Forme trapue, presque ovale, du manteau
Manteau à 3 couleurs : jaune sur l'extérieur, puis blanc, puis 3 larges bandes longitudinales noires pour 2 blanches plus fines
Rhinophores orange
Panache branchial orange, dense, parfois ramifié
Longueur maximale : 8 cm
Chromodoris africain, doris africain
African chromodorid (GB)
Cette espèce a été longtemps confondue avec d'autres espèces proches (voir § Espèces semblables). On trouve néanmoins :
Chromodoris elisabethina var. africana Eliot, 1904
Mer Rouge, océan Indien occidental
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Cette espèce est repérée sur toutes les côtes de l'ouest de l'océan Indien (jusqu'à l'Afrique du Sud), y compris les îles de cette zone (Madagascar, Mayotte, ...), ainsi qu'en mer Rouge.
La doris africaine est fréquemment rencontrée sur substrats durs, récifs ou coralligène, en particulier sur les éponges dont l'espèce se nourrit, entre 5 et 30 m de profondeur.
La taille maximale de ce doris peut atteindre 8 cm. Sa forme est trapue, presque ovale.
Le manteau* porte trois couleurs : une bande marginale jaune orangé fait le tour de ce manteau, suivie à l'intérieur d'un cercle blanc. Ces 2 bandes excentrées sont relativement larges. A l'intérieur de ces marges jaune et blanche, 3 bandes noires longitudinales, souvent très larges, alternent avec 2 bandes blanches plus fines et s'étirent tout le long du manteau. Les 2 lignes noires costales se rejoignent souvent au-devant des rhinophores* et derrière le panache branchial. La bande noire centrale passe au milieu du dos de l'animal.
Le manteau est fin, souple et très recouvrant.
On retrouve les mêmes couleurs sur le pied de l'animal que l'on remarque à l'arrière, dépassant du manteau.
Les rhinophores sont orange soutenu (souvent plus foncés que la marge du manteau), de même que le panache branchial, très dense et parfois ramifié.
La proportion de blanc chez les juvéniles semble être plus importante.
Il faut préciser que cette description est un peu théorique et que certains individus ne présentent pas l'ensemble de ces critères ou en montrent des variations.
Le groupe des "Chromodoris striés" ("black lined") usant de couleurs similaires (orange, blanc / bleu et noir) comprend plusieurs espèces, parfois très proches et pas toujours évidentes à distinguer.
Chromodoris cf. africana Rudman, 1982 est un doris très ressemblant à Chromodoris africana mais sa répartition est autre : est de l'océan Indien et ouest de l'océan Pacifique. Les lignes blanches du manteau sont assez floues et ne s'étirent pas d'un bord à l'autre. Enfin, et c'est la clé de la détermination mais elle est invisible des plongeurs, les dents sur la radula* ont des dispositions différentes.
Chromodoris quadricolor (Rüppell & Leuckart, 1828), le doris-pyjama, a 4 couleurs sur le manteau (les lignes longitudinales sont noires et bleues), réparties plus ou moins de la même façon que les 3 couleurs de C. africana. Mais le manteau est bordé d'un très fin liseré blanc. De plus, le doris-pyjama est beaucoup plus droit et allongé et sa taille n'atteint pas celle de C. africana, plus grande. Le manteau est plus court, plus épais et rigide au toucher que le fin manteau de C. africana.
Chromodoris magnifica (Quoy & Gaimard, 1832), présent dans le Pacifique occidental (Malaisie, Indonésie, des Philippines au Japon, Papouasie-Nlle Guinée et Australie), est également très ressemblant à C. africana mais C. magnifica a un liseré blanc externe d'une certaine largeur, liseré absent chez C. africana dont le pourtour est entièrement jaune orangé.
Chromodoris kuiteri Rudman, 1982 est également similaire à C. africana. Mais la bande extérieure orange est séparée du liseré blanc intérieur par un fin liseré noir. Présent dans le Pacifique et donc, généralement en dehors de la zone de C. africana.
Chromodoris hamiltoni Rudman, 1977 fréquente les mêmes eaux africaines que C. africana ! Les couleurs sont les mêmes à la différence du centre du notum* qui se teinte de bleu pâle et d'un peu de pigments orange diffus entre les lignes noires.
Chromodoris colemani Rudman, 1982 présente généralement des lignes orange s'intercalant entre les bandes noires. C'est une espèce que l'on peut rencontrer dans les Philippines, du Japon aux îles Marshall, ainsi qu'en Papouasie-Nlle Guinée et en Australie.
Chromodoris strigata Rudman, 1982 dont la distribution recoupe celle de C. africana, montre un pourtour du manteau orange clair et des lignes longitudinales noires, généralement assez fines, sur un notum blanc. Mais le manteau paraît afficher sur ses zones claires comme un "jeu d'ombres et de lumières", assez identifiables.
Hypselodoris regina Marcus & Marcus, 1970 : chez cette espèce présente dans l'océan Indien, la couleur de fond du manteau est bleu pâle et sa bordure constituée d'une large bande orange, ainsi que le pied bien visible à l'arrière. Trois lignes noires à pourpre sombre longitudinales courent le long du notum ; la ligne médiane forme un anneau sur la tête, en avant des rhinophores. A mi-chemin entre branchies et rhinophores, au milieu du dos, on peut observer une importante macule orange (ainsi que parfois des marques longitudinales orange, diffuses, de chaque côté de la ligne centrale). Les branchies émergent d'un fourreau élevé, comme chez C. strigata ; elles sont triangulaires, blanches bleuâtres et bordées d'orange. Les rhinophores sont orange.
Un certain nombre d'autres espèces ressemblantes, à moins que ce ne soit des variantes des espèces supra, sont encore en mal d'identification.
Notons enfin qu'il existe au moins une espèce (sans doute plusieurs) de vers plats qui reprend plus ou moins la livrée de Chromodoris africana. Les Plathelminthes sont très plats, n'ont pas de rhinophores proprement dits et ne montrent jamais de panache branchial.
Cette espèce se nourrit d'éponges rouges (Latrunculia spp., Negombata magnifica) qui contiennent des toxines (latrunculine) qu'elle stocke dans les glandes du manteau comme éléments de défense.
Les nudibranches se reproduisent par voie sexuée. Ils sont hermaphrodites* et ovipares*.
L’accouplement se fait toujours deux à deux dans un rapport proximal, les individus se présentant tête-bêche sur leur côté droit. En effet, les organes de reproduction débouchent derrière la partie céphalique, sur le côté droit du pied.
Entrés en contact, les deux partenaires échangent leurs spermatozoïdes respectifs puis se quittent. La fécondation est interne et chacun pond ensuite de son côté.
La ponte se présente sous la forme d'un ruban d'œufs, disposé en cercles concentriques anti-horaires, assez plat.
Les mollusques opisthobranches possèdent une radula*. Il s'agit d'une sorte de bande râpeuse, constituée de plusieurs rangées de petites dents, située dans la cavité buccale et qui sert à l'alimentation de l'animal, agissant comme une râpe sur les spongiaires qui constituent la nourriture.
La structure de la radula et des rangées de petites dents est un élément déterminant dans la nomenclature, la disposition des denticules étant propre à chaque espèce.
Chez Chromodoris africana, les dents latérales les plus excentrées possèdent 3 à 4 denticules sur l'intérieur et aucun sur l'extérieur. Les autres dents peuvent éventuellement avoir quelques petits denticules extérieurs mais seulement à la base. Cette structure radulaire est entre autres choses ce qui distingue C. africana de C. cf. africana.
Les différentes espèces se ressemblant peuvent également produire des variantes de motifs comme de couleurs, rendant plus complexe encore la discrimination et c'est d'autant plus flagrant dans ce groupe des "chromodoris striés" dont les caractéristiques sont proches. C'est pour cela qu'il est utile de connaître la nature exacte des proies consommées par chaque espèce ainsi que les caractéristiques des pontes respectives.
Pour plusieurs espèces de nudibranches, généralement des Chromodoridides mais aussi des Phyllidides, il est possible de trouver des espèces de polyclades (vers plats) qui ont en commun avec le nudibranche le dessin et les couleurs du manteau. L'analogie est parfois très proche ! L'imitation d'une espèce vers l'autre ne fait aucun doute et si pour certains vers plats, cela s'entend dans un but de profiter de la protection induite par la dangerosité du nudibranche (mimétisme batésien*), cela reste plus mystérieux dans d'autre cas. Chromodoris africana a donc un alter ego chez les vers plats et comme les deux produisent des substances chimiques désagréables au goût et sont immangeables, on peut alors se demander pourquoi cette imitation qui ne sert pas à s'abriter derrière la dangerosité d'un autre. Peut-être dans le but de renforcer par le nombre le désintérêt d'éventuels prédateurs envers cette livrée ?
Doris africaine : nom commun issu du nom scientifique.
Chromodoris : du grec [chrom-] = couleur et du grec [Doris] = Océanide fille d'Océan et de Téthys, épouse de Nérée et mère des 50 néréides. Il s'agit donc d'un doris de couleurs vives ;
africana : du fait de sa répartition le long des côtes d'Afrique de l'Est et des îles de cette zone de l'océan Indien.
Numéro d'entrée WoRMS : 209584
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Chromodorididae | Chromodorididés | Doridiens au corps mou allongé et étroit, à coloration vive. Dos en général lisse, bord du manteau développé à l’avant. Pied effilé à l’arrière, dépassant du manteau. Rhinophores lamellés, tentacules buccaux courts et coniques, branchies pennées. |
Sous-famille | Chromodoridinae | Chromodoridinés | |
Genre | Chromodoris | ||
Espèce | africana |
Large manteau
La forme de ce nudibranche est trapue, presque ovale. Le manteau recouvre entièrement le pied, à l'exception de sa pointe arrière.
Jardin japonais, Mayotte, 15 m
08/12/2008
Cerné de jaune
Le bord du manteau est cerné en lisière d'une bande jaune et, à l'intérieur, d'une bande blanche assez large.
Passe en S, Mayotte
N/A
A Mayotte
Les bandes noires excentrées se rejoignent souvent devant les rhinophores et derrière le panache branchial.
Les couleurs du notum se retrouvent sur le pied que l'on voit pointer, à l'arrière du manteau.
Passe de Longoni, Mayotte, 15 m
21/07/2009
Trois couleurs
Contrairement au doris-pyjama, le doris africain n'a que trois couleurs : jaune, noir et blanc. En effet, les bandes longitudinales du manteau sont noires et blanches.
Passe en S, Mayotte
N/A
Panache orange
Le panache branchial, orange, est dense et parfois ramifié.
Passe en S, Mayotte
N/A
Sur son éponge favorite
Le panache est entièrement rétracté, ce qui n'est pas fréquent, peut-être par peur du photographe, même si celui-ci précise avoir été discret.
Nosy Komba, Madagascar
15/08/11
Chromodoris "cousins"
Voici, parmi la gamme des "Chromodoris striés", quelques sources de confusions avec Chromodoris africana...
1. Chomodoris magnifica (liseré blanc extérieur...)
2. Chomodoris strigata (zone d'ombres grises...)
3. Chromodoris hamiltoni (lignes orange intermédiaires...)
4. Chomodoris quadricolor (lignes bleues...)
Il y en a quelques autres, encore...
Indonésie et mer Rouge
N/A
Rédacteur principal : Sylvie DIDIERLAURENT
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
Rudman, W.B., 1999 (April 11) Chromodoris africana (Ruppell & Leuckart, 1828). [In] Sea Slug Forum. Australian Museum, Sydney.
La page de Chromodoris africana dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.