. Si celle-ci est supérieure à 29°C, il y aura des femelles ; si la température est inférieure à 28°C, il y aura des mâles.
La croissance des cistudes est lente, de l'ordre de 1 cm par an. Les mâles seront matures quand la dossière atteindra 12 cm de long ; cette taille sera de 15 cm pour la femelle.
Adulte, la cistude n'a pas de prédateur. En revanche, les petits sont mangés par les putois et les hérons.
La cistude d'Europe souffre en France d'une concurrence pour le territoire avec Trachemys scripta, la tortue de Floride, et Chelydra serpentina, la tortue hargneuse.
Le poids moyen d'un adulte varie entre 400 et 800 g.
La cistude possède 2 vessies, à l'arrière du cloaque, qui se remplissent ou se vident d'eau par action musculaire. Elles jouent un rôle hydrostatique en plongée et elles sont aussi utilisées par la femelle pour inonder la terre afin de creuser plus facilement le nid.
Sa longévité est grande, sans doute entre 60 et 100 ans. Une étude internationale (parue dans Science en 2022), rassemblant plus de 100 chercheurs, a montré une grande variabilité des taux de vieillissement entre les espèces et que ceux-ci sont particulièrement faibles chez les tortues, les crocodiliens et les salamandres. Ce constat semble indépendant du type de métabolisme (ectothermie / endothermie) et découlerait plutôt de protections physiques (carapace, écailles) ou chimiques (venins) développées par les espèces concernées.
La cistude d'Europe fait ainsi partie des espèces dont la probabilité de
mourir ne change pas avec l'âge une fois que ces organismes ont
effectué leur première reproduction. Autrement dit, ces organismes
meurent d'autre chose que des suites du vieillissement.
Son territoire est fluctuant (elle peut en changer) et il n'est pas défendu (elle supporte bien la vie en commun).
Cette tortue est mangée dans certains pays. Sa chair a une odeur très forte.
Elle reste abondante en Afrique du Nord.
Son aire de répartition est disjointe : ce constat est un des arguments dans la théorie des fluctuations des zones immergées.
La cistude est protégée en France (Article 2 - Amphibiens et reptiles protégés).
En Belgique, c'est une espèce intégralement protégée par le décret du 06/12/2001 - Annexe 2a. Autrefois présente en Wallonie, on considère qu'elle est actuellement éteinte dans cette région.
Son statut de conservation UICN* est NT soit "quasi menacé". Au niveau international, elle figure à l'annexe III de la CITES et à l'annexe II de la Convention de Berne. Au niveau européen, elle figure aux annexes II et IV de la directive "Habitats - Faune - Flore".
Sa raréfaction vient d'une forte consommation jusqu'au début du XIXème siècle, de la pollution et du bétonnage des points d'eau depuis.
Cistude : du latin [testa] = coquille, carapace.
Emys : du grec [emys] = tortue d'eau douce,
orbicularis : du latin [orbiculus], diminutif de [orbis] = rond, circulaire, en rappel de la forme de la carapace.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Reptilia | Reptiles | Groupe paraphylétique incluant les vertébrés tétrapodes "rampants" à la peau sèche et écailleuse : tortues, serpents, crocodiles et lézards. |
Ordre | Testudines | Chéloniens | Reptiles possédant une carapace dorsale, une carapace ventrale (plastron), et un bec corné. Ce sont les tortues. |
Sous-ordre | Cryptodira | Cryptodires | Le cou se rétracte à l’intérieur du corps, sous la carapace, dans un plan vertical, les vertèbres formant alors un S. Le bassin est libre. |
Famille | Emydidae | Emydidés | Tortues d'eau douce, de petite taille. |
Genre | Emys | ||
Espèce | orbicularis |
Bain de soleil
Elle reste souvent près de l'eau en plein soleil. Mais s'il fait trop chaud, elle ne sort que le soir, restant sous les végétaux pendant le jour.
Marais du Vigueirat, Mas Thibert, Arles (13)
17/03/2012
Pause au soleil
Le corps de l'animal est ponctué de jaune. La carapace est plutôt plate. La dossière est ornée de motifs jaunes.
SNPN Réserve de Camargue, La Capelière, Arles (13)
13/03/2001
Respiration
Cette tortue, nageant près de la surface, sort la tête pour respirer.
Parc ornithologique Pont de Gau, Saintes Maries de la Mer (13)
01/04/2012
Nage sous l'eau
La cistude nage en écartant les pattes. On note de fortes griffes à chaque patte et une longue queue.
Lac de Provence, 3 m
05/2007
Sur le fond
Cette cistude marche tranquillement sur le fond du lac. Sa carapace paraît plus usée que dessinée.
Lac de Provence, 4 m
05/2007
Au bord d'une "roubine"
Une roubine (ou robine) est un canal de communication entre un étang salé et la mer.
Parc ornithologique Pont de Gau, Saintes Maries de la Mer (13)
01/04/2012
Cachée sur la rive
La cistude reste souvent près de l'eau, en plein soleil. Elle préfère les rives où une végétation abondante lui procure des abris.
SNPN Réserve de Camargue, La Capelière, Arles (13)
13/03/2001
Sur un fond de pierres
Cette cistude marche (ou nage ?), tête en avant, sur le fond de pierres de ce lac.
Lac de Provence, 2 m
05/2007
Tête, les yeux ouverts
La couleur des yeux de cette tortue est caractéristique d'un individu femelle : les yeux des jeunes et des femelles sont jaunes ; ils sont rouges chez le mâle.
Parc ornithologique Pont de Gau, Saintes Maries de la Mer (13)
01/04/2012
Juvénile dans l'eau
Cet individu mesure moins de 5 cm.
SNPN Réserve de Camargue, La Capelière, Arles (13)
05/05/2012
La dossière
Vue de la dossière d'une très jeune tortue se déplaçant sur la terre ferme, sans doute à la recherche d'eau.
SNPN Réserve de Camargue, La Capelière, Arles (13)
05/05/2012
Le plastron
Photo du même individu que précédemment mais, cette fois, c'est une vue de son plastron.
SNPN Réserve de Camargue, La Capelière, Arles (13)
05/05/2012
L'une sur l'autre
Comportement de domination d'une cistude sur une autre ?
Le long d'un canal aux portes de la Camargue (13)
13/05/2022
Rédacteur principal : Sylvie DIDIERLAURENT
Rédacteur : Jean-François DIDIERLAURENT
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Reinke B., Cayuela H., Janzen F., Lemaître J.F., Gaillard J.M., et al.., 2022, Diverse aging rates in ectothermic tetrapods provide insights for the evolution of aging and longevity, Science, American Association for the Advancement of Science (AAAS), 376(6600), 1459-1466.
La page de Emys orbicularis dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.