Limace charnue de couleur unie
Jaune pâle ou orange ou rouge-orangé
Manteau bombé
Organes et coquille internes parfois visibles par transparence
Side-gilled slug (GB), Bertellina di Edwardsi (I), Lesma-pêssego (P)
Berthellina engeli Gardiner, 1936
Mer Méditerranée et océan Atlantique oriental (du bassin d’Arcachon à l’Angola)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]On rencontre Berthellina edwarsii dans l'océan Atlantique oriental, par exemple en France (Arcachon, Hendaye...), en Espagne (dans les Asturies, autour de l'île de Gran Canaria...) ou encore sur les côtes africaines (comme les îles de Sal et Fogo (Cap Vert), au Sénégal, en Angola...).
Elle est également présente en mer Méditerranée (sur la Côte d'azur, en Languedoc-Roussillon ou sur la Costa Brava espagnole...). On a également pu la trouver en mer Egée, à Ayvalik (Turquie).
Cet animal sciaphile* se rencontre de la surface à marée basse jusqu'à 35 m. Il fréquente les substrats rocheux accidentés, avec de nombreuses anfractuosités pour s'y cacher la journée.
C'est une grande limace (de 50 à 60 mm de longueur) dont la couleur, généralement unie, va du jaune pâle translucide (stade juvénile) au rouge-orangé.
Son manteau, particulièrement bombé, présente parfois un aspect irrégulier et granuleux. Par transparence, on peut également, plus ou moins bien, distinguer sa petite coquille interne aplatie (tache plutôt claire) et ses glandes digestives (tache sombre située à l'arrière de l'animal).
Sur le haut de la tête, les deux rhinophores lisses et roulés (forme tubulaire) sont bien visibles. En revanche, il n'est pas toujours évident de voir son voile buccal triangulaire (sorte de bavette) et ses tentacules situés au niveau du substrat.
Lors de ses déplacements par reptation, l'animal présente un large pied.
Une branchie, généralement située sur le côté droit de l'animal, entre le pied et le manteau, peut également être observée, si tant est que l'animal veuille bien soulever légèrement son manteau.
Pour un plongeur, Berthellina edwardsii est la jumelle de Berthella aurantiaca (Risso, 1813).
Elles occupent toutes les deux la même aire de distribution (Atlantique oriental et Méditerranée), et ne présentent pas de signes distinctifs externes permettant de les différencier.
Si leur détermination ne s'effectue qu'après dissection, elle reste une affaire de spécialistes car il n'existe pas aujourd'hui de données précises anatomiques concernant Berthella aurantiaca, notamment parce qu'elle n'a été que très rarement observée en Méditerranée durant les cinquante dernières années.
L'identification peut également s'avérer délicate en présence d'une Berthella plumula (Montagu, 1803) car cette espèce se pare de la même robe (jaune pâle) que Berthellina edwardsii au stade juvénile.
Aussi, deux hypothèses sont avancées pour différencier le genre Berthellina de Berthella :
D'une part, Berthella aurait une coquille suffisamment grande pour couvrir quasiment toute la masse viscérale, alors que Berthellina n'aurait qu'une petite coquille et ne la couvrirait que très partiellement. Dans cet ordre d'idées, Berthellina serait plus molle, au toucher, que Berthella avec sa large coquille.
D'autre part, la tache sombre (des glandes digestives) serait plutôt blanchâtre chez Berthella, et plutôt brun foncé chez Berthellina.
Evoquons également Berthella stellata (Risso, 1826). Très cosmopolite, elle recoupe l'aire de distribution de Berthellina edwardsi. Petite, blanchâtre transparente à pâle, un dessin blanc opaque, grossièrement en forme d'étoile, marque le centre du dos et distingue l'espèce.
Cette espèce se nourrit de spongiaires et de tuniciers ascidiacés.
Comme tous les mollusques, à l'exception des bivalves, cet animal utilise sa puissante langue râpeuse appelée radula*, couverte de minuscules dents, pour racler sa nourriture et l'acheminer à la bouche.
Les pleurobranches sont réputés pour leur appétit important.
Tous les opisthobranches sont hermaphrodites*.
Les minuscules œufs sont pondus à l'automne et collés au substrat.
La ponte ressemble à un large ruban blanc gélatineux, souple et peu épais, déposé en spirale.
Proportionnellement à la taille de l'animal, la ponte est imposante.
C'est un animal sciaphile* majoritairement actif la nuit. La journée, on le trouve plutôt caché sous les rochers ou dans des anfractuosités. Des taches oculaires (des « yeux » internes) situées à la base des rhinophores, lui permettent de discerner la clarté de l'obscurité (jour / nuit).
L'animal est équipé de petites glandes sur son manteau qui peuvent sécréter une substance laiteuse blanchâtre, fortement acide, lorsque l'animal est stressé ou agressé. Cette substance acide et répulsive, permet de dissuader les poissons, qui le relâchent rapidement.
L'animal peut faciliter sa respiration en soulevant légèrement le manteau, de manière à mieux ventiler son unique branchie.
Pour différencier une Berthella d'une Berthellina, certains spécialistes suggèrent de les tâter pour apprécier la taille de la coquille interne. Quoiqu'il en soit, il convient de ne pas les pétrir car elles sont fragiles !
Déclinaison « à la française » du nom scientifique.
L'origine de Berthella ou Berthellina viendrait du nom de Sabin Berthelot (1794-1880), malacologue, originaire de Marseille, qui a publié « histoire naturelle des îles Canaries » avec P.B. Webb en 1835.
edwardsii = dédiée à Henri Milne-Edwards, zoologiste français (1800-1885).
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Pleurobranchida | Pleurobranchides | Coquille en coupelle plate, cachée ou absente. Cavité palléale représentée par une gouttière située sur le coté droit avec une branchie pourvue d’une double rangée de lamelles. Pas de lobes pédieux. Rhinophores enroulés. Tous marins. |
Famille | Pleurobranchidae | Pleurobranchidés | Manteau recouvrant le pied et la branchie latérale. Rhinophores canaliculés, voile buccal aux extrémités parfois enroulées. Coquille toujours interne. |
Genre | Berthellina | ||
Espèce | edwardsii |
Sur la roche
On remarquera les organes sombres par transparence sur ce superbe spécimen.
Arcachon, Mimbeau, 5 m
14/09/2002
De profil
Le pied est visible sous le manteau.
Socoa, Pyrénées-Atlantique, 17 m
20/07/2004
De face
Sur le haut de la tête, les deux rhinophores lisses et roulés (forme tubulaire) sont bien visibles.
Le Graillon, cap d'Antibes (06), 7 m
21/08/2010
Détail
Détail des rhinophores. C'est souvent la nuit que Berthellina edwarsii sort du creux des rochers.
Arcachon de nuit
23/05/1998
Accouplement
Sous un surplomb, accouplement dans la discrétion de deux individus, une ponte n'est pas loin.
Socoa, Pyrénées-Atlantique, 17 m
20/07/2004
Pontes
Deux pontes côte à côte. On peut distinguer de légères ondulations sur ces pontes rubanées.
Socoa, Pyrénées-Atlantique, 17 m
20/07/2004
Pontes
Les pontes sont localisées dans les anfractuosités de roches ou suspendues au plafond de petites grottes.
Arcachon de nuit
N/A
Glandes digestives
Par transparence, on peut également, plus ou moins bien, distinguer sa petite coquille interne aplatie (tache plutôt claire) et ses glandes digestives (tache sombre située à l’arrière de l’animal).
Socoa, Pyrénées-Atlantique, 17 m
20/07/2004
Méditerranée : Côte d'Azur
Deux individus de Côte d'Azur, montrant les nuances de teintes les plus fréquement rencontrées.
Le Graillon, cap d'Antibes (06), 3 m
21/08/2010
Rédacteur principal : Corinne RAVEL
Vérificateur : Denis ADER
Vérificateur : Vincent MARAN
Responsable historique : Denis ADER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
La page de Berthellina edwardsii dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN