Coquille ovalo-cylindrique, spiralée et asymétrique
Spire conique et pointue
Dernier tour très développé
Ouverture évasée antérieurement
Couleur jaune orangé avec un réseau de petits triangles blancs
Deux bandes transversales plus foncées
Cône textile
Cloth-of-gold cone, textile cone shell (GB), Cono manto d'oro (I), Textil-Kegelschnecke (D), Tentconus (NL)
Quelques 30 noms en synonymie ont été donnés à ce cône, en voici les principaux :
Conus concatenatus Kiener, 1845
Conus scriptus Sowerby II, 1858
Conus cholmondeleyi Melvill, 1900
Conus sirventi Fenaux, 1943
Indo-Pacifique, mer Rouge
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Mer Rouge, tout l'océan Indien (dont Mayotte et la Réunion), l'océan Pacifique : du Japon au nord à la Nouvelle-Calédonie au sud, et jusqu'à la Polynésie française à l'est.
Comme beaucoup de ses congénères, on trouve le cône drap-d'or parmi les récifs coralliens à faible profondeur jusqu'à 50 m environ. Ce cône préfère les fonds sableux couverts ou non d'algues, dans lesquels il s'enfouit, souvent à proximité de petites roches ou de morceaux de corail mort sous lesquels il se cache le jour.
La forme générale de la coquille est ovalo-cylindrique, renflée vers le milieu. La plupart des spécimens mesurent 50 à 80 mm de long mais il est possible d'en trouver jusqu'à 150 mm (le record a été pêché aux îles Hawaï). La spire est élevée, légèrement concave, conique et pointue à une extrémité ; elle est dite acuminée*. L'ouverture est longue et évasée antérieurement. Le canal siphonal est ouvert et légèrement incurvé. L'épaule, jonction entre la spire et le dernier tour, est arrondie.
La couleur de fond est blanc brillant, avec parfois des tons bleus, beiges, violets, roses ou orange. De nombreuses marques triangulaires, ou en forme d'écailles, blanches sur fond jaune d'or, forment un réseau serré en zigzag comme des chaînes de petites montagnes. Des lignes onduleuses marron sont présentes longitudinalement. Deux bandes transversales spiralées plus foncées sont visibles au centre du dernier tour. L'ouverture est blanche, parfois légèrement teintée de bleu. Un épiderme corné ou périostracum* de couleur grise à jaunâtre, transparent, mince et lisse, recouvre la totalité de la coquille.
La partie charnue de l'animal est blanche avec de larges taches brunes. Son pied est allongé, étroit et tronqué en avant ; il porte à son extrémité postérieure un petit opercule corné onguiforme*. Le siphon, dont le rôle est uniquement respiratoire, est blanc avec l'extrémité rouge, la base brunâtre et une large bande noire au milieu. Un mufle allongé, nommé proboscis*, de couleur rougeâtre, porte de chaque côté un tentacule blanc muni d'un petit œil noir placé vers le milieu, il se termine par l'ouverture buccale.
Si la forme et la couleur de la coquille sont assez uniformes dans l'océan Indien central et l'océan Pacifique, elles peuvent varier de façon significative dans l'océan Indien occidental, ce qui va induire de nombreuses variétés et formes.
De nombreuses espèces font partie du « complexe » textile et souvent il est difficile de les différencier. On notera cependant :
Conus abbas : plus ventru,
Conus canonicus : dernier tour plus cylindrique, ouverture rose pâle,
Conus euetrios : marques triangulaires plus fines, couleur de fond légèrement bleutée,
Conus gloriamaris : plus allongé.
Plusieurs sous-espèces, ensemble de populations issues de l'espèce mère, mais occupant une aire géographique différente et ayant acquis des caractéristiques propres, sont également identifiées :
Conus textile tigrinus Sowerby II, 1858 ; Conus textile corbula Sowerby II, 1858 ; Conus textile dahlakensis da Motta, 1982 (mer Rouge) ou Conus textile neovicarius da Motta, 1982 (mer Rouge).
Mais ces différentes sous-espèces peuvent présenter des variations d'une population à l'autre, on parle de formes qui sont souvent inféodées à une région : f. cholmondeleyi : Kenya, Tanzanie (notamment Zanzibar), Madagascar ; f. concatenatus : Madagascar ; f. dahlakensis : mer Rouge ; f. pyramidalis : Kenya, Madagascar ; f. scriptus : Ile Maurice (notamment Saint-Brandon), Madagascar ; f. suzannae : Kenya ; f. textilinus : îles Marquises ; f. verriculum : île Maurice, Sri Lanka, Mozambique.
Il faut le reconnaître, la nomenclature de ce cône est parfois confuse et souvent très controversée selon les auteurs, il est vrai qu'aucun autre cône ne présente une aussi grande variabilité.
C'est un prédateur carnivore, diurne et nocturne, au régime alimentaire malacophage* strict avec une préférence pour la famille des strombes ; il n'hésite pas cependant à s'attaquer à d'autres cônes, des cas de cannibalisme ayant même été observés en aquarium.
Il projette sur ses proies, à l'aide de sa trompe, un dard ou dent radulaire relié à une glande remplie d'un venin très puissant (neurotoxine*) qui les paralyse en agissant sur les muscles et le système nerveux.
La trompe ou proboscis* par laquelle l'animal va avaler sa proie, parfois de grande taille, est susceptible de s'étirer considérablement. Il peut atteindre une proie à presque 2 fois la longueur de sa coquille. Les proies sont lentement digérées par les enzymes sécrétées par le cône.
La reproduction est sexuée.
Les sexes sont séparés et la fécondation est interne.
Des capsules ovigères* remplies d'œufs sont déposées par la femelle, en rangs parallèles, sous des blocs de corail. L'éclosion des œufs donne naissance à des larves planctoniques qui se métamorphosent en quelques jours et se posent ensuite sur le fond. On remarquera sur sa protoconque* de nombreux tours de spire qui montrent que le cône drap-d'or possède un développement dit «multispiral» à vie larvaire planctonique non négligeable.
L'appareil venimeux du cône se compose d'un bulbe volumineux, la glande à venin, relié au pharynx par un canal, d'un sac radulaire contenant les dents en forme de harpon, et d'une trompe, le proboscis*, contractile et très mobile qui projette les fléchettes.
Le venin très puissant de cette espèce, apparenté au curare, a la propriété de paralyser les proies dans lesquelles la fléchette s'est fichée.
L'étude de ce venin, qui contient une protéine, la cônotoxine, neurotoxique puissant, est d'un grand intérêt pour les neurobiologistes.
L'animal, par mesure de défense, peut attaquer un plongeur qui le tiendrait dans sa main ou qui le manipulerait. Une vive douleur, un gonflement de la partie piquée, une sensation d'engourdissement apparaissent rapidement. La mort par paralysie des muscles respiratoires peut intervenir. Comme il n'existe pas d'antivenin contre les cônotoxines, une hospitalisation rapide est essentielle.
Cône: coquille en forme de cône,
Drap-d'or : l'épiderme corné de couleur jaunâtre fait penser à un drap de couleur or qui recouvre la coquille.
Conus : mot latin = cône (forme de la coquille),
textile : du latin [textilis] = tressé, entrelacé à l'image du réseau de fins dessins en zigzag qui caractérise cette espèce.
Numéro d'entrée WoRMS : 215529
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Conidae | Conidés | Coquille de taille moyenne à grande voire très grande, normalement 20-50mm jusqu'à 170 mm de haut, conique ou biconique avec une ouverture étroite et un canal siphonal court. Sculpture spirale habituellement développée, sculpture axiale absente ou sous la forme de tubercules sur l'épaulement. Sinus anal peu profond à modéré sous la suture. Opercule présent, petit à nucléus terminal. Bouchet & al.2011. |
Genre | Conus | ||
Espèce | textile |
Dessins triangulaires
De nombreuses marques triangulaires blanches forment un réseau serré en zigzag comme des chaînes de petites montagnes. Des lignes onduleuses de couleur marron foncé sont présentes longitudinalement.
Bohol, Philippines, 15 m, de nuit
23/04/2009
Balade de nuit
La partie charnue de l'animal est blanche avec de larges taches brunes. Le siphon, dont le rôle est uniquement respiratoire, est blanc avec l'extrémité rouge, la base brunâtre et une large bande noire au milieu.
Sulawesi Nord (Indonésie), Tagulandang, 10 m, de nuit
11/04/2010
Bel exemplaire de 8,5 cm
La spire est élévée, légèrement concave, conique et pointue à une extrémité. L'ouverture est longue et évasée antérieurement. Le canal siphonal est ouvert et légèrement incurvé. L'épaule, jonction entre la spire et le dernier tour, est arrondie. La plupart des spécimens mesurent 50 à 80 mm de long.
"Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique"
Thaïlande
2009
Deux bandes transversales
Deux bandes transversales spiralées plus foncées sont visibles au centre du dernier tour.
"Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique"
Pointe Vénus, Tahiti, 2 m, sous une patate de corail
02/1991
Forme ovalo-cylindrique
La forme générale de la coquille est ovalo-cylindrique, renflée vers le milieu,
"Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique"
Pointe Vénus, Tahiti, 2 m, sous une patate de corail
02/1991
Ouverture longue et évasée
L'ouverture est longue et évasée antérieurement et le canal siphonal ouvert et légèrement incurvé.
"Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique"
Pointe Vénus, Tahiti, 2 m, sous une patate de corail
02/1991
Les diverses parties
Les diverses parties de la coquille d'un cône.
"Les collections et prélèvements de coquilles sont à considérer uniquement à visée scientifique"
Pointe Vénus, Tahiti, 2 m, sous une patate de corail
02/1991
Gravure ancienne
Gravure ancienne de George Brettingham Sowerby II : "The conchological illustrations or coloured figures of all the hitherto unfigured recents shells", 1832.
Cette image provient de la Biodiversity Heritage Library www.biodiversitylibrary.org
N/A
Reproduction de documents anciens
1832
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Vérificateur : Bruno MATHÉ
Vérificateur : Philippe PERRIER
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Kiener L.C., 1873, Spécies général et iconographie des coquilles vivantes comprenant la collection du Muséum d'histoire naturelle de Paris : la collection Lamarck, celle du prince Masséna (appartenant maintenant à M.B. Delessert) et les découvertes récentes des voyageurs (1873-80), Vol. 2, ed. JB Baillière, 379 p.
Lauer J., 1986-1988, Contribution à la révision systématique des Conidae du «Complexe textile» ou autres «tent-marqued» cones, Rossiniana, Bulletin de l'Association Conchyliologique de Nouvelle-Calédonie, 33-40.
La page de Conus textile dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN