Corps en forme de losange, élevé et comprimé latéralement
Deux lignes bleues de chaque côté du museau
Nageoires dorsale (seconde partie), anale et caudale prolongées par de longs filaments
Première partie de la nageoire dorsale avec trois épines
Baliste vieille, bourse blanche, vieille femme (Antilles françaises)
Queen triggerfish, old wife (GB), Pejepuerco cachuo (E), Rotzahntriggerfisch (D), Koningin trekkervis (NL), Cangulo-real (P), Cangulo-rei, cangula-verdadeiro (Brésil)
Balistes bellus Walbaum, 1792
Balistes equestris Gronow, 1854
Balistes vetulas trinitatus Nichols & Murphy, 1914
Atlantique tropical Ouest et Est
Zones DORIS : ● CaraïbesLe baliste royal se rencontre dans les eaux de l'Atlantique Ouest, du Massachusetts au Brésil ainsi qu'au nord du golfe du Mexique et aux Caraïbes. Il est aussi signalé aux Açores.
Dans l'océan Atlantique oriental, il a été observé depuis le détroit de Gibraltar jusqu'aux côtes de l'Angola en incluant Madère, les Canaries, le Cap Vert et l'île de l'Ascension. Plus au nord, il s'est installé le long des côtes d'Europe jusqu'en Angleterre.
Ce poisson fréquente les fonds détritiques* et sableux adjacents aux récifs mais aussi les herbiers et les zones rocheuses. Il évolue en petit groupe ou en solitaire. Il est le plus souvent observé entre 5 et 30 mètres mais peut vivre à des profondeurs dépassant les 200 mètres.
La nuit, il se cale dans les crevasses du récif pour se protéger de ses prédateurs.
Les juvéniles restent à proximité d'un abri sur les étendues de sable ou les zones détritiques.
Le baliste royal a un corps en forme de losange, élevé et comprimé latéralement. Il peut mesurer jusqu'à 60 cm mais sa taille moyenne se situe entre 30 et 50 cm. Le derme est couvert de grosses écailles jointives mais ne se chevauchant pas et qui forment une carapace. Les yeux globuleux sont placés très haut sur la tête. Ils peuvent tourner indépendamment l'un de l'autre. La bouche est terminale, petite. Elle est rehaussée d'une ligne bleue qui lui donne un aspect plus grand. Les mâchoires sont munies chacune de huit incisives épaisses et pointues.
Le corps est de diverses teintes : violettes, bleues, jaunes, turquoise et vertes. La partie inférieure de la tête est jaune à jaunâtre ainsi que l'abdomen. La livrée peut devenir plus claire ou plus foncée de façon spectaculaire en fonction de l'humeur du poisson. Deux lignes bleues, légèrement incurvées, passent de chaque côté de son museau jusqu'à la base des nageoires pectorales. D'autres lignes noires à brun foncé rayonnent autour des yeux en lui donnant l'impression d'être maquillé de façon exagérée (d'où le nom vernaculaire antillais). Le dos est couvert de zébrures noires ou sombres.
Les nageoires dorsale (seconde partie), anale et caudale sont prolongées par de longs filaments qui se développent avec l'âge. Violettes ou turquoise, elles sont bordées d'une ligne plus claire. La première partie de la nageoire dorsale comporte trois épines. La première d'entre elles est longue et robuste. Elle est souvent repliée mais peut être tenue en position érectile par un dispositif de blocage constitué par la seconde épine (voir § divers biologie). Les nageoires pelviennes sont réduites à une épine enkystée dans une poche et qui peut se déployer. Le pédoncule caudal est cerclé d'un anneau le plus souvent blanc mais pouvant prendre une autre coloration en fonction de l'âge ou de l'humeur du poisson. Les opercules* sont de simples fentes au-dessus des nageoires pectorales.
Les très jeunes individus sont argentés ou gris avec des reflets jaunâtres. Des petits points sombres forment des lignes sur leur dos. En grandissant, les couleurs se rapprochent de celles des adultes tout en restant plus pâles. Les nageoires sont plus courtes.
Aux Caraïbes, du fait de ses forme et livrée caractéristiques, Balistes vetula peut difficilement être confondu avec une autre espèce fréquentant les mêmes eaux. Il pourrait être éventuellement pris pour B. capriscus, le baliste commun. Toutefois rare dans la zone, ce dernier s'en distingue d'emblée par l'absence de lignes bleues sur les joues.
Côté Atlantique Est, on retrouve encore B. capriscus parmi les balistes lui ressemblant mais aussi B. punctatus (baliste tacheté) de couleur grise avec de nombreux ronds bleus et points foncés sur la partie haute du corps. Chez celui-ci, trois ou quatre rayons de la partie molle de la dorsale sont prolongés par des filaments.
Une observation plus poussée permet de constater que seul B. vetula possède une caudale prolongée à la fois au niveau des rayons supérieurs et inférieurs.
Le baliste royal se nourrit, de jour, principalement d’invertébrés benthiques* (bivalves, étoiles de mer, crabes, crevettes, holothuries). Il est particulièrement friand d'oursins et notamment de l'oursin diadème (Diadema antillarum). Pour les attaquer, il les retourne en créant un courant en soufflant de l'eau dessus ou en les tirant par les piquants afin d'exposer la partie orale où les épines sont courtes. Il se nourrit aussi de macroalgues.
Chez cette espèce ovulipare*, les sexes sont séparés (gonochorique*) et il n'existe pas de dimorphisme* sexuel. Les balistes mâles règnent sur des territoires d'environ 10 mètres de diamètre où vivent une ou plusieurs femelles. La reproduction a lieu toute l'année, avec un pic vers la fin de l'année aux Caraïbes. Les nids en forme de bol sont creusés dans le sable par déplacements rapides afin de créer un courant ou en soufflant de l'eau par la bouche. Les œufs sont relâchés dans ces nids et fécondés. Le mâle défend farouchement sa progéniture et ceux qui s'en approchent de trop près sont chassés et risquent de sévères morsures. Les plongeurs ne sont pas épargnés. Une fois les œufs éclos, les larves se dispersent dans les courants d'eau.
Le baliste royal apprécie de se faire nettoyer par les crevettes et les juvéniles de certains poissons comme le poisson-ange français (Pomacanthus paru).
Il est parasité par de nombreux organismes, cestodes, copépodes (Taeniacanthus balistes) et nématodes (Cucullanellus travassosi et Contracaecum sp).
Carangues, mérous, requins et autres gros carnivores fréquentant les récifs font partie de ses prédateurs mais il n'est pas une proie aisée.
Les yeux, éloignés de la bouche sont ainsi à l'abri des longues épines des oursins, sa nourriture de prédilection.
La première épine dorsale peut se verrouiller en position verticale selon le système du cran d'arrêt : la base de la deuxième épine vient bloquer la première. Il est alors impossible de la rabattre, sauf en appuyant sur la troisième épine, la plus petite, ce qui débloque le système.
La nuit, les balistes dorment dans des anfractuosités, couchés sur le flan et s’y bloquent en relevant leur première épine dorsale, ce qui empêche leurs prédateurs de les déloger et leur permet de résister aux courants. Cette stratégie est utilisée durant la journée en cas de danger, notamment par les petits individus. Les balistes redressent également leur première épine dorsale pour impressionner un adversaire et lors de la parade nuptiale. L’épine pelvienne, érectile, participe de ces fonctions.
Pour se propulser, ils utilisent leur deuxième nageoire dorsale et la nageoire anale. La caudale sert à produire des accélérations quand cela est nécessaire. De ce cas, la nage se fait en s’inclinant sur le côté. Ce type de propulsion est parfaitement adapté au milieu corallien dans la mesure où il permet une maniabilité optimale (surplace, marche arrière, rotation sur son axe,…).
Comme tous les balistes, le baliste royal peut émettre des grognements quand il se sent en danger. Ces bruits sont produits par l'action de membranes spéciales juste derrière les pectorales, la vessie natatoire faisant caisse de résonance. Ils sont audibles par la plupart des poissons comme un avertissement à rester à l'écart.
En dehors des périodes de reproduction, c'est un poisson timide qui préfère prendre la fuite à l'approche d'un plongeur.
Baliste : ce poisson porte le nom d’une antique machine de guerre, sorte de catapulte, servant à lancer des projectiles : en référence à la première épine dorsale qui se redresse rapidement quand l’animal est menacé.
royal : du fait de la richesse de sa livrée.
Son nom vernaculaire anglais "triggerfish" part de la même idée, le mot « trigger » signifiant gâchette. La gâchette est la pièce interne du mécanisme d’une arme à feu qui arme le percuteur et que libère une pression sur la détente (souvent confondue avec la gâchette) : l’analogie concerne alors le mouvement du percuteur, ou le fait qu’il suffise d’appuyer sur le second rayon de la dorsale pour déverrouiller le premier.
Balistes : du latin [balist] = lancer ou machine à lancer, en référence à la façon dont la première épine de la nageoire dorsale se dresse et qui peut être comparée au mouvement du bras de la machine de guerre qu'est la baliste lors du tir ainsi qu'à son système de verrouillage.
vetula : du latin [vetula] = vieille ou vieille femme, peutêtre à cause de toutes les lignes sur la tête qui lui donnent un aspect ridé.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Tetraodontiformes | Tétraodontiformes | Groupe hétérogène mais absence d'écailles imbriquées, ouvertures branchiales réduites, bouche très peu fendue, pelviennes anormales ou absentes. |
Sous-ordre | Tetraodontoidei | Tétraodontoïdes | Mâchoires et dents transformées en "bec de perroquet". |
Famille | Balistidae | Balistidés | La première épine de la première nageoire dorsale peut se bloquer en position verticale. |
Genre | Balistes | ||
Espèce | vetula |
Spécimen représentatif
Un individu conforme à la description de l'espèce.
Playa del Carmen (Mexique), 20 m
2007
Livrée antillaise
Ce petit monsieur, toutes nageoires déployées ou presque, se faisait déparasiter près d'une épave richement colonisée.
Le Carbet, Martinique, 10 m
13/12/2016
Bouche et dentition
La bouche est terminale, petite. Elle est rehaussée d'une ligne bleue qui lui donne un aspect plus grand. Les mâchoires sont munies chacune de huit incisives épaisses et pointues qui permettent de broyer carapaces et coquilles.
Bouillante (Guadeloupe), 7 m
03/07/2011
Œil et pectorale
Les yeux globuleux sont placés très haut sur la tête, ce qui permet d'éviter les longues épines des oursins. Les opercules sont de simples fentes au-dessus des nageoires pectorales.
Bouillante (Guadeloupe), 5 m
08/04/2011
Flancs écorchés
Les flancs de cet individu sont particulièrement marqués, certainement pour avoir frotté de trop près coraux ou oursins. A moins que ce ne soit les traces d'une attaque par un prédateur ou un congénère.
Pointe Burgos (Martinique), 6m
29/12/2005
Couleurs cubaines
Une livrée où le bleu et le vert dominent. La première dorsale dressée marque une inquiétude chez ce poisson. Vincent s'est approché de trop près.
Cayo Largo (Cuba), 15 m
23/03/2009
Spécimen des Saintes
Si vous plongez aux Saintes (Guadeloupe) vous pourrez voir le baliste royal parmi la faune locale.
Les Saintes, 19 m
29/04/2011
Face à face
Cette photo prise lors d'un terrible face à face ;-) permet de suivre le tracé des lignes bleues de part et d'autre du museau.
Pointe des nègres (Martinique), 6 m
13/03/2009
De nuit
La nuit, le baliste royal dort dans des anfractuosités, couché sur le flan et s’y bloque en relevant sa première nageoire dorsale ce qui empêche ses prédateurs de le déloger et lui permet de résister aux courants.
Il adopte de plus une livrée particulière pour se fondre dans le décor.
Pointe de nègres (Martinique), 5 m
23/02/2007
la toilette
Rien de tel qu'un bon déparasitage ou un nettoyage de peau pour se sentir mieux. Ici, c'est un juvénile du poisson-ange français (Pomacanthus paru) qui s'y colle avec plaisir. Une association gagnant-gagnant.
Pointe de nègres (Martinique), 7 m
12/06/2009
Une cachette de fortune
Quand la fuite est impossible, le baliste royal se cale dans une anfractuosité ou une cachette de fortune (ici une éponge barrique) en relevant sa "gâchette". En espérant que le prédateur ne puisse pas le déloger. L’épine pelvienne, érectile, forme un autre moyen d'ancrage dans ces situations difficiles.
Pointe de nègres (Martinique), 15 m
07/03/2008
Très jeune individu
Ce très jeune individu arbore déjà une livrée intermédiaire qui se rapproche de celle des adultes. Par contre, les nageoires sont nettement plus courtes.
Guadeloupe, 9 m
25/03/2011
Bébé princier
Le petit baliste royal reste toujours près d'une cavité dans laquelle il s'engouffre à la moindre alerte.
Pointe de nègres (Martinique), 6 m
21/02/2009
Caché
Les balistes sont très drôles quand ils se cachent, car souvent, seule
la tête est vraiment dissimulée dans un trou de roche ou dans le sable.
Ici, l'œil est encore visible car le photographe est
encore à distance convenable pour lui. Quand ce dernier s'est rapproché,
l'œil est allé plus loin mais la cachette était limitée et le reste du
corps n'a pas pu suivre.
Malendure, Guadeloupe (971), 3 m
14/08/2014
Gravure ancienne
Cette gravure ancienne est extraite du tome 4 (Naturgeschichte Ausländischer Fische I, 1786), de l'Histoire Naturelle des Poissons (Allgemeine Naturgeschichte der Fische) de Marcus Élieser Bloch.
Cette image est libre de droits et provient de la Biodiversity Heritage Library.
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Reproduction de documents anciens
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Rédacteur principal : Jean-Michel SUTOUR
Vérificateur : Sylvie DIDIERLAURENT
Responsable régional : Jean-Michel SUTOUR
La page sur Balistes vetula sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase