Ombrelle de 15 à 30 cm de diamètre environ, de couleur bleue bien marquée
4 bras oraux longs et très ondulés, mais souvent cachés par les tentacules
Bord de l'ombrelle divisé en 8 lobes (eux-mêmes divisés en deux parties), dans leurs échancrures se trouvent les rhopalies
Tentacules très nombreux et fins, évoquant une chevelure, disposés sur le bord de l'ombrelle et pouvant mesurer jusqu'à 25 fois son diamètre
Méduse chevelue, cyanée bleue
Blue hair jellyfish (GB), Medusa orticante azul (E), Blaue Nesselqualle (D), Blauwe haarkwal (NL), Blå brennmanet (N)
Cyanea lamarcki Péron & Lesueur, 1810
Atlantique, mer du Nord, Manche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Océan Atlantique, depuis l'Islande et la Norvège jusqu'au Portugal.
Les méduses apparaissent de mai à septembre-octobre sur les côtes de l'Europe du Nord et ne sont pas signalées en Méditerranée.
Elle est présente également en mer Rouge, ce qui lui donne une aire de répartition particulièrement discontinue.
Cette méduse vit en pleine mer, mais elle peut être portée à la côte par les courants. Elle risque alors d'accrocher le fond et de périr ainsi immobilisée puis déchiquetée.
Cyanea lamarckii est une méduse de taille modeste qui possède une ombrelle de 15 à 30 cm de diamètre environ. Elle est assez transparente, notamment sur les bords de son ombrelle, et de teinte bleue bien marquée en général.
Cyanea lamarckii est caracterisée par la possession de 4 bras oraux longs et très ondulés, mais souvent cachés par les tentacules, entourant une bouche centrale située sous l'ombrelle. Ces bras sont normalement aussi longs que le diamètre de l'ombrelle.
L'ombrelle est bombée, quelques amas de cnidocytes* sont concentrés au sommet, formant de petites verrues. Sa masse gélatineuse est très épaisse au centre.
Le bord de l'ombrelle est divisé en 8 lobes (chacun d'eux est lui-même formé de deux petits lobes), et dans les échancrures qui les séparent se trouvent les organes des sens : œil, fossette olfactive et statocystes reliés à quelques neurones, le tout constituant la rhopalie*. Il y a donc 8 rhopalies.
Les tentacules sont très nombreux et fins, évoquant une chevelure, et naissent entre les rhopalies, sur plusieurs rangées dans la partie marginale de la sous-ombrelle, formant 8 touffes. Ils peuvent mesurer jusqu'à 25 fois le diamètre de l'ombrelle et atteindre le nombre de 800. Ils portent trois sortes de cnidocytes (cellules urticantes).
Cyanea lamarckii est considérée par certains auteurs comme étant la forme européenne de Cyanea capillata (Linnaeus, 1758), qui est plus grande (jusqu'à près de deux mètres de diamètre !) et de couleur marron à jaunâtre.
D'autres auteurs estiment qu'il s'agirait de deux espèces distinctes.
Les proies : poissons et crustacés principalement, sont récupérées par les tentacules. Ceux-ci, après contraction, les amènent aux bras oraux qui à leur tour les conduisent à la bouche. Parfois la méduse pose sa face orale sur le fond pendant plusieurs heures, en étalant ses bras oraux. On n'a toutefois pas identifié la nature de ce type de nutrition.
Le muscle sous-ombrellaire marginal est scindé en 16 zones musculaires bien visibles. Entre eux et les bras oraux se développent les gonades dans 4 poches génitales (qui ne servent cependant pas à l'évacuation des gamètes).
A leur maturité les gonades font saillie à la base des bras oraux.
Les œufs sont conservés dans le tractus génital puis expulsés par la bouche et persistent jusqu'au stade larvaire planule* dans les plis des bras oraux. Ils sont toutefois sans protection particulière, ils ne sont pas dans des poches incubatrices comme c'est le cas pour Aurelia aurita. Les planules ciliées nagent ensuite puis tombent sur le fond et se transforment en scyphistomes*.
La strobilation est polydisque*, c'est-à-dire qu'il y a production de nombreux disques par un scyphistome*, chaque disque libéré se transforme en petite méduse ou éphyrule*.
Des jeunes poissons (morues, maquereaux, ...) accompagnent cette méduse et sont ainsi amenés à quitter leurs zones de nurseries pour rejoindre le grand large. Auprès d'elle, ils trouvent protection et nourriture.
Une morue adulte, en revanche, peut être la victime de la cyanée !
La cyanée, comme tout organisme du plancton, dérive essentiellement avec les courants, mais elle peut aussi réaliser des déplacements verticaux de grande ampleur.
Les tortues marines peuvent se nourrir de cyanées sans être importunées par ses cellules urticantes.
C'est une espèce assez urticante pour l'Homme ; elle a déjà été vue en quantités tellement importantes juste sous la surface dans certains secteurs (estuaire de l'Escaut) que la remontée des plongeurs en était devenue problématique....(Juillet 2007, observations Vincent MARAN et Frédéric ZIEMSKI).
Pour approcher cette méduse qui peut être redoutable, il est plus prudent de le faire par le dessus. Il faut en effet toujours craindre ses tentacules urticants aussi fins et aussi peu visibles que ne le sont des cheveux.
En mer du Nord, où elle est abondante, la cyanée est cause de dégats dans les élevages de saumons : ses tentacules passent à travers les mailles des filets des enclos et au contact de la peau des poissons ils provoquent des nécroses.
Dans une nouvelle de Conan Doyle (l'auteur de Sherlock Holmes) "Adventure of the Lion's Mane" un individu, sur la route d'une plage, vient mourir aux pieds du célèbre détective en criant "la crinière du lion !". Son dos est lacéré de stries rouges comme celles qui auraient pu être causées par les griffes d'un fauve...
En vérité on ne meurt pas du venin de la cyanée, tout au plus pourrait-on succomber à un choc anaphylactique* que celui-ci pourrait provoquer !
Francisation du nom latin.
Cyanea: les cyanées étaient dans la mythologie grecque des roches bleues qui flottaient à la surface comme des méduses ! Aujourd'hui la couleur cyan est une teinte de bleu.
lamarckii: du biologiste français du 18ème siècle : Jean Baptiste Pierre Antoine de Monet (ou parfois de Drouet) de Lamarck, aussi nommé Chevalier de Lamarck, (1744-1828).
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Sous-embranchement | Medusozoa | Médusozoaires | Cnidaires présentant une phase méduse acraspède (le plus souvent libre et pélagique) dans leur cycle de reproduction. Scyphoméduses, cuboméduses et stauroméduses. |
Classe | Scyphozoa | Scyphozoaires | Méduses vraies (ou acraspèdes). Phase polype réduite à absente. Le plus souvent strobilisation du polype (de petite taille) pour produire des méduses pouvant atteindre une grande taille. Cavité gastrale cloisonnée en quatre. |
Sous-classe | Discomedusae | Discoméduses | Scyphoméduses à ombrelle discoïde, non sillonée. |
Ordre | Semaeostomeae | Séméostomes | Grandes méduses au manubrium allongé et divisé en quatre bras oraux. L'ombrelle porte des tentacules marginaux et huit rhopalies. |
Famille | Cyaneidae | Cyanéidés | |
Genre | Cyanea | ||
Espèce | lamarckii |
Ombrelle écartée
L'ombrelle est écartée au maximum entre deux contractions.
Ouessant (29), 5 m
08/07/2005
Nage active
Cette cyanée vient de contracter son ombrelle et s'élève vers la surface. On remarque bien les longs bras buccaux festonnés*, au centre sous l'ombrelle. Les nombreux tentacules, longs et fins, sont bien visibles.
Magouer, ria d'Etel (56), 3 m
08/05/2010
Sous la surface
Observez les lobes de l'ombrelle, les bras buccaux transparents, et les tentacules mauves. Cette photo a été primée lors du concours "Les Yeux de DORIS" 2007.
Saint-Malo (35), en surface
05/2006
Replis de l'ombrelle
Cette photo qui montre parfaitement la méduse de profil nous permet de bien voir les replis de son ombrelle.
Bouguezen, Ouessant (29), 1m
11/07/2013
Vue du dessous
Les bras buccaux festonnés* mais sans doute un peu abîmés sont bien visibles sous l'ombrelle, entourant le passage vers la bouche, discernable ici.
On remarque surtout particulièrement bien les bords lobés de l'ombrelle.
Ouessant (29), 5 m
08/07/2005
Très longs tentacules
Photographiée au-dessus du plateau continental de la mer du Nord en Belgique (près de l'épave du John Mahn), cette cyanée nous montre particulièrement bien ses très longs tentacules qui peuvent mesurer jusqu'à 25 fois le diamètre de l'ombrelle.
Ostende, Belgique
02/05/2005
De face, symétrie 8
De face, la belle cyanée nous laisse bien voir son ombrelle, fine sur les bords et très épaisse au centre. La symétrie d'ordre 8 se remarque particulièrement à cet instant de la nage.
Ouessant, Bretagne, 5 m
09/07/2005
Longs tentacules échevelés
La tentation est grande de photographier par-dessous la traînée de tentacules, mais gare aux piqûres !
Ouessant, Bretagne, 5 m
09/07/2005
Structures réticulées
Des structures réticulées peuvent être vues par transparence sous l'ombrelle de la cyanée.
Zélande (Pays-Bas), 3 m
01/07/2006
Exombrelle transparente
L'exombrelle* est une structure gélatineuse transparente qui laisse bien voir les structures qu'elle recouvre.
Zélande (Pays-Bas), 3 m
01/07/2006
Avec de jeunes poissons
De jeunes poissons, vraisemblablement des chinchards (Trachurus trachurus) profitent de la protection d'une cyanée.
Bretagne
N/A
Fin de vie
Une anémone Sagartia troglodytes a capturé une cyanée, ou ce qu'il en restait après qu'elle ait heurté les fonds hérissés de coquilles d'huîtres de l'estuaire de l'Escaut. Les tentacules de l'anémone maintiennent la méduse au niveau de la bouche du cnidaire fixé.
Zélande (Pays-Bas), 5 m
02/07/2006
Laisses de mer
Des milliers d'individus s'étaient échoués sur une plage, portés par les courants et déposés par la marée.
Zélande (Pays-Bas), plage
02/07/2006
En laisse de mer, gros plan
Un individu s'est échoué sur une plage de la mer du Nord.
Zélande (Pays-Bas), plage
02/07/2006
Rédacteur principal : Vincent MARAN
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Correcteur : Jacqueline GOY
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Vincent MARAN
La page de Cyanea lamarckii dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.