Aspect d'un petit volcan aplati atteignant 12 mm de diamètre
Six plaques calcaires formant la carapace
Opercule de forme ovale, constitué de 4 plaques
Sutures de l'opercule formant un angle droit, situé au niveau du tiers postérieur
Balane étoilée
Poli's stellate barnacle (EN), Bellota de mar estrella (E), Dente di cane stellato (I), Sternzeepoken (D)
Lepas stellatus poli, 1791
Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Chthamalus stellatus est présent en Atlantique Nord-Est, de l'Irlande à la Mauritanie, Madère et au Cap Vert, en Manche occidentale et en Méditerranée. L'espèce est signalée dans l'océan Indien et le Pacifique mais il s'agirait d'une confusion avec d'autres espèces proches du même genre.
Le chthamale étoilé commun se rencontre sur les rochers et substrats* durs de l'infralittoral* supérieur et du médiolittoral* exposés à l'action des vagues. Il est donc soumis à de longues périodes émergées et résiste plusieurs jours à l'assèchement. Dans les zones d'embruns ou battues par les vagues, juste au-dessus du niveau de la mer par mer calme, cette espèce peut recouvrir 100 % de la roche, sur de grandes surfaces.
Chthamalus stellatus est un crustacé sessile*, ayant l'aspect d'un petit volcan aplati atteignant 12 mm de diamètre. Six plaques calcaires fixes forment la carapace : une plaque antérieure (ou rostre) et une postérieure (ou carène) assez étroites, ainsi que deux latérales de chaque côté, plus larges. Chez les individus âgés, ces plaques ont tendance à se souder et leurs démarcations deviennent indistinctes. De couleur blanche ou jaunâtre, cette carapace peut se teinter de vert lorsqu'elle est envahie d'algues microscopiques.
L'opercule* a une forme ovale dont la partie la plus arrondie correspond à la partie postérieure. Il est constitué de 4 plaques mobiles (2 tergums* en haut et 2 scutums* en bas) dont les sutures forment un angle droit, situé au niveau du tiers postérieur ou plus. Les sutures horizontales montrent un décroché dans leur partie distale.
Le corps n'est jamais visible car cette espèce vivant principalement hors de l'eau, il reste enfermé à l'intérieur de la carapace.
La base de l'animal, en contact avec le substrat, est membraneuse.
Chthamalus montagui est une espèce très proche, qui se rencontre dans le même biotope*, mais un peu plus haut dans le médiolittoral*. Elle se distingue de C. stellatus par un opercule en forme de cerf-volant et par un point de croisement des sutures de l'opercule situé dans le quart postérieur (toujours moins du tiers). C. stellatus et C. montagui ont été longtemps considérées comme une seule et même espèce et sont souvent observées mélangées sur un même lieu. Il faudra attendre des études en 1976 pour attester qu'il s'agit bien de deux espèces différentes.
Il existe d'autres espèces vivant dans la même zone, comme des espèces du genre Balanus que l'on rencontre en général plus près de la surface de l'eau et Euraphia depressa, typique du medio et supralittoral, qui est de taille plus importante, et dont les sutures de l'opercule ne se croisent pas à angle droit. De même, chez ces espèces, la carène et surtout le rostre sont beaucoup plus larges.
Le chthamale étoilé commun est un animal filtreur* se nourrissant de plancton* et de particules organiques qu'il capture avec ses pattes modifiées portant de nombreuses soies. Cette espèce ne s'ouvre pas et ne se nourrit pas dès qu'elle est éclaboussée par une vague, mais attend que l'eau ruisselle sur la roche lors du reflux.
C'est une espèce hermaphrodite* qui se reproduit en été. La fécondation se fait grâce à un "pénis" géant, proportionnellement l'un des plus grands du règne animal. Ce pénis se déploie par l'opercule et pénètre un individu fixé aux alentours. Les 1 000 à 4 000 œufs fécondés restent dans la cavité principale de la femelle et les larves* sont expulsées par l'opercule quand elles atteignent le stade nauplius* pour entamer leur vie planctonique. Après quelques temps, les larves se fixent par la partie dorsale de leur thorax. Celui-ci va se développer en 6 plaques à l'intérieur desquelles l'abdomen et les pattes viennent se replier. Une fois fixée au substrat, la jeune balane ne peut plus se déplacer.
Les individus très isolés, sont capables de s'autoféconder. Cependant, la descendance est beaucoup plus fragile et la mortalité est importante.
Il y a une forte compétition pour le substrat entre Chthamalus stellatus et d'autres balanes fréquentant le même milieu. Il en résulte une zonation importante des espèces. Par exemple, dans la zone de balancement des marées en Atlantique, l'espèce dominante est Semibalanus balanoides, puis au-dessus, soumis aux fortes marée et aux embruns vient Chthamalus stellatus et encore au-dessus, soumis aux plus fortes vagues, aux embruns et à la plus longue dessiccation, on trouve Chthamalus montagui. La limite entre chaque zone n'est pas franche et l'on y trouve alors un mélange d'espèces.
Le chthamale étoilé peut être parasité par un isopode (Hemioniscus balani) voire même par un autre cirripède (Chthamalophilus sp.).
Les prédateurs de C. stellatus sont des gastéropodes, comme Nucella lapillus, certains crabes, polychètes (Eulalia viridis) et même certains poissons, comme la blennie Lipophrys pholis. Bien sûr, les individus qui sont le plus haut sur l'estran et donc le plus souvent hors de l'eau sont plus à l'abri de ces prédateurs.
Enfin, les patelles, bien que ne se nourrissant pas de balanes, peuvent les décrocher du substrat lorsqu'elles se déplacent, ce qui entraînera une mort inéluctable de la balane.
Les plaques calcaires soudées, ainsi que l'opercule étanche permettent aux balanes de retenir une certaine quantité d'eau à l'intérieur et ainsi de survivre plus ou moins longtemps à la dessiccation. Chthamalus stellatus peut ainsi rester plusieurs jours hors de l'eau, même sous le soleil brûlant d'été.
Ces plaques calcaires grandissent progressivement avec l'animal. Par contre, celui-ci, comme les autres crustacés, grandit lors de mues. Ces mues ont généralement lieu en été quand la richesse en nourriture et la température sont plus importantes. La croissance est plus rapide chez les jeunes individus et diminue chez ceux plus âgés.
L'espérance de vie de cette espèce est assez longue pour un petit crustacé et peut atteindre 10 ans.
Le nom Chthamale est la francisation du nom de genre.
Chthamalus : du grec [khthamalos] = ras de terre, bas, en rapport avec sa forme aplatie, collé au rocher.
stellatus : du latin [stellatus] = étoilé.
Numéro d'entrée WoRMS : 106231
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Maxillopoda | Maxillopodes | Absence d'appendices abdominaux. 6 segments thoraciques maximum, 4 segments abdominaux maximum. Carapace réduite. |
Sous-classe | Thecostraca Cirripedia | Thécostracés Cirripèdes | Les Cirripèdes sont des crustacés marins, présentant des stades larvaires (larve nauplius à cornes fronto-latérales ; larve cypris bivalve) et un stade adulte pendant lequel ils vivent soit fixés de façon permanente à un substrat, soit adpatés à la vie parasitaire. Leurs paires d'appendices thoraciques biramés sont nommées cirres. |
Super ordre | Thoracica | Thoraciques | Cirripèdes fixés au stade adulte, ayant 6 paires d’appendices thoraciques biramés à l'origine de 24 cirres.. |
Ordre | Sessilia | Sessiles | Cirripèdes dont la carapace est fixée à même le support (roche, bois, coquille, objet quelconque...). |
Famille | Chthamalidae | Chthamalidés | |
Genre | Chthamalus | ||
Espèce | stellatus |
Caractéristiques
Chthamalus stellatus se caractérise par un opercule de forme ovale et des sutures au niveau de cet opercule se croisant à angle droit, au niveau du quart postérieur.
Marseille (13)
12/03/2009
Carapace
La carapace est formée de 6 plaques. Les plaques antérieure (rostre) et postérieure (carène) sont assez étroites, ce qui caractérise le genre Chthamalus. Chez les individus âgés, ces plaques ont tendance à fusionner et leurs démarcations ne sont plus visibles.
Cap Roux (06), estran
28/06/2011
Au sec
Le chthamale étoilé vit sur les rochers, juste au-dessus du niveau de la mer. Il a quand même besoin d'être aspergé régulièrement par les vagues ou les embruns.
Carro, Côte Bleue (13), estran
27/03/2011
Très résistante
Chthamalus stellatus résiste très bien à la dessiccation. Il peut rester émergé plusieurs jours, même en plein été sous un soleil de plomb.
Marseille (13), estran
12/03/2009
En Atlantique
Dans une flaque d'eau, quelques individus du chthamale étoilé parmi les patelles.
Belle Ile (56)
03/09/2007
Croissance
Les plaques de cette espèce sont souvent recouvertes d'algues microscopiques vertes. Ceci nous permet de bien distinguer la zone de croissance récente, qui elle apparaît encore blanche.
Marseille (13), estran
24/04/2011
Nutrition
Le chthamale étoilé commun est un animal filtreur se nourrissant de plancton et de particules organiques qu'il capture avec ses pattes modifiées portant de nombreuses soies. Cette espèce ne s'ouvre pas et ne se nourrit pas dès qu'elle est éclaboussée par une vague, mais attend que l'eau ruisselle sur la roche lors du reflux.
Rosas, Espagne, estran
28/06/2010
Ouverture
Pour se nourrir, cette espèce attend d'être recouverte d'une fine pellicule d'eau, lors du reflux de la vague. Son opercule s'ouvre alors, laissant apparaître des tissus blanc - bleuté.
Carnon (34), estran
26/06/2011
Large colonisation
Dans les zones soumises aux embruns, les populations de Chthamalus stellatus sont parfois très denses.
Marseille (13), estran
24/04/2011
Très large colonisation
Pratiquement 100% de la roche émergée soumis aux embruns est ici recouverte de Chthamalus stellatus !
Marseille (13), estran
24/04/2011
Espèces proches
Chthamalus stellatus (en bas) se différencie de C. montagui (en haut) par un opercule arrondi et non en forme de cerf-volant et par une suture de l'opercule dans le tiers postérieur (la partie la plus arrondie de l'opercule) au lieu du quart postérieur.
Marseille (13), estran
24/04/2011
Cohabitation
Chthamalus stellatus fréquente le même biotope que Euraphia depressa. Cette dernière espèce (en haut et au centre) a un opercule en forme en cerf-volant, des sutures de l'opercule qui ne se croisent pas à angle droit et une taille généralement plus grande. Un triangle marque souvent la jointure des plaques (bien visible sur l'individu du haut).
Marseille (13), estran
24/04/2011
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Correcteur : Nicolas RABET
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Boudouresque C. F., 2005, Excursion au Cap-Croisette (Marseille) : le milieu marin, GIS Posidonie publishers, 1-48.
Burrows M. T., Hawkins S. J. and Southward A. J., 1999, Larval development of the intertidal barnacles Chthamalus stellatus and Chthamalus montagui, J.Mar. Biol. Ass. U.K., 79, 93-101.
Connell J. H., 1961, The Influence of Interspecific Competition and Other Factors on the Distribution of the Barnacle Chthamalus Stellatus, Ecology, 42, 710–723.
Jacinto D, Cruz T., 2008, Tidal settlement of the intertidal barnacles spp. in SW Portugal: interaction between diel and semi-lunar cycles, Mar. Ecol. Prog. Ser., 366, 129–135.
Sousa E. B., Cruz T. & Castro J. J., 2000, Distribution and abundance of co-occurring chthamalid barnacles Chthamalus montagui and Chthamalus stellatus (Crustacea, Cirripedia) on the southwest coast of Portugal, Hydrobiologia, 440, 339-345.
La page de Chthamalus stellatus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN