Manteau hérissé de longues papilles conférant un aspect chevelu et hirsute
Couleur variable : du gris-vert au blanc-beige, en passant par le noir ou encore l'orange
Petits ocelles bleus comportant en leur centre une tache noire ou jaune ainsi que des zones verdâtres
Parapodies costales non libres
Pied large
Aplysie chevelue, aplysie velue, bursatelle de Leach
Ragged seahare, shaggy seahare (GB), Bursatella (I)
Notarchus (Bursatella) leachii (Blainville, 1817)
Notarchus laciniatus Rüppell & Leuckart, 1828
Aplysia bursatella Rang, 1834
Bursatella leachii lacinulata Gould, 1852
Aclesia glauca Cheeseman, 1878
Notarchus intrapictus Cockerell, 1893
Aclesia freeri Griffin, 1912
Aclesia africana Engel, 1926
Aclesia rosea Engel, 1926
Bursatella savignana Aouduin, 1926
Bursatella leachii africana (Engel, 1926)
Bursatella leachii rosae (Engel, 1926)
Atlantique tropical Ouest et subtropical Est, Méditerranée, mer Rouge, Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● Caraïbes, ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]C'est une espèce circumtropicale* et des mers tempérées.
Dans l'Atlantique Ouest, on la trouve dans le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes (y compris dans les Antilles françaises, en Guadeloupe et Martinique).
Elle vit également dans l'Indo-Pacifique et y est signalée depuis les côtes est-africaines et le canal du Mozambique jusqu'en en Nouvelle-Zélande. Elle est présente en Nouvelle-Calédonie.
L'espèce, probablement lessepsienne*, est présente en Méditerranée notamment orientale. Encore rare, bien que présente, sur les côtes françaises (photographiée sur la Côte d'Azur), cette espèce introduite a été plus largement signalée du bassin levantin (Liban, Israël, Turquie...) jusqu'à la péninsule italienne (Malte, Grèce, Slovénie, Sicile...).
L'espèce est présente dans les eaux abritées et peu profondes, sur des fonds sableux ou vaseux. On la rencontre parfois dans les estuaires et les bassins de marée.
Cette aplysie chevelue se confond avec son environnement immédiat dans les herbiers marins où elle se camoufle. En ce qui concerne la mer Méditerranée, Bursatella leachii pourra être observée sur les fonds recouverts de Caulerpa prolifera, de Cymodocea nodosa ou bien de Zostera noltei.
D'une taille couramment rencontrée de 5 à 10 cm, mais pouvant atteindre plus d'une vingtaine de centimètres, le corps est compact dans son volume et mou dans sa consistance. Il est plus large à l'arrière qu'à l'avant. Malgré son large pied, l'animal se déplace lentement.
La couleur de Bursatella leachii varie du gris-vert au blanc-beige, en passant par le noir ou encore l'orange. Son corps présente des ocelles* bleus plus ou moins clairs et comportant au centre une tache noire ou jaune ainsi que des zones vertes. Le nombre des ocelles est fonction de la taille de l'individu.
De longues et fines excroissances digitées et branchues, de tailles différentes, recouvrent le manteau* et les rhinophores*, conférant à l'animal un aspect chevelu et hirsute.
Le lièvre de mer effiloché possède sur la tête une paire de rhinophores enroulés sur eux-mêmes et une paire de tentacules buccaux (ou tentacules labiaux), plus courts mais bien développés, de chaque côté de la bouche. Les yeux sont situés à la base des rhinophores.
Son pied est large et se termine par une queue fine, la sole* pédieuse étant blanchâtre avec des taches brun clair.
Les parapodies* costales sont courtes et peu mobiles, ce qui entraîne un déplacement lent. Les bords des parapodies sont recourbés et ils sont soudés à l'arrière de l'animal. Faute de ces expansions latérales libres, Bursatella leachii ne peut pas nager, contrairement à certaines espèces de la famille des Aplysiidés.
Les adultes sont dépourvus de coquille interne.
Il n'y a pas, en Méditerranée, d'espèces pouvant prêter à confusion. Les grands nudibranches, comme Tethys fimbria, possèdent un voile oral de grande taille qui lève le doute au premier coup d'œil. Les pleurobranches sont bien plus arrondis et aucune des autres espèces d'aplysies ne montre les longues excroissances branchues et les ocelles bleus de B. leachii. Seul Notarchus punctatus a quelques excroissances en forme de pointe mais elles sont rares et courtes. Ses ocelles sont brun sombre.
Il en va de même dans les eaux tropicales des Caraïbes ou de l'Indo-Pacifique où aucune espèce d'Anaspidés à ocelles, telle Aplysia dactylomela, n'a réellement les caractéristiques échevelées de B. leachii.
Espèce herbivore et détritivore* benthique*, Bursatella leachii se nourrit notamment de microalgues comme les cyanobactéries et les diatomées. Elle consomme également des macrophytes*. Dans le Pacifique, il semblerait que ces dernières, comme Ectocarpus sp. ou Enteromorpha sp., soient d'ailleurs son alimentation favorite.
En mer Méditerranée, cette espèce apprécierait davantage Caulerpa prolifera, Cymodocea nodosa ou encore Zostera noltei.
Elle est connue pour sa consommation de la cyanobactérie Lyngbya majuscula, dont elle tire profit par la capture de métabolites toxiques que l'on retrouve dans ses sécrétions corporelles.
Bursatella leachii est une espèce hermaphrodite* à reproduction croisée. Elle atteint sa maturité sexuelle vers deux ou trois mois et se reproduit rapidement. En mer Méditerranée, il semblerait que l'espèce ne connaisse pas de période plus favorable qu'une autre pour se reproduire.
La fécondation* est interne. Lors de la reproduction, un des individus recouvre l'autre et dépose ses gamètes* mâles dans le gonopore* du second par l'intermédiaire d'un pénis situé sur le côté droit de la tête. Le gonopore, quant à lui, se situe sur la partie dorsale.
La ponte de couleur blanc-jaunâtre (on rencontre aussi, dans la littérature, d'autres couleurs : violet, blanc, orange, rouge, vert ou brun !), est déposée sur le substrat*. Elle a l'aspect d'une corde emmêlée sur elle-même, le long de laquelle sont accrochées des capsules ovigères* séparées et rassemblées par une gelée. Chaque capsule contient de deux à vingt embryons d'approximativement 87 µm. Ce cordon d’œufs est plutôt initialement blanc à la ponte puis va en fonçant vers le jaune-orange en s'approchant de l'éclosion.
Le stade larvaire* de Bursatella leachii est très rapide et est le plus court chez les Aplysidés possédant un stade larvaire planctonique*. En effet, 15 jours après l'éclosion, les larves* véligères* planctoniques atteignent leur stade maximal. Il leur faut 4 jours supplémentaires pour prendre leur forme post-larvaire. Elles sont dotées de la capacité à rester planctoniques jusqu'à deux mois et demi avant de trouver le substrat* approprié à leur développement adulte, ce qui confère à cette espèce une grande capacité de dispersion.
Lorsque la larve se pose sur le substrat adéquat, elle s'y accroche via un fil de mucus puis se rétracte dans sa coquille pour initier son développement vers la forme adulte. Ce processus prend un à deux jours. Dès le premier jour, elle est déjà capable de s'alimenter grâce à une radula* bien développée. La coquille cesse de croître lorsque l'individu mesure 2,5 à 3 mm et 15 à 20 jours après s'être déposé sur le substrat, l'animal éjecte sa coquille. Il possède déjà les rudiments des futures excroissances charnues et, s'il se sent menacé, il peut déjà projeter un petit nuage d'encre.
Plutôt active le jour pour se nourrir, cette espèce se cache la nuit bien que des rassemblements nocturnes de 8 à 12 individus aient déjà été observés.
A l'instar d’autres espèces d'aplysies, Bursatella leachii, lorsqu'elle est perturbée ou se sent menacée, peut cracher un jet d'encre violette permettant de dissimuler sa fuite.
Le manteau a un aspect rugueux. Il est prolongé par des papilles ou excroissances branchues qui lui confèrent un camouflage efficace lorsqu'il est immobile, car dès lors, l'animal se confond parfaitement avec un bouquet d'algues. C'est d'ailleurs souvent un biotope de prédilection pour l'espèce qui s'y dissimule volontiers.
Son espérance de vie est relativement courte, qui ne dépasserait pas une année.
Les hordes sporadiques de plus de 600 individus observées dans ses eaux d'origine (l'Atlantique tropical Ouest) peuvent influer sur la dynamique de certains habitats naturels. Cela est dû à la forte consommation de microalgues et cyanobactéries.
Les études d'impact sur les écosystèmes par la présence de cette espèce n'ont pas encore été effectuées en Méditerranée ; toutefois, elle a été placée sur la liste noire des espèces envahissantes pour les Aires Marines Protégées méditerranéennes.
La distribution circumtropicale de Bursatella leachii pourrait être composée de 7 sous-espèces (dont celle, lessepsienne ou introduite, en Méditerranée) : Bursatella leachii leachii Blainville, 1817, Bursatella leachii savigniana Audouin, 1826, Bursatella leachii pleii (Rang, 1828), Bursatella leachii guineensis Bebbington, 1969, etc.
Sa glande productrice d'encre pourrait éventuellement avoir un intérêt pharmacologique.
Lièvre de mer effiloché : c'est la tête de ces animaux, porteurs de rhinophores enroulés et allongés évoquant une tête de lapin ou de lièvre, qui confère ce nom générique donné aux aplysies. L'aspect hirsute de cette espèce est pointé avec le qualificatif descriptif : effiloché.
Bursatelle : ce nom commun fut donné à l'origine par H.M.D. de Blainville, en 1817. Il s'agit d'une francisation du nom scientifique du genre, Bursatella, qu'il a lui-même créé la même année.
Bursatella : du latin [bursa] = sac, bourse, en raison probablement de sa forme, pouvant faire penser à un sac.
Ce genre a été décrit en 1817 par le zoologiste et anatomiste français Henri-Marie Ducrotay de Blainville (1777-1850) et Bursatella leachii en est le type*. Le genre Bursatella est pour l'heure monospécifique* et ne contient donc qu'une seule espèce.
leachii : espèce dédiée au zoologiste britannique William Elford Leach (1791-1836). Au-delà de ses fonctions aux départements de Zoologie puis d'Histoire Naturelle du British Museum, W. E. Leach est considéré comme un spécialiste des crustacés et des mollusques ; mais il travailla également sur les insectes, les mammifères et les oiseaux.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Ordre | Aplysiida | Aplysides | Coquille petite (ou absente) généralement recouverte par le manteau (parapodes). Présence ou non d’une branchie plissée, tête portant des tentacules et des rhinophores. Cavité palléale située à droite. Mangeurs de végétaux. Tous marins, zones côtières. |
Famille | Aplysiidae | Aplysiidés | |
Genre | Bursatella | ||
Espèce | leachii |
Présence d'ocelles
Le corps est ponctué de loin en loin d'ocelles de petite taille. Souvent bleus, ils sont ici plutôt brun orangé.
Plage Moana, Cros-de-Cagnes (06), 10 m, de nuit
29/04/2014
Version claire et ocelles
On peut rencontrer Bursatella leachii dans une version orangée assez claire.
Les plus petits ocelles (image du bas) sont bleu ciel, presque blancs, cerclés de brun au centre d'un cercle orange régulier. Les plus gros voient de nouveau un rond orange grandir dans le bleu ciel central.
Plage Moana, Cros-de-Cagnes (06), 10 m, de nuit
28/09/2014
Version sombre et ocelles
On peut également rencontrer, sur les mêmes zones, une version de Bursatella leachii au manteau beaucoup plus sombre, la trame de la robe étant à base de noir.
Les ocelles semblent différer de la version claire. Sur les plus petits, le centre est toujours bleu ciel mais la bordure brun-noir est très large et le cercle orangé extérieur bien moins régulier. Pour les plus gros ocelles, c'est un cœur noir qui naît au centre du bleu ciel.
Cagnes-sur-mer (06), 8 m, de nuit
10/03/2017
La tête
Hérissée d'appendices branchus, portant des couleurs mimétiques, la conformation de la tête n'est pas facile à discerner.
Heureusement, nous pouvons distinguer l’œil noir, ce qui permet de localiser les rhinophores et les papilles orales.
Plage Moana, Cros-de-Cagnes (06), 10 m, de nuit
29/09/2014
L'œil
Il n'est pas facile, dans la forêt des excroissances, de distinguer les détails et même la forme générale. Voilà, point bleu-noir cerclé de blanc à droite de l'ocelle haut, l’œil du lièvre de mer effiloché.
Cagnes-sur-mer (06), 12 m, de nuit
10/03/2017
Ouverture dorsale
Les parapodies de l'animal sont soudées à l'arrière et à cause de ceci, Bursatella leachii n'a pas la possibilité de "nager" comme peuvent le faire certaines autres (pas toutes !) espèces d'aplysies.
Sur le cliché, on distingue sur le sommet du dos, une fente, un endroit où les parapodies ne sont pas soudées.
Plage Moana, Cros de Cagnes (06), de nuit
28/09/2014
Excroissances digitées
Voici un gros plan sur les excroissances digitées et dichotomes qui parsèment le manteau de Bursatella leachii.
Admirez également les délicats maillages contrastés qui composent la robe du mollusque. Ici, le manteau est noir et blanc à motifs arrondis sur le dos et se transforme en un pelage de panthère jaune et noir sur les plus grosses extensions et sur les rhinophores.
Cagnes-sur-mer (06), 8 m, de nuit
10/03/2017
De nuit
De préférence active le jour pour se nourrir, cette espèce est censée plutôt se cacher la nuit. Sur la Côte d'Azur, les (rares mais plurielles) rencontres avec le lièvre de mer effiloché se font la nuit.
Mais peut-être est-ce une incidence du plus grand nombre de plongées nocturnes sur les fonds sablo-vaseux qu'en plein jour ?
Cagnes-sur-mer (06), 9 m, de nuit
17/03/2017
En Martinique
Dans l'Atlantique Ouest, on trouve Bursatella leachii dans le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes.
Ici, en Martinique, un jeune individu (suivi d'un second). Le photographe en a vu 5 sur le même site, mesurant entre 2 et 7 cm.
La limite septentrionale de l'espèce dans l'ouest Atlantique est la Caroline du Nord. Au sud, c'est le Brésil.
Baie de la Cherry, Martinique, 4 m
21/02/2017
En Méditerranée espagnole
L'espèce est probablement peu courante dans cette lagune d'eau salée. Celle-ci est presque une petite mer quasi fermée de la région de Murcie, sur la côte sud-est espagnole. D'une profondeur de 7 m maximum, 170 km2 de surface, la mar menor ("mer mineure" en espagnol) fait l'objet de beaucoup d’exploitations sportives touristiques et les aplysies y ont surement été introduites il y a peu.
El mar menor, Carthagène, Espagne, 1 m
08/2015
Méditerranée française : Alpes-Maritimes
Bursatella leachii est répandue dans la partie orientale de la Méditerranée. Elle est beaucoup moins présente dans le bassin occidental et l'espèce est rarement rencontrée sur les côtes françaises. La majorité des signalements proviennent de la partie orientale de ces côtes, les Alpes-Maritimes.
Plage de Cap 3000, St-Laurent du Var (06), de nuit
22/11/2014
Rédacteur principal : Benoit RIONDY
Vérificateur : Marlène NIETUPSKI
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Blainville H.M.D. de, 1817, Bursatella, in: Dictionnaire des Sciences Naturelles (F. Cuvier, ed.), vol. 5, supplément. Levrault, Strasbourg & Le Normant, Paris, 138.
Ibáñez-Yuste A.J.,Garrido-Díaz A., Espinosa-Torre F., Terrón-Sigler A., 2012, Primera cita del molusco exótico Bursatella leachii de Blainville, 1817 (Mollusca: opistobranchia) en el litoral mediterráneo andaluz, Chronica naturae, 2, 25-31.
Kazak M., Cavas L., 2007, On the occurrence of Bursatella leachii de Blainville, 1817 in Izmir Bay, Turkey, Mediterranean Marine Science, 8/2, 87-90.
Paige J.A., 1988, Biology, metamorphosis and postlarval development of Burstella leachii plei rang (Gastropoda : Opistobranchia), Bulletin of marine science, 42, 65-75.
Tanrıkul T.T., Akyol O., 2012, First report on reproduction of Lessepsian ragged sea hare, Bursatella leachii (de Blainville, 1817) (Mollusca: Gastropoda) in Izmir Bay (Aegean Sea, Turkey), Journal of FisheriesSciences.com, 6(2), 96-98.
Zakhama-Sraieb R., Sghaier Y.R., Charfi-Cheikhrouha F., 2009, On the occurrence of Bursatella leachii De Blainville, 1817 and Pinctada radiata (Leach, 1814) in the Ghar El Melh lagoon (NE Tunisia), Aquatic Invasions, 4(2), 381-383.
Vue Z., Kamel B.S., Capo T.R., Bardales A.T., Medina M.,2014, Comparative analysis of early ontogeny in Bursatella leachii and Aplysia californica, PeerJ, 2:e700; DOI 10.7717/peerj.700.
La page sur Bursatella leachii dans l'Inventaire National du Patrimoine naturel : INPN