Long corps effilé d'une taille moyenne de 18 à 20 m
Coloration de la tête dissymétrique : côté droit inférieur blanc, supérieur gris clair, côté gauche gris foncé
Crâne très légèrement bombé, en forme de V
Présence d'une arête sur le crâne, reliant les évents à la lèvre supérieure
Ventre et dessous des nageoires pectorales blancs
Petit aileron dorsal penché vers l'arrière aux trois quarts du dos
Hauteur du souffle de 4 à 6 m
Dos en rasoir, baleinoptère commune, physale commun, gibbar
Fin whale, finback whale, finner, razor back (GB), Rorcual comun, ballena de aleta (E), Balenottera comune (I), Finnwal, Finnfisch (D), Gewone vinvis (NL), Nagasu kuijira (Japonais)
Balaena physalus (Linnaeus 1758)
Mondiale
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-Ouest, ○ [Terres antarctiques françaises], ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Le rorqual commun se retrouve généralement dans les eaux tempérées et dans l'ensemble des eaux froides de l'hémisphère nord et sud. Il est moins présent dans les zones tropicales. Aucune observation à ce jour n'a été faite dans la Manche.
L'espèce Balaenoptera physalus est divisée en 2 sous-espèces : le rorqual commun boréal, Balaenoptera physalus physalus, pour l'hémisphère nord et le rorqual commun austral, Balaenoptera physalus quoyi, pour l'hémisphère sud. L'espèce Balaenoptera physalus physalus se répartit en 3 populations localisées respectivement en Méditerranée, dans l'Atlantique Nord, et dans le Pacifique Nord.
Le rorqual commun est une espèce migratrice allant des eaux froides riches en nourriture en période estivale aux eaux plus tempérées en hiver.
Le rorqual commun est une espèce océanique vivant généralement en eau profonde, pouvant fréquenter les côtes de certaines régions (comme aux Açores, en Corse, au golfe du Saint-Laurent) ou des zones peu profondes pour s'alimenter. Il descend généralement entre 100 et 200 m de profondeur, selon l'endroit où se trouve sa nourriture. La profondeur de plongée observée en Méditerranée, est en moyenne de 150 m, avec un maximum à 470 m.
Le rorqual commun est le second plus grand mammifère au monde après la baleine bleue.
Son corps est long et effilé et a une forme hydrodynamique. Sa taille est en moyenne de 18 à 20 m pour les individus de l'hémisphère nord et de 20 à 25 m pour ceux de l'hémisphère sud. L'espèce se caractérise par une dissymétrie de coloration au niveau de la tête : le côté inférieur droit est blanc, alors que le côté gauche est foncé. Chez certains spécimens, le côté droit de la mâchoire supérieure est gris clair. La tête vue du dessus est très légèrement bombée, en forme de V. Elle possède une arête unique qui va des évents* à la lèvre supérieure. Le ventre et le dessous des nageoires pectorales sont blancs.
Son aileron dorsal mesure environ 2 à 3% de la longueur totale (ou LT), soit en moyenne 45 à 60 cm. Il est falciforme* ou triangulaire formant un angle d'environ 135° avec l'avant du dos. Il est situé aux trois quarts du dos, proche de la caudale. Il n'est visible que lorsque l'ensemble de la tête est immergé.
La nageoire caudale mesure environ 21% de la LT, soit 4 à 5 m. Sa face dorsale est gris sombre, alors que la face ventrale est blanchâtre avec un liseré gris sur le bord de fuite (bord de l'arrière de la caudale). C'est par un mouvement ondulatoire vertical de cette nageoire que l'animal se déplace.
Les nageoires pectorales mesurent 11 à 12 % de la LT.
Sous la gorge, la peau forme des sillons, ou plis ventraux, dont le nombre varie de 50 à 100.
On retrouve sur chacun des côtés de la mâchoire supérieure, comme chez tous les mysticètes, une rangée de 360 à 430 fanons*. Ceux situés à l'avant de la bouche et du côté droit sont blanchâtres. Les autres sont jaunes à bleu-gris ou gris-brun. Les fanons mesurent en moyenne 70 cm de long pour une largeur de la base comprise entre 30 et 50 cm. Lorsque la bouche est fermée, la mâchoire inférieure dépasse la mâchoire supérieure d'une quinzaine de centimètres. Les yeux sont localisés à la commissure de la bouche. On peut compter jusqu'à une centaine de vibrisses* (poils servant d'organes sensoriels) sur les mâchoires.
Le souffle sortant des évents lors de la respiration est bruyant. Il atteint des hauteurs de 4 à 6 mètres dans un panache généralement étroit, qui peut également s'évaser. Par contre le souffle est invisible et peu audible lorsque l'animal est au repos.
Quatre espèces de baleines, dont la baleine bleue, Balaenoptera musculus, le rorqual de Rudolphi, Balaenoptera borealis, le rorqual de Bryde, Balaenoptera edeni, et le petit rorqual, Balaenoptera acutorostrata, peuvent être confondues avec le rorqual commun.
La baleine bleue, qu'on ne voit pas en Méditerranée, est plus grande que Balaenoptera physalus. Sa taille moyenne est de 24 à 26 m. Elle se différencie du rorqual commun selon les critères suivants : chez Balaenoptera musculus
- le renflement de chair à l'avant des évents est plus important,
- la tête est unie, de couleur ardoise,
- le crâne est plus plat et plus arrondi vu de dessus, en forme de U,
- les nageoires pectorales sont longues, représentant 15% de la longueur totale de l'animal.
Le rorqual de Rudolphi est plus petit que Balaenoptera physalus. Sa taille moyenne est de 14 à 16 m, 21 m au maximum. Il évite toutes les mers semi-fermées.
Il se différencie du rorqual commun selon les critères suivants : chez Balaenoptera borealis
- les deux côtés de la mâchoire inférieure sont de la même couleur grise,
- le museau est plus étroit, en forme de V,
- le profil est arqué et montre une arête médiane allant des évents à la lèvre supérieure,
- la couleur est gris sombre avec une zone au niveau des sillons ventraux blanchâtre ou grisâtre,
- la nageoire pectorale est plus courte, représentant 9 à 11% de la longueur totale,
- l'aileron dorsal est souvent falciforme et plus grand, soit 3 à 4,5 % de la LT. Il est positionné plus en avant que chez B. physalus, environ aux deux tiers du dos. L'angle entre l'aileron dorsal et le corps est presque à 90 degrés.
Selon les observations de terrain, le rorqual de Rudolphi arque légèrement le dos avant de sonder. Il est possible de voir l'aileron dorsal et l'évent en même temps.
Le rorqual de Bryde est plus petit que Balaenoptera borealis. Sa taille moyenne est de 12 à 15 m, avec un maximum de 15,6 m. Il fréquente les eaux tropicales et subtropicales de tous les océans où la température de l'eau est d'environ 20 °C.
Il se différencie du rorqual commun selon les critères suivants : chez Balaenoptera edeni, le museau est étroit, en forme de V, et comporte 3 crêtes parallèles qui vont des évents à la lèvre supérieure. C'est le seul rorqual possédant ces trois crêtes longitudinales. L'angle entre l'aileron dorsal falciforme et le dos est moins élevé que chez B. physalus.
Le petit rorqual est le plus petit de tous : sa taille moyenne est de 6 à 8 m, avec un maximum de 10m. Il est facile de l'identifier car l'aileron dorsal apparaît en même temps que l'évent. De plus, il possède une bande blanche sur les nageoires pectorales.
La sous-espèce Balaenoptera physalus quoyi a un corps plus grand que B. p. physalus, mesurant entre 20 et 25 m (27 m maximum) et pesant 60 à 80 tonnes, alors que celui de B. p. physalus mesure en moyenne 18,5 m (24 m maximum) pour un poids de 40 à 50 tonnes. Les nageoires pectorales de B. p. quoyi sont plus longues et fines.
Le rorqual commun est une baleine que l’on nomme "engouffreuse", car la technique d’alimentation repose sur les capacités du rorqual à engouffrer en un temps court, en ouvrant de manière béante sa gueule, de très grandes quantités d’eau (20 à 25 000 litres) et d’aliments puis de filtrer l’eau au travers de ses fanons* en refermant sa gueule et en contractant les muscles peauciers.
L’alimentation est généralement composée de krill (Euphausia superba, Meganyctiphanes norvegica) et de poissons tels que les harengs, sardines, lançons, capelans.
Un rorqual commun de 22 mètres et 62 tonnes doit effectuer environ 73 filtrations pour avaler les 2,2 tonnes de nourriture qui lui sont nécessaires chaque jour. En Méditerranée les rorquals communs s’alimentent généralement la nuit.
La maturité sexuelle est atteinte entre 6 et 7 ans chez les mâles et entre 8 et 9 ans chez les femelles, à une taille d'environ 18 à 19 m. Les femelles sont plus grandes que les mâles.
Les accouplements se font toute l'année mais généralement dans le sud entre avril et juillet et dans le nord de novembre à mars. La gestation est d'environ 11 mois. Des travaux de recherche ont montré que la prise du gras fœtal se fait essentiellement en fin de gestation.
Les naissances ont lieu pour la population du sud entre juin et juillet et pour la population nord de décembre à janvier dans les eaux chaudes. En Méditerranée, la température de l'eau au moment des naissances est comprise entre 15 et 18 °C. Le petit à la naissance mesure 6,5 m pour un poids de 4 tonnes (soit 7 % du poids maternel). L'allaitement dure environ 6 à 7 mois. Pendant cette période, le petit absorbe chaque jour 72 litres de lait contenant 33 % de graisse. Il atteint une taille de 12 m pour un poids d'environ 15 tonnes. Un lien social fort rapproche le petit et sa mère. Le temps séparant 2 naissances est généralement de 2 à 3 ans. Le pourcentage de femelles gestantes entre 10 et 90 ans est assez stable. Des naissances de sextuplés ont été observées. La naissance de jumeaux n'est pas rare et représente environ 1 à 2 % des naissances.
La présence des organes reproducteurs mâle et femelle a été décrite chez un rorqual commun.
Des colorations jaunâtres sur la face ventrale sont dues à des diatomées. On peut également observer des petites taches blanches sur les flancs, dues probablement à l'accrochage de lamproies. Les parasites externes sont des crustacés de la famille des cirripèdes, des copépodes et malacostracés. Des nématodes géants de l'espèce Crassicauda boopsis, néfastes dans certains cas à la survie de l'animal, parasitent le système digestif.
La baleine bleue, Balaenoptera musculus, le petit rorqual, Balaenoptera acutorostrata, les dauphins, le béluga, Delphinapterus leucas, le dauphin à flancs blancs, Lagenorhynchus acutus, et certains oiseaux, peuvent être observés en contact avec le rorqual commun. Des rorquals communs ont été vus se nourrissant de harengs auprès d'orques.
Erreurs d'identification
Des erreurs de nomenclature et de taxonomie entre Balaenoptera musculus et Balaenoptera physalus sont à la base de nombreuses erreurs d'identification.
- Cuvier en 1836 a nommé celui qui est de nos jours le rorqual commun : rorqual de Méditerranée, Rorqualus musculus,
- et Van Beneden et Gervais, dans leur ouvrage de référence des années 1868-79 « traité d'ostéographie des cétacés vivants et fossiles » nomment le rorqual commun, Balaenoptera musculus et la baleine bleue Balaenoptera sibbaldii.
Une de ces confusions se retrouve de nos jours sur la pancarte explicative du rorqual commun échoué en 1885 à Luc-sur-Mer (Calvados) et présenté au musée de la baleine de Luc, qui mentionne une Balaenoptera musculus alors que le squelette de rorqual exposé est bien celui de Balaenoptera physalus.
Génétique
Le rorqual commun fait partie des balaenoptéridés, ou rorquals, et possède 2n=44 chromosomes. Dans l'évolution des espèces il existerait un point de divergence il y a 3,5 à 5 millions d'années entre le rorqual commun et la baleine bleue. Le rorqual commun est donc génétiquement proche de la baleine bleue et des hybrides ont été observés provenant de l'accouplement de rorqual commun et de baleine bleue.
Pigmentation particulière
Durant des campagnes baleinières en Antarctique, des cas de rorquals communs albinos ont été mentionnés.
Séquence respiratoire
Le rorqual commun émet 3 à 10 souffles par intervalles de 10 à 20 secondes entre deux plongées. Lorsqu'il sonde, le dos et le pédoncule caudal sont très bombés et la nageoire caudale est rarement visible.
Le cycle sonde-surface est lié à l'activité. Lors des phases de chasse, la séquence respiratoire est courte (12 à 15 respirations par intervalles de 15 à 20 secondes) alors qu'au repos la séquence respiratoire est plus espacée. Les temps de plongée sont compris entre 3 et 10 minutes. Des temps de plongée de 10 à 20 minutes ont été observés dans l'Atlantique Nord, jusqu'à 30 minutes en Méditerranée (ce qui reste exceptionnel). La vitesse de descente est d'environ 200 m par minute.
Le panache
Le panache observable lorsque la baleine revient à la surface et expire est composé d'un mélange d'air et de mucus provenant des voies respiratoires. L'air, chargé de vapeur d'eau, se détend de manière brutale lors de l'expiration et se condense si la température extérieure est plus élevée.
A l'époque de la chasse à la baleine, l'expression « la baleine fleurit » évoquait une baleine harponnée dont le panache était rougeâtre, couleur provenant d'un mélange de sang, mucus et de vapeur d'eau.
Vitesse de déplacement
Le rorqual commun est une des baleines les plus rapides avec des vitesses pouvant atteindre 37 km/h sur des courtes distances. Sa vitesse de croisière se situe entre 7 et 12 km/h.
Lors de la migration, les rorquals communs du sud parcourent environ 4 500 km en 1 mois, soit une moyenne de 150 km par jour.
Prédateurs
Jusqu'aux années 80 qui correspondent à la fin de la chasse commerciale, l'homme a été le principal prédateur du rorqual commun. L'orque Orcinus orca attaque rarement cette espèce qui se déplace rapidement. Néanmoins, on peut voir des traces de morsure sur la peau des rorquals.
Longévité
La durée de vie du rorqual commun est d'environ 80 à 90 ans, mais des individus plus âgés ont été observés. Le pourcentage d'individus mourant chaque année de mort naturelle est d'environ 4 % chez les adultes et 12 % chez les jeunes.
Comportement
Généralement les rorquals nagent en solitaire ou par deux. Ils peuvent se rassembler par groupes allant de quelques dizaines à quelques centaines d'individus lorsque la nourriture est abondante.
Certains groupes peuvent se synchroniser pour former des files qui sondent et remontent en même temps. Ils sautent parfois hors de l'eau, retombant soit sur le côté soit sur le ventre.
Des observations en Méditerranée font état des pourcentages suivants : dans 60 % des cas les animaux sont solitaires, dans 30 % ils vont par deux, dans 1 % des cas ils forment un groupe de plus de 5 individus.
Communication
Le rorqual commun émet des gémissements ou des meuglements pour communiquer. Il émet également des pulsations assez différentes dans une gamme allant de 20 à 100 Hz. L'intervalle des vocalisations est de 9 secondes à des basses fréquences de 20 Hz et de 0,9 seconde entre 20 et 42 Hz. L'intensité peut atteindre les 160 à 190 dB. Il est possible d'entendre les sons émis par certains rorquals communs à plus de 160 km.
Dimorphisme sexuel
Le dimorphisme sexuel primaire est une différence de taille entre les mâles et les femelles, ces dernières étant plus grandes de 5 à 10 %. Selon certains chercheurs, il existerait un dimorphisme sexuel secondaire se manifestant au niveau de la mâchoire. Les cinquante premiers centimètres de la mâchoire seraient plus épais chez les mâles ayant atteint la maturité sexuelle que chez les femelles.
Pollution et autres dangers
Le pétrole des marées noires, le bruit sous les océans produits par les bateaux et les sonars militaires, la diminution du krill due au changement climatique, la prise dans des filets de pêche, mettent en danger cette espèce.
La pollution des océans par des organochlorés comme les PCB et DTT affecte les animaux. On retrouve des concentrations plus importantes d'organochlorés chez les individus de l'Atlantique Nord que ceux de l'Antarctique. On retrouve également de nombreux métaux lourds comme le zinc, le cuivre, le cadmium, le plomb, le chrome et le mercure.
Le trafic maritime mondial est également un facteur critique et met en danger les rorquals communs ou les cachalots. Au sein du sanctuaire Pelagos (espace protégé d'eaux internationales via un accord franco-italo-monégasque) des dispositifs permettant de diminuer les collisions entre les baleines et les navires sont testés depuis plusieurs années. 65 grands cétacés ont été tués par collision depuis les années 70, soit 1 à 2 cas connus chaque année. Mais ces chiffres sont très largement sous-évalués (d'un facteur 20 à 30) : l'observation de rorquals échoués a montré que 16 à 20 % étaient morts du fait d'une collision non répertoriée en tant que telle. Balaenoptera physalus semble l'espèce la plus touchée par les collisions.
Taille, poids et divers
Le rorqual commun aura atteint les 95 % de son poids adulte vers l'âge de 9 à 13 ans.
Une formule, a été établie permettant d'estimer le poids en fonction de la taille : log(P) = log(a) + b*log(L) où P désigne le poids en tonne, L désigne la longueur en mètre, a et b désignent des constantes dont les valeurs ont été établies expérimentalement : a=0,0015 et b=3,46.
La circonférence maximale est située entre 40 et 50 % de la longueur maximale.
Quelques caractéristiques au sujet des tissus et organes du rorqual commun sont présentées ci-dessous :
- Le cerveau pèse environ 5 à 8,3 kg, soit 0,01 % du poids du corps de l'animal.
- La langue pèse 0,9 8 tonnes.
- Le corps du rorqual commun est composé de 11,3 à 23,7 tonnes de muscles, ce qui représente environ 45 % du poids total du corps. Le panicule adipeux, c'est à dire la couche de gras sous la peau, pèse 2,8 à 7,7 tonnes.
- Le cœur pèse 142 à 252 kg. Le rythme cardiaque observé sur un animal échoué en 1959 à Cap Cod (côte Est des Etats-Unis) était de 8,25 battements par minute.
- Les poumons pèsent 272 à 310 kg pour un volume d'environ 3350 litres.
- Les testicules pèsent 2,8 kg pour un animal de 50 tonnes.
- Le foie pèse 371 à 442 kg, et l'estomac, 735 à 760 kg
- Les yeux ont la taille d'une orange (pour un rorqual commun de 18 m) soit environ 12 cm.
SqueletteLes os représentent 15 % en moyenne du poids total du rorqual. Les vertèbres pèsent 3,4 à 6,1 tonnes, les côtes 1,4 à 1,9 tonnes, l'omoplate 314 à 402 kg. La mâchoire inférieure ou mandibule* pèse 1,1 à 1,3 tonnes. Le crâne, sans la mandibule, pèse 1,6 à 2,5 tonnes.
Le rorqual commun possède 60 à 63 vertèbres se répartissant en 7 vertèbres cervicales, 16 thoraciques (les plus longues se trouvant en position 6 et 7), 13 à 16 lombaires et 24 à 27 caudales. Les vertèbres, généralement libres, peuvent se souder chez les baleines âgées.
La main de la nageoire comporte comme chez toutes les baleinoptères 4 doigts, le doigt III s'atrophiant durant le processus de développement. La forme du sternum* varie d'un individu à l'autre. Les 2 os pelviens, vestiges des membres inférieurs des mammifères terrestres dont les cétacés sont les descendants, sont de forme triangulaire. Ils sont plus petits chez la femelle que chez le mâle. Chez ce dernier, ils peuvent atteindre 70 cm.
Les squelettes des cétacés peuvent garder les traces de blessures subies par l'animal. Le cas typique est le squelette du rorqual commun de Luc-sur-Mer sur lequel on peut observer des côtes cassées puis ressoudées. Ce spécimen a probablement heurté un navire.
Différentes maladies peuvent toucher le squelette des rorquals comme l'ostéomyélite des vertèbres ou la spondylarthrite de la colonne vertébrale.
Selon Pierre-Henry Fontaine, anthropologue français établi au Québec, le montage de certaines parties des squelettes de cétacés n'est fait que de manière approximative et non-conforme à la réalité. En 2001 l'une de ses hypothèses sur le placement correct de la mandibule a été validée par d'autres chercheurs. Celle-ci est placée beaucoup trop en arrière et horizontale, alors que la bonne position est de placer la courbure de la mandibule dans l'axe vertical. Les os pelviens sont généralement placés très proches des vertèbres, alors qu'en réalité ils sont situés sous la couche de graisse approximativement au niveau de fente génitale. La bonne position se situe dans un plan passant entre les vertèbres lombaires et caudales. Depuis cette date certains musées ont commencé à corriger ces erreurs. Au Muséum d'Histoire Naturelle de Nantes, de Toulouse ou d'Oklahoma, il est maintenant possible d'observer des squelettes de rorqual commun dont la mandibule est positionnée de manière naturelle.
Les crânes de la baleine bleue, du rorqual commun et du rorqual de Rudolphi présentent des caractéristiques différentes détaillées ci-dessous.
Chez la baleine bleue (B. musculus), la longueur du crâne est supérieure à 5 m, le rostre vu du dessus est en forme de U, avec des bords convexes, les os sont courts et larges.
Chez le rorqual commun (B. physalus), la longueur du crâne varie de 4,5 à 5 m, le rostre vu du dessus est en forme de V, les os nasaux sont petits, avec le bord antérieur concave, plus trapus que chez B. musculus
Chez le rorqual de Rudolphi (B. borealis), la longueur du crâne est inférieure à 4 m, le rostre vu du dessus est en forme de V, les os nasaux sont longs et étroits. Le vomer, qui est un os qui constitue la partie postéro-inférieure de la cloison nasale n'est pas élargi à son extrémité au contraire de B. physalus.
Effectifs
Les rorquals communs se répartissent de la façon suivante :
- 30 000 dans l'Atlantique Nord
- 3 200 dans l'ouest du Groenland
- 5 700 en mer de Behring, dans les îles Aléoutiennes et dans le golfe de l'Alaska
- 3 300 sur la côte ouest des Etats-Unis
- 2 800 sur la côte est des Etats-Unis et dans le golfe du Saint-Laurent
- 17 400 dans la zone s'étendant de l'Espagne aux îles Britanniques
- 2 000 à 3 000 en Méditerranée. En été l'observation est rare dans le bassin oriental et fréquente dans la zone occidentale.
- 15 200 en Antarctique.
Il est possible d'observer des squelettes de rorqual commun dans les musées suivants :
- « Musée Maritime, Fluvial et Portuaire» à Rouen (France), 12 m
- « Musée de la Baleine » à Luc sur Mer (France), 19 m
- « Muséum d'Histoire Naturelle » à Nantes (France), 18,6 m
- « Muséum d'Histoire Naturelle » à Toulouse (France), 18 m
- « Musée de la Baleine du Dom. de Jugnes » à Port la Nouvelle (France), 20 m
- « Museum de l'Institut Royal des Sciences Naturelles » à Bruxelles (Belgique)
- « Meeresmuseum » à Stralsund (Allemagne), 15 m
- « Nordsee Museum » à Bremenhaven (Allemagne)
- « Naturmuseum Senckenberg » à Frankfurt (Allemagne)
- « Kulturverein Sol'ring Foriining e.V » à Sylt-Ost (Allemagne)
- « Nationalmuseum » à Prague (République tchèque)
- « Natural History Museum » à Budapest (Hongrie)
- « Musée Océanographique de Monaco » (Principauté de Monaco), 18 m
- « Naturhistoriches Museum der Burgergemeinde » à Bern (Suisse)
- « Natural History Museum (Certosa di calci) » à Pise (Italie), 20,8 m
- « University Museum of Zoology » à Cambridge (UK), 21 m
- « National Aquarium » à Galway (Irlande), 18,3 m
- « National History Museum » à Dublin (Irlande), 20 m
- « Natural History Museum » à Bergen (Norvège), (1er) 18,5 m
- « Natural History Museum » à Bergen (Norvège), (2ème) 15,7 m
- « The Whale Interpretive Centre » à Telegraph Cove (Canada), 18,3 m
- « Science North » à Sudbury (Canada), 20 m
- « Natural History Museum » à Los Angeles (USA), 19,2 m
- « Museum of Nature and Science » à Denver (USA), 17,1 m
- « Museum of Osteology » à Oklahoma (USA), 16,8 m
- « Van Andel Museum Center » à Grand Rapids (USA), 23,2 m
- « El Centro de Estudios de Desiertos y Océanos » à Puerto Penasco, Sonara (Mexique), 16,8 m
- « Museu do Instituto de Pesca » à Santos (Brésil), 18 m
- « Otago Museum » à Dunedin (Nouvelle Zélande), 16,8 m
- « Van Thuy Tu Temple» à Phan Thiet (Vietnam), 22 m
- « Natural History Display of the Zoological Gardens » à Rangoon (Birmanie), 21,9 m
- « Port Locroy » en extérieure, Péninsule Antarctique
En milieu naturel : dans le détroit de San Juan (USA) un squelette de rorqual commun gît à une profondeur de 90 m.
Selon la classification de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), le rorqual commun est classé dans la catégorie des espèces « en danger ». Cette classification prend en compte que sur les 3 dernières générations, l'estimation de la réduction de la taille de la population est supérieure à 50 % et les causes de cette réduction soit n'ont pas cessé, soit n'ont pas été comprises, soit peuvent ne pas être réversibles.
Durant des siècles on a exploité les richesses des cétacés, car ils pouvaient offrir de multiples produits dérivés tel que de l'huile (pour l'éclairage, chauffage), de la viande, des fanons (baleines pour corset et parapluie), les os ou le cuir (ceinture). Le rorqual commun étant une baleine rapide, son commerce n'a vraiment débuté qu'avec l'invention du canon lance harpon et le développement des bateaux à moteur à la fin du 19ème siècle. Les Norvégiens au début du 20ème siècle vont révolutionner la manière de capturer les cétacés en développant les premiers « bateaux usines ».
En 1910, 1 303 rorquals communs seront capturés, avec les prises les plus importantes réalisées entre 1948 et 1963 avec en moyenne par an 29 290 rorquals communs. Le pic se situe en 1955 avec 32 185 captures. Selon les sources de la commission baleinière internationale (IWC), environ 900 000 rorquals communs auraient été capturés de 1910 à 1985.
Depuis les années 70, le rorqual commun est protégé dans les océans de l'hémisphère sud et le Pacifique Nord. Depuis 1986 la chasse commerciale du rorqual commun est interdite dans l'Atlantique Nord. Il existe néanmoins des autorisations spécifiques « chasse scientifique, chasse aborigène et chasse commerciale » permettant à certains pays comme le Japon, l'Islande, le Danemark ou le Groenland de continuer à chasser sous quota. Au Japon, un nouveau programme pour le prélèvement annuel de 10 rorquals communs a débuté en 2005. En 2006 l'Islande a repris son activité de chasse commerciale du rorqual commun. Le quota annuel de capture que l'Islande s'est fixé entre 2009 et 2013 est de 150 animaux. Le Danemark pratique quant à lui la chasse aborigène chaque année et prélève 19 rorquals communs (quotas par an de 2008 à 2012 soit au total 95 rorquals communs).
Le 21-25 juin 2010 s'est réuni à Agadir la 62ème réunion de la Commission Baleinière Internationale qui devait permettre de reconnaître la chasse pratiquée par les pays membres durant les 10 prochaines années avec en contre partie un contrôle et une réduction des prises, mais pour l'instant aucun accord n'a pu émerger suite à ces discussions.
Le rorqual commun a été nommé ainsi car c'est le rorqual que l'on rencontre le plus souvent le long des côtes françaises, régulièrement en Atlantique et Méditerranée. Par ailleurs, "rorqual" est le nom commun donné à plusieurs espèces du genre Balaenoptera et à une espèce du genre Megaptera. Il désigne les baleines possédant des sillons ventraux sous la gorge. Il aurait pour origine le mot norvégien røyrkval.
Balaenoptera : du latin [balaena] = baleine et du grec [pteron] = nageoire, pour désigner les cétacés pourvus d'un aileron dorsal. En effet, les baleinoptères se distinguent des baleinidés essentiellement par la présence de sillons ventraux et d'un aileron dorsal.
physalus : du grec [physalis] = souffleur, rempli de vent, sorte de cétacé, faisant ainsi allusion au jet de vapeur d'eau s'échappant de leur narine.
Numéro d'entrée WoRMS : 137091
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Mammalia | Mammifères | Vertébrés possédant des poils et des glandes mammaires produisant du lait. |
Sous-classe | Theria | Thériens | La paroi latérale du crâne est constituée de deux os particuliers: l'alisphénoïde et le squamosal. |
Super ordre | Eutheria | Euthériens | Présence d'une dentition lactéale et d’un développement embryonnaire effectué entièrement dans l'utérus (mammifères placentaires). |
Ordre | Cetacea | Cétacés | Mammifères aquatiques possédant des nageoires à la place des pattes. Narines situées au sommet du crâne. |
Sous-ordre | Mysticeti | Mysticètes | Cétacés caractérisés par la possession de fanons et de deux évents. |
Famille | Balaenopteridae | Balaenoptéridés | Famille des rorquals |
Genre | Balaenoptera | ||
Espèce | physalus |
Tête du rorqual commun
Cette photo montre parfaitement la dissymétrie de coloration typique chez cette espèce : une pigmentation blanche de la peau sur la mâchoire droite très en contraste avec la peau grise. On observe bien le plat de la tête et les évents.
Saint-Pierre et Miquelon
2007
Détails des évents
Les deux évents sont protégés par un renflement de chair plus réduit chez le rorqual commun que chez la baleine bleue.
Saint-Pierre et Miquelon
2007
Deux rorquals communs
Généralement les rorquals nagent en solitaire ou par deux. Ils peuvent se rassembler par groupes allant de quelques dizaines à quelques centaines d'individus lorsque la nourriture est abondante.
Saint-Pierre et Miquelon
2007
Début de la sonde
Lorsque le rorqual commun commence à sonder, le dos et le pédoncule caudal sont très bombés et la nageoire caudale est rarement visible.
Saint-Pierre et Miquelon
2007
Zoom sur la nageoire dorsale
L'aileron dorsal est falciforme formant un angle d'environ 135° avec l'avant du dos. Il est situé aux trois quarts du dos, proche de la caudale. Il n’est visible que lorsque l’ensemble de la tête est immergé.
Saint-Pierre et Miquelon
2007
Cicatrices
Beaucoup d’animaux ont des marques sur le corps provenant généralement de la collision avec des navires.
Au large de Porquerolles (83)
06/2010
Parasites
On peut observer sur cet individu des petites taches blanches sur les flancs. Il s'agit des marques laissées par les lamproies lorsque celles-ci s'accrochent.
Au large de Porquerolles (83)
06/2010
Nageoire pectorale
On observe distinctement la coloration grisâtre et les taches blanches de la nageoire pectorale. Cette nageoire permet au rorqual de s’équilibrer.
Saint-Pierre et Miquelon
11/06/2008
Prédation
L’alimentation est généralement composée de krill et de poissons tels que les harengs, sardines, lançons, capelans. Un rorqual commun de 22 mètres et 62 tonnes doit avaler 2,2 tonnes de nourriture chaque jour.
Saint-Pierre et Miquelon
30/11/2009
Souffle
Le souffle émis par le rorqual commun est bruyant. En forme de V, il varie en hauteur entre 4 à 6 mètres. Le rorqual commun émet 3 à 10 souffles par intervalles de 10 à 20 secondes avant de sonder à nouveau.
Saint-Pierre et Miquelon
12/09/2009
Vue globale du squelette
Squelette monté, provenant d’un rorqual commun mâle de 40 tonnes, 19 mètres de long et 12 mètres de circonférence. Il s'est échoué en Janvier 1885 sur la plage au lieu dit « au Moulin de Luc » sur la localité de Langrune sur Mer (14). Depuis 1938, le squelette est visible dans le parc municipal de la ville de Luc-sur-Mer (14).
Musée de la Baleine de Luc-sur-Mer (14)
04/2009
Cervicales
Le crâne commence en "Cr". Puis on voit les cervicales 1 à 7 qui ne sont pas soudées, comme c'est généralement le cas. Chez certains spécimens âgés ou bien atteints de maladie, les vertèbres peuvent être soudées. "C1d" et "C1g" désignent les premières côtes droite et gauche.
Musée de la Baleine de Luc-sur-Mer (14)
04/2009
Main
1 : Omoplate
2 : Humerus
3 : Ulna (cubitus)
4 : Radius
5 : Les os du carpe
d1 à d5 : les 4 doigts. Le rorqual commun possède 3 à 4 phalanges au 1er doigt, noté d1 sur la photo, 6 phalanges au doigt 2, noté d2, 5 à 6 phalanges au doigt 4, noté d4, et 3 à 4 phalanges au doigt 5, noté d5. Apparemment, il existerait également des erreurs au niveau du montage des doigts.
10 : Vue des côtes 5, 6 et 7 droites, cassées et ressoudées. Un hématome d’une centaine de litres était présent autour de la fracture lors de la dissection en 1885, probablement du à une collision avec un navire. C'est peut-être l'une des raisons de l’échouage du rorqual.
Musée de la Baleine de Luc-sur-Mer (14)
04/2009
Rédacteur principal : Patrick VERASDONCK
Rédacteur : Sylvie HUET
Vérificateur : Laurent FEY
Correcteur : Alexandre GANNIER
Responsable régional : Sylvie HUET
La page de Balaenoptera physalus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN