Thalles érigés de couleur brune pouvant atteindre 40 cm de hauteur
Base encroûtante étendue, d'où partent plusieurs axes dressés
Rameaux primaires cylindriques souvent sinueux
Rameaux secondaires courts et disposés irrégulièrement
Rameaux couverts de ramules spiniformes
Iridescence bleu-vert
De la surface à 30 cm de profondeur
Sur roche éclairée en mode battu
Cystoseira ericoides var. amentacea C.Agardh 1821
Cystoseira amentacea (C.Agardh) Bory 1832
Halerica amentacea (C.Agardh) Kützing 1843
Cystoseira amentacea var. stricta Montagne 1846 (synonyme encore rencontré dans les guides récents)
Gongolaria amentacea (C.Agardh) Kuntze 1891
Cystoseira stricta (Montagne) Sauvageau 1911
Cystoseira spicata Ercegovic 1952
Cystoseira spicata subsp. elegans Ercegovic 1952
Cystoseira spicata subsp. crassa Ercegovic 1952
Cystoseira stricta var. spicata (Ercegovic) Giaccone 1973
Cystoseira stricta var. amentacea (Bory) Giaccone 1973
Cystoseira amentacea var. spicata (Ercegovic) Giaccone 1992
Carpodesmia amentacea (C.Agardh) Orellana & Sansón 2019
Remarque : Le genre Cystoseira sensu lato qui compte 35 espèces et 10 taxons infraspécifiques acceptés taxonomiquement en Méditerranée, en mer Noire et sur les côtes atlantiques nord-est a été scindé en trois genres distincts : les genres Cystoseira C. Agardh, Ericaria Stackhouse et Gongolaria Boehmer.
Endémique de Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]La cystoseire stricte se rencontre en Méditerranée : dans le bassin nord-occidental (en Provence - Côte d'Azur), aux Baléares, en Corse, en Sicile, dans l'Adriatique, en Grèce et en Afrique du Nord.
Cette algue se rencontre sur les substrats rocheux superficiels bien éclairés et exposés aux vagues (mode battu). Elle marque la limite supérieure de l'infralittoral* (le zéro biologique*) et peut se développer jusqu'à 30 cm de profondeur environ. Localement elle peut former une ceinture monospécifique* continue.
La cystoseire stricte est une algue érigée de couleur brune dont les thalles* peuvent atteindre 40 cm de hauteur.
Cette espèce est fixée au substrat* par une base encroûtante étendue, d'où partent plusieurs axes dressés (thalle cespiteux*). Ces axes sont cylindriques à sommet épineux à peine saillant et mesurent de 2 à 15 cm de hauteur. Ils produisent des rameaux primaires caducs, cylindriques et souvent sinueux, pouvant atteindre 30 cm de longueur qui portent des rameaux secondaires beaucoup plus courts, disposés irrégulièrement et eux-mêmes divisés. Tous ces rameaux sont couverts de nombreux ramules* courts spiniformes* assimilés à de petites feuilles.
Les rameaux primaires, très flexibles, suivent le mouvement des vagues. Lorsqu'ils sont émergés, ils s'étalent sur la roche. Les jeunes rameaux et les extrémités de l'algue ont souvent une iridescence bleu-vert.
L'algue est couverte de petites cryptes pilifères* dispersées.
Il y a beaucoup d'autres espèces de cystoseires en Méditerranée. Les plus ressemblantes sont Ericaria mediterranea (Synonyme : Cystoseira mediterranea) et Ericaria selaginoides (Synonyme : Cystoseira tamariscifolia) qui se distinguent de la cystoseire stricte par leur base discoïde ne portant qu'un seul axe dressé.
Les algues fabriquent les sucres de leur biomasse par photosynthèse*. Ce processus de transformation de l'énergie lumineuse en énergie chimique grâce à des pigments de type chlorophylle*, n'est possible que dans une situation d'éclairement. Cependant la quantité de lumière nécessaire est très variable selon l'espèce.
Reproduction sexuée : L'espèce est monoïque* (hermaphrodite*). Les gamètes* mâles et femelles sont produits dans de petites cryptes pilifères* fertiles (conceptacles*) groupées dans la partie terminale renflée des rameaux (réceptacles). Les réceptacles, longs de quelques mm à 2 cm, sont cylindriques, plus ou moins compacts et couverts de ramules épineux. A maturité, les spermatozoïdes* puis les oosphères* passent à l'extérieur par l'ouverture du conceptacle (ostiole*) et la fécondation a lieu dans l'eau.
Les œufs coulent et se collent au substrat dans les 12 heures qui suivent la fécondation, ce qui limite la dispersion de cette espèce et peut expliquer sa vulnérabilité face aux perturbations (faible capacité de recolonisation). Néanmoins, en présence de courants, les thalles* fertiles arrachés du substrat peuvent être disséminés et contribuer à la propagation de cette espèce.
Certains auteurs considèrent le cycle de vie des cystoseires comme étant monogénétique* diplontique* (une génération à 2n chromosomes), mais de plus en plus de scientifiques le classent parmi les cycles digénétiques hétéromorphes haplo-diplontiques*, avec alternance d'un sporophyte* (génération macroscopique à 2n chromosomes) et de gamétophytes* mâles et femelles (génération microscopique à n chromosomes) vivant en parasites dans les conceptacles.
Cette algue forme un tapis végétal sur les petits fonds éclairés en mode battu qui est considéré comme un habitat spécifique pour de nombreux organismes. Elle héberge principalement d'autres algues, des vers polychètes, des mollusques et des crustacés.
Cette algue est pérenne*, mais les rameaux tombent à l'automne.
La croissance se fait à partir d'une cellule apicale*, invisible à l'œil nu.
Les études génétiques ont récemment scindé le genre Cystoseira en 3 genres : Cystoseira C. Agardh, Ericaria Stackhouse et Gongolaria Boehmer. Le genre Ericaria comporte en 2021 huit espèces acceptées.
Les cystoseires au sens large sont considérées comme des « espèces ingénieurs* » de leur habitat, ce qui leur confère une importance écologique considérable. La plupart des cystoseires supportent mal les variations de leur environnement ce qui les rend très vulnérables aux perturbations. Cela a motivé le classement de cinq d'entre elles dans la liste des espèces protégées de la convention de Berne et tous les taxons de Cystoseira sensu lato (hormis Cystoseira compressa) ont été placés dans la liste des espèces en danger ou menacées de Méditerranée de la Convention de Barcelone (UICN*).
La cystoseire stricte est particulièrement menacée par la destruction de son habitat (aménagements littoraux), la pollution et les proliférations de moules.
Cette algue est inscrite à l'Annexe 1 (espèces de la flore strictement protégées) de la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe.
Elle est aussi inscrite sur l'Annexe II (Liste des espèces en danger ou menacées) du Protocole ASP/DB (Aires Spécialement Protégées et la Diversité Biologique en Méditerranée) de la Convention sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée (Convention de Barcelone).
Notons que toutes les cystoseires méditerranéennes (au sens large) sauf C. compressa sont sur cette liste.
Cystoseire stricte : il est d'usage chez les végétaux de franciser le nom scientifique. Ce nom est la francisation d’un synonyme encore récemment accepté.
Ericaria = en forme d’Erica (= Bruyères) : qui ressemble à une bruyère.
Cystoseira : du grec [cysto] ou [kustis] = vésicule, vessie et [seira] = série, chaîne : "vésicules ou flotteurs en chaîne".
amentacea : du latin [amentum] : courroie, lanière ou amento : lancer (avec une courroie), projeter violement.
stricta : du latin [strictus] = serré, étroit.
Les rameaux primaires sont érigés et fins, s'élançant vers la surface.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Ochrophyta | Ochrophytes | ou Hétérokontes, ou Straménopiles: présence d'un stade unicellulaire à 2 flagelles, un lisse et un à poils tubulaires. |
Classe | Phaeophyceae | Phéophycées | Algues brunes. |
Ordre | Fucales | Fucales | |
Famille | Sargassaceae | Sargassacées | |
Genre | Ericaria | ||
Espèce | amentacea |
Aspect en été
Les axes bruns, visibles ici, sont portés par une base discoïde commune. Les rameaux primaires tombent en début d’été, et seule la base discoïde est visible en hiver.
Isolella, golfe d'Ajaccio (2A), PMT, 0,3 m
15/08/2012
Couleur iridescente au printemps
Les rameaux primaires portent des épines ressemblant à de petites feuilles. Leur couleur est iridescente quand ils sont jeunes.
Cap Corse (2B)
14/04/2010
Vue de plus près
Les rameaux secondaires sont courts et disposés irrégulièrement. Ils sont eux-mêmes ramifiés.
Cap Corse (2B)
14/04/2010
Jeunes pousses
Au pied d'Ericaria adultes, on voit des jeunes pousses. Les filaments très fins dessus sont les poils de l'Ericaria.
Petit Capo di Fenu, golfe d'Ajaccio (2A), PMT, 30 cm
08/08/2015
Ceinture à fleur d'eau
Cette algue se rencontre sur les substrats rocheux superficiels bien éclairés et exposés aux vagues (mode battu). Elle marque la limite supérieure de l'infralittoral* et peut se développer jusqu'à 30 cm de profondeur environ. Localement, comme sur cette photo prise à la Gabinière, elle peut former une ceinture monospécifique* continue.
La Gabinière Est, Port-Cros (83), 0 m
19/07/2015
Algues brunes épiphytes
Les pompons sont probablement des Feldmannia paradoxa var. donatiae (Ercegovic) Antolic & Span, algues brunes qui se développent fréquemment en épiphyte* sur l’Ericaria stricte. Ces Ectocarpacées sont en général identifiables au microscope.
Petit Capo di Fenu, golfe d'Ajaccio (2A), PMT, 30 cm
08/08/2015
Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Rédacteur : Marc VERLAQUE
Correcteur : Marc VERLAQUE
Responsable régional : Véronique LAMARE
Draisma S.G.A., Ballesteros E., Rousseau F., Thibaut T., 2010, DNA sequence data demonstrate the polyphyly of the genus Cystoseira and other Sargassaceae genera (Phaeophyceae), Journal of Phycology, 46, 1329-1345.
Molinari Novoa E.A., Guiry M.D., 2020, Reinstatement of the genera Gongolaria Boehmer and Ericaria Stackhouse (Sargassaceae, Phaeophyceae), Notulae Algarum, 171, 1-10.
Susini M.A., Thibault, T, Meinesz A., Forcioli, D., 2007, A preliminary study of genetic diversity in Cystoseira amentacea (C. Agardh) Bory var. stricta Montagne (Fucales, Phaeophyceae) using random amplified polymorphic DNA, Phycologia, 46(6), 605-611.
La page sur Ericaria amentacea sur le site de référence de DORIS pour les algues : AlgaeBase
La page de Cystoseira amentacea var. stricta dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN