Nudibranche de type « éolidien »
Couleur générale rose-violet
Rhinophores lisses ou fripés mais ne comportant pas de lamelles
Bout des papilles dorsales et des rhinophores blancs
Coryphelle rose
Pink coryphella (GB), Corifella porpora (I), Coryphella rosada (E), Rosa coryphella (D), Corifella rosea, roze coryphella (NL), Lilla frynsesnegl (N)
Coryphella pedata (Montagu, 1815)
Coryphella landsburgii (Alder & Hancock, 1846)
Eolis landsburgii Alder & Hancock, 1846
Flabellina pedata (Montagu, 1815)
Le dernier changement de genre a eu lieu en 2017, suite aux travaux moléculaires sur les Flabellinidae par [Korshunova &al. 2017].
Méditerranée, Atlantique, mer du Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Edmundsella pedata est présente en Atlantique oriental et en mer du Nord (de la Norvège, îles écossaises jusqu'à l'Espagne et aux Açores) ainsi qu'en Méditerranée, principalement dans le bassin occidental et dans l'Adriatique.
Elle fréquente généralement les eaux peu profondes, éboulis ou tombants, où sont présents les hydrozoaires (plus précisément les hydraires) constituant sa nourriture.
C'est un petit éolidien (une tête et une queue, de nombreuses cérates sur le dos) de couleur variant entre rose, mauve et violet. La taille des individus méditerranéens varie de 15 à 20 millimètres maximum alors que les exemplaires atlantiques peuvent atteindre une cinquantaine de millimètres.
De même couleur que le corps et plus longs que les tentacules buccaux, les rhinophores*, cylindriques, sont lisses voire légèrement fripés ou tuberculés mais jamais annelés. Ils portent une pointe de couleur blanche à l'apex, comme les tentacules buccaux.
Les cérates*, fréquemment rassemblés en 7 groupes de chaque côté du corps, laissent entrevoir par transparence les ramifications de la glande digestive qui peut être orange, rouge, rose ou bien violette. L'extrémité des cérates, au niveau des cnidosacs* est également blanche.
La confusion est possible avec les autres éolidiens roses de la même zone géographique. Néanmoins, des éléments facilement repérables peuvent nous aider à trancher, comme par exemple les rhinophores (qui ne sont pas lamellés chez Edmundsella pedata).
Edmundsella pedata se nourrit, à l’instar des autres flabellines de mêmes teintes, des polypes des hydrozoaires (plus précisément des hydraires) de genre Eudendrium spp.
La reproduction a lieu vers la fin du printemps.
Les pontes sont des écheveaux de couleur blanche que l'on retrouvera fixés sur les branches des hydraires, de juillet à août.
Comme plusieurs espèces d'éolidiens, la coryphelle mauve est parfois parasitée par des copépodes. Le plus fréquemment, il s'agit des genres Splanchnotrophus ou Doridicola, dont on peut voir les sacs ovigères* sur le dos du nudibranche.
Comme la plupart des éolidiens, Edmundsella pedata récupère les cnidocytes* (les cellules urticantes) embryonnaires des cnidaires qu'elle consomme. Ces cellules sont conservées, intactes, dans des réserves appelées cnidosacs* et situées sur le dos, à l'extrémité des cérates*. Elles deviennent ainsi le moyen de défense de l'animal qui s'est approprié ces éléments à son propre usage. Dès lors et eu égard à l'efficacité de cette arme de défense, on ne connaît pas vraiment de prédateur à la coryphelle.
Une partie des nudibranches utilisant, comme la coryphelle mauve , des moyens de défense très efficaces (recyclage de cnidocytes, spicules* pointus, acides...), doublent ce système de protection d'un moyen de dissuasion parfait en « prévenant » d'éventuels agresseurs de leur dangerosité. Pour ceci, ils portent souvent des robes très colorées que l'on appelle tenues aposématiques*.
L'animal, comme beaucoup de mollusques Opisthobranches*, possède dans le larynx une radula*, sorte de râpe dentelée mobile, munie de denticules acérés, qui lui sert à attaquer les polypes d'hydraires lui servant de proies.
Coryphelle mauve : en plus de préciser la couleur de l'animal, l'espèce a gardé, francisé, son ancien nom scientifique de genre, Coryphella, qu'elle a longtemps porté.
Il y a plusieurs origines possibles au nom Coryphelle. Nous retiendrons ici l'origine mythologique grecque, [koryphe] signifiant "sommet, couronne sur la tête". De fait, Cicéron rapporte (de natura deorum, III 25) qu'Athéna, déesse de la guerre, serait née d'une nymphe nommée Koryphe, engrossée par Zeus et qu'Athéna ait gardé de cette ascendance les surnoms de "Née du Sommet", "Protectrice du rocher, de l’Acropole".
La mythologie romaine ne dit d'ailleurs pas le contraire : si la mère est rarement citée, Minerve ( = Athena) est bien la fille de Jupiter (= Zeus) qui l'aurait conçue avec Coryphée (ou Coriphe), l'une des Océanides. Et Minerve sera ainsi rebaptisée par les Acadiens, Corie.
Edmundsella : genre nommé en l'honneur de Malcom Edmunds (1938-2017), taxonomiste anglais, ayant principalement traité d'arachnologie et de malacologie, notamment d'Opisthobranches.
Ce nouveau genre a été créé par Korshunova, Martynov, Bakken, Evertsen, Fletcher, Mudianta, Saito, Lundin, Schrödl & Picton, en 2017
pedata : du latin [pedatus] = qui a des pieds. Il s'agit d'une référence aux cérates qui, par groupes, sont joints à la base en un tronc commun, comme des doigts de main... ou de pied.
Numéro d'entrée WoRMS : 1047602
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Flabellinidae | Flabellinidés | Éolidiens de forme étroite, avec des tentacules pédieux. Les cérates sont parfois insérés sur des pédoncules dorsaux. |
Genre | Edmundsella | ||
Espèce | pedata |
Des rhinophores lisses
Un des signes caractéristiques de la coryphelle mauve : les rhinophores sont lisses voire légèrement fripés mais ne portent pas de lamelles.
Grande Baie, Rade de Villefranche sur mer (06), 16 m
07/08/2005
Gros plan sur la tête
On voit ici l'animal de trois-quart face. Les rhinophores, sur la tête, ne sont pas lamellés, juste très légèrement fripés. Les tentacules buccaux à l'avant sont de la même couleur que les rhinophores et eux aussi se terminent par une pointe blanche.
Site du Magouër, rivière d'Etel (56), 10 m
14/03/2015
Couleur aposématique
Comme chez beaucoup de nudibranches, les couleurs de Edmundsella pedata sont vives et ressortent bien sur le substrat. Ces couleurs préviennent : « je suis immangeable ».
Grotte à corail, rade de Villefranche-sur-Mer (06), Méditerranée, 20 m
10/12/2023
Mangeuse d’hydraires
A l’instar des autres éolidiens méditerranéens roses ou mauves, la coryphelle mauve est une dévoreuse d’hydraires.
Crau de Nao, Rade de Villefranche-sur-Mer (06), 14 m
08/08/2005
Coryphelle mauve orange
La glande hépato-pancréatique est souvent visible au travers des cérates et sa couleur peut varier sur une large palette allant de rose clair à orange soutenu.
Crau de Nao, Rade de Villefranche (06), 21 m
01/05/2005
A la recherche de proies
Les extensions labiales autour de la tête, deux longues, deux plus courtes près du pied, analysent le substrat dans la recherche de nourriture et participent à la nutrition de l’animal.
Pointe Caussinière, Cap Ferrat (06), 19 m
11/09/2005
Un animal bien armé
La coryphelle mauve mange des polypes d’hydraires et recycle les cnidocytes intacts de ses proies à l’extrémité des cérates. Ces réservoirs défensifs situés dans la partie blanche des papilles dorsales s’appellent des cnidosacs.
Pointe Caussinière, Cap Ferrat (06), 19 m
11/09/05
Accouplement
Deux individus se présentent tête-bêche. Ils se rejoignent par l'organe copulatoire situé à droite, derrière la tête. Ils s'échangeront leurs gamètes avant d'aller, probablement, pondre chacun de son côté.
Pointe de la Cuisse, Rade de Villefranche-sur-mer (06), 12 m
27/04/2008
Ponte
La copryphelle mauve pond sur les rameaux d'hydraires qui constituent son alimentation.
Rade de Villefranche-sur-mer (06), 16 m
08/07/2010
Parasites
La coryphelle mauve peut être parasitée par des copépodes Doridicola agilis.
Sur ce cliché, il y en a deux (cerclés), des femelles dont on voit bien les doubles sacs ovigères.
Les Ridens, Boulogne-sur-Mer (62), 25 m
14/04/2012
Dans le Channel
Au printemps la coryphelle mauve peut être abondante sur un haut-fond rocheux du détroit du Pas de Calais.
Les Ridens, Boulogne-sur-Mer (62), 25 m
14/04/2012
D'Atlantique
Duo de coryphelles mauves bretonnes. L'espèce est aussi distribuée sur les côtes atlantiques.
Er lannic, golfe du Morbihan (56), 15 m
09/05/2010
Dans le Var
Le petit ruban blanc en haut de la photo sur l'extrémité du faux corail, Myriapora truncata, est une ponte, probablement celle de cette coryphelle mauve.
Loupe binoculaire, Agay (83)
06/2005
Monégasque
Cette jolie monégasque montre des rhinophores légèrement fripés.
Principauté de Monaco, 15 m
13/07/2008
Rédacteur principal : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Marina PODDUBETSKAIA OSSOKINE
Responsable historique : Aedwina REGUIEG
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Furfaro G., Salvi D., Mancini E., Mariottini P., 2017, A multilocus view on Mediterranean aeolid nudibranchs (Mollusca): Systematics and cryptic diversity of Flabellinidae and Piseinotecidae, Mol. Phylogenet Evol.;118, 13-22.
Korshunova T., Martynov A., Picton B., 2017, Ontogeny as an important part of integrative taxonomy in tergipedid aeolidaceans (Gastropoda: Nudibranchia) with a description of a new genus and species from the Barents Sea, Zootaxa, 4324(1), 001-022.
La page sur Edmundsella pedata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN