Tête orange avec deux bandes blanches longitudinales
Cérates* fusiformes en six groupes distincts
Couleur d’un cérate de la base à la pointe : orangée, puis des anneaux bleus, jaunes et extrémité blanche
Les rhinophores* lisses sont de couleur orangée, jaune puis blanche
Indian caloria, indian phidiana (GB)
Learchis indica Bergh 1896
Phidiana indica (Bergh 1896)
Indo-Pacifique tropical
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Caloria indica est une espèce répandue dans toute la zone intertropicale, en mer Rouge et de l'océan Indien au Pacifique Est. Présente sur toute la côte est-africaine jusqu’au KwaZulu-Natal (Afrique du Sud), elle est signalée à Mayotte (rare) et à La Réunion. On la trouve depuis Oman jusque dans le « carré d’or » : Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Philippines. Plus au nord, elle est signalée à Hong Kong et au Japon. Au sud, on la trouve en Papouasie Nouvelle-Guinée, en Mélanésie (aux Salomon, à Fidji) et en Australie. L’espèce est également présente en Nouvelle-Calédonie.
Les limites orientales de la distribution de Caloria indica semblent être Hawaï et la Polynésie française.
Il y aurait une possibilité de passage en Méditerranée : elle a été décrite [Gat 1993] une fois au large d’Israël.
On rencontre cette limace sur le récif corallien, active de jour, à des profondeurs de 1 à 20 m. Elle se trouve sur des hydraires dont elle se nourrit, mais on peut la rencontrer aussi évoluant sur des éponges, des coraux voire des algues.
La taille de cet éolidien varie de 15 mm à 50 mm maximum. Les patrons de couleurs et de motifs peuvent montrer une certaine variabilité. Son corps allongé peut être orangé, rosé ou grisâtre, plus ou moins translucide selon les individus, avec une ligne médiane blanc opaque tout le long du corps. Cette ligne blanche, plus ou moins épaisse, se divise en 2 entre les rhinophores* et file vers les tentacules oraux. On peut également parfois distinguer une fine ligne blanche sur les angles latéraux du notum*.
Sur le dos, les cérates* (papilles dorsales) sont fusiformes et répartis en 6 groupes distincts, suivis de quelques cérates simples vers l’extrémité postérieure. La couleur des cérates est orangée à la base, puis ils s’ornent successivement d’un anneau bleu, d’une bande jaune (parfois une fine ligne blanche s’intercale)et enfin d’un apex* blanc. Les cérates paraissent parfois très courts en taille ou au contraire allongés, dressés ou couchés vers l’arrière.
Sur la tête orange, les rhinophores lisses, minces, peuvent présenter différentes variantes entre l'orangé et le jaune pâle.
A la base extérieure de chaque rhinophore, il y a un tout petit point noir : c’est la tache oculaire.
Les tentacules* oraux, longs et fins, portent les mêmes couleurs que les cérates : généralement orangés, bleus puis jaunes avec une terminaison blanche.
Les tentacules pédieux (portés par les angles avant du pied), plus courts et moins visibles, sont de mêmes teintes orangées à jaunâtres.
Le pied est translucide à blanchâtre. Le corps du nudibranche se termine par une longue queue blanche en forme de filament.
Au stade juvénile, cette espèce est beaucoup moins colorée, le patron de coloration de l’adulte n’étant pas encore acquis. Chez le juvénile, cérates et rhinophores seraient blancs avec des taches bleues.
Phidiana militaris (Alder & Hancock 1864). Le corps est blanc et les lignes longitudinales qui y courent sont orange. Les cérates sont orange ligné de blanc avec plus ou moins de bleu aux extrémités. Les rhinophores sont blancs à la base puis orange et jaune pâle aux extrémités.
Il est donc facile de distinguer ces deux espèces très proches : chez Phidiana militaris, la tête est blanche et porte des lignes orange alors que Caloria indica a la tête orange avec des lignes blanches.
Ce nudibranche se nourrit d’hydraires et en dévore les polypes*. Elle a été observée (dans le Pacifique) en train de se nourrir sur Pennaria disticha et Eudendrium sp., et en Tanzanie on l'a signalée sur Salacia tetracythara.
Comme tous les éolidiens, cette espèce est hermaphrodite*. Les organes copulatoires émergent sur le côté droit du corps, derrière la tête. Les individus se reproduisent donc par couple, en s’échangeant simultanément leurs gamètes mâles en un rapport tête-bêche. Puis les deux partenaires vont pondre chacun de leur côté, probablement sur les hydraires qui leur servent de nourriture.
Il est probable que la forme de la ponte se rapproche de celle généralement rencontrée chez les éolidiens, à savoir un écheveau d'œufs placé sur un buisson d'hydraires mais cela reste à prouver. Le développement des larves ne semble pas documenté.
Caloria indica possède des cnidosacs* au sommet de ses cérates qui permettent de stocker les cnidocytes* (cellules urticantes) qu’elle absorbe en se nourrissant sur des hydraires. L’animal s’est ainsi approprié pour son propre compte les moyens de défense d’un hydraire et on ne lui connaît pas de prédateur.
Comme tous les éolidiens, qui ne possédent pas de panache branchial, Caloria indica respire par échange cutané au niveau de ses multiples cérates.
Les rhinophores sont les organes "chimico-sensoriels" des nudibranches. C'est entre autres grâce à ces appendices que l'animal perçoit son environnement, reconnaît les signaux chimiques identifiant ses congénères ou ses proies. Ces rhinophores sont également utiles à l'orientation car sensibles aux paramètres physiques, comme le sens des courants, la luminosité, la température, etc.
Les taches oculaires, yeux primitifs situées à la base des rhinophores, permettent au nudibranche d’avoir des informations probablement assez succinctes (jour/nuit/lumière/ombre…) sur son environnement lumineux.
Les palpes labiaux sont, eux, plus précisément destinés à un rapport de contact avec l'environnement.
La radula*, pièce physique primordiale dans la nutrition de la plupart des mollusques opisthobranches, est une sorte de langue râpeuse, située dans le larynx et constituée de nombreux denticules* acérés. La forme de la radula, des denticules, leur agencement particuliers, sont des éléments spécifiques d'une espèce donnée et sont discriminatifs quant à l'identification et la taxonomie de cette espèce. Son observation exige néanmoins du matériel optique de laboratoire.
La position systématique de cette espèce partage certains auteurs quant au genre du taxon : Caloria, Phidiana, Hervia ou Learchis. Aussi il se peut que le genre et même la famille (Facelinidés ? Glaucidés ?) de l'animal soient révisés un jour.
Phidiane indienne est simplement la francisation de l'ancien nom scientifique Phidiana indica.
Caloria : nom de genre créé par S. Trinchese en hommage au professeur Luigi Calori (1805-1896), Président de l'Académie Royale des Sciences de Bologne.
indica : du latin [indicus] = indien. Vu la distribution de l'espèce, on peut penser que les premiers spécimens collectés l'ont été dans cette zone.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Facelinidae | Facelinidés | Eolidiens au corps grêle, aux cérates groupés en faisceaux, sans pédoncule. En général tentacules pédieux, rhinophores à lamelles ou annelés. |
Genre | Caloria | ||
Espèce | indica |
Bleu-blanc-orange
Les couleurs éclatantes de la phidiane indienne contrastent sur l'éponge brune qu’elle traverse.
Voici l’une des variations de l’espèce : des cérates épais et plutôt courts, des rhinophores orange à la base, puis blancs et enfin rougeâtres au sommet.
Archipel des Togian, Sulawesi, Indonésie, 10 m
12/10/2004
Cérates bien rangés
Chez cet individu, les cérates allongés et fins sont repliés vers l’arrière.
Le corps est translucide et l’on voit bien la bande médiane d'un blanc opaque derrière les rhinophores.
La queue est longue, fine, blanche.
Kadidiri island, Baie de Tomini, Sulawesi, Indonésie, 9m
15/10/2004
Sur éponges orange
Sur fond orange, ce sont les couleurs blanches et bleues des cérates et des rhinophores qui trahissent l’animal.
L’éponge rose à gauche est probablement du genre Dysidea.
Nenung, North Sulawesi, 20 m
09/04/2010
Sur éponges jaunes...
... et pourtant c'est bien d'hydraires et non d'éponges que cette limace se nourrit !
Mandolin, Bunaken (North Sulawesi), 20 m
15/08/2008
Les yeux
Les « yeux » sont bien visibles comme deux points noirs à la base des tentacules. Ce sont des taches oculaires qui permettent au nudibranche d’appréhender basiquement son environnement sous l’aspect lumineux.
Lembeh, North Sulawesi, 12 m
27/01/2012
Décorations faciales
Sur la tête orange, deux lignes blanches partent de la base des rhinophores et rejoignent les tentacules labiaux.
Lembeh, North Sulawesi, 12 m
19/01/2012
Les cérates
Les cérates de ce spécimen sont ornés d'anneaux colorés orange, bleus, jaunes et d’un bout blanc.
La Réunion, 15 m
24/02/2011
Duo
Il s'agit probablement d'une rencontre amicale, même si on ne comprend pas très bien ce qui est arrivé à la phidiane de droite, qui semble blessée, fendue dans la longueur !
Archipel des Togian, Sulawesi, Indonésie, 3 m
08/10/2004
Petite et colorée
Caloria indica est rarement très grande (celle-ci traversant un bouquet de corail-soleil Tubastraea mesure environ 2 cm) mais ses couleurs vives la font repérer facilement.
On dit de ces teintes voyantes allant à l’encontre de la discrétion et du camouflage qu’elles sont des couleurs « aposématiques ». Elles signifient : « attention ! n’approchez pas, je suis dangereuse/immangeable/nocive ».
Lembeh, North Sulawesi, 10 m
18/01/2012
Variabilité
Le corps peut être orange ou, comme ici, presque translucide.
Alor, Indonésie, vers 15 m
18/10/2010
Au Sultanat d'Oman
La distribution de Caloria indiana est large. Elle couvre une grande partie de l’océan Indien.
Musandam, Sultanat d'Oman, vers 15 m
10/2005
En Indonésie
L’espèce est représentée à la jonction des océans Indien et Pacifique. Ici, une petite balinaise.
Tulamben, Bali, 15 m
09/10/2011
Rédacteur principal : Annie BOUXIN
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Anne PROUZET
Gat G., 1993, Flabellina rubrolineata (O'Donoghue) and Phidiana indica (Bergh) (Nudibranchia Aeolidioidea), two new Lessepsian immigrants in the Eastern Mediterranean, Journal of Molluscan Studies, 59, 120.
Rudman, W.B., 1999 (March 4) Phidiana indica (Bergh, 1896). [In] Sea Slug Forum. Australian Museum, Sydney.
La page de Caloria indica dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN