Murène de petite taille
Corps serpentiforme
Marbrures caractéristiques jaune et noir velouté
Petites dents émoussées
Mâchoires courtes
Murène enchaînée, murène à chaînons
Chain moray (GB), Morena cadena, morena jaspeada (E), Die Kettenmuräne (D)
Gymnothorax catenatus Bloch, 1795
Muraenophis catenula Lacepède, 1803
Muraena sordida Cuvier, 1816
Echidna fuscomaculata Poey, 1867
Caraïbes, golfe du Mexique, Atlantique tropical Ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesSa zone de répartition va des Bermudes au nord, au sud du Brésil en incluant toute la zone Caraïbe et le golfe du Mexique. On la retrouve également autour de l’île d’Ascension (Atlantique Sud).
On trouve E. catenata à faible profondeur, entre 0 et 15 m (jamais à plus de 20 m). C’est une espèce dite démersale* (qui vit donc à proximité du fond ou sur le fond) que l’on trouve sur un substrat* rocheux, sableux ou sur récif corallien, elle s’abrite dans les anfractuosités pendant le jour.
Elle peut sortir de l'eau sur les plages rocheuses et platiers découverts par la marée, et peut supporter jusqu'à 30 minutes hors de l'eau.
E. catenata est une murène de petite taille (moyenne autour de 45 cm avec un maximum de 165 cm) en comparaison avec les murènes de sa zone géographique. Elle possède un corps serpentiforme aplati longitudinalement. Elle présente des marbrures caractéristiques, jaunes sur fond sombre, ou l'inverse pour les gros spécimens.
Contrairement à la plupart des murènes, les dents de E. catenata sont petites et émoussées (voire arrondies, on parle de dents molariformes* ou granuleuses), adaptées pour la prédation sur les crustacés. Ses mâchoires sont courtes.
Les murènes peuvent être difficiles à reconnaître, à cause de la variabilité de leurs motifs de couleur.
Dans son aire de répartition géographique, E. catenata est difficile à confondre avec d'autres murènes en raison de sa morphologie plutôt courte et grasse et de son museau très court. Lorsque seule la tête est visible, on la distingue aisément des espèces du genre Gymnothorax grâce à ses narines postérieures en corolle, situées tout près des yeux.
Dans l'Indo-Pacifique, on peut rencontrer une espèce très voisine, Echidna nebulosa, de même apparence sauf que le patron de coloration est inversé (réticulations sombres sur un fond clair).
E. catenata se nourrit principalement de petits poissons et crustacés (une étude de l’alimentation de diverses espèces de poisson menée par la NOAA a montré que l’alimentation de E. catenata était constituée de crabes à 96,3 %). On dira que E. catenata est durophage.
Les petits crabes sont mangés en une seule fois, alors que les plus gros sont « déchirés » en morceaux par une succession de mouvements (rotation, tiraillement, …). Le terme « knotting » est utilisé en anglais pour désigner le comportement spécifique de certaines murènes (incluant E. catenata) qui, une fois la proie enserrée dans ses mâchoires puissantes, vont se tordre rapidement autour de la proie en dessinant un nœud ce qui va leur permettre de la manger ou de la décapiter plus facilement.
Un comportement spécifique de "chasse à vue" de E. catenata a été observé dans l’archipel de Fernando de Noronha (Brésil) et à Saint-Barthélemy (Antilles) : à marée basse, elle peut sortir de l’eau des mares pour aller chasser les crabes dont elle se nourrit dans les rochers.
Actuellement on ne dispose pas de données spécifiques pour cette espèce.
Les murènes sont ovipares*. Les œufs donnent des larves* typiques des Anguilliformes : les leptocéphales* , transparentes, en ruban, qui mènent une longue vie pélagique*.
Gueule pavée : ce nom provient probablement de l’aspect « pavé » des dents arrondies du vomer*.
Echidna : du latin [echidna] = vipère, serpent.
catenata : du latin [catenata] = enchaîné, attaché avec une chaîne, en forme de chaîne.
Numéro d'entrée WoRMS : 278676
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Ordre | Anguilliformes | Anguilliformes | Corps allongé, serpentiforme, nageoires anale et dorsale en continuité avec la caudale, pas de nageoires pelviennes. |
Famille | Muraenidae | Murénidés | Absence de nageoires paires, peau sans écaille. |
Genre | Echidna | ||
Espèce | catenata |
La tête
La murène gueule pavée est reconnaissable à sa tête arrondie au museau court, et à sa robe d'un noir velouté, marbré de motifs en chaînettes dorées.
Anse Dufour, Martinique, 8 m
18/03/2010
La tête (bis)
Avec son museau court, sans dents apparentes et sa tête arrondie, la murène gueule pavée a l'air plutôt sympa !
Bonaire, 8 m
02/02/2017
Les dents du haut
La bouche ouverte nous permet de voir l'absence de canines, et la forme émoussée, arrondie des dents situées sur le palais.
Saint François, Guadeloupe, environ 1 m
10/03/2014
Deux paires de narines
Au bout du museau, les narines antérieures tubulaires.
Juste au-dessus des yeux, les narines postérieures à bordure crénelée, ouvertes en corolle.
Les fossettes visibles entre les 2 paires de narines sont des pores sensoriels, d'autres sont visibles au bout du museau.
La bouche entrouverte permet de voir les dents molariformes de la mâchoire inférieure.
Bonaire, South Bay, 16 m
28/04/2012
Peau nue
Comme toutes les murènes, Echidna catenata est dépourvue d'écailles. Sa peau muqueuse peut se plisser et prendre comme ici un aspect ridé.
Réserve Cousteau, Bouillante, Guadeloupe, 7 m
24/04/2016
La queue
Partie rarement visible, sauf quand l'animal est à découvert, la queue est, comme le reste du corps, décorée d'un motif en chaînette dorée sur fond sombre.
Pointe Malendure, Guadeloupe, 10 m
12/03/2017
Chasse sur la plage
Les Gueules-pavées sont souvent observées chassant au bord de l'eau, à très faible profondeur, voire même hors de l'eau, comme ici. La murène a à des multiples reprises enfoncé sa tête dans le sable de la plage, en maraude dans les rochers du bord.
Anse à l'Ane, Martinique, en surface
12/08/2018
Coloration sombre
Entre un gros bouquet d'ascidies et une grappe de caulerpe-raisin, ce jeune spécimen présente un motif en très fines chaînettes sur une robe sombre.
Grande Anse d'Arlet, Martinique, 3 m
13/02/2016
Coloration claire
Sur les sujets âgés, les motifs en chaînette prennent le dessus sur le fond sombre.
Les Pierres Taillées, Guadeloupe, 10 m
02/04/2017
Cohabitation entre espèces
De mœurs plutôt solitaires, la murène gueule pavée tolère la présence de voisins dans son abri diurne. Ici, on la voit joue contre joue avec Gymnothorax vicinus dont on aperçoit le bout du museau.
Une lime rêche et une holothurie-serpent complètent la compagnie.
Saint-François, Guadeloupe, près du port (1 m)
12/03/2014
Socialbilité (bis)
Les Gueules-Pavées sont très sociables et cohabitent effectivement souvent dans les anfractuosités, même avec d'autres espèces. Ici deux "copines" sous un corps-mort aux Saintes
Baie des Saintes, Anse du pain de Sucre, Guadeloupe, 2 m
28/10/2013
Rédacteur principal : Jean ROGER
Vérificateur : Anne PROUZET
Responsable régional : Anne PROUZET
Mehta R.S., 2008, Ecomorphology of the moray bite: relationship between dietary extremes and morphological diversity, Physiological and Biochemical Zoology, 82(1), 90-103.
Randall J.E., 1967, Food habits of reef fishes of the West Indies, Contribution from the Institute of Marine Biology, University of Puerto Rico, Mayaguez, 183 p. [PDF]
Miller T.J., 1987, Knotting: a previously undescribed feeding behavior in Muraenid eels, Copeia, 1987(4), 1055-1057.
Morice J.-C., 1964, Catalogue descriptif des poissons vénéneux du banc de Saint-Barthélémy (Antilles françaises), Revue des Travaux de l'Institut des Pêches Maritimes, 29(1), 1-130., [Open Access]
La page sur Echidna catenata sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page sur Echidna catenata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN