Crustacé de 2 ou 3 mm
Corps en forme de goutte d'eau
Souvent posé sur la végétation ou le fond, ou se déplaçant entre les herbiers
Les espèces visibles en plongée possèdent une carapace bivalve
Puces d'eau
Water fleas (GB), Cladoceri (I), Cladóceros (E), Wasserflöhe (D), Watervlooien (NL)
Eucladocera
Cosmopolite des eaux douces
Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-OuestCosmopolite. Présent aussi bien en eau douce qu'en mer et de l'équateur aux pôles. La grande majorité des espèces vit en eau douce (trois principaux genres vivent en mer : Penilia, Podon, Evadne).
La diversité de ces crustacés permet d'en trouver dans des mares temporaires ou dans des étangs, aussi bien dans des eaux surchargées en matières organiques et à la limite de l'anoxie* que dans des eaux oligotrophes* peu minéralisées. Certains vivent en pleine eau, d'autres se cachent dans les herbiers ou sur le fond. Enfin, quelques-uns ont colonisé le milieu interstitiel.
Ce sont de petits crustacés de 0,3 à quelques millimètres de long (au maximum un peu plus d'un centimètre) vivant dans les eaux douces stagnantes et parfois saumâtres. Les cladocères forment un groupe de crustacés très polymorphe, qui sont le plus souvent protégés par une carapace translucide bivalve. Les antennes se sont transformées et servent pour nager. Ces longs appendices natatoires sont munis de soies pour augmenter leur capacité de propulsion.
L'animal ne possède qu'un œil et un ocelle souvent cachés ou masqués sous "un casque" plus ou moins pointu. Cet œil, généralement assez grand, est visible par transparence.
On aperçoit aussi parfois quelques unes des 4 à 6 paires de pattes reliées au thorax qui lui servent à guider la nourriture vers la bouche. Le thorax est soudé à l'abdomen.
Au microscope, on peut observer les organes par transparence : notamment le tube digestif et les œufs (petites boules foncées).
On peut compter environ 120 espèces de Cladocères appartenant à 44 genres dont la présence en France est confirmée. En particulier :
- Genre Daphnia O. F. Müller, 1785 : c'est le cladocère le plus connu du grand public. Les daphnies possèdent une épine plus ou moins développée à l'extrémité de leur abdomen. Elles sont planctoniques* et vivent donc en pleine eau. Dans les mares sans poissons et généralement de faible profondeur, on trouve des espèces bien visibles et de belle taille. Dans les plans d'eau fréquentés par des plongeurs et en présence de poissons, les espèces rencontrées sont extrêmement translucides et souvent petites. Il est très difficile de les voir et de les photographier en milieu naturel.
- Genres Simocephalus Schoedler, 1858 et Eurycercus Baird, 1843 : ce sont ces genres qui sont le plus souvent observés et photographiés par les plongeurs du fait de leur taille et de leur capacité à rester posés sur la végétation aquatique.
- Les autres genres ne sont généralement pas observés en milieu naturel du fait de leur transparence pour certaines espèces ou de leur taille pour les autres qui ne laissent voir qu'un petit point noir qui se déplace. Il peut cependant y avoir des exceptions comme celle illustrée dans la série de photos intitulée "Enquête".
Les Cladocères se nourrissent par filtration et transforment la matière organique végétale microscopique : phytoplancton*, sédiments, bactéries …
Quelques espèces sont prédatrices.
La reproduction des Cladocères est particulière. Les populations sont principalement constituées de femelles qui se multiplient par parthénogénèse* et produisent des larves* vivantes qui grandiront par mues successives. Quand les conditions écologiques se dégradent, apparaissent des mâles qui, en s'accouplant, permettront aux femelles de produire des œufs qui résisteront jusqu'au retour de conditions favorables à leur éclosion. Selon les espèces, les pics de population se produisent à différents moments de l'année, principalement au printemps et en automne.
La valeur nutritive des Cladocères est considérable : tous les alevins, de nombreuses larves d'insectes, et même jusqu'au canard souchet utilisent cette nourriture. Ainsi, un alevin de brochet issu d'un œuf pondu à la fin de l'hiver dans une prairie inondée peut atteindre 10 cm trois mois plus tard. Dès sa naissance, il a trouvé une nourriture riche et abondante, adaptée à sa taille. Pour connaître la composition de cette manne, il suffit de passer un simple filet à maille fine dans la prairie inondée où il est né. Le résultat est surprenant. Ce sont des milliers de petits organismes qui se sont développés dès le début de l'inondation : non seulement des larves d'insectes, mais surtout des crustacés copépodes et des cladocères. Il en est de même en rivière ou dans les lacs, l'abondance des alevins qui se cachent dans les herbiers est liée à la concentration et à la diversité du zooplancton*.
Certains Cladocères ont une faculté d'adaptation à leur environnement : changement de forme selon la saison et la présence de poissons (cyclomorphose) et modulation de la quantité d'hémoglobine de leur corps en fonction de l'oxygénation de l'eau.
Les nutriments, nitrates, phosphates et sels minéraux dissous dans l'eau sont utilisés par des bactéries et des algues planctoniques qui, quand elles sont trop abondantes, peuvent colorer l'eau en vert. Le zooplancton et en particulier les cladocères : daphnies, cériodaphnies ... interviennent alors. L'effet épurateur résulte de leur mode d'alimentation. En effet, ils se nourrissent en filtrant les algues, bactéries et particules en suspension dont la taille dépasse 1 micron. Chez certaines espèces, 20 individus sont capables de filtrer 1 litre d'eau en 24 heures. De ces particules filtrées, le crustacé extrait les éléments dont il a besoin et rejette le résidu dans ses fèces qui sédimentent. Les éléments physiques et chimiques qui étaient en suspension se trouvent ainsi piégés dans le sédiment ; il en résulte une eau plus limpide et plus pure. Le point faible de ces organismes est leur sensibilité à la pollution et aux pesticides, ils peuvent accumuler certaines substances toxiques.
Le déséquilibre observé dans des mares dont l'eau prend un aspect verdâtre, quand il n'est pas provoqué par une pollution excessive, est principalement le fait d'une surpopulation de poissons planctonophages* : carpe, gardon … Ces derniers limitent la densité des Cladocères et, en fouillant la vase, remettent en suspension des nutriments stockés dans le sédiment.
Quelques rares autres organismes aquatiques tels les bivalves (Moules zébrées, anodontes...), fournissent des services similaires. Il est donc regrettable que les Cladocères restent aussi méconnus. Ainsi, des bassins hydrographiques entiers n'ont jamais fait l'objet du moindre inventaire pour cette faune et la gestion des plans d'eau ne les prend pas en compte.
Cladocères est la traduction exacte du nom du sous-ordre.
Cladocera : du grec [clado] = rameau, branche à greffer ; et du grec [cerat] = corne ; en allusion aux antennes ramifiées.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Branchiopoda | Branchiopodes | Crustacés primitifs parfois protégés par une carapace bivalve et caractérisés par des appendices thoraciques foliacés à rôle respiratoire. Essentiellement saumâtres et dulcicoles. Reproduction souvent parthénogénétique. Les oeufs supportent une dessication prolongée. |
Sous-classe | Phyllopoda | Phyllopodes | Yeux composés sessiles dans une vésicule sous la surface de la tête. Corps divisé en trois parties (tête, thorax, abdomen). Phyllopodes uniquement thoraciques. |
Super ordre | Cladocera | Cladocères | Partie dorsale de la carapace bivalve formant une poche incubatrice. Yeux composés fusionnés en un seul oeil mobile. Deuxième antenne développée en rame pour la locomotion. |
Genre | Cladocera | ||
Espèce | (eau douce) |
Identification
Les espèces visibles en plongée sont souvent posées sur la végétation ou le fond, ou se déplacent entre les herbiers. Leur corps en forme de goutte d'eau a une taille de 2 ou 3 mm.
Lac de la Brèche en Valais (Suisse), entre 3 et 5 m
18/11/2007
Sur la végétation
Les genres Simocephalus et Eurycercus sont ceux qui sont le plus souvent observés et photographiés par les plongeurs du fait de leur taille et de leur capacité à rester posés sur la végétation aquatique.
Ici sur des Chara.
Lac de la Brèche en Valais (Suisse), entre 3 et 5 m
18/11/2007
Daphnia pulex
Le genre Daphnia est le cladocère le plus connu du grand public. Les daphnies possèdent une épine plus ou moins développée à l'extrémité de leur abdomen. Elles sont planctoniques, elles vivent donc en pleine eau.
Dans les plans d'eau fréquentés par des plongeurs et en présence de poissons, les espèces rencontrées sont extrêmement translucides et souvent petites. Il est très difficile de les voir et de les photographier en milieu naturel.
En aquarium
N/A
Simocephalus vetulus
Le genre Simocephalus a un comportement planctonique et on voit la puissance des antennes de nage, mais il aime aussi se fixer sur la végétation.
On observe l'absence d'épine ou d'ébauche d'épine, l'ocelle constitué d'un trait noir sous l'œil est caractéristique de cette espèce.
En aquarium
N/A
Eurycercus lamellatus
Le genre Eurycercus a des antennes de nage très réduites car il aime se fixer sur la végétation.
On voit bien la structure de l'œil, l'ocelle est le petit point noir juste en dessous de l'œil (sur le cliché c'est au-dessus, l'animal étant sur le dos).
En aquarium
N/A
Eurycercus lamellatus
La partie qui dépasse le dessous de la carapace s'appelle le post-abdomen et son échancrure est caractéristique du genre Eurycercus.
Collecté à 1 m de profondeur et ensuite photographié à la loupe binoculaire
N/A
Rédacteur principal : Jean-François CART
Rédacteur : Jean-Pierre COROLLA
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Michel KUPFER