Eponge encroûtante ou lobée
Couleur beige à rose orange pâle
Oscules petits (moins de 1 cm), limités par une petite membrane
Intérieur orange plus soutenu
Consistance molle, élastique
Lumpy overgrowing sponge (GB)
Fibularia anchorata Carter, 1882
Desmacidon reptans Ridley & Dendy, 1886
Desmacidon carterianum Arndt, 1927
Holopsamma helwigi de Laubenfels, 1936
Atlantique tropical Ouest, Cap Vert
Zones DORIS : ● CaraïbesCette éponge est présente des Bahamas au Brésil et connue aussi aux îles du Cap Vert et dans le golfe de Guinée.
Les signalements dans l'océan Indien et en Indonésie ont été reconnus comme une espèce jumelle mais bien distincte : Desmapsamma vervoorti van Soest, 1998.
Cette éponge assez photophile* se trouve sur les tombants et les fonds rocheux, mais aussi bien dans les fonds de baie et mangroves, de 2 à 30 m de profondeur. La croissance est rapide et c'est souvent une des premières à coloniser les épaves ou casiers abandonnés.
Cette éponge se présente sous la forme de petits monticules lobés, pouvant devenir érigée ou branchue.
La couleur est à dominante rose ou orangée, pâle ou blanchâtre en surface et orange plus soutenu à l'intérieur des oscules*. Ceux-ci sont ronds et assez petits (de l'ordre de 10 mm de diamètre), et limités par une petite membrane de même couleur. Ils sont situés au sommet des lobes.
La surface est lisse, mais souvent incrustée de sable ou autres débris, et on peut voir un motif en réseau de veines translucides convergeant vers les oscules.
La consistance est souple, élastique, assez molle. Le toucher est légèrement gluant.
La forme en petits lobes accolés surmontés d'oscules peut provoquer une confusion avec des morphotypes similaires de Callyspongia fallax. A défaut de pouvoir prélever pour examen des spicules*, c'est l'examen des orifices qui aidera à se prononcer : les oscules sont largement ouverts, presque bâillants, pour C. fallax, alors qu'ils sont petits, bien ronds et délimités, voire rétrécis, par une petite membrane bien nette chez D. anchorata. Au toucher, C. fallax est fibreuse, ferme, alors que D. anchorata est plutôt molle et souple.
Les éponges se nourrissent en prélevant les micro particules (moins de 5 µm) contenues dans l'eau de mer. Le courant de filtration est produit par le battement synchrone de cellules ciliées, les choanocytes*, qui font circuler l'eau dans un réseau complexe de canaux à l'intérieur du corps de l'éponge.
Les éponges sont généralement hermaphrodites*, l'hermaphrodisme pouvant être successif ou simultané. Les spermatozoïdes* sont émis en pleine eau et captés par un autre individu via le courant inhalant. Les éponges de ce groupe sont généralement vivipares* : elles émettent des larves* après incubation à l'intérieur de l'éponge-mère. Ces larves sont ciliées et nagent quelques temps avant de s'installer sur le fond, sur un substrat* idoine, et de se développer en une nouvelle éponge.
C'est une des éponges consommées de préférence par les poissons-anges (Pomacanthus paru, P. arcuatus, Holacanthus tricolor, H. ciliaris).
Une association spécifique entre Desmapsamma (cf) anchorata et un octocoralliaire également d'origine caraïbe (le télesto blanc Carijoa riisei) a été signalée, bizarrement en Indonésie où ces deux espèces sont considérées comme non indigènes (probablement introduites). Rien de semblable ne semble exister entre ces deux espèces dans leur zone d'origine.
La couche superficielle (cortex*) est bien distincte. Le squelette est composé de fibres de spongine* formant des mailles polygonales, incluant plusieurs types de spicules : des mégasclères (oxes*), des microsclères (isochèles* et sigmas*) et aussi des petits débris et des grains de sable incorporés en surface.
Eponge grumeleuse recouvrante : ce nom utilisé dans les guides usuels, est une tentative assez maladroite de description de son aspect de surface (irrégulier, incrusté de débris divers) et de son mode de croissance.
Desmapsamma : du grec [desmos] = lien, courroie, faisceau solidement attaché et [psammos] = le sable. Composé à partir du nom d'un genre voisin (Desmacidon), dont les spicules se présentent par paquets étroitement serrés, alors que la racine [psammos] fait référence au fait que du sable est fréquemment incorporé à la matière de l'éponge, surtout en surface.
anchorata : du latin [ancora, anchora] = ancre. Carter a donné ce nom pour rappeler les microsclères qu'il appelle "equianchorate" (les isochèles).
Numéro d'entrée WoRMS : 169121
| Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
|---|---|---|---|
| Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
| Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
| Ordre | Poecilosclerida | Poécilosclérides | « Eponges à spicules variés ». Charpente de spicules siliceux (styles ou acanthostyles) renforcée de spongine. Plusieurs types de mégasclères et de microsclères (chèles, sigmas...). |
| Famille | Desmacididae | Desmacididés | |
| Genre | Desmapsamma | ||
| Espèce | anchorata |
Éponges cornéo-siliceuses (Démosponges)
Lobes beige rosé à petits oscules
Forme générale et couleur sont assez peu significatives pour reconnaître cette éponge. La taille et la forme des oscules sont un meilleur critère. Un réseau de veines se devine par transparence.
Pointe des Nègres, Martinique, 5 m
15/07/2007
Éponges cornéo-siliceuses (Démosponges)
Multiples lobes surmontés d'oscules
La couleur est ici rose pâle à orange en surface, avec un intérieur plus foncé visible par les orifices.
Grande Anse d'Arlet, Martinique, entre 3 et 4 m
13/02/2016
Oscules ronds
Les lobes tubulaires sont réunis par une base rampante.
Les oscules sont petits, ronds, avec une petite margelle membraneuse.
Pointe des Nègres, Martinique, 10 m
14/07/2016
Multilobée
La consistance est molle et élastique, le toucher légèrement muqueux. La surface est lisse.
Martinique, vers 10 m
14/07/2016
Forme allongée et branchue
Un exemple de forme tubulaire et branchue qui pourrait être facilement confondue avec Callyspongia fallax, sans un examen attentif des oscules.
Grande Anse d'Arlet, Martinique, entre 3 et 4 m
13/02/2016
Une des premières à coloniser les épaves
Superposée à une éponge-tuyau d'orgue jaune soufre et une éponge-corde rouge framboise, l'éponge grumeleuse prend ici une forme branchue qui semble explorer son environnement.
Le Carbet, Martinique, 8 m
13/12/2016
En pâté rose
Curieuse forme pour cette éponge installée sur un bloc rocheux exposé aux vagues. Elle s'est peut-être réorganisée suite à un "accident de parcours" .
Anse Doufour, Martinique, 6 m
12/07/2015
Spécimen martiniquais
Le toucher est lisse, légèrement muqueux. La consistance est souple et molle.
Martinique, Pointe Burgos, 9 m
06/12/2016
Oxes et microsclères dans le choanosome*
Voici les types de spicules que l'on peut trouver à l'intérieur de l'éponge. On voit ici des oxes (grandes aiguilles) légèrement courbés, des sigmas de plusieurs tailles (en crochet) et 1 petit isochèle en haut à gauche
Specimen d'origine Martinique, Pointe Burgos, 6 m
12/2016
Eponge paresseuse
Plutôt que de construire elle-même son squelette, Desmapsamma anchorata fait appel à des sous-traitants. Beaucoup d'éléments du milieu sont incorporés dans la couche superficielle :
gr : grain de sable
for : foraminifère
tr : fragments de triaene
sp : spiraster
ac : acanthostyles (cassés)
ox : oxes (cassés)
(l'échelle est approximative)
Specimen d'origine Martinique, Pointe Burgos, 6 m
12/2016
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Correcteur : Jean VACELET
Responsable régional : Anne PROUZET
Calcinai B., Bavestrello G., Cerrano C., 2004, Dispersal and association of two alien species in the Indonesian coral reefs: the octocoral Carijoa riisei and the demosponge Desmapsamma anchorata, Journal of the Marine Biological Association of the UK, 84(5), 937-941.
Carter H.J., 1882, Some Sponges from th West Indies and Acapulco in the Liverpool Free Museum described, with genera and classifiction remarks, Annals and Magazine of Natural History Series 5, 9, 266-301.
Impact Mer, Ginger Environnement, 2012, Spongiaires des mangroves de Martinique - Atlas taxonomique, DEAL & ODE Martinique, 104 pp.
van Soest R.W.M., 1998, A new sponge Desmapsamma vervoorti spec. nov. (Poecilosclerida: Desmacididae) from Indonesia, Zool. Verh., 323, 427-434.
La page de Desmapsamma anchorata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Desmapsamma anchorata sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires : World Porifera Database
Zea, S., Henkel, T.P., and Pawlik, J.R,. 2014,
The Sponge Guide: a picture guide to Caribbean sponges. 3rd Edition.
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