Corps trapu et robuste
Dos de couleur grise s'estompant vers le ventre blanchâtre
Museau court et arrondi avec une bouche largement arquée en position ventrale
Fentes branchiales assez petites implantées au-dessus et en avant des nageoires pectorales
Face ventrale du bord de fuite des pectorales et pelviennes, extrémité de l'anale et bord de fuite du lobe inférieur de la caudale noirâtres
Première dorsale relativement petite, implantée en arrière des nageoires pectorales
Requin de récif, requin gris des Caraïbes, requin de récif des Caraïbes
Caribbean reef shark, reef shark (GB), Squalo di barriera dei Caraibi, squalo grigio di barriera (I), Tiburón coralino, cazon de arrecife, cabeza dura (E), Karibische Riffhaie, Karibischer Rifhaifisch (D), Caribische rifhaai (NL), Caçào-coralino (Brésil)
Platypodon perezii Poey, 1876
Carcharhinus perezi (Poey,1876)
Eulamia springeri Bigelow et Schroeder,1944
Carcharhinus springeri (Bigelow et Schroeder, 1944)
Océan Atlantique Ouest et mer des Caraïbes
Zones DORIS : ● CaraïbesL'espèce est présente dans l'océan Atlantique Ouest. Sa zone de distribution s'étend de la Caroline du Nord jusqu'au sud du Brésil en passant par le golfe du Mexique et les Caraïbes. Les Antilles françaises sont concernées.
S'il est le requin le plus communément rencontré dans les Caraïbes et aux Bahamas, il est en revanche rarement observé au nord des Keys de Floride (USA).
Carcharhinus perezii affectionne les hauts fonds coralliens où il est fréquemment observé nageant à proximité des tombants, jusqu'à une profondeur de 30 m. Cependant un individu a été détecté par télémétrie laser sur satellite par 378 m de fond. Il fréquente également les eaux boueuses des deltas fluviaux brésiliens.
A l'âge adulte, Carcharhinus perezii mesure entre 1,5 m et 2,5 m en moyenne, avec un maximum enregistré de 2,95 m. Les individus les plus lourds peuvent peser jusqu'à 70 kg. Les mâles sont généralement légèrement plus grands que les femelles. Le corps de C. perezii est trapu et robuste tout en restant hydrodynamique dans sa forme générale.
La couleur gris-sombre ou gris-brun de son dos s'estompe pour devenir blanchâtre sous le ventre. On discerne une très discrète bande gris-blanc sur les flancs.
Le museau est court et arrondi. La bouche large, fortement arquée, est située en position ventrale. Elle est armée de 11 à 13 rangs de dents. Les dents supérieures sont relativement étroites et dentelées.
Les yeux sont relativement grands, de forme arrondie, protégés par une membrane nictitante*. Les narines sont petites et les sillons labiaux (sillons aux commissures) très discrets.
On compte 5 paires de fentes branchiales assez petites, la troisième se situant à l'aplomb de l'implantation crâniale (antérieure) de la nageoire pectorale.
La première nageoire dorsale, implantée en arrière des pectorales, est relativement petite pour un Carcharhinidé. Elle a pour origine l'aplomb de la marge intérieure (le bord de fuite) des nageoires pectorales. Cette première dorsale est falciforme* avec un apex* pointu ou très légèrement arrondi et un bord libre caudal (postérieur) peu développé.
La seconde nageoire dorsale est au contraire modérément grande pour un représentant de cette famille, avec également un bord libre caudal petit. Une crête interdorsale est nettement visible entre ces deux nageoires.
Les nageoires pectorales sont longues, étroites et falciformes, marquées d'une teinte noirâtre sur la face ventrale de leur bord de fuite. On constate la même teinte noirâtre sur la face ventrale du bord de fuite des nageoires pelviennes.
Sous le ventre et en avant de la nageoire anale se situent les organes sexuels externes, notamment les ptérygopodes* chez le mâle.
La nageoire anale est implantée à l'aplomb ou légèrement en arrière de la seconde nageoire dorsale. Son extrémité est noirâtre.
La nageoire caudale est hétérocerque*. Son lobe inférieur est également de teinte noirâtre.
Carcharhinus perezii peut être confondu avec d'autres requins "requiems" (voir § infos complémentaires) :
- Carcharhinus limbatus (Valenciennes, 1841) : le requin bordé est reconnaissable aux taches noires, bien marquées, à l'extrémité de ses nageoires pectorales, pelviennes, dorsales et le lobe inférieur de la caudale, ainsi qu'à sa nageoire anale blanchâtre. Il ne possède pas de crête interdorsale.
- Carcharhinus obscurus (Lesueur, 1818) : le requin sombre possède un corps assez étroit. Son museau est plus allongé, ses fentes branchiales plus grandes et le bord libre caudal de sa seconde nageoire dorsale plus allongé que ceux de Carcharhinus perezii. Ses dents supérieures sont plus larges et nettement triangulaires.
- Carcharhinus brevipinna (Müller et Henle, 1839) : le requin tisserand possède un museau plus pointu et les extrémités de ses nageoires sont nettement plus noires.
- Carcharhinus plumbeus (Nardo, 1827) : le requin gris n'a pas de marques sur ses nageoires. Sa dorsale, très haute, débute à l'aplomb des pectorales. Son museau est plus court.
- Carcharhinus falciformis (Müller et Henle 1839) : le corps du requin soyeux est allongé. Sa première nageoire dorsale est arrondie et le bord libre caudal de la seconde très allongé. Comme son nom vernaculaire l'indique, sa peau est douce au toucher.
- Carcharhinus galapagensis (Snodgrass et Heller, 1905) : l'habitat du requin des Galápagos se limite aux îles océaniques circumtropicales*. Sa première nageoire dorsale est plus dressée que celle de Carcharhinus perezii et le bord libre caudal de la seconde plus allongé.
- Carcharhinus altimus (Springer, 1950) : le requin-babosse vit dans des eaux plus profondes que le requin caraïbe (entre 240 m et 430 m) au large de la plate-forme continentale. Son museau est plus allongé et ses dents supérieures plus larges.
Principalement actifs la nuit, les adultes se nourrissent de raies (Aetobatus narinari, Urobatis jamaicensis..), de poissons osseux (Priacanthidés, Scaridés, Carangidés, Serranidés...) et de céphalopodes. Les juvéniles mangent des poissons osseux plus petits, des crevettes et des crabes.
Le requin caraïbe est particulièrement sensible aux sons de basses fréquences qui signent la présence d'un poisson blessé.
Sa technique de chasse consiste à endormir la méfiance de sa proie. Il commence par tourner lentement autour, resserrant progressivement le diamètre de ses cercles. Arrivé à courte distance, il feint quelques attaques «peu enthousiastes», avant de la saisir, d'un coup de tête "éclair", dans le coin de sa gueule.
Le requin caraïbe est vivipare* placentaire.
La maturité sexuelle correspond à peu près à une taille de 1,52 m à 1,68 m pour un mâle et de 2 m à 2,5 m pour une femelle.
Une femelle porte tous les deux ans. Sa gestation dure environ 1 an. Elle met bas entre 3 et 6 petits mesurant environ 70 cm de longueur.
Bien qu'ils n'aient jamais été observés, les traces de morsures relevées sur les flancs des femelles laissent imaginer la violence des accouplements.
La période de reproduction serait biannuelle [Castro & al 1999]. En dehors de cette période, les études actuelles suggèrent une ségrégation sexuelle au sein des groupes.
Dans l'archipel de Fernando de Noronha ainsi que dans l'atoll das Rocas, au Brésil, la période de mise bas a lieu entre février et avril, tandis qu'ailleurs dans l'hémisphère sud elle est observée de novembre à décembre.
Le bord de fuite de la première nageoire dorsale du requin caraïbe est souvent parasité par une sangsue Hirudinée noirâtre, bigarrée (Stibarobdella macrothela ?).
Dans le nord du Brésil, des juvéniles ont été observés en stations de nettoyage, se faisant déparasiter par des gobies à nez jaune (Elacatinus randalli).
Les requins caraïbes sont souvent accompagnés de bancs de carangues gros-yeux (Caranx latus) et de carangues franches (Caranx ruber).
Des rémoras-queue blanche (Echeneis neucratoides) ont été observés, accolés sous leur ventre.
Le requin tigre (Galeocerdo cuvier) et le requin bouledogue (Carcharhinus leucas) sont les principaux prédateurs des requins caraïbes juvéniles.
La bouche de Carcharhinus perezii est armée de 11 à 13 rangées de dents. Les 2 à 4 rangs les plus externes sont nettement dressés, les autres s'inclinant progressivement vers l'intérieur de la gueule. Les dents supérieures sont constituées d'une large couronne grossièrement crantée, surmontée d'une unique cuspide* acérée, fortement crantée, plus ou moins oblique. Les dents inférieures sont plus minces, avec une cuspide dressée finement crantée.
La formule dentaire de ce requin est : 12 ou 13 - 1 ou 2 - 12 ou 13 / 11 ou 12 - 1 - 11 ou 12. Ce qu'il convient de lire ainsi : sur la mâchoire supérieure, il a 12 ou 13 dents à gauche, puis 1 à 2 dents au centre et de nouveau 12 ou 13 dents sur la partie droite. Sur la mâchoire inférieure, on trouvera 11 à 12 dents à gauche, 1 seule au centre et 11 à 12 à droite.
Carcharhinus perezii est capable d'éverser son estomac pour en débarrasser la muqueuse des particules non digestibles, des parasites et du mucus qui la recouvrent.
S'il se sent inquiété, le requin caraïbe peut entamer une parade de menace. Il débute alors une nage rapide et saccadée, changeant fréquemment de direction et inclinant ses nageoires pectorales de façon brève et répétée. Cette parade est toutefois moins prononcée que celle du requin gris de récif (Cacharhinus amblyrhynchos).
Carcharhinus perezii est le premier spécimen de requin "actif" à avoir été vu parfaitement immobile, posé sur le plancher de grottes. Dans ces moments, le requin entretient activement un courant d'eau au travers de ses fentes branchiales, grâce à son pharynx, au rythme de 20 à 28 cycles par minute. Bien que paraissant dormir, les mouvements de ses pupilles prouvent qu'il reste attentif à ce qui l'entoure. Le docteur Eugénie Clark, qui est la première à avoir observé ce phénomène en 1975, près de la péninsule du Yucatan, émet l'hypothèse que les modifications chimiques engendrées par les courants d'eau douce infiltrant ces grottes pourraient avoir un effet narcotique sur l'animal, ou bien lui permettrait de se débarrasser de ses parasites externes.
L'espérance de vie d'un requin caraïbe est de 25 ans environ.
Plutôt indifférent, voire timide, vis-à-vis des plongeurs, il peut devenir agressif en présence d'appâts ou lorsqu'il se sent en danger sans possibilité de fuite.
Entre 2008 et 2012, l'International Shark Attack File attribue 27 attaques non mortelles à Cacharhinus perezii, dont 4 non provoquées.
Aux Bahamas, le requin caraïbe est souvent utilisé dans le cadre du « shark feeding ». Il est possible de se documenter et de réfléchir aux implications d'une telle pratique.
Carcharhinus perezii est pêché pour sa chair, qui est consommée séchée et fumée, pour l'huile de son foie, pour sa peau utilisée dans l'industrie du cuir, ses os pour les farines animales et ses mâchoires vendues comme souvenirs.
A Trinidad (Trinité-et-Tobago), l'espèce fait l'objet d'une pêche ciblée.
Requin requiem : C. perezii fait partie d'un groupe artificiel, sans réalité taxonomique, que l'on dit des "requins requiem". Il recouvre en fait certains Carcharhinidés. Ce terme est d'une part plus familier des anglo-saxons tout en étant, d'autre part, issu du “vieil françois" : le requiem est d'une part la messe des morts, d'autre part signifie "repos". Le terme "requiem" aurait glissé vers "requin".
Un “requiem" est un requin. Ce mot de "requiem" est donc pris pour synonyme de requin si l'on se réfère au ''Dictionnaire des Arts et des Sciences'' (1694) de Thomas Corneille, tome second, pp. 326-327 : “Poisson semblable en tout & par tout au chien ou au loup de mer, mais d'une si prodigieuse grandeur, qu'il s'en trouve assez communément aux costes des Antilles, qui ont dix-huit à vingt pieds de long, & qui sont gros à proportion. (...)".
Depuis 2006, Carcharhinus perezii est placé sur la liste rouge des espèces « quasi menacées » (Near Threatened) de l'UICN* (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
Sa pêche commerciale est interdite aux USA. Il est protégé aux Bahamas ainsi que dans un certain nombre de réserves marines brésiliennes, entre autres.
En revanche, il est toujours activement pêché et menacé de disparition au Belize.
Requin caraïbe : l'adjectif caraïbe désigne la principale zone géographique (la mer des Caraïbes) dans laquelle ce requin peut être observé.
Carcharhinus : mot composé en 1816 par Auguste de Blainville à partir du grec [karkharos] = aigu, acéré et [rhinus] = nez, museau. Le mot [karcharias] signifiait déjà "le poisson aux dents pointues" chez les grecs. Le nom de ce genre Carcharhinus pourrait donc signifier "requin à long nez".
perezii : de Pérez. Le premier descripteur de cette espèce fut le zoologiste cubain Don Felipe Poey y Aloy (1799-1891) et il convient de voir pour la dénomination de l'espèce, perezii, un hommage rendu à son grand ami Don Laureano Pérez Arcas (182?-1894), naturaliste de renom de l'Université de Madrid, qui participa à la fondation de la Société Espagnole d'Histoire Naturelle.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Chondrichthyes | Chondrichthyens | Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale. |
Super ordre | Euselachii | Sélaciens | Raies et requins. |
Ordre | Carcharhiniformes | Carcharhiniformes | Requins de fond. |
Famille | Carcharhinidae | Carcharhinidés | |
Genre | Carcharhinus | ||
Espèce | perezii |
Trapu et hydrodynamique
A l’âge adulte Cacharhinus perezii mesure entre 1,5 m et 2,5 m en moyenne. Les individus les plus lourds peuvent peser jusqu’à 70 kg. C'est un requin trapu et hydrodynamique. La queue est hétérocerque.
Pain de sucre, St-Barthélemy (Antilles françaises)
16/06/2012
Requin gris
La couleur gris-sombre ou gris-brun de son dos s’estompe pour devenir blanchâtre sous le ventre. On discerne une très discrète bande gris-blanc sur les flancs. Le museau est court et arrondi.
Tiger beach, Bahamas
11/2011
Œil rond
L'œil rond est relativement grand, de forme arrondie et protégé par une membrane nictitante*.
Tiger beach, Bahamas
11/2011
Bouche
La bouche est large, fortement arquée. Elle située en position ventrale.
Tiger beach, Bahamas
11/2011
Biotope
Cacharhinus perezii affectionne les hauts fonds coralliens où il est fréquemment observé nageant à proximité des tombants, jusqu’à une profondeur de 30 m.
Pain de sucre, St-Barthélemy (Antilles françaises)
16/06/201
De nuit
Principalement actifs la nuit, les adultes se nourrissent de raies, de poissons osseux et de céphalopodes.
Tiger beach, Bahamas, de nuit
11/2011
Binôme
En dehors de la période de reproduction, qui n'aurait lieu que tous les deux ans, les études actuelles suggèrent une ségrégation sexuelle au sein des groupes.
Tiger beach, Bahamas
11/2011
Acompagnateurs
Les requins caraïbe sont souvent accompagnés de bancs de carangues gros-yeux (Caranx latus) et de carangues franches (Caranx ruber).
St Martin sud (partie hollandaise), 18 m
20/08/2010
Sourire d'une gueule cassée !
Cet individu semble avoir la mâchoire brisée... Pour quelle raison ?
Aurait-il pu se prendre sur un hameçon ? Les Bahamas sont, après le Honduras, le second pays à avoir interdit la pêche aux requins pour miser sur l’écotourisme. On peut néanmoins espérer que ceci ne favorisera pas le feeding à outrance, déjà bien implanté dans cette zone...
Quoi de plus magique qu'une rencontre fortuite au détour d'un récif ?
Tiger beach, Bahamas
11/2011
Distribution
Exclusivement atlantique, la zone de distribution de Carcharhinus perezii s’étend de la Caroline du Nord jusqu’au sud du Brésil en passant par le golfe du Mexique et les Caraïbes.
S’il est le requin le plus communément rencontré dans les Caraïbes et les Bahamas, il est en revanche rarement observé au nord des Keys de Floride (USA).
Tiger beach, Bahamas
11/2011
Rédacteur principal : Jean-Claude MAILLE
Vérificateur : Vincent MALIET
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Castro J.I., Woodley C.M. and Brudek R.L., 1999, A preliminary evaluation of the status of shark species, FAO Fisheries Technical Paper 380, FAO, Rome.
Garla R.C., Chapman D.D., Shivji M.S., Weetherbee B.M., Amorim A.F., 2006, Habitat of juvenile Caribbean reef sharks, Carcharhinus perezi, at two oceanic insular marine protected areas in the southwestern Atlantic Ocean: Fernando de Noronha Archipelago and Atol das Rocas, Brazil, Fisheries Research, 81(2–3), 236-241.
Grace M., 2001, Field Guide to Requiem Sharks (Elasmobranchiomorphi: Carcharhinidae) of the Western North Atlantic, University of California Libraries, 32 p.
La page sur Carcharhinus perezii sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Carcharhinus perezii dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN