Coquillage bivalve fixé par un byssus ventral
Jusqu'à 35 mm de long
Forme générale de moule environ 2 fois plus longue que large
Zébrures brunâtres et blanchâtres
Séparation ventrale entre les 2 valves en « S »
Dreissène : il s'agit du nom générique, principalement utilisé pour déterminer la « moule zébrée », **Dreissena polymorpha** Pallas 1771
Quagga mussel (GB), Quagga (E), Quagga-Dreikantmuschel (D), Quaggamossel (NL)
Dreissena rostriformis Deshayes 1838
Dreissena bugensis (Andrusov, 1897)
Europe et Amérique du Nord
Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-OuestOriginaire d'Ukraine et du nord de la région ponto-caspienne, la quagga se répand depuis les années 1930 dans de nombreux cours d'eau d'Europe et d'Amérique du Nord.
En Europe, elle remonte le Danube, le Rhin et la Meuse. En France, on la trouve dans le nord-est (bassin Rhin-Meuse). En Belgique, on la trouve dans la Meuse et dans les lacs de barrage de l'Eau d'Heure.
Elle a également atteint l'Amérique du Nord, en particulier la région des grands lacs et la Californie.
On la trouve en lacs, rivières et canaux à des profondeurs très variables, jusqu'à -130 m dans les grands lacs américains.
Elle accepte des eaux légèrement saumâtres.
Dreissena rostriformis bugensis est un mollusque bivalve fixé par un byssus* ventral. Sa coquille en forme de moule peut atteindre jusqu'à 35 mm de long. Elle est environ 2 fois plus longue que large et porte des zébrures brunâtres et blanchâtres plus ou moins marquées.
La séparation entre les deux valves est sinusoïdale sur la partie ventrale.
Les individus d'eaux profondes ont une coquille plus comprimée sur l'axe dorsoventral et de couleur blanchâtre.
On peut facilement la confondre avec la moule zébrée Dreissena polymorpha qu'on retrouve dans les mêmes milieux et qu'elle tend à supplanter.
Quelques critères visuels pour les distinguer :
La quagga est un filtreur* actif qui crée une circulation d'eau par des cils tapissant le siphon inhalant. Les particules organiques sont extraites, tandis que les particules indésirables sont enrobées d'un mucus et rejetées par le siphon inhalant sous forme de pseudo-fèces. L'eau filtrée est rejetée par le siphon exhalant. Une moule peut filtrer plus d'un litre d'eau par jour.
Les sexes sont différenciés. L'espèce est très prolifique, une femelle mature peut avoir un cycle de reproduction continu sur plusieurs mois et produire plus d'un million d'œufs par année. Les œufs sont expulsés en pleine eau où ils sont fécondés. Ils donnent en quelques jours des larves* ciliées microscopiques appelées véligères*, qui vont dériver jusqu'à quatre semaines au gré des courants avant de se fixer grâce à leur byssus.
Filtreuse efficace, la quagga appauvrit le milieu en phyto- et zooplancton* au détriment des autres espèces. Par ailleurs, elle se fixe sur d'autres bivalves tels les Unionidés en quantités telles qu'elle les empêche d'ouvrir leurs valves pour s'alimenter et s'oxygéner, ce qui provoque leur disparition.
Elle est associée à plusieurs espèces invasives qui supplantent les espèces indigènes, notamment le gammare Dikerogammarus villosus.
La quagga est capable de se détacher de son byssus et ainsi de se déplacer.
Le morphotype ( = type morphologique) d'eaux profondes « profunda » est abondant dès les premiers mètres dans le lac de la Plate-Taille en Belgique. Il a également été collecté en rivières - peu profondes - aux USA et en Europe. Il est important de noter qu'il n'y a pas de variation génétique suffisante entre ce morphotype « profunda » et celui rencontré plus fréquemment, pour les considérer comme des espèces différentes.
Originaire d'Ukraine, la quagga se répand depuis plusieurs années dans de nombreux cours d'eau d'Europe et d'Amérique du Nord. Introduite au départ dans les eaux de ballast des bateaux ou fixée aux coques (« fouling »), son expansion rapide est favorisée par sa prolificité, sa croissance rapide, la capacité des larves à dériver plusieurs semaines et celle des adultes à résister à plusieurs jours de dessiccation. Lorsque D. polymorpha et D. rostriformis bugensis sont présentes sur le même site, la seconde tend la plupart du temps à supplanter la première. Une hypothèse pour l'expliquer serait que les individus jeunes de la quagga résistent mieux aux conditions hivernales grâce à une taille moyenne supérieure du fait d'une croissance plus rapide et d'une reproduction commençant plus tôt dans l'année.
La quagga, comme la moule zébrée (D. polymorpha), est considérée comme une nuisance économique grave, notamment dans les grands lacs américains par les dégâts qu'elle occasionne aux infrastructures (crépines bouchées, bouées de balisage coulant sous le poids des individus fixés, fouling important ...).
Les deux espèces constituent également une menace pour l'écosystème :
Des tentatives pour les empoisonner à l'aide de chlore ont échoué. En présence de chlore, les dreissènes cessent de s'alimenter et se referment jusqu'à plusieurs semaines pour y échapper. Pour contourner cette stratégie de défense, l'université de Cambridge (Dr. D. Aldridge) a développé le concept des BioBullets dans lesquels le chlore est encapsulé dans un enrobage formé entre autres d'huile végétale et de silice pour former des micro-billes acceptées par la moule.
Comestible, sa consommation est fortement déconseillée, puisque son mode d'alimentation favorise la bioaccumulation de toxines et polluants présents dans le milieu.
Dans les carrières belges, les Dreissena semblent avoir été introduites volontairement par les plongeurs pour leur capacité à filtrer l'eau et, en conséquence, à améliorer la visibilité. Dans le cas de la quagga à la Plate Taille, l'introduction est probablement accidentelle par des plongeurs ou par les bateaux de plaisance.
Aux États-Unis et au Canada, des réglementations visent à contrecarrer son extension : interdiction de transport et rejet.
En Californie, les autorités organisent des ateliers à l'attention des amateurs de sports aquatiques pour leur apprendre à nettoyer leur matériel de façon à éviter la propagation des Dreissenidés. A partir du 1er avril 2016, cet État soumet la possession d'individus, même morts, à autorisation.
Quagga : en référence aux rayures du quagga, espèce disparue proche du zèbre.
Dreissena : genre dédié à Johannes Hendrik Dreissen(s) (1782-1862), un pharmacien de Mazeyk(1), qui avait fourni en 1822 des spécimens vivants de la moule zébrée, récoltés dans un canal de la région, à P-J Van Beneden, à partir desquels ce dernier a décrit le genre.
(1) Mazeik, aujourd'hui Maaseik, en Belgique, est une ville située sur la Meuse et qui à l'époque faisait partie du Royaume Uni des Pays-Bas.
bugensis réfère au Boug Méridional, un fleuve Ukrainien qui se jette dans la mer Noire et dont est originaire la quagga.
rostriformis, « en forme de rostre » est formé sur le latin, [rostrum] = le rostre et [forma] = la forme.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Ordre | Venerida | Vénérides | Coquille mince, allongée, dure et costulée, bâillante à une ou aux deux extrémités. Ligament à la fois interne et externe. |
Famille | Dreissenidae | Dreissénidés | Coquille allongée, avec les sommets à l’extrémité antérieure. Face ventrale aplatie, face dorsale arrondie, formant parfois un angle. Ligament interne non saillant. Charnière sans dent. Présence d’un septum sous le sommet. |
Genre | Dreissena | ||
Espèce | rostriformis bugensis |
Identification
Les siphons inhalant et exhalant sont nettement visibles.
Lac de la Plate-Taille, Belgique, 3 m
08/11/2015
Tapis de quagga
En quelques années, la quagga a recouvert la plupart des substrats solides autour du centre de plongée, formant un véritable tapis continu, souvent sur plusieurs couches. Par endroits, la densité dépasse les 25 000 individus au m².
Lac de la Plate Taille, Centre de plongée des Barrages de l'Eau d'Heure, 3 m
08/11/2015
Siphon inhalant
Gros plan sur le siphon inhalant qui se termine par une couronne de cils.
Lac de la Plate Taille, Belgique, 3 m
08/11/2015
Dreissena sp. : comparaison
La photo présente les principaux critères visuels permettant de distinguer les D. rostriformis bugensis et D. polymorpha. Chez D. rostriformis bugensis la jonction entre les deux valves est sinusoïdale , le byssus démarre plus près de la charnière, on peut observer une "dépression" de la coquille. Enfin, la coquille est moins carénée et "roule" si on essaye de la poser sur sa face ventrale
Lac de la Plate Taille, 3 m pour D. rostriformis bugensis
Carrière Cosijns (Lessines - Belgique), 10m pour D. polymorpha
27/09/2015 (D. bugensis) - 04/10/2015 (D. polymorpha)
Dreissena bugensis profunda
Le morphotype profunda se trouve en abondance dès les premiers mètres à la Plate Taille
Lac de la Plate Taille, Centre de plongée des Barrages de l'Eau d'Heure, 3 m
08/11/2015
Variabilité morphologique
Une bonne illustration de la diversité de formes des dreissènes : à première vue, on peut douter qu'il s'agisse de la même espèce que celle observée à la Plate Taille.
Carrière de Lillé, Belgique, 10 m
30/01/2016
Charnière
La courbure de la jonction des deux valves, le faible carénage et l'attache du byssus proche de la charnière caractérisent D. rostriformis bugensis.
Carrière de Lillé, Belgique, 10 m
30/01/2016
Déplacement
La quagga est capable de se détacher de son byssus et ainsi de se déplacer.
Plan d'eau du Colombier, Anse (69), 3 m
01/03/21
Rédacteur principal : Pierre MARLIERE
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Michel KUPFER
Marescaux J., Boets P., Lorquet J., Sablon R., Van Doninck K., Beisel J.-N, 2015, Sympatric Dreissena species in the Meuse River: towards a dominance shift from zebra to quagga mussels, Aquatic invasions, 10(3), 287-298.
Therriault T. W., Weise A. M., Higgins S. N., Guo Y., Duhaime J., 2012, EVALUATION DES RISQUES POSÉS PAR TROIS ESPÈCES DE MOULES DREISSÉNIDÉES (DREISSENA POLYMORPHA, DREISSENA ROSTRIFORMIS BUGENSIS ET MYTILOPSIS LEUCOPHAETA) DANS LES ÉCOSYSTÈMES D'EAU DOUCE AU CANADA, ed. SCCS (Secrétariat canadien de consultation scientifique), 97p.
La page de Dreissena rostriformis bugensis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN