Coquille fusiforme, élancée, d'une taille courante de 11 à 14 mm
Couleur brun pâle à marron, avec présence de 3 bandes plus foncées
Protoconque multispirale
Côtes axiales plus épaisses que les cordons
Présence d’un épaississement sous sutural
Encoche labiale peu marquée au niveau de la suture
Pas d’opercule
Animal hyalin, avec des taches et une ponctuation blanche
Raphitoma oceanicum Locard, 1891
Espèce présente en Manche et en Atlantique (y compris le détroit de Gibraltar)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Bela oceanica est présente en Manche et en Atlantique, depuis les côtes anglaises, sur les côtes du Portugal, de l'Espagne depuis les îles Canaries jusqu’au détroit de Gibraltar.
C'est une espèce du médiolittoral*, de l'infralittoral* et du circalittoral*, présente sur fonds meubles sableux ou vaseux*.
La coquille est fusiforme, élancée, solide, de taille moyenne pour le genre, d’une hauteur de 11 à 14 mm.
La protoconque* (premiers tours initiaux sur la coquille) est multispirale* de 2-2,5 tours, de couleur brun clair à brun foncé.
La téléoconque* (ensemble composé des autres tours) compte de 5 à 6 tours convexes séparés par une suture* bien marquée et sinueuse. Un bourrelet sous la suture, ceinture la coquille.
La sculpture (relief) se compose d’environ 8-9 côtes* axiales fortes, traversées par de fins cordons équidistants. L’espace entre les côtes est moins large que celles-ci. L’ouverture est étroite, ovale et se termine par un très court canal siphonal*.
L’encoche labiale* est peu profonde et la columelle* peu sinueuse. Le bord labial externe est mince et sans dents.
Il n’y a pas d’opercule*.
La couleur de fond de la coquille varie du brun pâle au marron, ceinturée par 3 bandes plus foncées, sous la suture, au centre du dernier tour et autour de la base. Sur les spécimens clairs, la bande foncée sous la suture est peu visible. Les inter-espaces entre les côtes sont également plus foncés. Des spécimens peuvent être également monochromes, marron clair à marron foncé.
Le corps de l'animal est hyalin*, orné de taches et de points blancs opaques désordonnés.
Le siphon est ponctué de blanc. Les tentacules* oculaires portent les petits yeux noirs vers leur extrémité.
Sous le dessous du pied, on observe une large bande blanche opaque sur la sole* et seule la périphérie de celle-ci, translucide, est ornée de taches blanches séparées.
Parmi les espèces du genre Bela sympatriques*, Bela oceanica peut principalement être confondue avec 2 Bela purement atlantiques :
Comme tous les membres de la super-famille des Conoidea, les Bela sont des espèces prédatrices. Leur radula*, de type toxoglosse*, possède des dents qui se sont transformées en harpons crantés, reliés à une glande à venin. Cette arme redoutable est utilisée pour capturer les proies dont elles se nourrissent.
Leur régime alimentaire semble être constitué principalement d’Annélides polychètes.
Les sexes sont séparés (espèce gonochorique*). Les œufs sont rassemblés dans des capsules ovigères* lisses et transparentes, lenticulaires, fixées à un support par leur surface plane. Les œufs blancs opaques sont répartis uniformément dans les capsules.
Les larves* véligères* ont une vie planctonique* longue. Le mode de vie larvaire est une caractéristique de l’espèce, dont le témoignage se retrouve sur la coquille, qui possède une protoconque multispirale (voir § Informations complémentaires).
Bela oceanica a comme prédateurs deux gastéropodes Naticidae sympatriques* : Euspira catena et Euspira nitida.
Ces natices repèrent leur proie grâce à leurs organes sensoriels. Elles enveloppent la Bela de leur pied musculeux et perforent leur coquille avec leur radula* et leur proboscis* qui secrète un enzyme* acide. Il s’ensuit un trou parfaitement rond par lequel le proboscis aspire les chairs prédigérées.
Également, des crabes s’attaquent aux Bela, mais certains individus semblent avoir bien résisté à ces attaques, vu les cicatrices et les repousses visibles sur leur coquille.
Les espèces du genre Bela peuvent avoir deux types de protoconque :
Bela océanique : francisation du nom scientifique de cette espèce : Bela oceanica.
Bela : du grec [belos] = dard, flèche. Ces gastéropodes portent une coquille en pointe de flèche.
Le Genre a été institué par le zoologiste britannique William Elford Leach (1790-1836), en 1847.
oceanica : de Oceanos, Océan, dieu du grand fleuve autour de la terre, dans la mythologie grecque.
Le naturaliste et malacologue français Arnould Locard (1841-1904), descripteur de cette espèce en 1891, l'a citée comme vivant dans le canal de la Manche et de l’océan Atlantique.
Numéro d'entrée WoRMS : 139218
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Super-famille | Conoidea | Conoidés | |
Famille | Mangeliidae | Coquille de taille petite à moyenne, caractérisée en général par une absence d'opercule, la présence d'un sinus anal profond sur la rampe sous-suturale et par un cal épais sur la pente de l'épaule de la lèvre externe | |
Genre | Bela | ||
Espèce | oceanica |
Couleur de la coquille
La coquille fait entre 11 et 14 mm de long. Elle est fusiforme, en pointe de flèche, élancée et montre une couleur brune, avec trois bandes plus foncées sous la suture, au centre du dernier tour et autour de la base.
Pleubian (22), Atlantique, dans une petite mare en bas d'estran
19/01/2025
Forme claire et forme foncée de Bela oceanica
Selon la nuance de la coquille, claire ou foncée, les détails de colorimétrie sont plus ou moins visibles.
Coquilles ex situ
02/2025
Sur le dos !
On distingue bien ici la protoconque multispirale de 2,5 tours, bicolore brun clair et brun foncé, témoin des premiers temps larvaires de l'animal.
Le bord labial externe est mince et sans dents, l’ouverture est assez étroite, ovale, et se termine par un très court canal siphonal bien visible sur cette photo.
Il n'y a jamais d'opercule dans la famille des Mangeliidae, à laquelle appartient le genre Bela.
Pleubian (22), Atlantique, dans une petite mare en bas d'estran
19/01/2025
Coquille de Bela oceanica annotée
Les principaux points caractéristiques et remarquables de l'espèce sont pointés sur cette image.
Coquille ex situ, annotée
02/2025
L'animal
Le corps de l'animal est hyalin, orné de taches et de points blancs opaques désordonnés. Il sort ici son pied.
Le siphon, que l'on voit émerger à droite est ponctué de blanc.
Et derrière le siphon, on distingue sur cette belle photo les deux tentacules oculaires, portant les petits yeux noirs à leur extrémité.
Pleubian (22), Atlantique, dans une petite mare en bas d'estran
19/01/2025
Vue sur la sole pédieuse
Sous le dessous du pied, on observe une large bande blanche opaque. Seule la périphérie de la semelle, translucide, est ornée de taches blanches séparées les unes des autres.
On remarque le siphon, à gauche derrière le pied.
ex situ, spécimen d'Atlantique
28/01/2025
Espèce proche, pour comparaison : Bela nebula
L'espèce atlantique Bela nebula montre quelques critères permettant de la distinguer de B. oceanica :
Les parties molles de l'animal sont marquées de grosses taches blanches opaques, la coquille présente des côtes axiales beaucoup plus marquées que B. oceanica et elle n'a pas le bourrelet saillant sous-sutural de cette dernière.
Sa coquille est finement rayée de blanc et elle est généralement plus petite que la bela océanique.
Ploubazlanec (22), océan Atlantique
03/02/2022
Espèce proche, pour comparaison : Bela zonata
Un des principaux moyens de distinguer Bela zonata de B. oceanica, indépendamment de ses caractéristiques physiques :
L'espèce a une couleur de fond blanc sale, avec une large bande spirale continue brune sous la suture.
Bela zonata est présente en Atlantique ainsi qu’en Méditerranée.
Coquille ex situ
02/2025
Espèce proche, pour comparaison : Bela atticae
Espèce méditerranéenne peu susceptible de croiser à ce jour Bela oceanica.
Bela atticae est plus petite que B. oceanica, avec une coquille de 8-11 mm. Son profil est plus convexe et on voit des bandes brunes présentes entre les côtes et absentes sur le sommet de celles-ci.
Coquille ex situ
02/2025
Rédacteur principal : André HOARAU
Vérificateur : Michel LE QUÉMENT
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Dautzenberg P., 1887, Une excursion malacologique à Saint-Lunaire (Ille-et-Vilaine) et aux environs de cette localité, Bulletin de la Société d’Etudes Scientifiques de Paris, 9(2), 27p.
Delaunois N., Sheridan R., 1989, Contribution à l'étude de la biologie des Turriidae des côtes européennes : Mangelia nebula (Montagu), Cah. Biol. Mar., 30, 347-359.
Locard A., 1891, Les coquilles marines des côtes de France, Annales de la Société Linnéenne de Lyon, 37, 55
Urra J., Gofas S., 2009, New records of Bela powisiana (Dautzenberg, 1887) (Gastropoda: Conidae) in southern Europe, Journal of Conchology, 40. 1-4.
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La page de Bela oceanica dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN