Coryphelle mauve

Edmundsella pedata | (Montagu, 1815)

N° 153

Méditerranée, Atlantique, mer du Nord

Clé d'identification

Nudibranche de type « éolidien »
Couleur générale rose-violet
Rhinophores lisses ou fripés mais ne comportant pas de lamelles
Bout des papilles dorsales et des rhinophores blancs

Noms

Autres noms communs français

Coryphelle rose

Noms communs internationaux

Pink coryphella (GB), Corifella porpora (I), Coryphella rosada (E), Rosa coryphella (D), Corifella rosea, roze coryphella (NL), Lilla frynsesnegl (N)

Synonymes du nom scientifique actuel

Coryphella pedata (Montagu, 1815)
Coryphella landsburgii (Alder & Hancock, 1846)
Eolis landsburgii Alder & Hancock, 1846
Flabellina pedata (Montagu, 1815)

Le dernier changement de genre a eu lieu en 2017, suite aux travaux moléculaires sur les Flabellinidae par [Korshunova &al. 2017].

Distribution géographique

Méditerranée, Atlantique, mer du Nord

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Edmundsella pedata est présente en Atlantique oriental et en mer du Nord (de la Norvège, îles écossaises jusqu'à l'Espagne et aux Açores) ainsi qu'en Méditerranée, principalement dans le bassin occidental et dans l'Adriatique.

Biotope

Elle fréquente généralement les eaux peu profondes, éboulis ou tombants, où sont présents les hydrozoaires (plus précisément les hydraires) constituant sa nourriture.

Description

C'est un petit éolidien (une tête et une queue, de nombreuses cérates sur le dos) de couleur variant entre rose, mauve et violet. La taille des individus méditerranéens varie de 15 à 20 millimètres maximum alors que les exemplaires atlantiques peuvent atteindre une cinquantaine de millimètres.
De même couleur que le corps et plus longs que les tentacules buccaux, les rhinophores*, cylindriques, sont lisses voire légèrement fripés ou tuberculés mais jamais annelés. Ils portent une pointe de couleur blanche à l'apex, comme les tentacules buccaux.
Les cérates*, fréquemment rassemblés en 7 groupes de chaque côté du corps, laissent entrevoir par transparence les ramifications de la glande digestive qui peut être orange, rouge, rose ou bien violette. L'extrémité des cérates, au niveau des cnidosacs* est également blanche.

Espèces ressemblantes

La confusion est possible avec les autres éolidiens roses de la même zone géographique. Néanmoins, des éléments facilement repérables peuvent nous aider à trancher, comme par exemple les rhinophores (qui ne sont pas lamellés chez Edmundsella pedata).

  • Flabellina affinis : les rhinophores de la flabelline mauve sont fortement lamellés horizontalement. La partie apicale des cérates* possède un anneau violet opaque. Ces deux éléments la distinguent facilement d'E. pedata.
  • Paraflabellina ischitana : les rhinophores de la flabelline d'Ischia sont également fortement lamellés. Les cérates sont entièrement transparents, ce qui rend la glande digestive colorée bien visible jusqu'au bout des cérates.
  • Facelinopsis marioni : cet éolidien rose possède des cérates très épais et courbés. Sur l'avant de ces papilles dorsales, il y a de grosses bandes blanches opaques bien nettes. Une bande blanche également sur la tête depuis les rhinophores jusqu'à au milieu du dos. Rhinophores épais rose lamellés avec bourgeon terminal blanc. Queue effilée et pointue.
  • Piseinotecus soussi Tamsouri, Carmona, Moukrim & Cervera, 2014 a probablement été longtemps confondue avec les espèces d'éolidiens mauves partageant sa distribution (Atlantique marocain et espagnol, Méditerranée occidentale), dont F. pedata. En effet, cette espèce nouvellement décrite ressemble extérieurement aux espèces du genre Flabellina, notamment à F. pedata à qui elle s'identifie beaucoup (cérates transparents à pointe blanche, implantés directement sur le corps, rhinophores non lamellés...). Mais elle en diverge visuellement par de minuscules taches blanches opaques sur les cérates. L'organisation de la radula* est également différente. En sus, l'analyse phylogénétique de P. soussis la place dans une relation assez éloignée des espèces du genre Flabellina.

Alimentation

Edmundsella pedata se nourrit, à l’instar des autres flabellines de mêmes teintes, des polypes des hydrozoaires (plus précisément des hydraires) de genre Eudendrium spp.

Reproduction - Multiplication

La reproduction a lieu vers la fin du printemps.
Les pontes sont des écheveaux de couleur blanche que l'on retrouvera fixés sur les branches des hydraires, de juillet à août.

Vie associée

Comme plusieurs espèces d'éolidiens, la coryphelle mauve est parfois parasitée par des copépodes. Le plus fréquemment, il s'agit des genres Splanchnotrophus ou Doridicola, dont on peut voir les sacs ovigères* sur le dos du nudibranche.

Divers biologie

Comme la plupart des éolidiens, Edmundsella pedata récupère les cnidocytes* (les cellules urticantes) embryonnaires des cnidaires qu'elle consomme. Ces cellules sont conservées, intactes, dans des réserves appelées cnidosacs* et situées sur le dos, à l'extrémité des cérates*. Elles deviennent ainsi le moyen de défense de l'animal qui s'est approprié ces éléments à son propre usage. Dès lors et eu égard à l'efficacité de cette arme de défense, on ne connaît pas vraiment de prédateur à la coryphelle.

Une partie des nudibranches utilisant, comme la coryphelle mauve , des moyens de défense très efficaces (recyclage de cnidocytes, spicules* pointus, acides...), doublent ce système de protection d'un moyen de dissuasion parfait en « prévenant » d'éventuels agresseurs de leur dangerosité. Pour ceci, ils portent souvent des robes très colorées que l'on appelle tenues aposématiques*.

L'animal, comme beaucoup de mollusques Opisthobranches*, possède dans le larynx une radula*, sorte de râpe dentelée mobile, munie de denticules acérés, qui lui sert à attaquer les polypes d'hydraires lui servant de proies.

Origine des noms

Origine du nom français

Coryphelle mauve : en plus de préciser la couleur de l'animal, l'espèce a gardé, francisé, son ancien nom scientifique de genre, Coryphella, qu'elle a longtemps porté.
Il y a plusieurs origines possibles au nom Coryphelle. Nous retiendrons ici l'origine mythologique grecque, [koryphe] signifiant "sommet, couronne sur la tête". De fait, Cicéron rapporte (de natura deorum, III 25) qu'Athéna, déesse de la guerre, serait née d'une nymphe nommée Koryphe, engrossée par Zeus et qu'Athéna ait gardé de cette ascendance les surnoms de "Née du Sommet", "Protectrice du rocher, de l’Acropole".
La mythologie romaine ne dit d'ailleurs pas le contraire : si la mère est rarement citée, Minerve ( = Athena) est bien la fille de Jupiter (= Zeus) qui l'aurait conçue avec Coryphée (ou Coriphe), l'une des Océanides. Et Minerve sera ainsi rebaptisée par les Acadiens, Corie.

Origine du nom scientifique

Edmundsella : genre nommé en l'honneur de Malcom Edmunds (1938-2017), taxonomiste anglais, ayant principalement traité d'arachnologie et de malacologie, notamment d'Opisthobranches.
Ce nouveau genre a été créé par Korshunova, Martynov, Bakken, Evertsen, Fletcher, Mudianta, Saito, Lundin, Schrödl & Picton, en 2017

pedata : du latin [pedatus] = qui a des pieds. Il s'agit d'une référence aux cérates qui, par groupes, sont joints à la base en un tronc commun, comme des doigts de main... ou de pied.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 1047602

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Cladobranchia Cladobranches
Famille Flabellinidae Flabellinidés Éolidiens de forme étroite, avec des tentacules pédieux. Les cérates sont parfois insérés sur des pédoncules dorsaux.
Genre Edmundsella
Espèce pedata

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