Nudibranche de plus de 50 mm de longueur
Surface lisse uniformément rouge ou orangée
Bordure du manteau fine et ondulée
Rhinophores lamellés
Petit panache branchial
Atlantique Est, proche Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Parmi les Dendrodoridés, c'est Dendrodoris herytra qui a l'aire de répartition la plus large dans l'Atlantique Nord-Est, même si elle est rarement rencontrée par les plongeurs. En France, elle vit sur les côtes sud du golfe de Gascogne, à partir du bassin d'Arcachon, puis tout le long de la péninsule ibérique, des côtes du Maroc et de Mauritanie jusqu'aux îles Canaries, Madère et les Açores.
Elle semble absente de Méditerranée, sauf en mer d'Alboran, au débouché du détroit de Gibraltar.
Les rencontres avec cette espèce semblent assez rares. Elle a été vue sur des fonds rocheux, dans des zones soumises à de forts courants de marée ou de houle, et par des profondeurs allant du niveau de la basse mer, jusqu'à 25 mètres. A faible profondeur et dans la journée, elle se cache sous les pierres, au fond des anfractuosités et sous des surplombs ; elle sort de ses cachettes la nuit et parcourt le substrat*.
Dendrodoris herytra se présente comme un gros nudibranche lisse et uniformément rouge. Sa taille peut dépasser en extension 50 mm de long, sur 30 mm de large. Au repos, il prend une forme arrondie et mesure plus de 40 mm de diamètre.
Le manteau*, lisse et mou, porte parfois quelques rides, mais jamais de spicules*; la bordure du manteau, beaucoup plus fine et ondulée, présente comme des replis centrifuges.
Les rhinophores* sont renflés et lamellés dans leurs deux tiers distaux*, au-dessus d'une hampe lisse.
Les branchies*, au nombre de trois, entourent l'anus, en position très postérieure sur le dos. Les branchies elles-mêmes sont particulièrement courtes et n'atteignent jamais le bord du manteau.
Cette espèce est habituellement colorée uniformément en rouge, tirant sur l'orangé ou le rose, selon l'éclairement ou l'alimentation de l'animal. Néanmoins, certains spécimens décrits étaient verdâtres ou gris, parfois avec quelques taches plus foncées.
La pointe des rhinophores et l'armature extérieure des branchies sont plus claires, éventuellement blanches.
Les juvéniles sont uniformément rouges, comme le sont aussi les juvéniles des autres espèces de Dendrodoris atlantiques.
Dans sa couleur rouge habituelle, Dendrodoris herytra ne peut guère être confondue avec aucun autre nudibranche, au moins sur les côtes françaises.
Citons néanmoins :
Rostanga rubra, rouge elle aussi, mais d'une taille bien plus petite, présente une surface du manteau rugueuse, hérissée de minuscules spicules.
Berthellina edwardsi est de couleur, de taille, d'aspect, et de comportement similaire, mais la forme des rhinophores, tubulaires ici, et l'absence de branchies sur le dos font la différence.
Dendrodoris grandiflora dans sa coloration rouge pourrait être confondue, mais elle présente des taches plus foncées sur le dos. Dans ses couleurs rares, grise ou verdâtre, Dendrodoris herytra lui ressemble, mais les aires de répartition ne se chevauchent que dans le sud de la péninsule ibérique et le nord du Maroc.
Dendrodoris limbata présente toujours une bordure du manteau jaune vif.
Discodoris rosi est un petit doridien (max 20 mm), pouvant apparaitre rouge à rouge sombre, même si sa couleur habituelle est plutôt le jaune orangé. Il montre généralement sur le manteau de petits cercles blancs.
Les juvéniles des Dendrodoris d'Atlantique étant quasiment tous rouges (sauf D. limbata), leur détermination est impossible à l'œil nu.
Il existe très peu de données sur le régime alimentaire de Dendrodoris herytra. On peut supposer qu'elle se nourrit de spongiaires, comme les autres nudibranches de ce genre.
Les Dendrodorididés n'ont pas de radula*, et donc, pas de système masticatoire. Ils se nourrissent en sécrétant des enzymes digestives qui dégradent les tissus des éponges, puis aspirent ces résidus partiellement digérés.
Les nudibranches se reproduisent par voie sexuée et sont ovipares*. Ils sont hermaphrodites* simultanés : les organes génitaux mâle et femelle sont simultanément fonctionnels.
Le gonopore*, l'orifice génital à la fois mâle et femelle, se situe sur le flanc, à l'avant-droit de l'animal. L’accouplement se fait en position tête-bêche pour l’échange des spermatozoïdes*.
Il n'y a guère de données sur l'aspect de la ponte.
Il est probable que les larves* véligères* pélagiques* subissent plusieurs stades d'évolution avant de se poser et de se transformer en juvéniles.
Les juvéniles du genre Dendrodoris sont généralement de couleur rouge, sauf ceux de l'espèce D. limbata.
Habituellement, les gastéropodes sont pourvus d'une radula, sorte de bande râpeuse avec laquelle ils broient les aliments. La forme et la disposition des dents de cette râpe sont caractéristiques de chaque espèce. Les nudibranches du genre Dendrodoris sont dépourvus de radula : cela explique les difficultés de détermination des espèces de ce genre.
C'est la forme des crochets du pénis* qui permet actuellement d'identifier les espèces de Dendrodoris.
Avant que la publication de Valdés et coll. en 1996 ne définisse précisément les neuf espèces de Dendrodoridés d'Atlantique-Méditerranée, et ne décrive Dendrodoris herytra, un certain nombre de spécimens de Dendrodoris herytra ont été décrits par les scientifiques au cours du XXe siècle sous des appellations diverses :
En l'absence de radula, le tube digestif présente des glandes digestives particulièrement développées
Doris écarlate est la simple traduction du nom scientifique. Cette dénomination française est une proposition du site DORIS.
Comme le nom vernaculaire* de "doris rouge" avait déjà été attribué à Rostanga rubra, il a fallu trouver une autre nuance.
Dendrodoris : composé du grec [dendron] = arbre, et du nom de Doris, une Océanide, divinité marine qui a donné son nom aux nudibranches doridiens. Doris était la fille des dieux grecs Océanos et Thétys et était mariée au dieu marin Nérée. Ensemble, ils eurent 50 filles, les Néréides (nymphes marines, parmi lesquelles Galathée, Béroé, Cymodocé, Doto, Thétis...).
Ce nom de Doris est employé pour construire de nombreux genres taxonomiques* de nudibranches : Chromodoris, Hypselodoris, Glossodoris, Goniodoris, Onchidoris, Gymnodoris, etc.)
Herytra est la latinisation par les auteurs, Valdés, Ortea, Avila et Ballesteros, du féminin du mot grec [érythros] = rouge, correspondant à la couleur dominante de ce nudibranche.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Dendrodorididae | Dendrodorididés | Corps mou ovale à allongé, manteau large portant des tubercules. Rhinophores à extrémité lamellée. Branchies en arc autour de l’anus. |
Genre | Dendrodoris | ||
Espèce | herytra |
Grande limace rouge-orangée
Ce spécimen en extension atteint 52 mm de long. La pointe blanche des rhinophores est bien visible ici, mais le reste de l'animal est d'un rouge orangé uni. La bordure ondulée du manteau n'est pas très large.
C'est le même spécimen que les photos 5, 6 et 7.
Grand-Piquey, Lège-Cap-Ferret (33) 4 m
14/10/2007
De profil
Individu plus pâle, rencontré de nuit à faible profondeur. La pointe plus claire des rhinophores est visible ici. La limace était en exploration sur une ulve.
Chez Hortense, Lège-Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), 2 m, de nuit
30/05/1998
Lisse et orangée
Vue de face, les rhinophores et le bord ondulé du manteau se remarquent bien. Le dos lisse et souple ne porte aucun spicule.
Chez Hortense, Lège-Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), 2 m, de nuit
30/05/1998
Sur la côte basque
Sur fond de roches tapissées d'algues rouges, la couleur rouge est plutôt un camouflage.
A cette profondeur, elle se déplace à découvert de jour, mais quand-même sous un large surplomb.
Belharra, Saint-Jean-de-Luz (64) 21 m
27/05/2013
Arrondi au repos
Spécimen trouvé sous une pierre, il est au repos et a pris une forme arrondie, de 40 mm de diamètre environ.
Grand-Piquey, Lège-Cap-Ferret (33) 4 m
14/10/2007
Face ventrale
Une fois retourné, le pied est bien visible, bien plus petit que le manteau qui le déborde largement tout autour.
Grand-Piquey, Lège-Cap-Ferret (33) 4 m
14/10/2013
Profil
Sur cette vue de profil du même spécimen, la petite taille des branchies se remarque bien, relativement à la taille du nudibranche.
Grand-Piquey, Lège-Cap-Ferret (33) 4 m
14/10/2007
Petites branchies
Vue de 3/4 arrière du spécimen basque : on remarque la petite taille des branchies par rapport à celle de l'animal.
Belharra, Saint-Jean-de-Luz (64) 21 m
27/05/2013
Bien étiré
Spécimen trouvé sous une pierre ; une fois en extension, il atteint 50 mm. La pointe blanche des rhinophores et la bordure claire des branchies se voient bien.
Le Mimbeau, Lège-Cap-Ferret, (33) 14 m
31/10/2009
Grande limace ridée
Sur cet autre spécimen particulièrement grand : 55 mm en extension, la "peau" du dos présente des rides et des plis. Les branchies sont partiellement rétractées.
Le Mimbeau, Lège-Cap-Ferret, (33) 6 m
31/10/2009
Rédacteur principal : Michel BARRABES
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable historique : Michel BARRABES
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Gantès H., 1980, OPISTHOBRANCHES ARCACHON, Thèse Université Bordeaux 1.
Valdés A., Ortea J., Avila C., Ballesteros M., 1996, Review of the genus Dendrodoris Ehrenberg, 1831 (Gastropoda: Nudibranchia) in the Atlantic Ocean, Journal of Molluscan Studies, 62(1), 1-31.
Valdés, A., 2000 (May 27) Dendrodoris herytra Valdés & Ortea, 1996 . [In] Sea Slug Forum. Australian Museum, Sydney.