Chthamale cerf-volant

Chthamalus montagui | Southward, 1976

N° 2881

Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Clé d'identification

Aspect d'un petit volcan aplati atteignant 8 mm de diamètre
Six plaques calcaires formant la carapace
Opercule en forme de cerf-volant, constitué de 4 plaques
Sutures de l'opercule formant un angle droit, situé au niveau du quart antérieur

Noms

Autres noms communs français

Chthamale étoilé de Montagu

Noms communs internationaux

Montagu's stellate barnacle (GB)

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Chthamalus montagui est présent en Atlantique Nord-Est, de l'Ecosse à la Mauritanie, en Manche occidentale et en Méditerranée, y compris en mer Noire.

Biotope

Le chthamale cerf-volant se rencontre sur les rochers et substrats durs du médiolittoral* et supralittoral* exposés à l'action des vagues. Il est donc soumis à de longues périodes émergées et peut résister plusieurs jours à l'assèchement.

Description

Chthamalus montagui est un crustacé sessile*, ayant l'aspect d'un petit volcan aplati atteignant 8 mm de diamètre. Six plaques calcaires fixes forment la carapace : une plaque antérieure (ou rostre*) et une postérieure (ou carène*) assez étroites, ainsi que deux latérales de chaque côté, plus larges. Chez les individus âgés, ces plaques ont tendance à se souder et leurs démarcations deviennent indistinctes. De couleur blanche ou grisâtre, cette carapace peut se teinter de vert lorsqu'elle est envahie d'algues microscopiques.

L'opercule* a une forme de cerf-volant dont la partie pointue correspond à la partie postérieure (vers la carène). Il est constitué de 4 plaques mobiles (2 tergums* en haut et 2 scutums* en bas) dont les sutures forment un angle droit, situé au niveau du quart postérieur. Les sutures horizontales montrent un décroché dans leur partie latérale.
Cette espèce vivant principalement hors de l'eau, le corps est rarement visible car il reste enfermé à l'intérieur de la carapace lors des périodes d'émersion.

La base de l'animal, en contact avec le substrat*, est membraneuse.

Espèces ressemblantes

Chthamalus stellatus est une espèce très proche, qui se rencontre dans le même biotope, mais un peu plus bas dans le médiolittoral*. Elle se distingue de C. montagui par un opercule de forme ovale et par un point de croisement des sutures de l'opercule situé dans le tiers postérieur. C. stellatus et C. montagui ont été longtemps considérées comme une seule et même espèce et sont souvent observées mélangées sur un même lieu. Il faudra attendre des études en 1976 pour attester qu'il s'agit bien de deux espèces différentes.

Il existe d'autres espèces vivant dans la même zone, comme des espèces du genre Balanus que l'on rencontre en général plus bas sur l'estran et Euraphia depressa, typique du médio et supralittoral méditerranéens, qui est de taille plus importante, et dont les sutures de l'opercule ne se croisent pas à angle droit. De même, chez ces espèces, la carène et surtout le rostre sont beaucoup plus larges.

Alimentation

Le chthamale cerf-volant est un animal filtreur* se nourrissant de plancton* et de particules organiques qu'il capture avec ses 6 paires de pattes modifiées portant de nombreuses soies (jouant aussi un rôle dans la respiration). Après avoir été éclaboussée par une vague, cette espèce attend que l'eau ruisselle sur la roche lors du reflux, qui doit atteindre au moins 10 cm/s, pour s'ouvrir et se nourrir. Pour cela, l'opercule s'ouvre et les pattes sont déployées de façon rythmique. Ce rythme est plus rapide chez les jeunes individus et s'accélère avec la température.

Reproduction - Multiplication

C'est une espèce hermaphrodite* qui se reproduit en été, quand les eaux dépassent 15 °C. La fécondation se fait grâce à un "pénis" géant, proportionnellement l'un des plus grands du règne animal. Ce pénis se déploie par l'opercule et pénètre un individu fixé aux alentours. Les 1 000 à 4 000 œufs fécondés restent dans la cavité principale de la femelle et les larves* sont expulsées par l'opercule quand elles atteignent le stade nauplius* pour entamer leur vie planctonique*. Après quelque temps, les larves se fixent par la partie dorsale de leur thorax. Celui-ci va se développer en 6 plaques à l'intérieur desquelles l'abdomen et les pattes viennent se replier. Une fois fixée au substrat, la jeune balane ne peut plus se déplacer.

Les individus très isolés sont capables de s'autoféconder. Cependant, la descendance est beaucoup plus fragile et la mortalité est importante.

Vie associée

Il y a une forte compétition pour le substrat entre Chthamalus montagui et d'autres balanomorphes fréquentant le même milieu. Il en résulte une zonation importante des espèces. Par exemple, dans la zone de balancement des marées en Manche occidentale, l'espèce dominante est Semibalanus balanoides, puis au-dessus, soumis aux fortes marée et aux embruns vient Chthamalus stellatus et encore au-dessus, soumis aux plus fortes vagues, aux embruns et à la plus longue dessiccation, on trouve Chthamalus montagui. La limite entre chaque zone n'est pas franche et l'on y trouve alors un mélange d'espèces.

Le chthamale cerf-volant peut être parasité par un isopode (Hemioniscus balani), voire par un autre cirripède (Chthamalophilus sp.).

Les prédateurs de C. montagui sont des gastéropodes comme Nucella lapillus, certains crabes, des polychètes (Eulalia viridis), et même certains poissons, comme la blennie Lipophrys pholis. Bien sûr, les individus qui sont le plus haut sur l'estran, et donc le plus souvent hors de l'eau, sont plus à l'abri de ces prédateurs.

Enfin, les patelles, bien que ne se nourrissant pas de balanes, peuvent les décrocher du substrat lorsqu'elles se déplacent, ce qui entraînera une mort inéluctable de la balane.

Divers biologie

Les plaques calcaires soudées, ainsi que l'opercule étanche, permettent aux balanes et chthamales de retenir une certaine quantité d'eau à l'intérieur et ainsi de survivre plus ou moins longtemps à la dessiccation. Chthamalus montagui peut ainsi rester plusieurs jours hors de l'eau, même sous le soleil brûlant d'été.

Ces plaques calcaires grandissent progressivement avec l'animal. Par contre, celui-ci, comme les autres crustacés, grandit lors de mues. Ces mues ont généralement lieu en été quand la richesse en nourriture et la température sont plus importantes. La croissance est plus rapide chez les jeunes individus et ralentie chez les plus âgés. Cependant elle reste assez lente : elle atteint un diamètre de 2 mm au bout de 3 mois, 4 mm après 1 an et 8 mm à l'âge de 2 ans.

Informations complémentaires

L'espérance de vie de cette espèce est assez longue pour un petit crustacé et peut atteindre 10 ans.

Origine des noms

Origine du nom français

Le nom Chthamale est la francisation du nom de genre.

Origine du nom scientifique

Chthamalus : du grec [khthamalos] = ras de terre, bas, en rapport avec sa forme aplatie, collée au rocher.

montagui : en hommage à Georges Montagu (1753 - 1815), éminent naturaliste amateur anglais, qui suite à son renvoi de l'armée, se consacra à l'étude, entre autres, de la vie marine.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 106230

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Crustacea Crustacés Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes.
Super classe Multicrustacea
Classe Thecostraca Thécostraces
Sous-classe Cirripedia Cirripèdes
Super ordre Thoracicalcarea Thoracicalcaires
Ordre Balanomorpha Balanomorphes
Famille Chthamalidae Chthamalidés
Genre Chthamalus
Espèce montagui

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