Petit poisson longiligne mesurant moins de 4 cm
Dessus du corps translucide, dessous de couleur dorée à brunâtre
Corps parcouru par environ 6 bandes transversales rougeâtres régulièrement espacées
Dessus de la tête parfois marqué par un motif en forme de chevron rougeâtre
Ligne blanche nettement détectable par transparence le long de la colonne vertébrale
Quasi exclusivement trouvé sur le corail fil-de-fer droit
Gobie nain des anthipathaires, gobie nain barbelé, gobie des coraux-fouets
Whip coral goby, whip-coral goby, whip coral dwarf goby, whip goby, seawhip goby, sea-whip goby, wire coral goby, Yonge's coralgoby (GB), Peitschenkorallen, zwerggrundel (D), Tradkoralkutling (DK), Mano'o (Samoa)
Cottogobius yongei Davis & Cohen, 1969
Bryaninops youngei (Davis & Cohen, 1969)
Tenacigobius yongei (Larson & Hoese, 1980)
Indo-Pacifique dont la mer Rouge
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Ce gobie est très cosmopolite. On le signale sur l'ensemble du Pacifique Ouest inter-tropical, du nord de l'Australie jusqu'au sud du Japon. Il est ainsi présent dans l'ensemble de la Polynésie, de la Micronésie et de la Mélanésie. Côté Pacifique Est, il est signalé depuis la mer de Cortez au nord, jusqu'aux côtes de la Colombie au sud, ainsi que dans les eaux bordant les îles Galápagos. Il est également présent dans la partie occidentale de l'océan Indien, sur l'ensemble des côtes est-africaines depuis la mer Rouge jusqu'au Mozambique, incluant Madagascar, Mayotte, les Comores, La Réunion, Maurice et les Seychelles. On le trouve enfin dans le golfe Persique, sur les côtes occidentales de l'Inde, aux Maldives et jusqu’à l’archipel des Chagos situé plus au sud. Il semble absent de l'océan Atlantique.
Ce gobie est un poisson benthique* exclusivement associé au corail fil-de-fer droit Cirrhipathes anguina. Il occupe ainsi les tombants et récifs exposés au courant, sur des fonds de 3 à 45 m.
Le gobie des coraux fil-de-fer est un petit poisson longiligne mesurant moins de 4 cm. Le dessus du corps est translucide, tandis que le dessous se caractérise par des teintes dorées à brunâtres. L'ensemble du corps est parcouru par des bandes rougeâtres bien visibles, régulièrement espacées de la tête à la queue. Celles-ci sont au nombre de 6 environ. Le dessus de la tête est parfois marqué par un motif en forme de chevron rougeâtre, rappelant la couleur des bandes. On distingue nettement une ligne blanche par transparence le long de la colonne vertébrale.
Le genre Bryaninops comprend 16 espèces, dont certaines sont particulièrement difficiles à distinguer de B. yongei. Parmi ces espèces, on peut notamment citer B. amplus et B. loki. Cette difficulté est accentuée par la variabilité des robes coexistant au sein de ces trois espèces. Le critère d'identification le plus aisé est le substrat* accueillant B. yongei, rencontré quasi exclusivement sur Cirrhipathes anguina, tandis que B. amplus et B. loki restent inféodés aux gorgonaires des genres Junceella (J. fragilis et J. juncea), et parfois Elisella.
En termes de morphologie, B. amplus se distingue de B. yongei par une silhouette plus élancée et par le fait que le haut du corps est totalement translucide. Quant à B. loki, on le reconnaît grâce à une tache sombre à la base de la queue.
Outre le genre Bryaninops, les gobies du genre Pleurosicya sont aussi morphologiquement très proches de B. yongei. Ces derniers sont néanmoins moins regardants quant à leur substrat d'accueil. On les trouvera ainsi indifféremment sur des substrats très divers tels des coraux durs (P. micheli), des pennatules (P. mossambica), des coraux mous (P. boldinghi), des ascidies, des algues, etc.
Le gobie des coraux fil-de-fer se nourrit de zooplancton* qu'il chasse à l'affût, fixé sur son substrat grâce à ses nageoires pelviennes modifiées (la soudure des deux nageoires pelviennes forme une ventouse appelée disque pelvien*, caractéristique commune à de nombreux gobies). Le corail-fil-de-fer pourrait représenter un moyen, pour ce poisson benthique*, de s'éloigner du fond, notamment pour se nourrir.
Le gobie des coraux fil-de-fer semble être un poisson monogame. On le trouve souvent en couple, éventuellement accompagné d'individus sexuellement non matures sur une même branche de corail-fouet. L'étude de ses organes génitaux laisse par ailleurs supposer qu'il est prédisposé à changer de sexe, pouvant passer de l'état mâle à femelle et réciproquement. Cette caractéristique s'explique vraisemblablement par la difficulté que peut représenter la recherche d'un partenaire sexuel, pour des populations occupant des habitats très spécifiques et dispersés spatialement.
Lors de la reproduction, le gobie nain débarrasse son anthipataire hôte d'une partie de ses tissus vivants, ne laissant apparaître de son hôte parfois très coloré que le squelette noir (le corail fil-de-fer Cirrhipathes anguina est un "corail noir"). Les ovules* seront fixés à ce substrat dégagé et, après fécondation*, les œufs seront gardés par le mâle jusqu'à l'éclosion.
Le corail-fil-de-fer, sur lequel vit ce gobie nain mimétique, constitue également le biotope* où vivent des crevettes du genre Pontonides et la crevette dasycaris de Zanzibar Dasycaris zanzibarica.
On trouve fréquemment des individus parasités par des copépodes. Une étude scientifique publiée en 2015 mentionne notamment l’espèce de copépode Siphonostomatoïde parasite Creopelates hosinoi.
Les individus les plus jeunes occupent de petites branches de corail-fil-de-fer, tandis que les branches de plus grande taille sont préférentiellement occupées par des couples matures. Une étude, réalisée en Papouasie-Nouvelle-Guinée entre 1999 et 2000 (Munday P.L., Pierce S.J. et al.), a ainsi pu montrer que la majorité des branches de corail-fil-de-fer dépassant 2,5 m de long étaient occupées par des couples matures de gobies des coraux fil-de-fer.
Gobie : du latin [gobio] = goujon ;
des coraux fil-de-fer : en référence au substrat sur lequel il vit exclusivement.
Bryaninops : similaire (ops) au genre Bryanina décrit par Henry W. Fowler en 1932, nommé en hommage à Edwin H. Bryan, conservateur des collections du Musée Bernice P. Bishop d’Honolulu à Hawaï.
yongei : en hommage au zoologiste britannique sir Charles Maurice Yonge, compagnon d'équipage des auteurs lors de la sixième expédition océanographique du navire "Te Vega" au cours de laquelle la découverte a eu lieu.
Numéro d'entrée WoRMS : 219391
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Gobioidei | Gobioïdes | |
Famille | Gobiidae | Gobiidés | |
Genre | Bryaninops | ||
Espèce | yongei |
Le gobie du corail fil-de-fer dans son environnement
Ce tout petit poisson vit probablement exclusivement sur l'antipathaire Cirrhipathes anguina.
Archipel d'Alor, Indonésie, 21 m
14/04/2008
Vue de profil parmi les polypes déployés du corail fil-de-fer tordu
Voici une vue typique de gobie du corail fil-de-fer dans son environnement, associé à son hôte exclusif Cirrhipathes anguina Dans le cas présent, les polypes du corail sont nettement visibles et denses. On distingue assez nettement les bandes rougeâtres verticales parcourant l’animal de la tête à la queue. La ligne blanche le long de la colonne vertébrale est également bien visible.
Archipel d'Alor, Indonésie, 22 m
14/10/2017
Vue de dessus
Les bandes rougeâtres parcourant l’animal sont également visibles sur le dessus, un caractère permettant de le distinguer notamment de Bryaninops amplus.
Ile de Bunaken, Sulawesi, Indonésie, 15 m
28/04/2016
Gros plan sur la tête
On remarque la façon dont ce gobie adhère à sa branche de corail hôte, grâce au disque pelvien ventral. Une tache rougeâtre est bien visible entre les deux yeux. En second plan, on devine une autre tache en forme de chevron située à l’arrière des yeux.
Ile de Leyte, Visayas, Philippines, 10 m
02/04/2018
Parasité
On peut appartenir à un genre comportant des poissons de très petite taille, cela n'empêche pas de se retrouver avec des parasites identiques à ceux des poissons plus grands !
Ce gobie-nain, probablement Bryaninops amplus, est parasité par un copépode.
Anilao, Philippines, 15 m
25/01/2019
En couple
Le gobie du corail fil-de-fer est réputé monogame. On peut raisonnablement supposer que nous avons affaire à un couple sur cette photo.
Fury Shoals, mer Rouge, Egypte, 20 m
26/08/2011
Individu de mer Rouge
Le gobie du corail fil-de-fer est cosmopolite, il n’est pas rare de le croiser sur les branches de corail fil-de-ver (Cirrhipathes anguina) des tombants coralliens de mer Rouge.
Marsa Alam, Egypte, 15 m
20/10/2018
Femelle gravide
Une femelle prête à pondre, on aperçoit les ovules en transparence.
Raja Ampat, Indonésie, 25 m
28/11/2014
Place nette
Une fois le travail de dégagement terminé, on peut apercevoir le squelette noir du corail fil-de-fer (Cirrhipathes anguina), substrat dur auquel pourront être fixés les œufs du couple de gobies installés sur cette branche.
Sulawesi, Indonésie, 20 m
10/02/2015
Nettoyage de son habitat
Ce gobie a commencé à débarrasser sa branche de corail-fouet d’une partie de ses polypes, de manière à y déposer sa ponte prochainement.
Raja Ampat, Indonésie, 8 m
04/2016
Œufs prêts à éclore
Les œufs sont déposés sur le squelette du corail-fouet. On aperçoit déjà les larves prêtes à sortir de leur minuscule capsule translucide.
Alor, Indonésie, 10 m
18/02/2017
Espèce ressemblante sur une gorgone
Bien que morphologiquement proche de Bryaninops yongei, l’individu représenté sur cette photo est probablement le gobie des gorgones Bryaninops amplus.
Ile Christmas, Australie, 22 m
11/2019
Bryaninops amplus, espèce ressemblante
Même si la ressemblance entre les espèces B. yongei et B. amplus est assez marquée, celles-ci n’occupent fort heureusement pas le même biotope. Il est ainsi probable qu’il s’agisse ici d’un gobie des gorgones B. amplus, souvent associé aux gorgonaires des genres Junceella ou Elisella. Les polypes bien visibles sur la partie droite de la photo, permettent de distinguer ce gorgonaire du corail-fouet Cirrhipathes anguina. On note également le haut du corps translucide de l’animal, dépourvu de bandes rouges.
Raja Ampat, 10 m
30/11/2014
Genre ressemblant
Ressemblant aux gobies du genre Bryaninops, les gobies du genre Pleurosicya sont moins regardants quant à leur habitat. Ce gobie dentu Pleurosicya mossambica est communément rencontré sur les pennatules.
Anilao, Philippines, 15 m
12/02/2020
Rédacteur principal : Gaël MODRAK
Vérificateur : Valérie CARO
Responsable régional : Vincent MARAN
David W.P., Cohen D.M., 1968, A gobiid fish and a palaemonid shrimp living on an antipatharian sea whip in the tropical Pacific, Bulletin of Marine Science, 18(4), 749-761.
Munday P.L., Pierce S.J., Jones G.P., Larson H.K., 2002, Habitat use, social organisation and reproductive biology of the seawhip goby Bryaninops yongei, Marine and Freshwater Research, 53(4), 769-775.
Uyeno D., 2015, Systematic revision of the pennellid genus Creopelates Shiino, 1958 (Copepoda: Siphonostomatoida) and the proposal of a new genus, Zootaxa, 3904(3), 359-86.
Fowler H.W., 1932, Fresh-water fishes from the Marquesas and Society Islands, Occasional Papers of the Bernice Pauahi Bishop Museum of Polynesian Ethnology and Natural History, 9(25), 1-11.
Suzuki T., Bogorodsky S., Randall J.E., 2012, Gobiid fishes of the genus Bryaninops from the Red Sea, with description of two new species and two new records, Zootaxa, 3170, 1–17.
La page sur Bryaninops yongei sur le site de référence de DORIS pour les poissons : Fishbase
La fiche de Bryaninops yongei dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN