Eponge perforante, en plaque irrégulière
Rouge groseille avec cheminées surélevées
Surface parsemée de taches blanches
Red boring sponge (GB)
Cliona delitrix Pang, 1973
Atlantique tropical Ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesOn la trouve un peu partout sur les récifs coralliens des Bahamas, de Floride, des Caraïbes et jusqu'au Brésil.
Cliothosa delitrix attaque les coraux massifs dans les zones où ils sont fragilisés par des apports terrigènes ou organiques, ou après les épisodes de blanchissement.
Les blocs de coraux sont attaqués par la base (partie non vivante), l'éponge ronge l'intérieur du bloc et finit par apparaître à la face supérieure en tuant les polypes* de proche en proche.
Elle s'installe de préférence sur les coraux de forme massive, plus rarement sur les formes branchues, à partir de 10 m de profondeur environ.
Cette éponge perforante creuse les blocs de corail, seuls les oscules* (cheminées exhalantes) surélevées et les papilles inhalantes sont visibles. Celles-ci finissent par fusionner en formant une croûte continue à la surface du substrat (jusqu'à 1 m de diamètre). L'éponge apparaît à ce stade comme une plaque de forme irrégulière, orange vif à rouge groseille, dont la surface est fréquemment parsemée de taches blanches, régulièrement espacées, qui sont des zoanthaires associés.
Comme (presque) toutes les éponges, se nourrit en filtrant les particules microscopiques contenues dans l'eau de mer. La majorité du corps de l'éponge étant inclus à l'intérieur d'un bloc de corail, les pores se regroupent à la surface en papilles inhalantes.
Selon une étude réalisée en Floride, la reproduction a lieu pendant les mois d'été (de Mai à Novembre), dès que la température dépasse 25°C. Il est possible que, plus au sud, la reproduction ait lieu toute l'année.
L'espèce est gonochorique* (les individus mâles et femelles sont distincts) cependant on a pu mettre en évidence quelques individus hermaphrodites* synchrones* (qui produisent simultanément des gamètes mâles et femelles). Au cours de la saison chaude il y a plusieurs épisodes de ponte plus ou moins corrélées aux pleines lunes. Il n'y a pas incubation, le développement de la larve* a lieu en pleine eau.
Cette éponge est fréquemment associée à Umimayanthus parasiticus (blanc grisâtre). L'association est stable et semble profiter aux deux partenaires : le zoanthaire bénéficie du courant de filtration de l'éponge, et les mouvement des tentacules évitent l'encrassement et le colmatage des orifices inhalants de l'éponge.
Les Eponges perforantes creusent l'intérieur des coraux en découpant chimiquement de minuscules écailles de calcaire (d'environ 50 µm), ces écailles ou "chips" sont ensuite expulsées par les canaux exhalants avec le courant de filtration sortant.
Cliothosa delitrix creuse de longues galeries cylindriques, perpendiculaires à la surface du corail infesté, puis les canaux contenant le corps de l'éponge sont reliés par des orifices circulaires, jusqu'à transformer complètement le bloc récifal en une dentelle en 3D.
Les spicules* sont de grands mégasclères* de type tylostyle*, droits ou légèrement incurvés.
Cliothosa : nom forgé par Topsent à partir de Cliona et Thoosa, deux genres d'éponges, pour y classer une espèce dont la spiculation lui semble intermédiaire ("Clionides dépourvues de microsclères somiques, les asters choanosomiques sont des amphiasters") .
Cliona = prénom anglo-saxon, ou peut-être d'une Néréide (Clio)
delitrix : du latin [deletrix] qui veut dire destructrice.
Numéro d'entrée WoRMS : 1479479
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Hadromerida | Hadromérides | Squelette constitué de grands spicules de type tylostyles, concentrés à la périphérie et orientés perpendiculairement à la surface. Pas de spongine. |
Famille | Clionaidae | Clionaïdés | Eponges perforantes, avec des papilles inhalantes à la surface du substrat. Les spicules caractéristiques sont des tylostyles et des spirasters. |
Genre | Cliothosa | ||
Espèce | delitrix |
Attaque
Une "tache" de corail mort au sommet d'un madrépore, et l'éponge perforante peut s'installer, avec ses zoanthaires associés. A la jonction avec le corail vivant, une petite ceinture d'algues vertes se maintient.
Cueva Del Negro, Cayo Largo, (Cuba), 26 m
23/04/2009
Encroûtante
L'éponge perforante rouge se repère facilement à sa couleur rutilante. Celle-ci a colonisé un bloc de corail mort envahi d'algues, suite à plusieurs épisodes de blanchissement dont le dernier est encore visible (voir le corail branchu à l'arrière-plan, et en bas à gauche).
Sainte Anne, Martinique, 10 m
05/11/2005
Infestation : stade précoce
Ce corail-cerveau à faible profondeur montre des zones saines, des zones déjà nécrosées et des zones envahies par l'éponge perforante.
Pointe Borgnesse, Martinique, 1m50
07/12/2015
Infestation : stade ultime
Ici, il n'est plus possible d'identifier le corail-hôte: il a totalement disparu sous l'envahisseur et celui-ci, à son tour, sous les zoanthaires !
Pointe Burgos, Martinique, 20 m
05/12/2015
Papilles et oscules
Les oscules s'ouvrent à l'extrémité de cheminées exhalantes proéminentes.
Le reste de la surface est occupé par les papilles où se regroupent les pores.
Cozumel, Mexique, 12 m
08/12/2014
Associés
Entre les papilles, les petites taches blanches sont les polypes* rétractés des zoanthaires associés (Umimayanthus parasiticus). Lorsque les polypes sont déployés, ils apparaissent gris ou dorés.
On devine le réseau de galeries perforées dans le corail à travers les ouvertures.
3 Vallées, le Marin (Martinique), 12 m
04/12/2010
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Correcteur : Jean VACELET
Responsable régional : Anne PROUZET
Chavez-Fonnegra A., Maldonado M., Blackwelder P.; Lopez J.L., 2016, Asynchronous reprodiction and multi-spawning in the coral-excavating sponge Cliona delitrix, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 96(2), 515-528.
Pang R.K., 1973, The systematics of some Jamaican excavating sponges (Porifera), Postilla, 161, 1-75.
Vacelet J., 1990, Les Spongiaires, In : Bouchon C., LE MONDE MARIN. LA GRANDE ENCYCLOPEDIE DE LA CARAÏBE, Sanoli, Pointe-à-Pitre, Vol. V, 16-33.
Vacelet J., 2000, Les Spongiaires dans les départements français d'outre-mer, In : L'INVENTAIRE ZNIEFF-MER DANS LES DOM : BILAN METHODOLOGIQUE ET MISE EN PLACE, Coll. Patrimoines naturels, Publications scientifiques du M.N.H.N., Paris, 42, 129-137.
La page de Cliona delitrix sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires est ici : World Porifera Database
La page de Cliona delitrix dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN