Grand requin svelte de 300 à 370 cm
Dos gris foncé, ventre gris clair
Marges des nageoires parfois noirâtres notamment sur caudale
Première nageoire dorsale grande, droite et haute, à bord antérieur souvent rectiligne
Deuxième dorsale de même forme et taille que l'anale
Pectorales étroites légèrement falciformes à concavité postérieure
Pelviennes de forme triangulaire
Lobe supérieur de la caudale bien développé
Requin de Galápagos, requin gris (à éviter car utilisé pour plusieurs espèces), requin insulaire
Galapagos shark, grey reef whaler, mackerel shark (GB), Jaqueta, jaqueton, tiburon de Galápagos (E), Tubarao de Galápagos (P)
Carcharias galapagensis, Snodgrass & Heller, 1905
Circumtropical
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueSa distribution est irrégulière, mais là où il est présent, il est généralement abondant.
On le rencontre dans l'océan Pacifique : autour des îles Galápagos, qui lui ont donné son nom, de l'archipel des Revillagigedo au Mexique, de l'île de Clipperton, à Hawaï, en Polynésie française, autour des îles Marshall, des îles Cook, des Mariannes et de l'île Lord Howe en Australie.
Il est également présent dans l'océan Indien occidental, notamment aux Seychelles, en Afrique du Sud, dans le canal du Mozambique, à Madagascar et aux îles Eparses, mais, à notre connaissance, n'a pas été vu à la Réunion.
Dans l'océan Atlantique, on le trouve dans les Caraïbes : aux Bermudes et aux îles Vierges, autour des îles médio-atlantiques tropicales des Rochers de St Pierre et St Paul, et à l'est, aux îles Canaries, au Cap Vert, à Sao Tome, à Madère, à Ste Hélène, à l'Ascension. Il serait même présent en Méditerranée mais pourrait avoir été confondu avec d'autres espèces.
Ce grand requin pélagique*, mais qui aime à patrouiller près des côtes, navigue entre îles et archipels sur de grandes distances, à des profondeurs de 2 m pour les très jeunes, jusqu'à 285 m pour les adultes. Il semble apprécier la proximité des îles océaniques et volcans insulaires.
Ce grand requin possède une belle allure fuselée et un corps remarquablement bien proportionné. Sa taille moyenne est communément de 3 m de long, mais il peut atteindre 3,70 m. Son dos est gris foncé et son ventre gris clair. La marge des nageoires, notamment celle de la nageoire caudale, est parfois noirâtre.
La première nageoire dorsale est grande, droite et haute, à bord souvent rectilignes et représente 11,2 % de la longueur totale du requin, son origine étant située à l'aplomb de l'aisselle pectorale. La deuxième dorsale est de même taille et forme que l'anale, et à l'aplomb de celle-ci. Les pectorales sont étroites et légèrement falciformes et à concavité postérieure. Les pelviennes sont de forme triangulaire vues de dessus mais rectangulaires vues de dessous. Le lobe* supérieur de la caudale est bien développé.
Ce requin possède une strie inter-dorsale très en relief.
Les dents sont différentes sur chaque mâchoire. Les dents supérieures sont triangulaires et finement crénelées en dents de scie. Les dents inférieures sont verticales et pointues.
Le requin des Galápagos, avec sa robe grise peut être confondu avec de nombreuses autres espèces de requins et notamment :
Le requin sombre (Carcharhinus obscurus) de plus grande taille (4,20 m), a une première nageoire dorsale moins haute et une deuxième nageoire dorsale très réduite. Le lobe supérieur de la caudale est plus développé et la queue n'est pas margée de noir. Certains requins pêchés et notés hâtivement comme requins sombres en Méditerranée pourraient être des requins des Galápagos.
Le requin gris de récif (Carcharhinus amblyrhyncos), espèce indo-pacifique est plus petit, mesurant au mieux 2,55 m. Il possède une large bande noire sur la marge de la nageoire caudale.
Le requin bordé (Carcharhinus limbatus) au museau pointu, est d'une taille notoirement moindre, généralement 2,50 m. Les pointes des nageoires pectorales, pelviennes, dorsales et le lobe inférieur de la queue sont noires. La première nageoire dorsale du requin bordé a son origine au milieu des nageoires pectorales et non à l'aplomb du bord postérieur.
Le requin-bouledogue (Carcharhinus leucas) est assez trapu, avec un museau court en mufle et de petits yeux. Le requin-bouledogue restant un requin de bords de fleuves et de surface et d'eaux turbides dans lesquelles l'odorat a plus de valeur que la vision. La première nageoire dorsale du requin-bouledogue a son origine au-dessus de l'attache des nageoires pectorales et non à l'aplomb du bord postérieur de ces mêmes nageoires.
Le requin caraïbe (Carcharhinus perezii) a un corps gris plus uniforme, ne dépasse pas 2,95 m de longueur, a une première dorsale relativement petite et le lobe inférieur de la caudale noirâtre. Comme son nom l'indique il ne se trouve que dans les Caraïbes, où il reste près des récifs à moins de 30 m de profondeur.
C'est un requin opportuniste qui se nourrit principalement de proies benthiques* notamment de poissons (petits requins, anguilles jardinières, mérous, balistes), mais également de mollusques (calmars, poulpes) ainsi que de cadavres d'animaux. Des restes non comestibles (feuilles d'arbres, coraux, pierres, canettes métalliques, plastiques) ont aussi été retrouvés dans son estomac. Enfin, quand ils sont présents (Galápagos Hawaï), les otaries, les lions de mer et les iguanes marins figurent à son menu régulièrement.
Vivipare* aplacentaire*, la femelle donne vie à des portées de 3 à 16 jeunes requins. Avant leur naissance, les fœtus, en petit nombre, se fixent sur la matrice épaissie de la femelle, par un quasi-placenta dérivé du sac vitellin et sont nourris par un cordon fournisseur de sang maternel qui subvient à leur nutrition, à leur besoin en oxygène, et remporte leurs déchets. Une femelle ne donne des petites que tous les 2 ou 3 ans, par exemple en début d'année dans les eaux d’Hawaï. Les nouveaux nés mesurent de 57 à 80 cm et restent, jusqu'à leur maturité, dans des eaux relativement peu profondes où ils sont à l'abri du cannibalisme de leur espèce ou de l'agression d'autres grands requins.
La maturité sexuelle du requin des Galápagos Carcharhinus galapagensis est atteinte chez le mâle entre 6 à 8 ans à une taille de 176 à 236 cm, et chez la femelle à un âge de 7 à 9 ans et à une taille de 235 cm.
Carcharhinus galapagensis peut être accompagné par divers poissons tels les rémoras ( notamment Echeneis naucrates).
Ce requin diurne, qui a une espérance de vie de 24 ans, aime les eaux propres et claires des côtes rocheuses ou coralliennes.
Sa formule dentaire est 13,14,15-1-13,14,15 mais le plus fréquemment on trouve 14-1-14. Le nombre de vertèbres varie de 103 à 109.
Il existe 2 sous-populations : une dans le Pacifique Est et l'autre dans l'Indo-Pacifique Ouest et central. Il y en a probablement une 3e dans l'Atlantique mais il n'y a pas eu d'étude dans cette zone.
Des marquages ont établi que ce requin peut patrouiller sans fatigue sur 50 km autour d'une île. Il est considéré comme dangereux, du fait de sa taille, de sa dentition, de sa vitesse. En face de plongeurs, il se montre souvent curieux mais parfois aussi inquisiteur et agressif, même sans stimulus alimentaire. Il doit constamment être gardé à l'œil et à distance. Au moins une attaque mortelle est rapportée aux îles Vierges et des attaques non mortelles aux Bermudes.
Comme le requin pointes blanches de récif Carcharhinus albimarginatus, le requin des Galápagos serait sujet à des frénésies alimentaires qui le rendent alors très dangereux. A la fin des années 50, autour de l'île française de Clipperton dans le Pacifique, des scientifiques virent avec effarement une bande de jeunes requins des Galápagos mettre à mal tout ce qui traînait en mer : avirons, bouées, dans un déchaînement de violence qui surprit les scientifiques.
Bien que sa population ait fortement diminué à St Paul's Rocks (Brésil) et à Madagascar à cause de la pêche, elle reste stable et même en légère progression ailleurs. Cette espèce a donc été classée sur la liste rouge de 2019 de l'UICN* sous le statut LC (Least Concerned), c'est-à-dire préoccupation mineure alors qu'en 2013 elle était évaluée comme quasi menacée (NT : Near Threatened).
Dans la plupart des zones où l'on rencontre ce requin, il existe des aires marines protégées où il est en sécurité. Sa pêche et sa commercialisation sont interdites aux Etats-Unis.
Le mot "requin" pourrait tirer son origine du latin [requiem] ou dériver d'un mot normand ou picard [quien] signifiant "chien" ;
Des Galápagos car il a été décrit pour la première fois dans ces îles.
Carcharhinus : mot composé en 1816 par Auguste de Blainville à partir du grec [karkharos] = aigu, acéré et [rhinus] = nez, museau. Le mot [karcharias] signifiait déjà "le poisson aux dents pointues" chez les grecs. Le nom de ce genre Carcharhinus pourrait donc signifier "requin à nez pointu".
galapagensis : du latin, signifiant présent aux Galápagos, l'holotype étant un individu pêché aux Galápagos lors de l'expédition de 1898-1899 et décrit par 2 scientifiques de cette expédition : Robert Evans SNODGRAS et Edmund HELLER.
Numéro d'entrée WoRMS : 105790
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Elasmobranchii | ||
Sous-classe | Neoselachii | Néoselaciens | |
Ordre | Carcharhiniformes | Carcharhiniformes | Requins de fond. |
Famille | Carcharhinidae | Carcharhinidés | |
Genre | Carcharhinus | ||
Espèce | galapagensis |
Allure générale
Élégance d’un grand requin des Galápagos avec sa dorsale bien dressée, ses longues pectorales…
Roca Partida, Iles Revillaligedo, Mexique, 20 m
01/07/2018
Dorsales
La première nageoire dorsale haute et bien dressée, ainsi que la deuxième dorsale de même taille que l’anale, permettent de distinguer le requin des Galápagos des autres espèces.
Iles Galapagos, Equateur, 25 m
09/11/2007
Chez lui... aux Galápagos
Splendide individu qui montre toutes les caractéristiques de son espèce et survole les fonds à la recherche de ses proies.
Iles Galapagos, Equateur, 15 m
27/07/2019
Dorsale comme un étendard
Un requin des Galápagos, à la grande dorsale significative, patrouille dans les eaux qui lui ont donné son nom.
Santa Cruz, Iles Galapagos, Equateur, 20 m
28/06/2017
Fuselage parfait
Avec un corps fuselé comme une torpille et une grande caudale dissymétrique nous avons affaire à un prédateur aux accélérations fulgurantes.
Roca Partida, Iles Revillagigedo, Mexique, 15 m
01/07/2018
Rédacteur principal : Jean-Michel TISSOT
Vérificateur : Sylvain LE BRIS
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Cousteau J.Y., Paccalet Y.,1997, REQUINS INNOCENTS SAUVAGES, éd. Robert Laffont, 173p.
Edwards A.J., Lubbock H.R., 1982, The Shark Population of St Paul's Rocks, Copeia, 1, 223-225.
Limbaugh C., 1963, Field notes on sharks, Shark and Survival, 63-94.
Pazmiño D.A., Maes G.E., Green M.E., Simpfendorfer C.A., Hoyos-Padilla E.M., Duffy C.J.A., Meyer C.G., Kerwath S.E., Salinas-de-León P., van Herwerden L., 2018, Strong trans-Pacific break and local conservation units in the Galapagos shark (Carcharhinus galapagensis) revealed by genome-wide cytonuclear markers, Heredity, 120, 407-421.
Stafford-Deitsch J.,1989, L'HOMME- REQUIN, éd. Glenat,195p.
Surina S., Lecoeur G., Séret B., 2019, REQUINS GUIDE DE L' INTERACTION, éd Turtle Prod, 354p.
La page sur Carcharhinus galapagensis sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page de Carcharhinus galapagensis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN