Couleur blanc sale à brunâtre, avec des taches brunes ou grises
Papilles pointues de plus d’un centimètre sur le dos
Le toucher rappelle celui d’une fourrure
Furry sea-cucumber, fissured sea cucumber (GB), Pepino de mar peludo (E), Pelzseegurke (D)
Stichopus multifidus Sluiter, 1910
Caraïbes
Zones DORIS : ● CaraïbesTout l’arc antillais, de la Floride aux Bahamas au nord, jusqu’au Venezuela au sud.
On la trouve sur le sable bordant le récif tropical de 4 à 35 m, mais elle vit aussi dans les herbiers d’herbe à tortue : Thalassia testudinum et d'herbe à lamantin : Syringodium filiforme.
Grande holothurie pouvant atteindre une cinquantaine de centimètres quand elle s’étire (déplacement), largeur de 7 à 9 cm. Sa couleur de fond est blanc sale, grisâtre, avec des taches grises ou brun chocolat. Des papilles pointues de plus d’un centimètre parsèment son dos et ses flancs. Sa face ventrale blanche, aplatie, présente de nombreux podia* (ou pieds ambulacraires*) utilisés pour le déplacement.
Son déplacement est un des plus rapides chez les holothuries, jusqu'à 2 mètres à la minute ! Elle peut se contorsionner pour obtenir un déplacement latéral, et on l'a signalée "nageant" au-dessus du fond par des mouvements ondulatoires de tout le corps.
Contrairement à la plupart des holothuries qui se contractent et deviennent rigides quand on les dérange, l'holothurie à fourrure reste "molle". Son tégument est moelleux au toucher comme celui d’une fourrure.
Pas de confusion possible avec les autres holothuries sauf l’holothurie à cinq dents, Actinopyga agassizii, mais celle-ci a un aspect rigide et un contact rugueux.
Comme toutes les holothuries vivant sur le sable, elle absorbe celui-ci et digère les éléments organiques qu’il contient : foraminifères, bryozoaires, petits bivalves. Un chapelet d’excréments témoigne de son passage.
Les sexes sont séparés et les gamètes* émis en même temps vont se rencontrer en pleine eau. La larve est d'abord nageuse et se déposera ensuite sur le sable où elle donnera une petite holothurie.
Une petite crevette-bourdon (Gnathophyllum americanum) est souvent observée sur cette holothurie. Elle profite apparemment de l'abri que cette dernière procure, et peut-être aussi de débris de nourriture.
Elle peut aussi héberger un petit crabe (Porcellana sayana) qui se nourrit de débris collectés sur l'épiderme et dans les fèces.
L'holothurie à fourrure est souvent parasitée par une mélanelle (Melanella intermedia), petit gastéropode prosobranche de 5 mm à 1 cm de long.
Enfin, elle peut être "habitée" par un petit poisson qui vit à l'intérieur de son intestin : Carapus bermudensis.
Les holothuries sont régulièrement la proie de Gastéropodes carnassiers : casques, tritons par exemple.
On ne voit que rarement des spécimens juvéniles ou très petits. Comme pour beaucoup d’holothuries, cette période se passe probablement cachée sous des cailloux.
Chez cette espèce, le plongeur curieux et patient pourra facilement observer les mouvements respiratoires au niveau de l'anus. Celui-ci se dilate ou se contracte régulièrement pour permettre le renouvellement de l'eau dans de grands sacs (les poumons). Ceux-ci débouchent dans l'ampoule rectale et permettent les échanges respiratoires à travers leur paroi.
L'holothurie à fourrure fait partie des espèces qui ont fait l'objet d'une pêche intensive sur la côte du Panama en 1997 (pour les besoins du commerce de "bêche-de-mer" sur les marchés asiatiques). La surexploitation a mené à une quasi-disparition de cette espèce sur les zones de pêche.
Holothurie à fourrure : le nom est dû au toucher caractéristique, évoquant celui qui est ressenti au contact d'une fourrure.
Astichopus : du grec [sticho-] = rangée, ligne, et [pous] = pied, précédé du préfixe privatif [a-] : dont les pieds ne sont pas alignés. Beaucoup de noms de genres d’holothuries sont basés sur ce caractère d’alignement des podia*.
multifidus : mot construit sur le modèle de bifidus = bifide (fendu en deux), avec substitution du préfixe latin [multi-] = nombreux, beaucoup. Peut-être à cause des "franges" formées par les longues épines molles sur les côtés, donnant l'impression d'une multitude de pieds.
Numéro d'entrée WoRMS : 241780
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Holothuroidea | Holothuroïdes | Echinodermes vermiformes, ouverture buccale à l’extrémité antérieure du corps et entourée d’une couronne de tentacules rétractiles, anus postérieur, une seule gonade : holothuries, concombres de mer. Endosquelette réduit à de microscopiques ossicules ou plaques, inclus dans la paroi du corps. |
Ordre | Synallactida | Il n'y a pas de critère extra-génétique pour ce nouvel Ordre (2017) à part le fait que les espèces de ce taxon sont toutes épibenthiques avec la bouche tournée vers le sol. |
|
Famille | Stichopodidae | Stichopodidés | Corps de section carrée ou trapézoïdale. Pas de tubes de Cuvier. |
Genre | Astichopus | ||
Espèce | multifidus |
Biotope
On trouve l'holothurie à fourrure principalement sur les zones sableuses.
St Pierre, Martinique (972), 14 m
14/05/2008
En déplacement
Dans un herbier. Cette holothurie est capable de se "tortiller" avec vivacité.
Pointe Lamarre, Martinique (972), 11 m
27/07/2008
Partie avant
Les longues papilles sur les côtés donnent un aspect frangé.
Ilet Pigeon, Guadeloupe (971), 10 m
01/04/2006
Fouisseuse
L'holothurie laboure le sable à l'aide de son extrémité antérieure élargie en soc de charrue.
On aperçoit quelques-uns des petits podia situés sous la face ventrale.
Anse d'Arlet, Martinique (972), 5 m
17/12/2008
La bouche
La bouche de l'holothurie à fourrure est dépourvue de tentacules. Elle engouffre simplement la partie supérieure du sédiment, incluant les éléments organiques dont elle se nourrit.
Pointe des Nègres, Martinique (972), 10 m
06/03/2009
L'extrémité postérieure ...
Il n'y a pas de dents anales chez cette espèce.
Canyons de Babodi, Martinique nord (972), 10 m
19/11/2008
Orifice
L'orifice anal de l'holothurie a un rôle important, celui de lui permettre de respirer en créant un courant d'eau dans les poumons de l'animal.
L'Eden, Port-Louis (971), 20 m
08/03/2009
Traces...
Les chapelets d'excréments sont caractéristiques.
L'Eden, Port-Louis (971), 20 m
07/03/2009
Un juvénile
Cette petite holothurie masquée par du sable et des débris de phanérogames mesure environ 6 cm. On peut facilement passer à côté sans la remarquer...
Pointe Lamarre, Martinique (972), 12 m
27/07/2008
Hérissée
Les jeunes spécimens montrent souvent des épines disproportionnées, qui les rendent difficiles à reconnaître.
Anse Dufour, Martinique (972), 7 m
26/06/2009
Associée
La petite crevette-bourdon Gnathophyllum americanum (moins d'un centimètre) se trouve souvent sur cette holothurie. Difficile à photographier...
Grande Anse d'Arlet, Martinique (972), 6 m
07/01/2009
Parasitée
L'holothurie à fourrure est souvent associée à ce petit gastéropode : Melanella intermedia, considéré comme parasite.
L'Eden, Port-Louis (971), 20 m
08/03/2009
Rescapée
Cette holothurie à fourrure s'était entortillée dans un filet perdu (ensablé). Elle joue maintenant les peluches dans les bras du plongeur qui l'a dégagée.
Pointe Borgnesse, Martinique (972), 6 m
11/12/2008
Rédacteur principal : Robert OMS
Vérificateur : Alain GOYEAU
Responsable régional : Anne PROUZET
Guzman H.M., Guevara C.A., 2002, Population Structure, Distribution and Abundance of Three Commercial Species of Sea Cucumber (Echinodermata) in Panama, Caribbean Journal of Science, 38, (3-4), 230–238.
La page d'Astichopus multifidus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN