Méduse d’eau douce de 20 mm de diamètre
Incolore à blanche
Nombreux tentacules
Gonades bien visibles
Freshwater jellyfish (GB), Medusa de agua dulce (E), Süsswassermeduse, Pfirsichblütenfisch (D), Zoetwaterkwal (NL)
Cosmopolite
Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-OuestTous les continents, de l’Amérique à l’Asie, en passant par l’Europe et l’Australie (sauf l’Arctique !).
Cette méduse d’eau douce se rencontre dans des eaux claires, bien filtrées et renouvelées. Visible dans les environnements à courant très faible, elle ne vit que dans des eaux ne comportant pas de traces de pollution, où le pH est proche de la neutralité et où les proportions en cations et anions sont équilibrées.
La méduse d’eau douce pourra être rencontrée dans les rivières, les lacs ou les étangs, mais également dans les chenaux et les zones à écoulement plan ou en nappe (environnements fluvio-lacustres et fluviatiles).
Comme chez tous les cnidaires hydrozoaires, Craspedacusta sowerbii présente une alternance de générations : la génération sexuée représentée par la forme méduse, et la génération asexuée représentée par un polype*.
La forme méduse de Craspedacusta sowerbii présente grossièrement une forme d’hémisphère légèrement aplati. Elle possède un large estomac central, en forme de vase à base échancrée, et s’ouvrant sur une bouche composée de 4 lèvres légèrement retroussées. Elle porte 4 longs tentacules péri-radiaux longs et charnus et jusqu’à 400 tentacules périphériques disposés en plusieurs lignes et facilitant la nage et la stabilité. Les statocystes* (cellules de l’équilibration captant la gravité) sont généralement deux fois moins nombreux que les tentacules. Les nématocystes* (cellules urticantes servant de harpon pour capturer les proies) sont disposés en anneaux le long des tentacules et forment des petites protubérances (comme des verrues).
Cette petite méduse ne dépasse pas 20 mm de diamètre pour un poids frais de 4 grammes (dont 99 % d’eau).
La forme polype est avec ou sans tentacules.
Craspedacusta iseanoa (Oka & Hara, 1922) : 128 tentacules répartis sur 6 lignes, les nématocystes sont difficilement visibles au sein des tentacules (absence de protubérance contrairement à Craspedacusta sowerbyi).
Craspedacusta sinensis Gaw & Kung, 1929 : les 4 longs tentacules péri-radiaux sont difficilement distinguables des autres tentacules, contrairement à Craspedacusta sowerbyi.
Craspedacusta sowerbii se nourrit de zooplancton* : rotifères du genre Asplanchna et daphnies du genre Ceriodaphnia. Elle pourrait aussi manger des œufs de poissons. Elle possède comme toutes les méduses des nématocystes localisés dans les tentacules pour harponner ses proies.
Les polypes ont aussi des nématocystes autour de la bouche pour manger, mais pas de tentacules.
Les méduses sont issues du bourgeonnement de polypes qui vivent accrochés sur le fond des lacs. Il faut une température de l'eau d'environ 25 °C pour que la forme méduse se développe et apparaisse périodiquement et brusquement (de juillet à octobre avec un pic fin août, début septembre). Elle peut d’ailleurs devenir « très abondante » lorsque la température est comprise entre 25 et 30 °C.
Les méduses peuvent avoir une reproduction sexuée externe (œufs + sperme). Les œufs fertilisés deviennent des larves* mobiles ciliées ou planula*. Les planula se métamorphosent ensuite en polypes qui se fixent au fond. Les polypes peuvent se rassembler par 2, 3 ou 4 pour former de petites colonies qui bourgeonneront à nouveau pour donner des méduses (bourgeonnement médusaire).
Durant les mois d'hiver, les polypes se contractent et deviennent dormants sous forme podocyste. Ce sont des balles cellulaires entourées d'une membrane chitineuse ayant un rôle protecteur (contre les basses températures). Les podocystes peuvent être transportés par des plantes, des animaux aquatiques, les pattes des oiseaux ou peut-être les plongeurs. Quand les conditions redeviennent favorables, le podocyste se retransforme en polype. Le polype donne des bourgeons médusaires et/ou des larves non ciliées également capables de survivre pendant des périodes défavorables.
La reproduction sexuée est peu fréquente. La reproduction asexuée est la plus fréquente : en effet le polype peut bourgeonner en méduse ou en larve non ciliée, ou encore en d'autres polypes qui peuvent former des colonies.
On trouve en général à un même endroit des méduses du même sexe, cela indique que les podocystes sont la source d'introduction de Craspedacusta car les polypes par bourgeonnement ne donnent ensuite que des méduses du même sexe. La reproduction asexuée peut s'effectuer pendant plusieurs années sans apparition de méduses si la température de l'eau reste trop basse.
Aucune vie associée spécifique n’a été observée à ce jour.
Craspedacusta sowerbii ne pique pas la peau de l'homme a priori. Mais en cas de forte abondance, les nématocystes pourraient pénétrer la peau fine car des picotements ont été observés, ainsi que des cas d'urticaire dans le lac d'Annecy. Possibilité donc de risque allergique.
Les polypes sécrètent aussi une substance visqueuse pour se camoufler grâce aux particules qui se collent sur eux.
Craspedacusta sowerbii serait mangée par des poissons et les écrevisses.
Elle a été trouvée en 1880 dans un bassin contenant des plantes aquatiques tropicales dont le nénuphar géant Victoria amazonica dans les serres du jardin botanique Royal à Kew en Angleterre. Cependant, la Rivière du Yangtzé est le lieu d’origine, car on y trouve régulièrement les 2 sexes de Craspedacusta sowerbii. On suppose donc que cette espèce a été transportée accrochée à la Jacinthe d’eau Eichhornia crassipes.
Elle est repérée pour la première fois à l’extérieur des serres en 1928 en Angleterre (Exeter Ship Canal, Devon). Le transport de la forme podocyste est possible sur les pattes des oiseaux ou les poissons introduits.
L’augmentation du marché des plantes d’aquarium tropicales a dispersé la méduse sur les 5 continents : Australie, Amérique du Nord (USA en 1908, aujourd’hui dans 43 états sur 50, Canada en 1955) et du sud, Afrique, Asie (Japon, Malaisie, Thaïlande), Europe (UK, Belgique, Allemagne, France, Suisse...).
Signalée dans le lac Léman en été 2003 et 2004 et en 1962. Lac Annecy en 1990, Lyon parc de la tête d'or, signalée vers 1994 dans les lacs d'Allemagne (Bade). Signalée en Mayenne, Eure et Loir, Allier, Seine-et-Marne (dans un bras mort de la Seine à proximité de la commune de La Tombe) et Belgique. La présence dans le lac Achard date de moins de 10 ans. Signalée dans certaines carrières du nord de la France et des Ardennes belges (Lac bleu [Arras], carrière de Vodelée), ainsi qu'en région parisienne (Port Ilon [78]) et dans le lac artificiel d'Esparron-de-Verdon (04).
Craspedacusta : du grec [crasped-] = frange ; et [kusto, cysto-] = poche, vésicule. Ce nom de genre désigne un petit ballon à franges, jolie description !
sowerbii : en hommage au naturaliste anglais William Sowerby (1827-1906), conservateur du Royal Botanic Gardens du Regent’s Park à Londres. En effet, c’est W. Sowerby qui découvrit cette espèce en 1880 au sein même de ce jardin privé : c’était la première espèce de méduse d’eau douce découverte à cette époque. La forme polype a ensuite été retrouvée dans ce même jardin en 1884.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Hydrozoa | Hydrozoaires | Cnidaires dont le cycle de vie est alterné, mais de façon inconstante, par deux phases différentes : le polype et la méduse. Présence d’un velum dans la méduse (dite craspédote), gonades ectodermiques, perte des septes, perte des cnidocytes endodermiques. Coloniaux ou solitaires. Quelques espèces d’eau douce. |
Ordre | Limnomedusae | Limnoméduses | Phase méduse prédominante. Polypes en général athèques et peu visibles. Quelques espèces d'eau douce. |
Famille | Olindiidae | Olindiidés | |
Genre | Craspedacusta | ||
Espèce | sowerbii |
Craspedacusta sowerbii en pleine eau
D'une vingtaine de millimètres de diamètre, cette méduse d'eau douce incolore à blanche se distingue par de nombreux tentacules et des gonades bien visibles.
Lac Bleu (Roeux - 62)
09/2004
Individu de trois-quarts
Nombreux tentacules et gonades bien visibles.
Lac Bleu (Roeux - 62)
09/2004
Gonades
Les quatre amas blanchâtres au bord de la corolle sont les gonades (organes reproducteurs).
Lac Bleu (Roeux - 62)
1995
Méduse et plongeuse
Méduse d'un diamètre d'environ 2 cm.
Lac Bleu (Roeux - 62)
09/2004
Transparence
Cette petite méduse d'eau douce présente grossièrement une forme d’hémisphère légèrement aplatie. Les gonades sont particulièrement bien visibles par transparence.
Carrière d'Opprebais, Belgique, 5 m
09/2006
Une femelle
Le sexe de cette méduse a été confirmé par dissection.
Carrière Les Fresnais - Trélazé (49)
06/10/2012
Une femelle
Le sexe de cette méduse a été confirmé par dissection.
Carrière Les Fresnais - Trélazé (49)
06/10/2012
Abondance
Le plongeur est ici dans un "nuage" de méduses allant de la surface jusqu'à une dizaine de mètres de profondeur pour un diamètre d'une quinzaine de mètres.
L'eau est encore chaude (16 °C) pour l'époque.
La Gombe (Be), 8 m
30/10/2014
Rédacteur : Corinne PLU
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Gaël ROCHEFORT
Acker T.S., Muscat A.M., 1976, The Ecology of Craspedacusta sowerbii Lankester, a Freshwater Hydrozoan, American Midland Naturalist, 95, 323-336.
Gand G., Garric J., Schneider J., Sciau J., Walter H., 1996, Biocénoses à méduses, le Permien français (bassin de Saint-Affrique, Massif Central), GEOBIOS, 29, 379-400.
Goy J., 1971, La méduse Craspedacusta sowerbyi Lankester 1880, en France, Bulletin de la Société zoologique de France, Paris, 96, 17-22.
Yésou P., Bodineau P., Meurgey F., Montfort D., 2014, Quelques mentions de la méduse d’eau douce Craspedacusta sowerbii en Loire-Atlantique, Penn ar Bed, 219, 32-34.
Zhang L.Q., Wang G.T., Yao W.J., Li W.X., Gao Q., 2009, Molecular systematics of medusae in the genus Craspedacusta (Cnidaria: Hydrozoa: Limnomedusae) in China with the reference to the identity of species, Journal of Plankton Research, 31(5), 563-570.
La page sur Craspedacusta sowerbii dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN