Aspect d'un petit volcan aplati atteignant 8 mm de diamètre
Six plaques calcaires formant la carapace
Opercule en forme de cerf-volant, constitué de 4 plaques
Sutures de l'opercule formant un angle droit, situé au niveau du quart antérieur
Chthamale étoilé de Montagu
Montagu's stellate barnacle (GB)
Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Chthamalus montagui est présent en Atlantique Nord-Est, de l'Ecosse à la Mauritanie, en Manche occidentale et en Méditerranée, y compris en mer Noire.
Le chthamale cerf-volant se rencontre sur les rochers et substrats durs du médiolittoral* et supralittoral* exposés à l'action des vagues. Il est donc soumis à de longues périodes émergées et peut résister plusieurs jours à l'assèchement.
Chthamalus montagui est un crustacé sessile*, ayant l'aspect d'un petit volcan aplati atteignant 8 mm de diamètre. Six plaques calcaires fixes forment la carapace : une plaque antérieure (ou rostre*) et une postérieure (ou carène*) assez étroites, ainsi que deux latérales de chaque côté, plus larges. Chez les individus âgés, ces plaques ont tendance à se souder et leurs démarcations deviennent indistinctes. De couleur blanche ou grisâtre, cette carapace peut se teinter de vert lorsqu'elle est envahie d'algues microscopiques.
L'opercule* a une forme de cerf-volant dont la partie pointue correspond à la partie postérieure (vers la carène). Il est constitué de 4 plaques mobiles (2 tergums* en haut et 2 scutums* en bas) dont les sutures forment un angle droit, situé au niveau du quart postérieur. Les sutures horizontales montrent un décroché dans leur partie latérale.
Cette espèce vivant principalement hors de l'eau, le corps est rarement visible car il reste enfermé à l'intérieur de la carapace lors des périodes d'émersion.
La base de l'animal, en contact avec le substrat*, est membraneuse.
Chthamalus stellatus est une espèce très proche, qui se rencontre dans le même biotope, mais un peu plus bas dans le médiolittoral*. Elle se distingue de C. montagui par un opercule de forme ovale et par un point de croisement des sutures de l'opercule situé dans le tiers postérieur. C. stellatus et C. montagui ont été longtemps considérées comme une seule et même espèce et sont souvent observées mélangées sur un même lieu. Il faudra attendre des études en 1976 pour attester qu'il s'agit bien de deux espèces différentes.
Il existe d'autres espèces vivant dans la même zone, comme des espèces du genre Balanus que l'on rencontre en général plus bas sur l'estran et Euraphia depressa, typique du médio et supralittoral méditerranéens, qui est de taille plus importante, et dont les sutures de l'opercule ne se croisent pas à angle droit. De même, chez ces espèces, la carène et surtout le rostre sont beaucoup plus larges.
Le chthamale cerf-volant est un animal filtreur* se nourrissant de plancton* et de particules organiques qu'il capture avec ses 6 paires de pattes modifiées portant de nombreuses soies (jouant aussi un rôle dans la respiration). Après avoir été éclaboussée par une vague, cette espèce attend que l'eau ruisselle sur la roche lors du reflux, qui doit atteindre au moins 10 cm/s, pour s'ouvrir et se nourrir. Pour cela, l'opercule s'ouvre et les pattes sont déployées de façon rythmique. Ce rythme est plus rapide chez les jeunes individus et s'accélère avec la température.
C'est une espèce hermaphrodite* qui se reproduit en été, quand les eaux dépassent 15 °C. La fécondation se fait grâce à un "pénis" géant, proportionnellement l'un des plus grands du règne animal. Ce pénis se déploie par l'opercule et pénètre un individu fixé aux alentours. Les 1 000 à 4 000 œufs fécondés restent dans la cavité principale de la femelle et les larves* sont expulsées par l'opercule quand elles atteignent le stade nauplius* pour entamer leur vie planctonique*. Après quelque temps, les larves se fixent par la partie dorsale de leur thorax. Celui-ci va se développer en 6 plaques à l'intérieur desquelles l'abdomen et les pattes viennent se replier. Une fois fixée au substrat, la jeune balane ne peut plus se déplacer.
Les individus très isolés sont capables de s'autoféconder. Cependant, la descendance est beaucoup plus fragile et la mortalité est importante.
Il y a une forte compétition pour le substrat entre Chthamalus montagui et d'autres balanomorphes fréquentant le même milieu. Il en résulte une zonation importante des espèces. Par exemple, dans la zone de balancement des marées en Manche occidentale, l'espèce dominante est Semibalanus balanoides, puis au-dessus, soumis aux fortes marée et aux embruns vient Chthamalus stellatus et encore au-dessus, soumis aux plus fortes vagues, aux embruns et à la plus longue dessiccation, on trouve Chthamalus montagui. La limite entre chaque zone n'est pas franche et l'on y trouve alors un mélange d'espèces.
Le chthamale cerf-volant peut être parasité par un isopode (Hemioniscus balani), voire par un autre cirripède (Chthamalophilus sp.).
Les prédateurs de C. montagui sont des gastéropodes comme Nucella lapillus, certains crabes, des polychètes (Eulalia viridis), et même certains poissons, comme la blennie Lipophrys pholis. Bien sûr, les individus qui sont le plus haut sur l'estran, et donc le plus souvent hors de l'eau, sont plus à l'abri de ces prédateurs.
Enfin, les patelles, bien que ne se nourrissant pas de balanes, peuvent les décrocher du substrat lorsqu'elles se déplacent, ce qui entraînera une mort inéluctable de la balane.
Les plaques calcaires soudées, ainsi que l'opercule étanche, permettent aux balanes et chthamales de retenir une certaine quantité d'eau à l'intérieur et ainsi de survivre plus ou moins longtemps à la dessiccation. Chthamalus montagui peut ainsi rester plusieurs jours hors de l'eau, même sous le soleil brûlant d'été.
Ces plaques calcaires grandissent progressivement avec l'animal. Par contre, celui-ci, comme les autres crustacés, grandit lors de mues. Ces mues ont généralement lieu en été quand la richesse en nourriture et la température sont plus importantes. La croissance est plus rapide chez les jeunes individus et ralentie chez les plus âgés. Cependant elle reste assez lente : elle atteint un diamètre de 2 mm au bout de 3 mois, 4 mm après 1 an et 8 mm à l'âge de 2 ans.
L'espérance de vie de cette espèce est assez longue pour un petit crustacé et peut atteindre 10 ans.
Le nom Chthamale est la francisation du nom de genre.
Chthamalus : du grec [khthamalos] = ras de terre, bas, en rapport avec sa forme aplatie, collée au rocher.
montagui : en hommage à Georges Montagu (1753 - 1815), éminent naturaliste amateur anglais, qui suite à son renvoi de l'armée, se consacra à l'étude, entre autres, de la vie marine.
Numéro d'entrée WoRMS : 106230
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Super classe | Multicrustacea | ||
Classe | Thecostraca | Thécostraces | |
Sous-classe | Cirripedia | Cirripèdes | |
Super ordre | Thoracicalcarea | Thoracicalcaires | |
Ordre | Balanomorpha | Balanomorphes | |
Famille | Chthamalidae | Chthamalidés | |
Genre | Chthamalus | ||
Espèce | montagui |
Cerf-volant
L'opercule en forme de cerf-volant est caractéristique de cette espèce.
Marseille (13)
12/03/2009
Carapace
La carapace est formée de 6 plaques. Les plaques postérieure (ou carène, située du côté le plus pointu de l'opercule) et antérieure (rostre) sont assez étroites, ce qui caractérise le genre Chthamalus. Chez les individus âgés, ces plaques ont tendance à fusionner et leurs démarcations ne sont plus visibles.
Marseille (13), estran
24/04/2011
Aspect
Chthamalus montagui est un crustacé sessile*, ayant l'aspect d'un petit volcan aplati atteignant 8 mm de diamètre.
Marseille (13), estran
12/03/2009
Biotope
Le chthamale cerf-volant se rencontre sur les substrats durs, assez haut sur le médiolittoral et le supralittoral. Il résiste très bien à de longues périodes d'émersion.
Lomener (56), estran
18/09/2007
Bien fixée
Cette espèce est fortement ancrée au substrat pour résister à l'assaut des vagues et aux embruns.
Mèze (34), estran
06/06/2011
Nutrition
Chthamalus montagui est un animal filtreur se nourrissant de plancton et de particules organiques qu'il capture avec ses pattes modifiées portant de nombreuses soies. Cette espèce ne s'ouvre pas et ne se nourrit pas dès qu'elle est éclaboussée par une vague, mais attend que l'eau ruisselle sur la roche lors du reflux. Son opercule s'ouvre alors, laissant apparaître des tissus blanc - bleuté.
Mèze (34), estran
06/06/2011
Espèces proches
Chthamalus montagui (en haut) se différencie de C. stellatus (en bas) par un opercule en forme de cerf-volant et non d'ovale et par une suture de l'opercule dans le quart postérieur (la partie la plus arrondie de l'opercule) au lieu du tiers postérieur.
Marseille (13), estran
24/04/2011
Balanes du supralittoral méditerranéen
En Méditerranée, 3 espèces sont en compétition pour le supralittoral. Chthamalus stellatus (au milieu à droite) avec un opercule de forme ovale, C. montagui avec son opercule en forme de cerf-volant, et Euraphia depressa (au milieu en haut et à gauche) de taille plus importante, avec des plaques antérieure et postérieure plus larges et des sutures de l'opercule ne formant pas d'angle droit. Il existe une zonation de ces espèces. C. stellatus se trouvant le plus bas sur l'estran, puis C. montagui et enfin, E. depressa qui est en position la plus haute. Bien sûr, la limite de zonation de ces espèces n'est pas franche et elles peuvent cohabiter, comme sur cette photo.
Marseille (13), estran
24/04/2011
Prédateurs
Les prédateurs de C. montagui sont des gastéropodes comme Nucella lapillus (ici sur la photo), certains crabes, des polychètes (Eulalia viridis), et même certains poissons, comme la blennie Lipophrys pholis. Bien sûr, les individus qui sont le plus haut sur l'estran et donc le plus souvent hors de l'eau sont plus à l'abri de ces prédateurs.
Enfin, les patelles, bien que ne se nourrissant pas de balanes, peuvent les décrocher du substrat lorsqu'elles se déplacent, ce qui entraînera une mort inéluctable de la balane.
(La définition de la photo ne permet pas de confirmer ou non si les balanes présentes sur ce cliché sont C. montagui ou une espèce proche.)
St Aubin (76), estran
05/2008
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Correcteur : Nicolas RABET
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Boudouresque C. F., 2005, Excursion au Cap-Croisette (Marseille) : le milieu marin, GIS Posidonie publishers, 1-48.
Burrows M. T., Hawkins S. J., Southward A. J., 1999, Larval development of the intertidal barnacles Chthamalus stellatus and Chthamalus montagui, J.Mar. Biol. Assoc. U.K., 79, 93-101.
Jacinto D, Cruz T., 2008, Tidal settlement of the intertidal barnacles spp. in SW Portugal: interaction between diel and semi-lunar cycles, Mar. Ecol. Prog. Ser., 366, 129–135.
Kendall M. A., Bedford M. L., 1987, Reproduction and recruitment of the barnacle Chthamalus montagui at Aberystwyth (mid-Wales), Mar. Ecol. Prog. Ser., 38, 305-308.
Sousa E. B., Cruz T., Castro J. J., 2000, Distribution and abundance of co-occurring chthamalid barnacles Chthamalus montagui and Chthamalus stellatus (Crustacea, Cirripedia) on the southwest coast of Portugal, Hydrobiologia, 440, 339-345.
La page de Chthamalus montagui dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN