Gros polype solitaire
Pied épais, ridé verticalement et horizontalement
De nuit : tentacules transparents terminés par des sphères colorées (souvent orange vif)
Corallimorphaire à boules, anémone-bijou des Caraïbes
Orange ball corallimorph, red ball anemone (GB), Kugel-Korallenanemone (D), Coralimorfo de bolas (E), Balletjes-koraalanemon (NL)
Pseudocorynactis caribbeorum den Hartog, 1980 (combinaison originale).
Atlantique tropical Ouest et Est subtropical, présence à confirmer dans l'Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● CaraïbesL'espèce est présente mais peu abondante dans tout l’arc Caraïbe, le golfe du Mexique, les îles Canaries, les îles du Cap Vert.
Elle est signalée dans le Pacifique Est (Indonésie, Nouvelle-Zélande) et probablement présente dans l'océan Indien.
Le corallimorphaire jongleur est peu commun, mais surtout difficile à repérer de jour car les tentacules caractéristiques sont rétractés.
Il vit dans les récifs et les zones sableuses avoisinantes où il étend ses tentacules hors des failles ou du sable la nuit.
On peut le trouver de près de la surface (grottes, surplombs) à une cinquantaine de mètres. On en a exceptionnellement récolté à plus de 100 m.
Le corallimorphaire jongleur se présente comme un polype solitaire, ou parfois en petits groupes de 2 ou 3 individus reliés par la base (pour des spécimens observés aux Canaries).
Le diamètre du pied est d'environ 4 cm. Il présente une paroi épaisse, assez rigide, couverte d’un motif en réseau formé par l’entrecroisement de bourrelets longitudinaux et de sillons transversaux. Sa couleur varie entre le jaune, l'orange, le rouge brun à violet avec parfois des marques opaques blanchâtres.
Une démarcation nette sépare la colonne et une collerette ou scapulus* en haut du pied. Cette collerette a une paroi plus mince, lisse et souvent d’une teinte différente de la base du pied. De jour lorsque les tentacules* sont rétractés, on voit ce scapulus comme un monticule proéminent en haut de la colonne, de couleur contrastant avec la base du pied.
Le pied est surmonté d'une couronne tentaculaire entourant le disque oral, blanc ou translucide. Au centre du disque on remarque un hypostome* conique bien marqué (la bouche s’ouvre au sommet d’une élévation conique au centre du disque).
Les 125 à 200 tentacules, déployés uniquement de nuit, sont translucides, terminés par une boule de couleur contrastante : l’acrosphère*, structure contenant une forte densité de cellules urticantes. La couleur de l'acrosphère est généralement orangée, mais aussi jaune, rosée ou blanche voire verte ou bleue. Avec les tentacules déployés, le diamètre peut atteindre une dizaine de centimètres.
Dans l'Atlantique Ouest, la confusion est possible avec Corynactis parvula Duchassaing & Michelotti, 1860 : celle-ci présente également des tentacules translucides ou verdâtres, terminés par une acrosphère sphérique et volumineuse rouge-orange. Mais Corynactis parvula se trouve sous les pierres, dans les récifs, en zone peu profonde et zone subtidale*, et elle pousse en plaques de plusieurs individus (clones). Elle est plus petite : le diamètre du disque excède rarement 1 centimètre.
Au Cap-Vert, une espèce très ressemblante a été décrite : Pseudocorynactis caboverdensis Den Hartog, Ocaña & Brito, 1993, à colonne marron et acrosphères rosâtres. Toutefois cette espèce, décrite à partir d'un unique spécimen immature, attend d'être mieux documentée et validée.
Plusieurs signalements dans l'Indo-Pacifique, mais sans description complète, pourraient en fait correspondre à une ou plusieurs espèces non encore nommées.
Le corallimorphaire jongleur se nourrit de zooplancton* qu’il capture la nuit avec ses tentacules.
Il est capable de détecter de faibles déplacements d'eau à proximité de ses tentacules, et de faire des mouvements de capture avant même que les tentacules ne soient ne soient touchés par une proie potentielle. Les tentacules sont extrêmement collants et peuvent immobiliser rapidement de petits crabes ou de petits poissons.
La reproduction est sexuée.
L'animal est capable de régénération après lacération de la colonne. Ce mode de multiplication, toutefois, ne semble pas avoir lieu spontanément, sauf accident.
C'est une espèce discrète et peu commune.
Dérangé ou éclairé, le polype est capable de rétracter complètement ses tentacules à l’intérieur de la colonne : la collerette (scapulus*) apparaît alors comme une protubérance plus ou moins conique au sommet de la colonne.
Corallimorphaire, faute de mieux, est repris du nom de l'ordre.
Jongleur du fait des balles orangées au bout de ses tentacules.
Corynactis : du grec [koryn] = bâton à gros bout, massue; et [aktis] = rayon, tentacule. Ce qui signifie anémones à tentacules en massue.
caribbeorum (latin) signifie "des Caraïbes", indiquant ainsi son aire de répartition principale.
Numéro d'entrée WoRMS : 592855
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
Ordre | Corallimorpharia | Corallimorphaires | Hexacoralliaires solitaires ressemblant aux madréporaires (d'où leur nom), mais sans exosquelette calcaire. Souvent en forme d'assiette avec de petits tentacules abritant le plus souvent des zooxanthelles. |
Famille | Corallimorphidae | Corallimorphidés | Tentacules simples dont l'extrémité est renflée (acrosphère*). |
Genre | Corynactis | ||
Espèce | caribbeorum |
Boules orange
Un pied épais, rougeâtre à marques blanchâtres, avec une collerette souple et fine, des tentacules terminés par des boules orange : pas de doute sur l'identification !
Martinique, de nuit
20/11/2011
Feu d'artifice !
Le corallimorphaire jongleur est vraiment une anémone à grand spectacle.
Anse Dufour (Martinique sud), 18 m, de nuit
22/02/2010
Le pied
La colonne, de couleur brun-ocre, est ici bien visible avec une collerette (le scapulus) claire et lisse.
Guadeloupe
N/A
Colonne déployée
Sur la colonne en extension, on voit à peine la trace des stries longitudinales et transversales. Elles deviennent beaucoup plus visibles lorsque le pied se contracte.
Anse 3 Airs, Martinique, 4 m (de nuit)
2008
Cryptique
Même de nuit et déployé, il faut de la chance pour l'apercevoir, à l'abri d'un surplomb ou enfoncé sous une roche. On le repère d'abord à cause de la couleur de ses acrosphères (les boules orangées à l'extrémité des tentacules).
Pointe d'Antigues (Guadeloupe), 13 m, de nuit
04/12/2009
La bouche
Au centre de la couronne de tentacules, remarquez la bouche saillante et surélevée.
Ilet Cabrit, Terre de Haut (971), 15 m , de nuit
02/06/2011
En train de se rétracter
Surpris par la lumière, ce jongleur est en train de replier ses tentacules.
Pointe de la Baleine, Martinique, 10 m
29/04/2005
Colonne rétractée
Difficile de l'affirmer sans les acrosphères caractéristiques, mais cette anémone rétractée pourrait bien être notre jongleur, avec une collerette à paroi fine et claire.
Martinique
11/08/2007
A Madère
L'espèce est signalée aux Canaries et aux îles du Cap Vert.
Sur cette paroi rocheuse à Madère, pas moins de 3 beaux individus se sont installés.
Caniço de Baixo, Madère, 14 m, de nuit
08/08/2014
Vu à Mayotte
Corynactis caribbeorum n'est pas attesté dans l'océan Indien... pourtant ce spécimen mahorais à acrosphères orangées correspond certainement à une espèce très proche (espèce jumelle).
Le pied brun verdâtre, à texture épaisse et rigide, montre les striations horizontales et verticales caractéristiques.
Passe en S, Mayotte, 13 m, de nuit
07/11/2009
Rédacteur principal : Annie BOUXIN
Rédacteur : Anne PROUZET
Responsable régional : Anne PROUZET
den Hartog J. C., 1980, Caribbean shallow water Corallimorpharia, Zoologische Verhandelingen, 176, 1-83.
Ocaña O., den Hartog J.C., 2002, A catalogue of Actiniaria and Corallimorpharia from the Canary Islands and from Madeira Arquipélago, Boletim da Universidade dos Açores, Ciências Biológicas e Marinhas, 19A, 33-53.
Ocaña, O., 2003, Corynactis denhartogi (Anthozoa: Corallimorpharia) a new species of soft hexacoral from New Zealand waters, Zoologische Verhandelingen, 345, 257-268.
Fautin D.G., Raveendran T.Z.D., 2007, Genera of orders Actiniaria and Corallimorpharia (Cnidaria, Anthozoa, Hexacorallia), and their type species, Zootaxa, 1668, 183-244.
Fautin D.G., 2011, Corallimorphus niwa new species (Cnidaria: Anthozoa), New Zealand members of Corallimorphus, and redefinition of Corallimorphidae and its members, Zootaxa, 2775, 37-49.
La page de Corynactis caribbeorum sur le site Hexacorallians of the World : Fautin, Daphne G. 2011. Hexacorallians of the World. http://geoportal.kgs.ku.edu/hexacoral/anemone2/index.cfm