5 bras avec pointes émoussées
Épines blanches disposées en une ligne continue au milieu de chaque bras
Couleur assez variable
Astérie rouge
Common starfish (GB), Estrella de mar comun (E), Gemeiner Seestern (D), Gewone zeester (NL), Estrela-do-mar comun (P), Vanlig korstroll (N)
Asterias vulgaris Verrill, 1866
Mer du Nord, Manche, océan Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestSon aire de répartition s'étend des côtes est du Canada (incluant le golfe et l'estuaire du Saint Laurent), de l'Arctique au Cap Hatteras, en passant par la Scandinavie jusqu'aux îles du Cap-Vert. Elle est absente de Méditerranée.
L'astérie rouge vit dans des biotopes très variés, essentiellement où elle pourra trouver sa nourriture : dans des moulières, sur des structures rocheuses mais aussi sur le sédiment.
Elle supporte les eaux saumâtres.
Elle se rencontre de la zone intertidale jusqu'à 650 m de profondeur.
L'étoile de mer commune a la particularité d'avoir une taille qui varie en fonction de son habitat. Si celui-ci est exposé, elle aura une envergure d'une douzaine de cm, s'il est abrité, en eau profonde par exemple (on la rencontre de la zone intertidale* jusqu'à 650 m de profondeur) elle pourra dépasser 30 voire même 50 cm d'envergure ! Sa couleur est assez variable : souvent de teinte orange, elle peut être brun jaunâtre, mauve ou violette.
Elle possède 5 bras terminés en pointes émoussées et recouverts d'épines calcaires disposées en lignes ou dispersées. Les jeunes individus sont relativement rigides alors que ceux qui sont de grande taille sont plus souples, ils peuvent même sembler presque flasques. Sur la face dorsale, certaines des épines blanches sont disposées en une ligne continue au milieu de chaque bras. D'autres lignes épineuses sont présentes également sur les côtés des bras.
Entre les piquants sont disposés, de manière individuelle ou en ensembles plus ou moins denses, des papules. Ces structures ressemblent à de minuscules doigts de gants et jouent le rôle de branchies : à travers leur membrane ont lieu les échanges gazeux respiratoires.
Deux structures particulières se remarquent également au niveau de cette face dorsale, en position interradiale*, c'est à dire entre les points de fixation des bras (ceux-ci sont nommés également radius) :
Ces structures permettent de superposer à la symétrie pentaradiée (symétrie d'ordre 5), une symétrie bilatérale.
La face ventrale présente en son centre une bouche dépourvue des structures que l'on trouve chez la plupart des animaux : dents ou autres appendices de mastication.
Chaque bras est creusé d'une gouttière bordée par 4 rangées de pieds ambulacraires, nommés aussi podia* (ambulare en latin = se promener). Ces podia sont de petites vésicules terminées par des ventouses et actionnées grâce à un système hydraulique (appareil aquifère ou ambulacraire). Ces très nombreux podia permettent le déplacement de l'animal ainsi que la capture des proies.
A l'extrémité de chaque bras, un pied ambulacraire est dépourvu de ventouse et présente une tache rouge qui témoigne de la présence de cellules photosensibles*.
Aucune dans le secteur géographique qui nous concerne.
L'étoile de mer commune se nourrit en bonne partie de moules, d'huîtres et d'autres bivalves, mais peut se satisfaire d'autres organismes, morts ou vivants (oursins, crabes…).
Sa technique de capture et de nutrition est semblable à celle de la grande majorité des Astérides. Elle utilise ses podia*, munis de ventouses, pour capturer ses proies et les amener à sa bouche, ou plutôt à son estomac, qu'elle fait passer à travers son orifice buccal en le dévaginant à la manière d'un doigt de gant que l'on aurait retourné. Il lui faut d'abord épuiser sa victime, on a mesuré le temps nécessaire pour qu'elle puisse parvenir à obliger une huître à desserrer ses valves : 90 minutes ! Ensuite elle introduit son estomac (en partie) entre les valves de sa victime pour réaliser une digestion externe : les sucs digestifs traversent la paroi de l'estomac et attaquent alors les tissus du mollusque. Cette digestion pourra durer 8 heures. Lorsque la digestion est terminée, l'estomac retourne en position intérieure.
Les sexes sont séparés (comme d'ordinaire chez les Astérides).
Il y a 5 gonades* en position interradiale*, chacune de celles-ci possédant un lobe dans chaque bras adjacent. Au moment de la reproduction, on peut voir les gamètes* s'échapper par des orifices : les pores génitaux, situés en bordure des points de jonction des bras avec le disque central.
A ce moment-là, on remarquera les étoiles de mer redressées sur les extrémités de leurs bras, le corps fortement bombé.
Un processus d'échanges de phérhormones* (ou phéromones) précède la libération des gamètes et permet le synchronisme de celle-ci.
Une femelle peut émettre, en deux heures, plus de deux millions d'ovules.
La fécondation a donc lieu en pleine eau et donne des œufs qui aboutiront à des larves planctoniques (larves pluteus*).
Deux mois plus tard a lieu la métamorphose qui permettra d'obtenir une petite étoile qui rejoindra le fond marin.
Cette reproduction se déroule au printemps.
Asterias rubens, comme d'autres Astérides, possède d'importantes capacités de régénération. Les bras peuvent être perdus suite à la capture par un prédateur, ou suite à une excitation trop forte, le bras se détachant alors sous l'action d'un dispositif interne à l'étoile de mer, il s'agira alors d'autotomie* (chez certaines espèces d'étoiles seulement). C'est la contraction réflexe de muscles puissants qui entraîne la cassure du bras en un point précis. Le lieu de rupture sera alors avec une cicatrice nette facilitant la cicatrisation puis la repousse.
La vitesse de régénération dépend de la longueur du bras perdu. Plus long, il est plus fragile, mais il repousse plus rapidement.
Un bras seul peut lui aussi régénérer une étoile entière, mais il est dit qu'il faut qu'il y ait au moins une portion du disque central sur le bras restant pour que la régénération puisse avoir lieu.
Il n'est pas rare de voir une étoile régénérant un ou plusieurs bras.
Quand 4 bras sont en régénération, la forme de l'étoile est nommée « comète », par ressemblance avec l'astre du même nom !
Certaines Asterias rubens se présentent avec un nombre de bras différent de 5, ce n'est pas très fréquent.
La cause pouvant être liée à son développement ou d'origine accidentelle.
A l'extrémité de ses bras se trouvent des podia avec des cellules photosensibles*, ce qui explique pourquoi on voit ces bras redressés lorsqu'elle se déplace.
D'autres structures sensorielles se trouvent également sur ces podia, ils donnent des informations tactiles et olfactives.
Des pédicellaires* sont disposés en couronne autour des piquants, mais se trouvent également ailleurs sur le tégument, près des papules par exemple. Ils se présentent sous la forme de petites pinces à deux mors situées à l'extrémité d'une petite tige.
Ils ont pour rôles de nettoyer le tégument et d'empêcher la fixation de parasites et autres organismes.
Il faut une loupe ou une observation de détail de photo pour les voir le plus souvent.
Sa vitesse de déplacement a été mesurée, elle ne dépasserait pas 8 cm par minute.
Sa durée de vie est estimée à 4 ou 5 ans.
On peut voir parfois plusieurs astéries rouges se nourrir de la même proie : gros oursin, crabe….
Elle peut servir de nourriture (capturée vivante ou trouvée morte…) à des crabes, à des oiseaux de mer…
Certains ostréiculteurs et mytiliculteurs ont dû développer des moyens de protection de leurs installations (grillages…) pour les protéger de la voracité de cette étoile de mer (et aussi de celle des espèces proches !).
Cette astérie, bien que souvent rouge, présente une grande variabilité de couleur, et comme elle est commune sur certaines de nos côtes, c'est le nom d'"étoile de mer commune" qui a été retenu, et non pas "étoile de mer rouge" comme le voudrait la traduction du nom scientifique.
Asterias : du latin [aster] = étoile,
rubens : du latin [rubens] = rouge.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Asterozoa | Astérozoaires | Echinodermes de forme étoilée. Les bras, simples et parfois absents, sont en nombre variable, et contiennent des organes. |
Classe | Asteroidea | Astérides | Organismes en forme d’étoile, libres. 5 à 50 bras, squelette réduit, estomac dévaginable. Ce sont les étoiles de mer. |
Ordre | Forcipulatida | Forcipulatides | Les piquants de la face dorsale sont entourés d’une couronne de pédicellaires croisés. Les tubes ambulacraires sont ordinairement quadrisériés et ils sont terminés par des ventouses. |
Famille | Asteriidae | Astériidés | |
Genre | Asterias | ||
Espèce | rubens |
Une étoile commune
Voici Asterias rubens, une étoile de mer fort commune sur tout le littoral ouest, de Dunkerque à Biarritz...
Zélande (Pays-Bas), 5 m
07/2007
En mer du Nord
Asterias rubens sur une épave de Dunkerque, à côté d’œillets de mer (Urticina felina). et de pontes d'Aeolidia papillosa.
Dunkerque (59), 20 m
05/1997
Astérie mauve
Asterias rubens peut présenter des variations de couleur importantes.
Ouessant (29), 20 m
07/2005
Astérie rouge
Asterias rubens peut présenter des variations de couleur importantes. Elle se déplace ici parmi un nombre important d'ophiures fragiles (Ophiothrix fragilis).
Boulogne-sur-mer (62), 20 m
06/1999
Détail de tégument
On remarque sur ce cliché les piquants entourés de pédicellaires (en bas à gauche, des pédicellaires montrant leur pince ouverte) et les longs papules transparents. On peut voir à leur base l’orifice permettant de faire communiquer le liquide contenu dans le papule avec celui qui circule à l’intérieur du corps de l’astérie.
Le Havre (76), 7 m
05/2005
Plaque madréporique
La plaque madréporique située sur le disque central joue le rôle de crépine pour permettre l’entrée d’eau dans le système aquifère.
Pays-Bas, 7 m
01/05/2005
Structure photosensible
A l'extrémité de chaque bras, un pied ambulacraire est dépourvu de ventouse et présente une tache rouge qui témoigne de la présence de cellules photosensibles*.
Ile longue, Le Goret (56), 10 m
01/07/17
Face ventrale
Une vue ventrale de Asterias rubens collée à la vitre d'un aquarium permet d'apercevoir les nombreux podia qui sont disposés sur chaque bras, ainsi que la bouche centrale.
Aquarium de Nausicaa, Boulogne-sur-mer (62)
10/2006
Estomac d’astérie
Entre les valves d’une moule on remarque, gonflée, la portion d’estomac qu’une astérie rouge a dévaginée pour réaliser une digestion externe.
Pays-Bas, 7 m
09/1993
Prédation de balanes
Une jeune astérie se déplace à marée basse sur un rocher recouvert de balanes. Celles-ci peuvent être victimes de la voracité de l'étoile.
Lorient (56), à marée basse
04/2006
Ingestion d’un crabe
Il ne s’agit pas d’une figure du Kamasutra des étoiles de mer (leur fécondation est externe !) mais ces deux Astéries imbriquées l’une dans l’autre consomment un même crabe vert (Carcinus maenas).
Pays-Bas, 7 m
09/1993
Prédateur
Une étoile de mer commune se fait grignoter par ce homard, observation plutôt insolite !
Zélande (Pays-Bas), 6 m
2007
Jeunes astéries
Jeunes astéries de moins de 1 cm fixées sur un bout de rocher.
Bassin d'Arcachon, Cap Ferret, 4m.
06/06/2016
Jeune astérie
Une jeune astérie, sa couleur est claire et son tégument relativement rigide.
Loon-Plage (59), 6 m
09/1993
Régénération
Une astérie régénère les 3 bras qu’elle avait perdus.
Pays-Bas, 7 m
01/05/2005
Presque comète !
Cette photo a été déposée sur le Forum par François suite à un "Avis de recherche" au sujet d'étoiles comètes sur le littoral européen.
Voici ce qu'a répondu Nadia Améziane, spécialiste des Échinodermes au Muséum :
Cette photo ne répond pas vraiment au challenge de Vincent.
Le stade comète implique un bras de taille initiale et une toute petite portion de disque avec 4 moignons de bras, seuls, pour l'instant, les Linckia y arrivent.
Sur cette photo superbe et peu fréquente, le disque est complet (non ce n'est pas de la mauvaise foi !) et n'a pas été affecté par la régénération. J'ai plutôt l'impression que la pauvre étoile a subi plusieurs revers !!
Encore bravo car ce n'est pas fréquent même si ce n'est pas un stade comète.
Beg-Meil (29), 15 m
10/08/2004
Attitude caractéristique
Cette attitude est caractéristique d'une phase de reproduction d'Asterias rubens.
Cette photo a été primée lors du concours "Les Yeux de DORIS" 2007.
Le Croisic (44), 10 m
05/2006
Libération de gamètes mâles
On distingue bien sur ce cliché les orifices qui permettent la sortie des spermatozoïdes. Ces gamètes se dispersent de manière laiteuse dans le milieu ambiant.
Pays-Bas, 7 m
01/05/2005
Libération de gamètes femelles
Des gros gamètes, il s’agit donc d’ovules, sortent des orifices génitaux d’une astérie femelle.
Pays-Bas, 7 m
01/05/2005
Pullulation
Un grand nombre d'individus parmi une prairie clairsemée de zostères, dans le bassin d'Arcachon. Prémices de la reproduction ? Abondance de nourriture ?
Grand-Banc, bassin d'Arcachon (33), 3 m
03/2003
Rédacteur principal : Vincent MARAN
Correcteur : Patrick SCAPS
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Samuel JEGLOT
La page d'Asteria rubens dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN