Coquille robuste de 25 à 30 mm
Tours portant 11 à 12 côtes axiales fortes traversées par des cordons ornés d'écailles à l'aspect érodé
Ouverture piriforme, labre dentelé et opercule corné
Coquille blanchâtre
Associé aux anémones de mer ou coraux durs
Lamellose coralsnail, lamellose coral shell (GB), Lamellenschnecke, Lamellen-Korallengast (D).
Coralliophila scalaris (Brocchi, 1814)
Coralliophila (Latimurex) meyendorffii (Calcara, 1845)
Murex meyendorffii Calcara, 1845
Pseudomurex meyendorffii (Calcara, 1845)
Coralliophila scalaris var. caprensis Bellini, 1929
Coralliophila acuti-tenuitas Settepassi, 1977
Coralliophila meyendorffii elongata Settepassi, 1977
Coralliophila meyendorffii inflata Settepassi, 1977
Coralliophila meyendorffii serrata Settepassi, 1977
Coralliophila meyendorffii squamulata Settepassi, 1977
Pleurotomoides obliquispira Nordsieck, 1977
Méditerranée et proche Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Cette espèce est présente sur toutes les côtes méditerranéennes. Dans l’océan Atlantique, elle est rencontrée seulement sur les côtes proches de la Méditerranée, de la Galice au Sénégal, ainsi qu'aux îles Canaries, aux Açores et à Madère.
Coralliophila meyendorffii est une espèce infralittorale* qui vit principalement sur les fonds rocheux, depuis la surface jusqu’à 20 mètres de profondeur. Se déplaçant peu, elle est toujours trouvée au pied d'anémones de mer ou sur des coraux durs.
Le murex de Meyendorff possède une coquille robuste, compacte et globuleuse. D'aspect très variable, la coquille présente des formes turriculées*. Elle mesure le plus souvent entre 25 et 30 mm, jusqu'à 40 mm. L'apex* est formé d'une protoconque* multispirale (4 tours). Chacun des tours convexes porte 11 à 12 côtes axiales fortes traversées par des cordons ornés d'écailles qui se chevauchent à l'aspect érodé. Le dernier tour n’est pas détaché de la spire par un épaulement plus large. L'ouverture piriforme* ample est terminée par un canal siphonal* légèrement courbe et ouvert. Le labre* est dentelé, la columelle* lisse est pourvue d'un cal*. L'ombilic* est bien visible.
La couleur de la coquille est blanchâtre. Le pied est blanc, blanc sale, brun clair à foncé. Lorsque l'animal est dérangé il rentre lentement dans sa coquille, l'obturant d'un opercule* corné.
Deux formes de taille différente ont été reconnues, chacune ayant un régime alimentaire particulier :
Coralliophila brevis (de Blainville 1832) est une espèce assez rare vivant en Méditerranée et se nourrissant de gorgones. La coquille présente un dernier tour très large, avec un large épaulement. L'ouverture, très grande, occupe la moitié de la largeur du dernier tour.
Coralliophila panormitana (Monterosato, 1869) n'est pas facile à distinguer de la petite forme de Coralliophila meyendorffii. Elle est plus élégante, les cordons n'ont pas cet aspect érodé. Elle a moins de côtes axiales et son ombilic est moins visible. Cette espèce est plus rare et rencontrée plus profondément.
Le cormaillot Ocenebra erinaceus (Linnaeus, 1758) peut être confondu avec Coralliophila meyendorffii. Il montre également une coquille massive d'aspect plissé. Le dernier tour est nettement plus grand, le labre est épais et dentelé chez les individus âgés.
Ce gastéropode carnivore est un prédateur exclusif d’Anthozoaires. Dépourvu de radula*, son appareil buccal est adapté à ce régime alimentaire particulier. Le proboscis* est inséré à l'intérieur du polype*, les tissus sont prédigérés avant d'être ingérés.
Deux formes de taille différente ont été reconnues, chacune se nourrissant de proies différentes. La forme la plus grande est associée aux anémones de mer (Anemonia viridis, Actinia cari...). La plus petite forme est associée aux Scléractiniaires (Cladocora caespitosa, Balanophyllia europaea, Leptopsammia pruvoti).
Coralliophila meyendorffi est hermaphrodite* protandre*, c'est-à-dire d’abord mâle puis femelle. Un important dimorphisme* sexuel existe chez cette espèce, avec des mâles significativement plus petits que les femelles. Le changement de sexe est contrôlé socialement par la présence des femelles.
La fécondation est interne. La femelle va incuber les oeufs à l'intérieur de la cavité palléale*, enfermés dans des capsules membraneuses plates et ovoïdes. Lorsque les larves* sont prêtes à éclore, les capsules sont libérées à l'extérieur de la cavité palléale.
La protoconque* multispirale témoigne d’un développement larvaire dit planctotrophique*. Les larves se déplacent au gré des courants marins, se nourrissent du plancton* et peuvent ainsi coloniser des espaces beaucoup plus lointains.
Le murex de Meyendorff se rencontre au pied d'anémones de mer (Anemonia viridis, Actinia cari) et sur des coraux durs (Cladocora caespitosa, Balanophyllia europaea, Leptopsammia pruvoti) dont il se nourrit.
Coralliophila meyendorffi peut dans certains cas causer d'importants dégâts sur les colonies de cladocores (Cladocora caespitosa). Au cours de l'été 2010, au sud de la mer Adriatique (parc national Mljet), une explosion des populations de murex a été observée. Le stress thermique, causé par températures anormalement élevées ces deux dernières décennies, entraîne des nécroses et lyses tissulaires chez le cladocore. Cette situation inhabituelle déclenche un comportement de nourrissage en masse chez le murex.
Le murex de Meyendorff a été observé sur une cheminée hydrothermale en activité aux Açores, entre 16 et 20 m de profondeur.
Cette espèce fait partie de la sous-famille des Coralliophilinae comprenant 200-250 espèces se nourrissant exclusivement d’Anthozoaires. Pour ce taxon assez homogène, la coquille est caractérisée par des cordons en forme d'écailles qui se chevauchent.
Les fossiles attestent de l'existence de cette sous-famille de gastéropodes depuis au moins le milieu de l'Éocène, il y a environ 40 millions d'années.
Murex de Meyendorff : cette espèce ne possède pas de nom vernaculaire dans la littérature naturaliste. Cette proposition du site DORIS reprend le nom scientifique attribué par Calcara dans la description originale : Murex meyendorffii.
Coralliophila : du latin [coralli] = corail et du grec [phile] = aimer, en référence à son association avec les anémones et les Scléractiniaires.
meyendorffii : en hommage au savant géologue, le baron De Meyendorff, ministre plénipotentiaire de Sa Majesté l'Empereur de Russie. Pietro Calcara, médecin italien, consacra son temps à l'étude de la nature (géologie, zoologie et botanique).
Numéro d'entrée WoRMS : 139399
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Muricidae | Muricidés | Coquille spiralée, de forme et de taille variables (13 mm à 300 mm environ), souvent ventrue avec un apex court ; en général de fortes varices qui, selon la forme du bord du manteau ont l'aspect de bourrelets, bosses, plis, épines et peuvent être ramifiées, écailleuses ou tuberculées. La croissance est périodique. La disposition et le nombre de ces varices est caractéristique de chaque espèce. Le canal siphonal est court ou très long, ouvert ou partiellement fermé. D'après Lindner 2011:97. |
Sous-famille | Coralliophilinae | Coralliophilinés | |
Genre | Coralliophila | ||
Espèce | meyendorffii |
Bien caché au pied des anémones vertes
Coralliophila meyendorffii vit principalement sur les fonds rocheux, au pied de ses proies principales, les anémones vertes (Anemonia viridis) ou actinies.
Calanque de Figuerolles, La Ciotat (13), 8m
14/10/2018
Au pied d'une anémone-ceinture
Deux individus rencontrés au pied d'une anémone-ceinture (Actinia cari). Un important dimorphisme sexuel existe chez Coralliophila meyendorffii, avec des mâles significativement plus petits que les femelles.
Ile des Vieilles, Anthéor (83), 4 m
12/12/2010
Caractéristiques de la coquille
Chacun des tours convexes porte 11 à 12 côtes axiales fortes traversées par des cordons ornés d'écailles qui se chevauchent à l'aspect érodé. L'ouverture piriforme ample est terminée par un canal siphonal légèrement courbe et ouvert. L'ombilic est bien visible
Note : les collections de coquillages que DORIS reconnaît sont uniquement celles qui sont à visée scientifique.
Rade d'Agay (83), 1 m, au pied de Anemonia sulcata.
31/10/2018
Description originale de Calcara
Dessin provenant de la description originale de Calcara parue en 1845. L'espèce était alors décrite sous le nom de Murex meyendorffii.
Calcara P., 1845, Cenno sui molluschi viventi e fossili della Sicilia, Stamperia Reale, Palermo, 49 p.
Reproduction de documents anciens
1845
Rédacteur principal : Samuel JEGLOT
Vérificateur : André HOARAU
Responsable régional : Samuel JEGLOT
Ávila S., Cardigos F., Santos R., 2004, D. João de Castro bank, a shallow-water hydrothermal-vent in the Azores: Checklist of the marine mollusks, Arquipélago, Life and Marine Sciences, 21A, 75-80.
Calcara P., 1845, Cenno sui molluschi viventi e fossili della Sicilia da servire da supplimento ed insieme di critiche osservazioni all'opera di R.A. Philippi, Stamperia Reale, Palermo, 49 p.
Kružić P., Srsen P., Cetinic K., Zavodnik D., 2013, Coral tissue mortality of the coral Cladocora caespitosa caused by gastropod Coralliophila meyendorffi in the Mljet National Park (eastern Adriatic Sea), Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 2013, 93(8), 2101-2108.
Oliverio M., 2009, Diversity of Coralliophilinae (Mollusca, Neogastropoda, Muricidae) at Austral Islands (South Pacific), Zoosystema, 31(4), 759-789.
Richter A., Luque, A., 2002, Current knowledge on Coralliophilidae (Gastropoda) and phylogenetic implication of anatomical and reproductive characters, Bollettino Malacologico, 38, 5-19.
Richter A., Luque, A., 2003, Reproductive anatomy of three Mediterranean species of Coralliophilidae (Mollusca: Gastropoda: Neogastropoda), Journal of the Marine Biological Association of the UK, 83, 1029-1045.
Richter A., Luque, A., 2004, Sex change in two Mediterranean species of Coralliophilidae (Mollusca: Gastropoda: Neogastropoda), Journal of the Marine Biological Association of the UK, 84, 383-392.
La page de Coralliophila meyendorffi dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN