Méduse à l'ombrelle cubique, fort transparente, de 4 cm de hauteur
Apex de l'ombrelle aplati et légèrement concave
Ectoderme finement moucheté de points blancs
4 tentacules épais d'une quarantaine de centimètres maximum annelés et de section ronde
Guêpe de mer, cuboméduse
Box jellyfish, box jelly (GB), Avispón marino (E), Würfelqualle (D)
Medusa marsupialis Linnaeus, 1758
Charybdea marsupialis Linnaeus, 1758
Charubdea marsupialis Linnaeus, 1758
Océan Atlantique, Méditerranée, Asie du Sud-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● Indo-PacifiqueCette méduse affectionne tout particulièrement les eaux tropicales et subtropicales : Asie du Sud-Est, Australie, Philippines, Japon, Polynésie. Elle fait toutefois quelques incursions en eaux plus tempérées de juin à septembre, comme dans l'océan Atlantique Nord, le bassin méditerranéen, le Pacifique Nord (Californie). Sa présence en Méditerranée est attestée depuis 1957, y compris en mer Adriatique.
Cette méduse est pélagique* et occupe les premiers mètres sous la surface des eaux chaudes à tempérées.
Carybdea marsupialis est l'unique espèce de cuboméduse que l'on pourra rencontrer dans les eaux métropolitaines. Comme son nom l'indique, l'ombrelle de cette méduse est cubique, elle présente 4 faces, la partie apicale de l'ombrelle est elle-même aplatie et légèrement concave. La hauteur du "cube" ne dépasse pas 4 centimètres. La surface externe de l'ectoderme est finement mouchetée de points blancs. Aux quatre coins de l'ombrelle pendent quatre expansions, les pedalia, sur lesquels s'enracinent quatre tentacules simples et épais, de section ronde. Ceux-ci sont légèrement rétractables, et mesurent en extension jusqu'à 10 fois la taille de l'ombrelle, soit 40 centimètres. Leur surface est annelée. Dans les eaux méditerranéennes, ils sont faiblement urticants. Entre deux tentacules et sur chaque face, au-dessus du bord de l'ombrelle, une rhopalie* (organe sensoriel).
La nage de cette méduse est très rapide. Ses rhopalies étant très perfectionnées, ses changements de trajectoire sont tout aussi rapides et inattendus. La nage se fait grâce aux contractions rapides d'un vélum* analogue à celui des hydroméduses, et n'a rien à voir avec les mouvements amples des scyphoméduses.
Cette espèce est quasiment invisible le jour, à cause de sa taille et de la forte transparence de son ombrelle.
Dans les eaux françaises métropolitaines, il n'y a pour l'instant aucune autre espèce de cuboméduse. En Polynésie on pourra trouver Chiropsalmus quadrigatus et Chironex fleckeri, qui n'ont pas 4 tentacules simples mais de nombreux tentacules sur chaque pedalium. Ces méduses sont redoutables. Elles sont surtout abondantes le long de la barrière de corail australienne, où elles ont causé 67 décès depuis 1885.
Cette méduse capture ses proies à l'aide des cnidocytes* qui garnissent la surface des quatre tentacules. Le venin contenu dans les nématocystes* est particulièrement foudroyant pour les petites proies. Alors que la plus grande partie des méduses se contentent d'agglutiner le plancton*, Carybdea marsupialis peut attraper des proies plus volumineuses comme de petits poissons. Il s'agit d'une espèce carnivore vorace et prédatrice.
Les sexes sont séparés, et après émission dans l'eau des deux types de gamètes* (spermatozoïdes et ovules) par les méduses mâles et femelles, il y a fécondation, qui donne une larve* ciliée et nageuse caractéristique des Cnidaires, la planula*. Cette larve va se transformer en un petit polype*, qui ne va pas se fixer mais rester pélagique*. Après quelques heures ce polype va se transformer directement en une minuscule éphyrule. Celle-ci possède 24 minuscules tentacules. Un mois plus tard, ces tentacules se résorbent, et les 4 tentacules définitifs ainsi que les 4 rhopalies se forment.
Le cycle de reproduction d'une cuboméduse diffère donc de celui des scyphoméduses par le fait qu'il n'y a jamais fixation de la planula, et qu'il n'y a pas non plus de strobilisation du polype. La partie asexuée du cycle de reproduction classique des Cnidaires a donc disparu.
Les rhopalies de Carybdea marsupialis sont complexes et évoluées. Elles réagissent à toute variation d'intensité lumineuse, et la méduse modifie rapidement sa trajectoire.
Ces méduses seraient même attirées par la lumière et traqueraient les phares de plongée (observation des photographes Grégory Dallavalle et Gilles Cavignaux).
Contrairement aux espèces de l'Indo-Pacifique, il semble que la piqûre de cette méduse soit bénigne : le contact est parfois douloureux mais ne nécessite pas forcément d'hospitalisation. Des plongeurs mentionnent même que le contact avec la peau ne provoque aucun effet (pour les individus fréquentant les eaux méditerranéennes et atlantiques).
Cuboméduse : à cause de sa forme cubique,
guêpe de mer : à cause de la piqûre extrêmement douloureuse de certaines espèces de la même famille. En espagnol, "avispón marino" signifie frelon de mer,
carybdée marsupiale : nom vernaculaire directement dérivé du nom scientifique. Ce terme n'est plus tellement utilisé de nos jours. Il l'était plus fréquemment par contre par Péron et Lesueur dans leurs comptes-rendus d'expéditions.
Carybdea : Charybde est un personnage mythologique : fille de Poséidon et de Gaia, elle fut foudroyée par Zeus pour vol, et changée en un gouffre marin. Elle était alors capable d'engloutir les poissons et les navires ! Pour Péron et Lesueur, ce terme signifie "estomac en forme de petit gouffre".
marsupialis : du grec [marsupi] = sac, bourse, l'ombrelle de cette méduse ressemblant à une petite bourse.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Sous-embranchement | Medusozoa | Médusozoaires | Cnidaires présentant une phase méduse acraspède (le plus souvent libre et pélagique) dans leur cycle de reproduction. Scyphoméduses, cuboméduses et stauroméduses. |
Classe | Cubozoa | Cubozoaires | Cuboméduses, essentiellement tropicales. Ombrelle transparente de forme cubique. Tentacules regroupés en quatre bouquets à chaque coin du cube, sur des expansions appelées pedalia. Nématocystes hautement vénimeux. |
Ordre | Carybdeida | Carybdéides | Cuboméduses possédant des tentacules simples, non réunis en bouquets. |
Famille | Carybdeidae | Carybdéidés | |
Genre | Carybdea | ||
Espèce | marsupialis |
Gros plan sur l'ombrelle
Une superbe photographie montrant le détail de l'ombrelle de la cuboméduse, ainsi que le pedalium et l'enracinement des 4 tentacules. Notez que la partie supérieure de l'ombrelle est aplatie, légèrement concave et réfringente. Observez de près : vous verrez, entre deux tentacules et au dessus du bord de l'ombrelle, deux minuscules points blancs : ce sont les rhopalies.
Cagnes sur mer (06), 6 m, de nuit
01/09/2007
Une ombrelle cubique
Vue de dessus, l'ombrelle a une section carrée !
Antibes (06), 5 m, de nuit
08/2007
Captures
Cette cuboméduse vorace a capturé quelques vers de couleur rouge qui s'agitaient dans le plancton.
Cagnes-sur-mer (06), 6 m
16/08/2009
Nage active
Une cuboméduse nage de nuit à la recherche de nourriture. Les 4 tentacules sont parfaitement équipés pour capturer de grosses proies, comme les petits poissons. En extension, ces tentacules peuvent mesurer jusqu'à 40 centimètres !
Cagnes sur mer (06), 5 m, de nuit
30/08/2007
Changement de trajectoire
Les changements de trajectoire de cette méduse sont rapides et inattendus.
Cagnes sur mer (06), 6 m, de nuit
08/2007
De jour
De jour, cette méduse est complètement transparente et invisible...
Saint-Jean Cap-Ferrat (06), 5 m
12/10/2007
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Vérificateur : Anne PROUZET
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI