Eolidien très coloré au corps long et fin
Couleur du corps rose à pourpre
Cérates bleus à la base puis jaunes puis orange
Rhinophores lamellés pourpres à violets avec une tache jaunâtre antérieure et partant d'une base commune
Tentacules oraux pointus, roses avec terminaison blanche
Gaudy aeolid (GB / Atlantique Ouest)
Rioselleolis anadoni Ortea, 1979.
Il s'agit de la description initiale, d'après un seul individu du nord de l'Espagne (collecté à Ribadesella), Jesus Ortea ayant créé le genre Rioselleolis à cette occasion.
Ce sont Rolán et al. qui en 1991 ont transféré l'espèce vers le genre Babakina, suite à une étude nouvelle et à des échanges personnels avec R. Roller, descripteur de ce genre en 1973.
Côtes atlantiques de l'Espagne, du Portugal et de la France, peut-être Caraïbes
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● CaraïbesL'espèce a été initialement décrite depuis les Asturies espagnoles. Sa distribution s'est étendue ensuite plus au sud de l'Espagne atlantique et du Portugal ainsi que dans l'archipel des Canaries.
En France, il y a quelques très très rares signalements : le premier date de 2015, sur l'estran breton, dans le Finistère. Par la suite, d'autres rencontres, toujours dans la même zone, ont été rapportées sur le Forum DORIS.
Babakina anadoni a été aussi signalée dans les Bahamas et au Brésil (sous B. festiva mais requalifiée par les redescripteurs du genre, Gosliner et al. en 2007) ainsi que dans les Caraïbes, y compris dans les Antilles françaises.
Ces occurrences de B. anadoni dans l'Atlantique Ouest demandent peut-être à être reconfirmées mais l'espèce est pour l'heure admise comme vivant dans les Caraïbes.
On rencontre généralement l'espèce sur les fonds rocheux de l'infralittoral*.
Un exemplaire a été rencontré sur l'estran* breton.
Ce bel éolidien très coloré possède un corps fin et allongé. Sa taille peut atteindre 25 mm.
Le corps est de couleur rose translucide à pourpre, voire un violet terne selon les régions.
Sur la tête, une marque longiligne, jaunâtre à blanche, court depuis le mufle jusqu'aux rhinophores*.
Au-devant de la tête, les tentacules* oraux roses sont très allongés, très pointus et sont marqués de jaune blanchâtre à leur extrémité. Les tentacules propodiaux* (angles antérieurs du pied) sont rose pourpre. Les rhinophores sont pourpres, roses ou violets, d'une couleur plus soutenue que celle du corps, avec un apex* et une tache jaune pâle sur la face antérieure (face non lamellée) du rachis. Les deux rhinophores partagent une base commune. Chacun porte entre 20 et 30 lamelles bien visibles sur leurs faces costales et postérieure. Au pied des rhinophores, on peut distinguer un petit point noir : c'est la tache oculaire.
Sur le dos, les cérates* montrent des couleurs très vives : bleu foncé à la base, avec une face supérieure jaune ainsi qu'une bande subapicale orange. L'apex* est blanc translucide et peu visible. Modérément allongés, ces cérates s'implantent juste derrière les rhinophores et ils se présentent couchés dorso-latéralement vers l'arrière, en 22 à 30 rangées de 2 à 4 cirres*. Leur longueur diminue progressivement en allant vers la queue.
Seule une petite partie du pied est visible à l'arrière de l'animal.
Il n'existe pour l'heure que trois autres espèces de Babakina dans le monde :
Il est par contre assez difficile de confondre la babakine d'Anadon avec une autre espèce d'éolidien rose ou mauve présente sur les côtes françaises. Que ce soit Flabellina affinis, Paraflabellina ischitana, Edmundsella pedata, Facelinopsis marioni ou autre : nulle ne possède une telle palette de couleurs vives sur les cérates !
Selon toutes vraisemblances, l’espèce se nourrit de polypes* d'hydraires, comme la grande majorité des nudibranches éolidiens. Le genre Myriothela (dorénavant Candelabrum) est cité dans la littérature mais nous manquons d’éléments factuels pour déterminer la nature exacte de l'alimentation de Babakina anadoni.
L'ouverture génitale est située sous la bordure du notum*, côté droit, entre le quatrième et le neuvième cérate.
L'espèce est hermaphrodite* simultanée et la reproduction se fera lors d'un rapport proximal entre deux individus, durant lequel les gamètes* mâles seront échangés entre eux.
Chaque individu pourra aller ensuite pondre de son côté.
Le détail de la ponte et son développement ne sont pas décrits au moment de la publication de cette fiche (01/2019).
L'étude des mâchoires et de la radula* a été un élément déterminant pour la taxonomie* de cette espèce. La formule radulaire de B. anadoni peut s'exprimer ainsi : 18 à 29 x (0-1-0). Ce qui signifie que sur plusieurs rangs successifs (18 à 29 selon les spécimens observés), nous allons trouver une dent rachidienne centrale et aucune autre dent sur les côtés de cette dent médiane. Cette dernière est large, avec une cuspide* centrale étroite et triangulaire, flanquée de 6 à 10 denticules allongés et extrêmement pointus. Le nombre de denticules est égal de chaque côté de la dent.
Les taches oculaires, situées à la base des rhinophores, sont des zones sensorielles donnant à l'animal des informations sur la luminosité.
L'anus est situé du côté droit du corps, sous le niveau du manteau* et des cérates, à environ un tiers de la longueur du corps depuis le mufle. Le néphroprocte (orifice excréteur évacuant les déchets liquides) se trouve devant l'anus.
Cette espèce a longtemps été placée dans la famille des Flabellinidés. Mais plusieurs auteurs, et notamment [Gosliner et al. 2007] lors de leur révision de la systématique du genre, s'appuyant sur des analyses phylogénétiques*, avancent que les Babakina représenteraient un taxon monophylétique*, dissocié des Flabellinidés et des Facelinidés. Le genre a maintenant sa propre famille, les Babakinidés (Babakinidae).
Babakine d'Anadon : simple francisation du nom scientifique de l'espèce.
Babakina : nom de genre donné en l'honneur de Kikutaro Baba (1905-2001), malacologue et spécialiste japonais des Opisthobranches.
Le genre Babakina a été décrit en 1973 par Richard A. Roller (1930-1988) pour l'espèce Babakina festiva (Roller, 1972). L'auteur avait écrit initialement Babaina festiva mais ce nom de genre, Babaina, était un homonyme junior d'un genre déjà utilisé pour des nudibranches doridiens (Babaina Odhner, 1968). En 1973, Roller a donc rajouté une lettre et rebaptisé son genre pour nudibranches éolidiens Babakina.
anadoni : espèce dédiée au Dr Emilio Anadón Frutos (1917-1997), professeur de zoologie et biologie marine à l'université d'Oviedo, en Espagne.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Babakinidae | Babakinidés | |
Genre | Babakina | ||
Espèce | anadoni |
Magnifique !
Il s'agit d'un magnifique éolidien de
Moëlan-sur-mer, Finistère (29), faible profondeur
15/07/2017
Rhinophores
Les deux rhinophores partent d'une base commune. Ils sont finement lamellés sur une large zone postéro-costale. De couleur rose à pourpre, ils montrent un apex jaune pâle, ainsi qu'une tache de même couleur sur la face antérieure, non lamellée, du rachis.
Moëlan-sur-mer, Finistère (29), faible profondeur
15/07/2017
Feu d'artifice !
On peut sur cette photo détailler l'incroyable mélange de couleurs au niveau des cérates. Chaque appendice part du corps avec une couleur bleue à violette, puis on trouve une partie jaune vif sur le dernier tiers et enfin, la zone du cnidosac est marquée d'un orange tout aussi vif.
Les cérates sont plutôt repliés vers l'arrière du corps.
Moëlan-sur-mer, Finistère (29), faible profondeur
15/07/2017
L'une des très rares rencontres en France
Cet animal rencontré en plongée, sur les côtes sud du Finistère, entre Lorient et Concarneau, en juillet 2017, constitue une belle surprise. Les signalements dans les eaux françaises sont extrêmement rares concernant cette espèce.
Sa limite nord de distribution est pour l'instant représentée par la toute première identification recensée sur les côtes de France, un petit peu plus haut que l'individu en photo, sur un estran entre la pointe de Penmac'h et l'île Tudy, fin septembre 2015 et elle a fait l'objet d'une publication dans le n° 154 du magazine de conchyliologie Xenophora d'avril 2016.
Moëlan-sur-mer, Finistère (29), faible profondeur
15/07/2017
Presqu'à sec !
Individu rencontré lors d'une sortie sur l'estran, pour le programme de sciences participatives OBCE (OBservatoire des Changement des Estrans) mis en place par l'association Bretagne Vivante.
Il se trouve là à quelques kilomètres seulement du lieu de découverte initiale pour ce qui concerne la France : en 2015, entre la Pointe de Penmac'h et l'Ile Tudy.
Loctudy (29), sur l'estran
04/11/2017
Distribution : en Guadeloupe ?
La distribution de cette espèce n'est pas encore certaine pour tous. Jusqu'à preuve du contraire, on admet que Babakina anadoni est bien présente dans les Caraïbes.
La Caye, Bouillante, Guadeloupe (971), océan Atlantique
27/04/2021
Rédacteur principal : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Stéphane JAMME
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Carmona L., Gosliner T.M., Pola M., Cervera J.L., 2011, A molecular approach to the phylogenetic status of the aeolid genus Babakina Roller, 1973 (Nudibranchia), J. Molluscan Stud., 77, 417–422.
Delemarre J-L., Loechner J-P., Gratecap D., 2016, Premier signalement en France du Nudibranche Babakina anadoni (Ortea, 1979), Xenophora, 154.
Gosliner T.,
Gonzalez-Duarte M.M., Cervera J-L., 2007, Revision of the systematics of Babakina Roller, 1973 (Mollusca: Opisthobranchia) with the description of a new species and a phylogenetic analysis, Zool. J. Linn. Soc., 151(4), 671-689.
Miller M.C., 1974, Aeolid nudibranchs (Gastropoda: Opisthobranchia) of the family Glaucidae from New Zealand waters, Zool. J. Linn. Soc., 54, 31-61.
Ortea, J., 1979, Nota
preliminar sobre Rioselleolis anadoni n. gen., n. sp., un nuevo
Aeolidaceo (Mollusca: Opisthobranchia) capturado en Ribadesella
Asturias, Boletin del Instituto de Estudios Asturian, sér. Suplemento de Ciencias, 24, 131-141.
Padula V., Absalão R., 2005, Primeiro registro de Babakina festiva (Roller, 1972) (Mollusca, Nudibranchia) no Atlântico Sul, Biociências 13, 99–101
Rolán E., Rolán-Alvarez E., Ortea J., 1991, Sobre la captura en Galicia (NO de Espana de Tritonia hombergi Cuvier, 1803 y Babakina anadoni (Ortea, 1979) comb. nov. (Mollusca: Nudibranchia), Iberus, 10(1), 113-117.
La page sur Babakina anadoni dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN