Petit oiseau limicole à silhouette rondelette et ventre blanc
Pattes courtes noires non palmées, dépourvues de doigt postérieur
Bec noir, court, épais et droit
Taille : 18 à 21 cm
Envergure : 35 à 39 cm
Adulte internuptial en hiver :
Dos pâle gris argenté
Tache noire sur l'épaule
Adulte nuptial :
Dos tacheté de noir et de blanc, poitrine uniquement de noir
Tête, poitrine, haut des flancs et dessus roux
Juvénile :
Dos et poitrine foncé quadrillé de blanc et de beige
Vol :
En groupe, soutenu, rapide et direct
Large barre alaire blanche sur le bord postérieur de l'aile noire
Coureur de la plage, sanderling, guerlette blanche (en présence de son plumage internuptial), guerlette rouge (en présence de son plumage nuptial)
Sanderling (GB), Piovanello tridattilo (I), Correlimos tridáctilo (E), Sanderling (D), Maçarico-branco, pilrito-das-praias (P), Drieteenstrandloper (NL)
Tringa alba Pallas, 1764
Crocethia alba (Pallas, 1764)
Cosmopolite
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française], ● Atlantique Nord-Ouest, ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Eau douce d'EuropeDurant l'été, le bécasseau sanderling est présent dans la toundra arctique (au-delà de 72° de latitude nord), en Alaska, dans le nord canadien, sur les côtes nord et nord-est du Groenland et en Sibérie. Dès la fin de l'été (à partir de fin juillet pour les plus précoces), il migre vers le sud. Son aire de répartition s'étend alors sur l'ensemble des continents hormis l'Antarctique.
En France métropolitaine, on peut le rencontrer chaque année, habituellement dès la fin de l'été à partir du mois d'août et jusqu'à la fin du printemps suivant en juin. Il séjourne essentiellement sur les
côtes de la Manche et de l'Atlantique, avec une aire s'étendant du
Nord-Pas-de-Calais à la Gironde. La Bretagne reste la principale région
d'hivernage en abritant 50 à 70 % des
effectifs. Le littoral méditerranéen est fréquenté plus
occasionnellement.
En été, le bécasseau sanderling se rencontre dans les hautes latitudes de l'arctique sur une toundra aride et pierreuse, en favorisant les régions pentues et bien drainées avec une végétation éparse.
Le reste de l'année, de mi-août à début juin, il est maritime et fréquente des habitats côtiers sableux, comme les baies, les estuaires et surtout les plages. À défaut de plages sablonneuses, il peut se contenter d'enrochements, de jetées de pierres ou de plages de graviers.
Il lui arrive plus rarement de fréquenter les vasières et l'intérieur des terres proches des eaux douces, essentiellement au printemps lors de sa migration prénuptiale.
Le bécasseau sanderling est un petit oiseau limicole* (corps de 18 à 21 cm de long et envergure de 35 à 39 cm) court sur pattes (pattes à 3 doigts, dépourvues du doigt postérieur, et non palmées), à la silhouette rondelette avec un bec court, épais et droit de couleur noire en toute saison.
Il se caractérise par son dos assez pâle de couleur gris argenté, spécifiquement durant l'hiver en période internuptiale, moment où il est visible sur nos côtes. Cette robe pâle est agrémentée d'une tache sombre au poignet qui permet de l'identifier avec certitude, mais qui peut cependant être masquée par les plumes de la poitrine. Généralement peu utilisé pour l'identifier, on peut également remarquer chez cette espèce des ailes longues et pointues, un croupion blanc, et une queue courte bordée de blanc avec les plumes médianes plus foncées. En période de nidification, il adopte une robe rousse au niveau du dos et de la poitrine, tachetée de brun foncé.
Le juvénile diffère de l'adulte avec le dessus du corps plus foncé, tacheté de blanc et de beige. Il n'y a pas de dimorphisme sexuel particulier, bien qu'en plumage nuptial, les femelles apparaissent généralement moins rousses et plus grises sur le cou.
En vol, ce bécasseau se reconnaît grâce à des vols directs, soutenus et rapides, en groupes
de plusieurs dizaines à milliers d'individus. On peut alors apercevoir la barre alaire* blanche qui contraste avec le noir des
rémiges* primaires sur le bord extérieur de l'aile.
En raison de son comportement caractéristique lors de sa recherche de nourriture, le bécasseau sanderling peut difficilement être confondu avec d'autres petits limicoles* lorsqu'il est en action. Cependant, lors de forts regroupements plurispécifiques à l'arrêt ou en dortoir, des confusions sont possibles avec :
- Le bécasseau variable (Calidris
alpina) avec son plumage d'hiver. Plus grand que C. alba, il présente une poitrine légèrement grisée et un ventre
plus beige, ainsi qu'un bec plus long et arqué vers le bas. Il ne possède pas de tache
sombre sur le poignet.
- Le bécasseau-minute (Calidris minuta), essentiellement dans le sud de la France (bassin méditerranéen) lorsqu'il est impossible d'évaluer la taille correctement. Il s'agit d'un des plus petits limicoles, d'une taille de 12 à 14 cm. Dans ce cas, on peut se référer aux pattes et au nombre de doigts : à l'inverse du bécasseau sanderling, le bécasseau-minute dispose de pattes pourvues d'un doigt postérieur, donc de 4 doigts.
Le régime alimentaire est principalement constitué de petits invertébrés marins vivant sur ou à l'intérieur du sable (vers, crustacés, mollusques et insectes), qu'il chasse à vue lors de son ballet sur les plages, le flux et reflux des vagues rendant ces organismes vulnérables et facilement saisissables. Outre ce comportement atypique de l'espèce lui permettant de se nourrir de cette manière, le bécasseau sanderling adopte par moments des comportements alimentaires plus classiques, en recherchant sur la plage, dans les laisses de mer et les algues, des crevettes, des poissons morts, voire des méduses échouées.
Durant la nidification, bien que se nourrissant toujours d'invertébrés aquatiques, le régime se compose essentiellement d'insectes volants. Plus rarement, il arrive à cet oiseau de se nourrir de végétaux (algues et mousses).
Le bécasseau sanderling atteint sa maturité sexuelle à 2 ans. La parade consiste en des vols nuptiaux des mâles pour attirer les femelles. L'espèce est territoriale. Les couples peuvent être monogames, bigames ou bien même polygames selon la région et l'année.
Le nid est bâti au sol, construit de façon sommaire sur une zone de terre nue ou caillouteuse et garni de quelques feuilles. La femelle effectue en général deux pontes qui ont lieu entre mi-juin et mi-juillet, chacune comptant 3 ou 4 œufs de couleur olive et légèrement tachés de brun. Les couples pratiquent en général la "double couvaison simultanée" : chaque membre du couple couve une ponte et s'occupe de l'élevage de la nichée (de manière générale, le mâle couve la première et la femelle la seconde). Après une incubation de 24 à 31 jours, les poussins nidifuges* sont pris en charge par un parent ou les deux.
L'envol des jeunes intervient à l'âge de 17 jours en moyenne. De juillet à août, les adultes quittent petit à petit les sites de nidification vers les côtes, suivis de peu par les jeunes qui, une fois émancipés, entament à leur tour la migration.
En France métropolitaine, l'espèce est commune durant ses migrations ainsi que sa période d'hivernage et est retrouvée sur un grand nombre de plages de sable. Elle fait partie des espèces les plus migratrices, avec des distances parcourues entre les zones de reproduction et d'hivernage très conséquentes : certaines populations se reproduisent au nord du Canada et hivernent au sud du Chili ou de l'Argentine. Il existe des trajets de migration bien définis, qui peuvent différer entre les migrations pré-nuptiales et post-nuptiales.
L'espèce paraît peu loquace, les vocalisations des migrateurs et des hivernants se limitant à quelques cris brefs et doux ("fit", "fjit", "tvic" ou "kuit") généralement émis à l'envol.
Limicole* rapide et agile, le bécasseau sanderling adopte un comportement atypique et unique sur les côtes. Il va et vient en courant au bord de la mer au rythme des vagues pour débusquer les petites proies dont il se nourrit. Rarement isolé, on le rencontre quasi exclusivement en groupes variant d'une dizaine d'individus le plus couramment, jusqu'à plusieurs milliers sur les aires d'hivernages.
La longévité maximale observée est d'un peu plus de 18 ans.
Son comportement général et la longue période durant laquelle ce bécasseau est présent sur les côtes françaises de Métropole, font que cette espèce facilement observable et reconnaissable engendre une forte attractivité pour les naturalistes amateurs comme professionnels. Elle reste cependant très farouche et s'envole lors d'une trop forte proximité.
La dégradation des plages sableuses du littoral, habitat quasi exclusif de cette espèce en période de migration et d'hivernage, représente l'une des menaces qui peuvent affecter le bécasseau sanderling. C'est également le cas pour les pollutions marines ou le mazoutage qui peuvent avoir de forts impacts sur sa survie, en modifiant grandement son mode de vie (temps supplémentaire consacré au nettoyage du plumage réduisant d'autant celui consacré à la recherche de nourriture par exemple).
Deux sous-espèces sont décrites :
- Calidris alba alba, (Pallas) 1764 qui se reproduit sur l'île d'Ellesmere, le nord et l'est du Groenland, le Svalbard, la Terre François-Joseph et la péninsule de Taymyr.
- Calidris alba rubida, (Gmelin) 1789 qui se reproduit dans le nord-est de la Sibérie, en Alaska et dans le nord du Canada.
Selon les études de migrations réalisées sur cette espèce, c'est la sous-espèce Calidris alba alba qui fréquente nos côtes. Sauf exception, les individus hivernant ou migrant en France métropolitaine se sont reproduits sur les côtes nord et nord-est du Groenland.
Le statut de conservation du bécasseau sanderling est considéré comme favorable en Europe : depuis 1970, on constate une stabilité, voire une augmentation des hivernants. À l'international depuis 2016, cette espèce est classée dans la liste rouge de l'UICN* sous le statut LC (Least Concern), soit "préoccupation mineure".
Plus localement, elle est classée comme quasi menacée (statut NT selon l’UICN*) en Guyane française, à La Réunion et à Saint-Barthélemy, voire même en danger (statut EN selon l’UICN) sur le territoire martiniquais.
En Wallonie (Belgique francophone), elle est protégée par l'article 2 et l'annexe I de la Loi de la Conservation de la Nature de 1973. En France, elle est protégée sur tout le territoire par l'Arrêté de 2009 fixant la liste des oiseaux protégés et les modalités de cette protection (article 4.2). Plus largement, elle est protégée par la Convention de Berne (Annexe II), la Convention de Bonn (Annexe II) et l'Accord AEWA (1999) en étant listée en catégorie C1.
Bécasseau : terme générique dérivé de "bécasse" associé au suffixe "-eau", en référence à son habitat naturel. Ce nom est actuellement porté par plusieurs espèces ressemblant à de petites bécasses et vivant au bord de l'eau.
sanderling : directement issu du mot anglais "sand" signifiant "sable". On peut également y trouver une origine plus ancienne issue du vieil anglais signifiant littéralement "le laboureur des sables".
Calidris : du grec [kalidirs] ou [skalidris], terme utilisé par Aristote pour désigner certains oiseaux de bord de mer de couleur grise.
alba : du latin [alba] signifiant blanc, évoquant sa couleur.
Numéro d'entrée WoRMS : 159084
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Aves | Oiseaux | Vertébrés à plumes, ovipares. Les membres antérieurs sont transformés en ailes. |
Ordre | Charadriiformes | Charadriiformes | Oiseaux plus ou moins aquatiques, au bec pointu et aux pattes fines. |
Famille | Scolopacidae | Scolopacidés | |
Genre | Calidris | ||
Espèce | alba |
Limicole rondelet à bec droit
Le bécasseau sanderling hiverne en France, sur les côtes d'Atlantique et de Méditerranée. Cet individu présente le plumage internuptial pâle typique gris argenté.
Plage de l'Espiguette, Grau-du-Roi (13), estran
02/02/2014
Adulte avec plumage nuptial
Photographié en juillet, cet oiseau présente les teintes brun-roux de la parure nuptiale. Il s’agit simplement d’un individu précocément revenu des hautes latitudes.
Sillon de Talbert, Pleubian (22), estran
08/07/2022
Bien camouflé parmi les pierres
Parmi les pierres multicolores de l'estran balayé, les limicoles peuvent passer inaperçus, trahis par leurs déplacements en quête de nourriture.
Sillon de Talbert, Pleubian (22), estran
08/07/2022
Adulte nuptial et jeune
Même si le ventre est invariablement blanc, l’été on peut observer une robe tirant vers le brun-roux tacheté de noir tout comme la poitrine chez l’adulte, et une coloration plutôt grisâtre tachetée de blanc et de beige sur le dos et la poitrine chez le jeune.
Sillon de Talbert, Pleubian (22), estran
08/07/2022
Se nourrissant sur l'estran
A voir les tortillons dépassant du sable sur cette plage du Finistère, on imagine sans peine le festin qui attend ce groupe de volatiles affairés à extirper du sable les divers petites proies qui s'y trouvent réfugiées.
Plage de Dossen (29)
20/11/2021
Au-dessus d'un étang bordant la mer
Même si le littoral atlantique et la Bretagne en particulier concentrent la majorité des effectifs durant l'hiver, ce limicole fréquente occasionnellement les rivages de Méditerranée comme ici à Fréjus dans le Var.
Base Nature, Fréjus (83)
04/09/2021
Sur une embouchure de fleuve côtier
Voici des individus cherchant leur nourriture sur une plage bordant l'embouchure du fleuve Var dans les Alpes-Maritimes (06).
Embouchure du Var, Saint-Laurent-du-Var (06)
16/05/2021
Vol au ras de l'eau
En vol, le bécasseau sanderling est reconnaissable à la barre alaire blanche qui contraste avec le noir des rémiges* primaires sur le bord extérieur de l'aile.
Binic (22), près du rivage
11/11/2021
Densité hivernale
Des groupes comptant de plusieurs dizaines à quelques milliers d'individus peuvent se constituer lors de l'hivernage. Les côtes bretonnes sont un lieu de regroupement prisé par ces oiseaux.
Binic (22), près du rivage
11/11/2021
Avec d'autres limicoles
Voici un bécasseau sanderling que ses couleurs distinguent des autres limicoles présents ce jour-là, des tournepierres à collier.
Vicq-sur-mer (50) sur une structure en béton découverte à marée basse
29/10/2022
Rédacteur principal : Achille LENGLIN
Vérificateur : Gaël MODRAK
Responsable régional : Gaël MODRAK
Carrias, J. F., 2020, Le bécasseau
sanderling, le trotteur des plages, Espèces juin 2020, 36, 32-39.
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La page de Calidris alba sur le site de référence de DORIS pour les oiseaux : Oiseaux.net
La page de Calidris alba dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN