Pneumatophores en crayon
Tronc noueux et tortueux
Feuilles vertes crochues à l'extrémité
Petites fleurs à quatre pétales orange
Manglier gris
Hmuixetë (drehu, dialecte néo-calédonien)
Mun (laai, dialecte néo-calédonien)
Avicennia marina : Gray mangrove, grey mangrove, white mangrove, grey avicennia (GB), Manawa (maori)
Avicennia : Black mangrove (GB)
Avicennia balanophora, Stapf & Moldenke
Avicennia intermedia, Griff.
Avicennia mindanaense, Elmer
Littoraux de l'Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueA. marina colonise les littoraux de l'Indo-Pacifique tropical et tempéré. Cette espèce semble absente des pourtours atlantiques.
Avicennia marina est un palétuvier commun de la mangrove*. Il se développe de la zone intertidale* jusqu'à 200 m du rivage. Il se rencontre autant isolé qu'en petits groupes, ou disposé en ceinture dans les mangroves* (souvent en arrière des palétuviers du genre Rhizophora) : c'est un palétuvier ubiquiste* des différents types de mangrove.
Il ne craint pas d'être exposé aux premières vagues du lagon car il est un des palétuviers les plus résistants aux conditions extrêmes de fortes salinités. Il peut occuper des zones sursalées (jusqu'à 110 g/L). Il ne colonise jamais bien loin en amont des rivières.
Il est présent dans les littoraux rocailleux plus ou moins envasés, mais son système racinaire ne permet pas d'investir les boues.
Avicennia marina est un arbuste ou un arbre d'aspect rabougri, au tronc noueux et déformé, pouvant atteindre 15 m de hauteur.
Les feuilles sont vert clair, et disposées par deux, en opposition sur la tige. Leur formevarie selon le degré de salinité du milieu : dans un milieu peu salin elles sont légèrement lancéolées avec une extrémité en pointe crochue, tandis que dans un milieu fortement salin elles deviennent elliptiques avec un bout arrondi. Leur face supérieure est recouverte d'une cuticule* épaisse et luisante. Ces feuilles sont caduques et régulièrement renouvelées.
En période de floraison, du bourgeon situé à l'aisselle des feuilles terminales s'érige un long pédoncule floral qui se termine par un bouquet de petites fleurs (environ 5 mm). Celles-ci ont 4 pétales épais et durs d'un orange vif uni, disposés de manière bien symétrique en donnant à la fleur une forme d'étoile à 4 branches. Chaque fleur renferme 4 étamines* disposées entre les pétales, et dont les sacs polliniques* sont marron clair. Les sépales sont verts et recouverts d'un duvet de poils grisâtres, ils sont plaqués contre la base des fleurs. Les fruits sont ovoïdes et jaunâtres à maturité. Ils mesurent 1,5 cm environ.
Quelques racines aériennes partent du tronc et s'enfoncent dans le sol. Mais la plupart des racines sont sous-terraines et s'enfoncent peu profondément dans les sols meubles et inondés du bord de mer. Elles forment un grand tapis horizontal à faible profondeur, et développent à la verticale de très nombreux pneumatophores* en forme de crayon. Ces derniers émergent au-dessus de la surface du sol et ne sont totalement immergés qu'à marée haute. Leur hauteur semble conditionnée par leur temps d'immersion moyen : plus l'inondation est importante, plus ils sont hauts. La partie émergée des pneumatophores est recouverte de lenticelles*.
Avicennia marina peut être confondu avec les autres palétuviers formant des pneumatophores en crayon, comme Rhizophora stylosa, qui fait cependant des racines échasses en arceaux, Sonneratia alba dont les pneumatophores sont plus coniques, les feuilles ovoïdes et les fleurs porteuses de très nombreuses et longues étamines blanches et /ou rouges.
Comme tous les végétaux, les palétuviers pratiquent la photosynthèse* qui est leur seule source de carbone. L'eau et les sels minéraux sont puisés dans le substrat grâce aux racines.
Cet arbre fleurit et produit des fruits chaque année.
Comme chez beaucoup d'Angiospermes, la floraison des Avicennia marina est induite par la durée du jour : la floraison n'a lieu que si la journée dure plus de douze heures, ce qui correspond à la période d'octobre / novembre dans les régions tropicales de l'hémisphère sud, et mai / juin dans celles de l'hémisphère nord.
La pollinisation se fait grâce aux insectes et notamment aux abeilles butineuses.
La fructification dure de deux à trois mois dans les zones tropicales, et jusqu'à dix mois en régions tempérées.
Les galles sont fréquentes sur cette espèce.
Dans la classification classique, le genre Avicennia est mis dans la famille des Verbenaceae, tandis que dans la classification phylogénétique, plus récente, il est mis dans la famille des Acanthaceae. La littérature mentionne aussi, à propos de A. marina, la famille des Aviceniaceae : certains auteurs acceptent encore cette classification (Muzinger et Lebigre, 2007), tandis que d'autres ne l'acceptent plus depuis 2003. Le nom de famille choisi pour cette fiche est celui mentionné par ITIS.
La cuticule épaisse des feuilles agit comme un vernis : elle forme une couche hydrophobe qui protège des brûlures par les forts ensoleillements, du sel lors des immersions et de la prédation (cette couche épaisse est difficile à consommer).
C'est le seul palétuvier apte à se développer sous des latitudes tempérées.
Cet arbre produit des molécules de défense assez puissantes, extraites par les biologistes à des fins pharmacologiques. Ces molécules (saponine dans les tiges, flavonoïdes dans les feuilles) permettent à la plante de se réparer efficacement en cas de blessures.
La forte salinité du milieu et les variations de cette salinité au fil du temps (lors des pluies, selon la marée) imposent des conditions de vie relativement extrêmes pour ces arbres. Or les racines de Avicennia marina sont perméables aux sels de mer, qui pénètrent ainsi dans la plante et circulent dans la sève. Ces sels ne doivent pas sortir de la sève sous peine d'engendrer des équilibres osmotiques qui conduiraient à la mort de l'arbre. Pour s'en débarrasser, les sels marins sont dirigés vers les vieilles feuilles qui font office de stockage. A la chute de ces dernières, les sels sont par la même occasion évacués.
Les fruits tombés à la mer peuvent être consommés par les tortues vertes dans l'océan Pacifique. Ils sont aussi consommés par les aborigènes australiens en temps de disette.
En Iran, l'arbre est utilisé pour la guérison des maladies de peau, de la lèpre et de la gangrène. L'huile de la graine guérit les tumeurs et les blessures. Dans ce pays, les jeunes branches sont cueillies pour nourrir les animaux domestiques, et notamment les chameaux qui apprécient particulièrement le feuillage des palétuviers. Le bois est utilisé comme bois de chauffage, et les feuilles comme source de sel, car elles rejettent à leur surface les sels marins absorbés par les racines.
Le palétuvier gris appartient généralement aux mangroves*, qui sont des forêts parfois situées en zones protégées à cause de leur importance fondamentale dans l'équilibre des écosystèmes lagunaires et littoraux.
L'origine du terme palétuvier semble inconnue. Jusque vers la fin du XVIIe siècle, ce terme n'était employé qu'à la Martinique, et s'appliquait aussi à certains arbres qui ne se développent pas sur les rivages.
Avicennia : de [Avicenne Ibn Sina], 980-1037 = médecin iranien, surnommé prince des médecins, qui développa la médecine traditionnelle arabe.
L'utilisation de son nom est un hommage à son travail de biologiste, A. marina étant le palétuvier le plus répandu dans la mangrove iranienne.
marina : du latin [marinus] = marin.
Numéro d'entrée WoRMS : 235040
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Magnoliophyta | Angiospermes | Plantes à fleurs dont les graines fécondées sont renfermées dans un fruit. |
Classe | Magnoliopsida | Dicotylédones | Embryons à deux cotylédons*. |
Sous-classe | Asteridae | Astéridées | |
Ordre | Lamiales | Lamiales | |
Famille | Verbenaceae | Verbénacées | |
Genre | Avicennia | ||
Espèce | marina |
Individu solitaire à marée basse
Le tronc noueux témoigne d'une croissance contrariée par l'environnement difficile (vents, vagues).
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, zone intertidale
16/11/2008
Grand spécimen d'A. marina
Le port étalé des A. marina leur permet de couvrir horizontalement une large surface d'ombre, sous laquelle les pneumatophores émergent. Ces derniers apparaissent généralement sur une surface encore encore bien plus étendue.
Nouvelle-Calédonie, Mont Dore, zone intertidale
28/11/2008
Les pneumatophores
Le tapis de pneumatophores peut être très dense au pied des Avicennia.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, mangrove
16/11/2008
Pneumatophores crayons émergeants
Les pneumatophores sont les seules parties des racines qui restent émergées lorsque la marée monte.
Nouvelle-Calédonie, Mont Dore, zone intertidale
28/11/2008
Lenticelles des pneumatophores
Les petites protubérances claires visibles à la surface des pneumatophores sont des lenticelles. Ces dernières sont des orifices par lesquels s'effectuent les échanges gazeux qui assurent la respiration des racines.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, zone intertidale
16/11/2008
Feuilles crochues et inflorescences
Les feuilles ont une nervure centrale d'où partent les nervures secondaires. L'extrémité de la feuille est crochue et la cuticule luisante marque la face supérieure. Les inflorescences partent d'un long pédoncule floral qui se termine en bouquet de fleurs et de boutons.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, mangrove
16/11/2008
Inflorescence épanouie
Les fleurs arborent une chatoyante couleur orangée et sont regroupées en inflorescences situées au bout des rameaux. Les quatre étamines sont bien visibles, situées au centre des quatre pétales orange.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, mangrove
01/11/2008
Anatomie florale
Les fleurs d'Avicennia marina sont petites mais très remarquables par leur bel orange flamboyant, et leur grande densité en période de floraison.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, zone intertidale
10/2008
Algues suspendues aux branches
A marée haute, les algues portées par le ressac s'accrochent aux branches des A. marina, lesquelles paraissent décorées à marée basse.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, zone intertidale
16/11/2008
Le cœur de Voh
Le cœur de Voh est naturellement dessiné par des palétuviers dans la mangrove de la côte ouest de la Nouvelle-Calédonie. Le cœur est constitué de palétuviers Avicennia marina, tandis qu'il est cerné de palétuviers du genre Rhizophora, d'un vert bien plus soutenu.
Nouvelle-Calédonie, Voh, vue d'ULM
2009
Rédacteur principal : Virginie LEON
Vérificateur : Vincent MARAN
Responsable historique : Cédric MITEL
Responsable régional : Anne PROUZET
Duke N.C., 1990, PHENOLOGICAL TRENDS WITH LATITUDE IN THE MANGROVE TREE AVICENNIA MARINA, Journal of Ecology, 78, 113-133.
Hedjazi A., 2007, LES FORETS DE MANGROVES IRANIENNES, La revue de Téhéran, 17p.
Lebigre J.M., 2004, LE COEUR DE VOH (NOUVELLE-CALEDONIE), Les cahiers d'outre-mer, 225p.
Muzinger J., Lebigre J.M., 2007, THE FLORA OF THE NEO CALEDONIAN MANGROVES SWAMPS, In: Compendium of marine species of New Caledonia, Documents scientifiques et techniques vol. II-7, éditions IRD, 63-67.
La page d'Avicennia marina dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN