Deux nageoires dorsales séparées
Nageoires pelviennes en position abdominale
Bande argentée sombre surmontée d’une ligne brillante verte ou dorée sur les flancs
Museau assez court
Gros yeux dont le diamètre est légèrement supérieur à la longueur du museau
Athérine de Boyer, joell, tjoll, cabot (Languedoc, Roussillon), cabasson, cabassoun (Provence), cornaru, corbaccione (Corse), cabassuc (Nice)
Big-scale sand smelt (GB), Latterino, attarina (I), Pejerrey (E), Kleiner Ährenfisch (D), Atherina (Gr), Peixe-rei-do-Mediterràneo (P), Joell (Catalan)
Hepsetia boyeri (Risso, 1810)
Atherina mochon (Cuvier, 1829)
Hepsetia mochon (Cuvier, 1829)
Méditerranée, mer Noire et dans quelques zones de l'Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Eau douce d'EuropeTrès commune en Méditerranée et mer Noire, l’espèce est présente sur les côtes de l’Atlantique oriental depuis l’Espagne et le Portugal jusqu’à la Mauritanie et Madère. Elle se rencontre dans certains fleuves côtiers et canaux.
Il existe des populations isolées et permanentes sur les côtes de l'Atlantique Nord-Est (la présence de joëls a été rapportée dans la région d'Arcachon et de Biscaye), de la Manche, de la mer d’Irlande et de la mer du Nord.
Elle a été introduite dans différents lacs et en mer d’Aral. L’isolement a favorisé la formation de sous-espèces. Par exemple deux sous-espèces sont reconnues en mer Noire, mer d’Azov et mer Caspienne.
L’espèce, supportant de grandes variations de salinité et de température (euryhaline* et eurytherme*), est fréquente dans les lagunes côtières, les estuaires et certains ports. Elle remonte parfois en eau douce. Elle est présente en mer dans des zones côtières abritées au-dessus de fonds détritiques, rocheux ou d’herbiers. On la trouve généralement entre 0 et 3 m.
Le joël présente les caractéristiques des athérines. Ce sont des petits poissons au corps élancé avec 2 nageoires dorsales bien séparées, la première ayant 6 à 10 rayons épineux, les nageoires pectorales sont insérées haut sur les flancs, les pelviennes sont en position abdominale (nettement en arrière du point où sont insérées les pectorales).
Les athérines n’ont pas de véritable ligne latérale* mais une bande argentée caractéristique, sur les flancs entre l’opercule* et le pédoncule* caudal. Chez le joël, la bande latérale, assez large (de la largeur d’une écaille), plus sombre, est surmontée d’une ligne verte à dorée ; sa couleur varie en fonction de l’incidence de la lumière.
Le joël a habituellement une taille maximale de 7 à 10 cm, exceptionnellement il atteint 13 à 16 cm. Sa couleur, de loin, est argentée mais non homogène, le dos est vert bleuâtre avec un ventre plus argenté, plus clair.
De près, le dos est beige ou de couleur chair, piqueté de petits points noirs, alors que le ventre et la tête sont plus clairs et brillants. Le corps, comprimé latéralement vers l’arrière, paraît fin par rapport à la tête et souvent en partie transparent. Il est recouvert de grandes écailles cycloïdes*. On compte moins de 50 écailles sur une ligne entre l’opercule et le pédoncule caudal.
La tête est assez grosse (moins du cinquième de la longueur totale) avec de gros yeux et un museau assez court (un peu plus court que le diamètre de l’œil). La bouche terminale, oblique est protractile*.
Les athérines se distinguent d’autres espèces de petits poissons argentés formant des bancs d’une part par leur position souvent stationnaire alternant avec des déplacements saccadés et d’autre part du fait de la présence de la ligne ou bande argentée horizontale caractéristique.
La confusion est possible entre le joël et les différentes athérines dont :Les principales espèces d'athérines sont souvent confondues dans les appellations locales ou régionales.
C’est un carnivore surtout planctonophage*. Son régime alimentaire varié comprend petits crustacés, mollusques, vers, larves* de poissons. Ce régime évolue avec sa taille et son environnement. Les larves et juvéniles consomment de très petites proies comme les larves de copépodes ou de mollusques. Il se nourrit principalement en mer de zooplancton* et en lagunes ou eau douce de petits invertébrés benthiques*.
La nutrition est généralement faible lorsque le climat est défavorable en hiver ou en été et elle est nulle au moment du frai.
Les sexes sont séparés, mâle et femelle se ressemblent (pas de dimorphisme sexuel*) mais les mâles sont souvent plus petits.
Quel que soit le sexe, la maturité sexuelle est atteinte soit à un an, soit lorsque les individus atteignent une longueur de 4 cm. Les frayères se situent dans des eaux à salinité variable (entre 2 ‰ dans les eaux fluviales et 110 ‰ dans le lagon Bardawil, le long de la côte méditerranéenne du Sinaï).
Les gonades sont très simples et sont constituées soit d’un unique testicule blanc lobulaire, soit d’un unique ovaire qui est entouré, une fois mature, d’un péritoine noir.
Ponte et fécondation sont externes. Le frai a lieu entre février et septembre sur le littoral méditerranéen français, avec un pic d’avril à juin. Il commence plus tôt dans le sud et l’est de la Méditerranée et plus tard en Manche et mer du Nord. Le taux de reproduction est corrélé à la taille : en effet, les poissons les plus gros commencent à frayer plus tôt et finissent plus tard que les petits. La fécondité varie avec la taille des femelles : de quelques œufs pour les petites jusqu’à plus de 3000 œufs pour les plus grandes.
Les œufs ont un diamètre très variable en fonction de la localisation géographique (entre 0,03 et 2,00 mm). De plus la taille des œufs diminue au cours de la saison de reproduction, avec une taille plus faible quand l’eau se réchauffe. Ces œufs peuvent être de trois aspects différents en fonction de leur taille : transparents (< 0,6 mm), opaques blancs-jaunes (≤ 0,9 mm), et vitellins jaunes-orangés (≥ 1,0 mm) avec présence de gouttelettes lipidiques et de nombreux filaments adhésifs qui les lient les uns aux autres et les fixent aux rochers, aux végétaux (algues, zostères ou posidonies) ou aux grains de sable. Un mois plus tard, à l’éclosion, la larve mesure 5 à 6 mm. Elle grandit très rapidement au cours des premiers mois et acquiert une forme proche de l’adulte quand elle atteint 2 cm. La croissance du juvénile reste importante au cours de la première année.
Le joël peut abriter divers parasites internes ou externes et en particulier des crustacés isopodes et copépodes. Le troisième stade larvaire du ver nématode Thynnascaris adunca (Ruldolphi, 1902) est inconstamment (fréquence de 34 %) retrouvé dans le mésentère gastrique d’Atherina boyeri.
La durée de vie du joël, relativement courte, est comprise entre 2 et 4 ans.
Le poids moyen des adultes évolue avec l’âge entre 0,6 g pour une longueur de 4 cm et 8 g pour une longueur de 10 cm. Du fait de sa petite taille et son abondance, il est la proie de nombreux prédateurs parmi les poissons (loup ou bar, aloses, chinchard, sandre, silure, anguille, etc.) mais aussi les oiseaux, comme le cormoran et même les mammifères (en mers Noire et Caspienne). Il est un maillon important de la chaîne alimentaire entre zooplancton et divers prédateurs.
Grégaires, ils forment généralement des bancs assez stationnaires, près de la surface. Le jour, les groupes de juvéniles se tiennent tout près du bord ; ils s’en éloignent la nuit. Les adultes fréquentent des eaux un peu plus profondes. La nuit, on peut rencontrer des bancs dispersés et des individus isolés en surface ou près du fond. Sédentaires en général, ils sont mobiles et peuvent changer de milieu.
Le sex-ratio global de cette espèce est très variable selon la localisation géographique : de 1:30 en faveur des femelles dans l’estuaire de la rivière Mala Neretva (centre-est de la mer Adriatique, Croatie), et 1:24 dans les lagons Mesolongi et Etolikon (Grèce Ouest), jusqu’à 1:1 dans l’estuaire de la rivière Guadalquivir en Espagne, et même 4:1 en faveur des mâles dans le canal de cette même rivière espagnole. De plus, il existe une différence de distribution mâle/femelle en fonction des mois, avec une prédominance masculine en avril et une prédominance féminine en janvier-février. Enfin, les individus mesurant plus de 70 mm sont à prédominance féminine.
Les joëls sont l’objet d’une pêche semi-industrielle (Adriatique et Atlantique Est) et surtout artisanale en particulier dans les lagunes du midi. On les trouve sur quelques marchés du sud de la France, et ils sont régulièrement présents sur les marchés d’Espagne, Sicile, Grèce, Turquie, Egypte, Adriatique, Afrique du Nord. La longueur minimale des poissons commercialisés est de 2 à 3 cm.
Ils font aussi l’objet d’une pêche de loisir. Leur chair est estimée, ils sont consommés en petite friture.
Des études d’exploitation montrent que ce poisson est actuellement en très légère surexploitation.
Atherina boyeri est actuellement considérée comme un complexe d’espèces (et de sous-espèces) comprenant Atherina boyeri, Atherina punctata et Atherina lagunae.
La longueur minimale des poissons pêchés et commercialisés est de 2 à 3 cm.
Joël viendrait du roman joel ou joiel lui-même issu du latin signifiant « joyau » ou de julis correspondant à un nom de poisson.
Cabasson, cabassoun noms dérivés du provençal cabassu signifiant qui a une grosse tête.
Atherina : nom grec du poisson, en référence à [athèr] = épi ou pointe, épine (arêtes en épi).
boyeri : en hommage à Guillaume Boyer de Nice "naturaliste, poète et mathématicien.." du XIIIe siècle. En fait on ne sait pas si ce troubadour aux activités multiples a vraiment existé ou s’il est en grande partie le fruit de l’imagination de Jean Nostradamus. Le nom de l’espèce a été donné par Antoine Joseph Risso en 1810 en hommage à son compatriote.
Atherina boyeri = Athérine de Boyer.
Numéro d'entrée WoRMS : 272027
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Atheriniformes | Athériniformes | |
Famille | Atherinidae | Athérinidés | Deux nageoires dorsales bien séparées; pectorales insérées haut sur les flancs; pelviennes abdominales; ligne latérale absente ; une bande latérale brillante, argentée, parfois soulignée de noir, courant le long du milieu du corps jusqu’à la base de la caudale. |
Genre | Atherina | ||
Espèce | boyeri |
Profil
Les athérines n’ont pas de véritable ligne latérale mais une bande argentée caractéristique, sur les flancs entre l’opercule et le pédoncule* caudal.
Dunkerque (59), 6 m
28/01/2012
Quelle athérine ?
Atherina boyeri ou Atherina hepsetus : vue de face la distinction entre les 2 espèces est délicate.
Les athérines ont des nageoires pectorales insérées haut sur les flancs et des pelviennes en position abdominale (nettement en arrière de l’insertion des pectorales). La bande latérale argentée caractéristique est ici surmontée d’une ligne brillante bleue. Le ventre et la tête sont plus clairs. La tête massive porte de gros yeux et un museau assez court terminé par une bouche oblique.
Antibes (06), de nuit
09/08/2006
Vue de dessus
De près, le dos est beige piqueté de petits points noirs. La «bande latérale» caractéristique des athérines apparaît ici grise, surmontée d’une ligne dorée brillante. Le corps, comprimé latéralement vers l’arrière, semble fin par rapport la tête. Il est recouvert de grandes écailles cycloïdes*. La tête est assez grosse (moins du cinquième de la longueur totale) avec de gros yeux et un museau* assez court (plus court que le diamètre de l’œil).
Bassin de Thau (34), Pointe Longue, 1 m
14/06/2006
Vue de profil
Le même individu que sur la photo précédente vu de côté sur un fond de laitues de mer.
La couleur de la bande latérale varie en fonction de l’incidence de la lumière, elle est surmontée d’une ligne brillante. Le ventre et la tête sont plus clairs que le dos. Le corps est moins fin que celui d’Atherina hepsetus : sa hauteur fait environ le sixième de sa longueur totale.
Bassin de Thau (34), Pointe Longue, 1 à 1,5 m
14/06/2006
Banc d’athérines
Les joëls peuvent parfois se déplacer en banc de plusieurs centaines d’individus.
Bassin de Thau (34), Le Ponton, 0,5 à 2 m
20/05/2007
Banc de joëls sur le littoral marin de la Côte Bleue
En été un banc d’athérines (probablement des joëls) stationne sur un petit fond mixte, rocheux et détritique, couvert d’algues, d’une anse bien abritée. De loin, leur couleur est argentée, non homogène, le dos est vert bleuâtre avec un ventre plus clair. La bande latérale, assez large, plus sombre, est surmontée d’une ligne brillante verte à dorée.
Carry le Rouet (13), Cap Rousset, 0,5 à 2 m
11/07/2008
Comparatif de tailles
Un joël est immobile au dessus d’un fond rocheux couvert d’algues, sur lequel est posé un gobie. Il paraît bien petit !
Kas (Turquie), 0,5 à 1 m
05/10/2007
Banc de juvéniles
Un banc de juvéniles de moins de 3 cm, tout près du bord et de la surface, dans moins d’un mètre de fond.
Bassin de Thau (34), Le Ponton, 0 à 1 m
28/06/2008
Juvéniles parmi des sargasses
Jeunes athérines parmi des sargasses. Les bords de la lagune couverts d’algues ou de zostères servent de frayères et constituent un habitat propice aux jeunes joëls.
Bassin de Thau (34), Le Ponton, 0,5 m
20/05/2007
Variété particulière
Il existe une confusion taxinomique entre plusieurs athérines. Suite à une discussion sur le forum de DORIS, ce spécimen peut être considéré comme une variété particulière d'Atherina boyeri ou comme Atherina punctata (Trabelsi et al. 2002), selon les données du guide de P. Louisy édition 2015.
De plus, 2 poissons différents portent le nom d'Atherina punctata :
- Atherina punctata (Trabelsi et al. 2002) qui est présent en Méditerranée,
- Atherina punctata (Bennett, 1833) qui est le synonyme "invalide" de Atherinomorus lacunosus et ne vit pas en Méditerranée.
Golfe d'Ajaccio (2A), Isolella, PMT, sous la surface
03/08/2018
Rédacteur principal : Claude WACQUANT
Correcteur : Gaël ROCHEFORT
Responsable régional : Véronique LAMARE
Fernandez-Delgado C., Hernando J.A., Herrera M., Bellido M., 1988, Life-history Patterns of the Sandsmelt Atherina boyeri Risso, 1810 in the Estuary of the Guadalquivir River, Spain, Estuarine, Coastal and Shelf Science, 27, 697-70.
Francisco S.M., Congiu L., Stefanni S., Castilho R., Brito A., Ivanova P.P., Levy A., Cabral H., Kilias G., Doadrio I., Almada V.C., 2008, Phylogenetic relationships of the North-eastern Atlantic and Mediterranean forms of Atherina (Pisces, Atherinidae), Molecular Phylogenetics and Evolution, 48, 782–788.
Leonardos I., Sinis A., 2000, Age, growth and mortality of Atherina boyeri Risso,1810 (Pisces: Atherinidae) in the Mesolongi and Etolikon lagoons (W. Greece), Fisheries Research, 45, 81-91.
Palmera C.J., M. B. Culley M.B., 1983, Aspects of the Biology of the Sandsmelt Atherina boyeri Risso, 1810 (Teleostei : Atherinidae) at Oldbury-upon-Sevem, Gloucestershire, England, Estuarine, Coastal and Shelf Science, 16, 163-172.
Patimar R., Yousefi M., Hosieni S.M., 2009, Age, growth and reproduction of the sand smelt Atherina boyeri Risso, 1810 in the Gomishan wetland – southeast Caspian Sea, Estuarine, Coastal and Shelf Science, 81, 457–462.
La page sur Atherina boyeri sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page sur Atherina boyeri dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN