Coné ouatalibi

Cephalopholis fulva | (Linnaeus, 1758)

N° 1212

Atlantique tropical ouest

Clé d'identification

Deux points noirs sur la lèvre inférieure
Deux points noirs sur le pédoncule caudal
Petits points bleus sur le corps

Noms

Autres noms communs français

Coné watalibi, tanche (Guadeloupe), watalibi (Martinique)

Noms communs internationaux

Coney, butterfish (GB), Cabrilla roja, cherna cabrilla (E), Garupa (P), Zwarte sproetelvis (NE), Coney (D), Ostamerikansk pafuglebars (DK)

Synonymes du nom scientifique actuel

Labrus fulvus Linnaeus, 1758
Epinephelus fulvus (Linnaeus, 1758)
Epinephelus fulva (Linnaeus, 1758)
Cephalopholis fulvus (Linnaeus, 1758)
Holocanthus auratus Bloch, 1790
Bodianus guativere Bloch & Schneider, 1801
Gymnocephalus ruber Bloch & Schneider, 1801
Serranus carauna Valenciennes, 1828
Serranus ouatalibi Valenciennes, 1828

Distribution géographique

Atlantique tropical ouest

Zones DORIS : ● Caraïbes

Présent du sud de la Caroline (USA) au Brésil ainsi qu'aux Bermudes.

Biotope

Le coné ouatalibi habite les eaux claires des récifs coralliens généralement entre 5 et 30 m mais parfois au-delà de 45 m dans certaines régions (golfe du Mexique par exemple). Il se tient le plus souvent embusqué dans des cavités ou sous des corniches pendant la journée. On peut toutefois l'apercevoir dériver au-dessus du récif en nombre important notamment en période de frai.

Description

Ce poisson a une taille d'environ 25 cm mais il peut atteindre parfois 35 cm. C'est un des plus petits mérous de la zone caraïbe. Comme les autres membres de sa famille, il possède un corps compact et robuste, une grande bouche avec des lèvres épaisses et une mâchoire inférieure proéminente. Sa nageoire dorsale est composée de deux parties : une partie antérieure avec 9 épines érectiles et une partie postérieure très souple.
En fonction de son humeur, il peut prendre plusieurs colorations, ce qui rend difficile son identification. Toutefois, quelques caractéristiques sont constantes : deux points noirs sur la lèvre inférieure, deux points noirs sur le pédoncule caudal et des petits points bleus sur le corps.
Ces différentes phases de coloration sont :
- phase rouge brun : les nageoires pelviennes et anale sont parfois bleutées, une partie plus ou moins claire au milieu du corps part de l'opercule jusqu'à la nageoire caudale. Cette coloration du poisson peut être qualifiée de “normale".
- phase bicolore : la partie inférieure du corps est pâle à blanche. Toutes les nageoires sont blanches. Cette coloration semble correspondre à un état d'excitation (frai) ou de stress. Elle est obtenue instantanément à partir de la coloration précédente.
- phase jaune : le corps est jaune d'or avec quelques points bleus sur la tête et l'avant du corps. C'est la moins commune.
- phase tachetée : le corps rouge brun est parsemé de parties plus claires comme une tenue militaire de camouflage. Il s'agit d'une phase observée la nuit ou lorsque le poisson est posé au sol.

Les juvéniles se distinguent des adultes par quatre points noirs sur la lèvre inférieure (au lieu de deux). Leur livrée varie selon l'âge :
- très jeune individu : partie supérieure du corps brun clair et partie inférieure blanche. Une tache blanche entourée de noir est présente sur la nageoire dorsale et deux points blancs sont visibles sur le pédoncule caudal.
- juvénile/jeune adulte : coloration jaune avec des points bleus sur tout le corps.

Espèces ressemblantes

Il peut être confondu avec d'autres mérous de la zone :
- Cephalopholis cruentata dont le corps est constellé de points brun orangé
- Epinephelus adscensionis dont le corps est constellé de points rougeâtres sombres
- Mycterperca interstitialis juvénile qui ressemble à Cephalopholis fulva dans sa phase bicolore mais dont la partie épineuse de la nageoire dorsale est jaune.

Alimentation

Cephalopholis fulva est carnivore. Il se nourrit de petits poissons et de crustacés qu'il chasse à l'affût. Grâce à son corps compact, il est capable de rester immobile pendant de longues périodes. Sur une courte distance, ses déplacements peuvent être très rapides.
La dépression créée par l'ouverture de sa grande bouche lui permet d'aspirer une quantité importante d'eau ainsi que des proies entières. Celles-ci sont retenues par des centaines de petites dents râpeuses recouvrant les mâchoires, la langue et le palais.

Reproduction - Multiplication

Les coné ouatalibi sont territoriaux et un même mâle règne en général sur plusieurs femelles.
Ils sont hermaphrodites* protogynes*. Les femelles sont matures vers 16 cm et la transformation en mâle se fait environ à la taille de 20 cm.
La saison des amours varie selon les secteurs géographiques (décembre à mai) avec un pic saisonnier par an.
Le frai a lieu au coucher du soleil pendant plusieurs jours. Chaque jour, le mâle fraie avec plusieurs femelles du harem.
Une femelle émet entre 150 000 et 282 000 œufs qui mesurent 0,95 cm de diamètre.

Des hybrides de Céphalopholis fulva et Paranthias furcifer à la morphologie intermédiaire entre ces deux espèces ont été observés et étudiés. En 1860, Poey les décrivit comme appartenant à une espèce à part entière : Serranus dubius.

Vie associée

Cephalopholis fulva se joint aux murènes en chasse pour profiter de proies débusquées par ces dernières dans les interstices du récif qui lui sont normalement inaccessibles.
Comme d'autres poissons, il peut être parasité par l'anilocre, un crustacé, isopode du genre Anilocra. Ce dernier se fixe sur son corps grâce à de puissants crochets qui terminent ses pattes. L'anilocre se nourrit du sang du poisson en causant une nécrose locale de la peau plus ou moins importante.
Il apprécie de se faire nettoyer notamment par les gobies (Elacatinus genie).

Divers biologie

Le coné ouatalibi peut changer instantanément d'intensité chromatique. Les cellules de la peau qui déterminent la coloration sont des chromatophores*. Ces cellules contiennent des pigments et peuvent être dilatées ou contractées à volonté. Ces variations sont régies par l'action d'hormones comme l'adrénaline. En cas de dispersion des pigments, le poisson s'assombrit, en cas de concentration il s'éclaircit.

Il compte un autre mérou, Epinephelus striatus, parmi ses prédateurs.

Informations complémentaires

Cephalopholis fulva est un poisson méfiant mais il reste facile à observer. L'approche doit être indirecte sans montrer d'intérêt pour lui.
Malgré sa petite taille, il est exploité pour la qualité de sa chair par les pêcheries artisanales antillaises (nasses ou lignes à main). On le trouve fréquemment sur les étals des marchés locaux parmi les autres "poissons de roches".
Des cas d'intoxication à la ciguatera* ont déjà été signalés en 1984 aux îles Vierges.

Origine des noms

Origine du nom français

Coné : peut-être nom anglais coney (lapin) créolisé,
ouatalibi (watalibi) : mot vraisemblablement d'origine amérindienne, désignant ce poisson.

Origine du nom scientifique

Cephalopholis : du grec [kephalê] = tête et [pholis] = écaille
fulva : du latin [fulvus] = jaunâtre
donc poisson de couleur jaunâtre à tête cuirassée.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Famille Serranidae Serranidés 1 à 3 épines sur l’arrière de l’opercule.
Genre Cephalopholis
Espèce fulva

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