Eolidien de 30 à 40 mm au long corps blanc semi-transparent
Tentacules oraux longs et translucides avec bord antérieur blanc iridescent
Rhinophores plus courts que les tentacules oraux, translucides au premier tiers
Rhinophores lamellés sur les deux tiers supérieurs, sauf sur une zone blanc iridescent en face antérieure
Cérates rouge orangé, avec point noir près du sommet et apex semi-transparent
Facelina di Quatrefages (I)
Acanthopsole quatrefagesi Vayssière, 1888
Facelina quatrefagesi (Vayssière, 1888)
Cette espèce a été synonymisée à tort avec Caloria elegans (sous le nom Acanthopsole quatrefagesi) en 1979 par B. Picton.
Mais.
En 2021, est publié un article (Ellis-Diamond & al.) qui ramène l'espèce dans le genre Caloria, les analyses phylogénétiques l'éloignant du genre Facelina. Les auteurs relèvent également que cette espèce possède une glande noire à l'extrémité des cérates, ce qui est une caractéristique diagnostique du genre Caloria.
Méditerrannée et Atlantique proche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]On rencontre cette espèce sur les côtes méditerranéennes occidentales, en Espagne, en France et en Italie, ainsi que dans l'Atlantique proche puisqu'elle a été signalée sur les côtes du Portugal, de Galice espagnole, à Madères, aux îles Canaries...
L'espèce s'observe dans la zone infra-littorale*, sur des parois rocheuses riches en hydraires dont elle se nourrit. Elle a aussi parfois été rencontrée en zone sablo-vaseuse sur la Côte d'Azur.
C'est un éolidien d'environ 30 à 40 mm, au corps blanc semi-transparent, présentant deux petits tentacules propodiaux* translucides à l'avant.
Les tentacules* oraux sont longs, translucides, avec un bord antérieur blanc iridescent sur les deux tiers terminaux.
Les rhinophores* sont plus courts que les tentacules oraux. Ils sont lamellés sur leurs deux-tiers supérieurs, sauf sur la face antérieure au niveau d'une zone blanc iridescent. Le premier tiers inférieur des rhinophores est translucide et les taches oculaires sont clairement visibles au niveau de leur base.
Les cérates* sont organisés en 7 à 8 groupes juxtaposés. Les cérates les plus longs occupent une position centrale et viennent généralement, en se courbant, toucher les cérates du côté opposé. La glande digestive est généralement rouge orangé, avec un point noir près du sommet et un apex* semi transparent. On peut souvent distinguer un discret point blanc subterminal au niveau des cnidosacs*.
La queue est étroite avec une ligne médiane blanche.
Caloria quatrefagesi a longtemps été confondue avec Caloria elegans, dont elle ne diffère physiologiquement que par les rhinophores et de subtils détails de l'appareil reproducteur.
Chez Caloria elegans, les rhinophores apparaissent lisses lorsqu'ils sont étirés et ridés lorsqu'ils sont contractés, tandis qu'ils sont clairement lamellés sur les deux tiers supérieurs chez la faceline de Quatrefages.
Sinon, la formule radulaire* et la mâchoire sont identiques ; la coloration des deux espèces peut être assez similaire, C. elegans, au patron de couleur plus instable que Caloria quatrefagesi, pouvant montrer une glande digestive jaune à orangée en fonction de son alimentation. Il a fallu une analyse moléculaire basée sur trois marqueurs génétiques pour formellement différencier les deux taxons*.
Cette espèce se nourrit de polypes* d'hydraires.
Elle a été vue sur Halecium sp. sur les côtes italiennes, et sur Eudendrium sp. sur la Côte d'Azur.
Les nudibranches sont des animaux hermaphrodites* synchrones. L'orifice de l'appareil génital s'ouvre à droite sous la première rangée de cérates, au niveau du pied. Il est donc nécessaire, aux fins de reproduction, que deux individus s'apparient tête-bêche, de façon à ce que les organes copulatoires s'interconnectent. Les partenaires vont ainsi s'échanger leurs gamètes* mâles. Chacun pourra ensuite féconder ses œufs et aller pondre de son côté.
Le pénis de la faceline de Quatrefages est lamelleux et présente sur son bord supérieur une quinzaine de crochets chitineux courts et massifs. La ponte est probablement spiralée et étroite mais peu de choses sont connues de la biologie de cette espèce.
La radula* présente 20 à 30 rangées de dents de forme lancéolée, présentant chacune une unique cuspide* centrale bien marquée et flanquée de 5 à 7 longs denticules. La formule radulaire est donc 20 à 30 x (0 - 1 - 0).
L'animal original qui a servi en 1888 à la description de Vayssière (1854-1942) sous le nom de Acanthopsole quatrefagesi provient de la rade de Villefranche-sur-mer (06).
Faceline de Quatrefages : francisation du nom scientifique de l'espèce lorsque son nom valide était encore Facelina quatrefagesi. Le nom scientifique a depuis changé mais le nom commun est resté.
Caloria : nom de genre créé par Salvatore Trinchese en hommage au professeur Luigi Calori (1807-1896), Président de l'Académie Royale des Sciences de Bologne (Italie).
Ancien nom de genre de l'espèce : Facelina : vient du latin et désigne un aspect avec des lignes. Ce terme a autrefois désigné les fagots dans lesquels Oreste aurait amené la statue de Diane de Scythie en Italie. Mythologiquement, Facelina est d'ailleurs le surnom de Diane (déesse de la chasse) en Sicile. Du latin, cela traduit donc un aspect ligné, comme le seraient des fagots de bois. Le genre Facelina a été décrit par Joshua Alder & Albany Hancock, en 1855 et comprend à ce jour plus d'une vingtaine d'espèces. Le type* du genre est Facelina auriculata (Müller, 1776), ex-Eolidia coronata Forbes & Goodsir, 1839.
quatrefagesi : c'est le descripteur, Vayssière qui nous donne l'explication dans la description initiale de 1888 : "nous dédions cette espèce intéressante d'Acanthopsole au savant professeur du Muséum, M. de Quatrefages, membre de l'Institut" (Acanthopsole étant le genre initial de cette espèce).
Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau (1810-1892) est un biologiste, zoologiste et anthropologue français, ayant enseigné et travaillé sur de nombreux sujets de zoologie, notamment les invertébrés marins. Il publiera également des réflexions et théories autour de l'espèce humaine et l'ethnologie, sans que ces écrits n'aient la même pertinence et la même portée que ses travaux de zoologie. Armand de Quatrefages est également, nous dit Alice Pruvot-Fol, l'auteur de remarquables dessins de nudibranches, non publiés pour la plupart et dormant dans les cartons du Muséum.
Numéro d'entrée WoRMS : 1511661
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Facelinidae | Facelinidés | Eolidiens au corps grêle, aux cérates groupés en faisceaux, sans pédoncule. En général tentacules pédieux, rhinophores à lamelles ou annelés. |
Genre | Caloria | ||
Espèce | quatrefagesi |
Présentation
L'animal de profil met en évidence ses longs tentacules oraux et les rhinophores plus courts que ces derniers. Les couleurs sont aussi reconnaissables, même si on a pu associer cette espèce à Caloria elegans.
Le Graillon, cap d'Antibes (06)
21/06/2015
De face
On distingue bien sur cette image de face certaines des caractéristiques de l'espèce : les longs tentacules oraux plus longs que les rhinophores lamellés, les marques blanches sur les faces antérieures de ces derniers...
Les tentacules propodiaux, courts et translucides, sont visibles de part et d'autre du mufle.
Notez les deux taches oculaires sur la base des rhinophores.
La réserve (zone marine protégée), Cagnes-sur-mer (06), 10 m
22/09/2018
Echelle
L'algue Dictyota dichotoma et les coquilles de gastéropodes donnent l'échelle pour la faceline qui déambule au milieu. Cet individu semble être jeune car les adultes peuvent atteindre 30 à 40 mm.
Noter la présence de points blancs terminaux au niveau des cérates. Cet aspect n'est pas constant.
Cagnes-sur-mer (06), 10 m
24/02/2011
Implantation des cérates
Les cérates sont organisés en 7 à 8 groupes implantés sur les flancs de l'animal. Les cérates les plus longs occupent une position centrale et viennent généralement toucher, en se courbant, les cérates du côté opposé.
Noter ici que l'on ne voit pas de points blancs apicaux au niveau des cérates.
La réserve (zone marine protégée), Cagnes-sur-mer (06), 10 m
2/09/2018
Biotope
On rencontre généralement cette espèce sur les tombants coralligènes ou dans des zones rocheuses où elle pourra trouver les hydraires qui constituent son alimentation.
Mais elle a aussi été vue sur des zones sablo-vaseuses (voir photo "implantation des cérates"). Par accident ?
Le Graillon, cap d'Antibes (06)
18/11/2012
Nourriture
Les Facelinidés mangent des polypes d'hydraires. Notre faceline de Quatrefages a été vue sur Halecium sp. ou sur Eudendrium sp. mais d'autres espèces d'hydraires sont peut-être concernées.
Les polypes ingérés traversent la glande hépato-pancréatique et emplissent les diverticules digestifs, dans les cérates.
Les nématocystes immatures seront amenés au sommet des cérates, au niveau du cnidosac et pourront ensuite servir à la défense du nudibranche, en se déclenchant en cas d'attaque.
Le Graillon, cap d'Antibes (06)
12/09/2015
Glande digestive et couleurs
Vue rapprochée sur les digitations de la glande digestive, à l'intérieur des cérates. On distingue bien la paroi de ces derniers. La densité de la couleur rouge orangé dépend grandement de l'alimentation de l'animal et de l'heure de son dernier repas !
Notons aussi que l'on ne distingue ici pas ou peu de points blancs au niveau des cnidosacs, alors qu'ils sont bien visibles sur d’autres individus. Ce détail témoigne-t-il d'une densité ou d'une maturité de cellules urticantes stockées à ce niveau ?
La réserve (zone marine protégée), Cagnes-sur-mer (06), 10 m
22/09/2018
Tombée dans une embuscade !
Scène étonnante que voilà : la prédation par le pagure sédentaire Calcinus tubularis sur un opisthobranche et en l'occurrence, Facelina quatrefagesi. Nous avions déjà assisté à une situation similaire avec Thuridilla hopei (photo "Kidnapping !").
On voit en haut à gauche que le petit pagure attrape le tentacule labial gauche de l'éolidien... et l'entraîne même dans son abri sur l'image suivante !
Cette fois-ci, notre faceline de Quatrefages s'en sort avec un tentacule labial mâchouillé.
Apparemment, le petit pagure sédentaire n'est jamais en mesure de tuer la limace, bien plus grosse que lui, mais tout à fait capable de la mutiler pour son casse-croûte... A moins qu'il ne s'agisse plutôt d'une opération "défense de territoire".
Cagnes-sur-mer (06)
06/05/2011
Distribution : Espagne méditerranéenne insulaire
En Méditerranée occidentale, on peut rencontrer cette espèce en Espagne, sur les côtes de France et d'Italie.
Peut-être que sa présence méditerranéenne est sous-estimée à cause de sa longue confusion avec Caloria elegans.
Ici, une belle habitante des îles Baléares, rencontrée vers les 19 h dans des eaux à 26° C.
Baie de Pollença, Majorque, îles Baléares, Espagne, Méditerranée, 10 m
13/09/2016
Distribution : dans l'étang de Thau
La lagune de Thau, la plus grande étendue d'eau de la région Occitanie, accueille un joli nombre d'Opisthobranches et parmi ceux-ci, notre faceline de Quatrefages.
Etang de Thau (34), 3 m
04/12/2019
Distribution : dans les Alpes-Maritimes
Individu folâtrant parmi les algues et les hydraires du cap d'Antibes.
Le Graillon, cap d'Antibes (06), Méditerranée, 10 m
15/09/2018
Distribution : A la frontière franco-italienne
Ce spécimen a été rencontré quasiment à la frontière entre la France et l'Italie. Si l'original de la description initiale provient de la rade de Villefranche-sur-mer, près de Nice, l'espèce a été signalée du côté transalpin en Sardaigne et vers Naples.
Menton (06), Méditerranée
13/05/2018
Rédacteur principal : Zeineb ALHAIDARI
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Ellis-Diamond D., Picton B., Tibirica T., Sigwart J., 2021, A new species of Sakuraeolis from Mozambique, described using 3D reconstruction of anatomy and phylogenetic analysis, Journal of Molluscan Studies, 87, eyab010.
Furfaro G., Mariottini P., Modica M.V., Trainito E., Doneddu M., Oliverio M., 2016, Sympatric sibling species: the case of Caloria elegans and Facelina quatrefagesi (Gastropoda: Nudibranchia), Scientia Marina, 80(4), 1-13.
Picton B.E., 1979, Caloria elegans (Alder and Hancock) comb. nov. Gastropoda, Opisthobranchia, an interesting rediscovery from S. W. England, J. Molluscan Stud., 45, 125-130.
Trainito E., Doneddu M., 2015, Contribution to the knowledge of the molluscan fauna in the Marine Protected Area Tavolara-Punta Coda Cavallo: Ordo Nudibranchia, Boll. Malacol., 51, 54-70.
Vayssière A., 1888, Recherches zoologiques et anatomiques sur les mollusques opisthobranches du Golfe de Marseille. Deuxième partie. Nudibranches (Cirrobranches) et Ascoglosses, Annales du Musée d'Histoire Naturelle de Marseille, 3(4), 42-45.
Ballesteros M., Madrenas E., Pontes M, 2021, "Caloria quatrefagesi" in OPK-Opistobranquis, Published: 14/10/2014, Acceded: 25/06/2021 at (https://opistobranquis.info/en/L1kWM).
La fiche de Facelina quatrefagesi dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN