Face ventrale rouge
Point rouge, net, à la commissure des pinces
Crête médiane crénelée sur le rostre
Deux crêtes post-orbitales et une ligne d'épines en arrière du sillon cervical sur la carapace
Pinces massives avec deux tubercules jaunes sur le bord interne de la partie fixe
Ecrevisse noble, écrevisse à pattes rouges, écrevisse commune
Noble crayfish (GB), Edeelkrebs (D)
Astacus nobilis
Europe centrale
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeCette espèce continentale d'Europe centrale se rencontre aussi dans les pays scandinaves. En France, elle se limite originellement au quart nord-est, mais elle peut se rencontrer dans des étangs sur tout le territoire car elle est introduite par des propriétaires privés pour valoriser leur plan d'eau. Des essais d'introduction ont été effectués dans l'Atlas marocain dans les années 30.
Elle peuplait autrefois les rivières du cours moyen (zone à barbeau) et la partie littorale de grands lacs. Actuellement elle ne se rencontre que dans des plans d'eau de très bonne qualité où elle fait l'objet d'un élevage extensif. Ces étangs sont généralement de petite taille et forestiers. On la trouve plus rarement dans des étangs de plaine à condition que leur proximité ne comporte pas de cultures intensives (maïs). L'écrevisse pieds rouges est nocturne et pendant la journée elle recherche des caches. Son milieu de vie comporte donc de la végétation aquatique (élodées, myriophiles, characées…), des berges et sous berges, sur des pentes douces, colonisées par les enchevêtrements racinaires de la ripisylve*. Le fond se constitue de substrat* minéral de différentes granulométries. Les galets et rochers offrent des refuges très appréciés. Cependant elles sont aussi capables de creuser des terriers directement dans les berges.
D'une taille de 12 à 15 cm et d'un poids de 50 à 150 g, elle possède une coloration vert foncé à brune en face dorsale et rouge en face ventrale. Cette espèce se caractérise par une crête médiane crénelée sur le rostre et possède deux crêtes post-orbitales et une ligne d'épines en arrière du sillon cervical sur la carapace. Les pinces sont massives avec deux tubercules jaunes sur le bord interne de la partie fixe. Un point rouge se distingue nettement à la commissure des pinces.
Ecrevisse du Pacifique, Pacifastacus leniusculus : elle possède un point blanc très marqué à la commissure des pinces.
Les écrevisses sont omnivores mais sont surtout opportunistes. Pendant la période estivale, cette espèce consomme beaucoup de végétaux, alors que pendant l'hiver son alimentation est constituée de protéines, qu'elle trouve dans les macroinvertébrés et le poisson qu'elle est capable de capturer (observations du rédacteur). Le printemps, elle dispose d'une source supplémentaire de nourriture avec l'arrivée des grenouilles rousses et des têtards. Ses besoins en nourriture varient en fonction de la température de l'eau et en dessous de 5 °C, elle arrête de se nourrir. Par contre, au dessus de 20 °C son activité est au maximum.
La reproduction de l'écrevisse pieds rouges est complexe et se déroule en plusieurs phases.
Dans un premier temps, en octobre, novembre ou décembre (en fonction de la température de l'eau, 10 -12 °C) le mâle attrape une femelle et la retourne afin que les géniteurs soient face ventrale contre face ventrale. Ainsi immobilisés, le mâle peut déposer des spermatophores* (petits sacs collants renfermant les spermatozoïdes) entre les pattes ou sur le telson de la femelle. On ne peut pas parler d'accouplement, alors cette phase est appelée « plaquage ».
Les ovules ne sont pondus que plusieurs jours plus tard (2 à 60 jours) et on assiste alors à une fécondation différée (décembre, janvier). Les œufs (50 - 200) se fixent alors individuellement sur les pléopodes de la femelle et le développement embryonnaire se déroule sur 6 à 8 mois selon les conditions climatiques. L'éclosion a lieu généralement au mois de juin sous l'abdomen de la femelle et les larves y restent jusqu'à leur première mue c'est-à-dire une dizaine de jours. Ensuite ils s'émancipent pour trouver un refuge sous des cailloux. En trois mois les petites écrevisses atteignent une taille de 25 à 40 mm et ont alors mué entre 5 et 10 fois.
L'écrevisse pieds rouges est très exigeante sur la qualité de son milieu et elle est d'ailleurs une des premières espèces à disparaître quand son biotope est pertubé (pollution, aménagement, espèces invasives…). A ce titre, elle est considérée comme bio indicateur.
La phase la plus délicate de la vie d'une écrevisse est la mue. Elle doit s'extirper de son ancienne carapace devenue trop étroite pour grandir. De ce fait, elle reste molle pendant plusieurs heures avant que sa nouvelle protection se calcifie. Ne touchez jamais une écrevisse pendant cette phase, car vous risquez de l'endommager voire même de la faire mourir en l'épuisant davantage.
L'observation de ce crustacé reste très difficile même dans un étang où il est censé être présent en grand nombre. Privilégiez les plongées de nuit et portez votre attention plus particulièrement sur les amas de rochers, les souches et les sous berges, même dans très peu d'eau.
Avec de la chance, vous pourrez observer de gros spécimens pouvant atteindre un poids de 400 g. Les grosses écrevisses sont aussi appelées « homard de fontaine » et certaines peuvent atteindre l'âge de 20 ans.
Comme pour les autres espèces d'écrevisses, certains individus présentent une pigmentation bleue, violette ou encore blanche (observations du rédacteur). Dans ce cas, seuls les caractères morphologiques permettent une identification.
PROTECTION : Attention espèce sur liste rouge !
Directive « Habitats-Faune-Flore » : annexes II et V
Convention de Berne : annexe III
Espèce d'écrevisse autochtone protégée (art. 1er) : à ce titre, il est interdit d'altérer et de dégrader sciemment les milieux particuliers à cette espèce.
L'espèce est également concernée par des mesures de protection réglementaires relatives à sa pêche : mesures portant sur les conditions de pêche (engins spécifiques : balances ; Code rural, art. R. 236-30) ; temps de pêche limité à dix jours maximum par an (Code rural, art. R. 236-11) ; taille limite de capture de 9 cm (décret n° 94-978 du 10 novembre 1994). La pêche de l'espèce est interdite dans certains départements.
Cotation UICN* (Union internationale pour la conservation de la nature) :
Coloration de la face ventrale.
Astacus : du grec [Astakos] = homard.
Numéro d'entrée WoRMS : 877649
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Astacidea | Astacoures | Les Astacoures regroupent des crustacés allongés possédant une puissante paire de pinces : homards, langoustines (avec larves) et écrevisses (développement direct). |
Famille | Astacidae | Astacidés | |
Genre | Astacus | ||
Espèce | astacus |
Attention aux doigts
Les plus grosses écrevisses sont souvent dans le ruisseau qui alimente l'étang. Ellent échappent ainsi à l'astaciculteur (éléveur d'écrevisses). Les mâles possèdent des pinces plus grosses que les femelles.
Ruisseau de Haute-Saöne
10/2004
Ecrevisse dans sa cache
Si la cache est trop étroite, elles peuvent déplacer des cailloux de 4 à 5 cm en les poussant de leurs pinces.
Ruisseau de Haute-Saône
10/2004
Parfois bleue
Une écrevisse pieds-rouges bleue. Pour la reconnaître, il faut observer les autres caractères.
Aquarium du muséum de la citadelle, Besançon (25)
10/2006
Rostre
Détail du rostre avec les bords parallèles et la crête médiane.
Aquarium du muséum de la citadelle, Besançon (25)
10/2006
Les pinces
On remarque les points rouges à la commissure des pinces et les 2 tubercules jaunes de la partie fixe.
Aquarium du muséum de la citadelle, Besançon (25)
10/2006
Le plaquage
Lors du plaquage, le mâle, le plus souvent au-dessus, immobilise la femelle, en la retournant, afin de déposer ses spermatophores*.
Mare de Bouclans (25), de jour
28/11/2006
Les spermatophores
Après le plaquage, les spermatophores sont visibles, entre les pattes de la femelle, à proximité des orifices de pontes.
Mare de Bouclans (25)
12/2005
Les œufs
Les œufs, sous l'abdomen de la femelle, quelques jours avant l'éclosion.
Aquarium du muséum de la citadelle, Besançon (25)
06/2006
Rédacteur principal : Mickäel BEJEAN
Vérificateur : Michel KUPFER
Responsable régional : Michel KUPFER
Eaux libres, 01/04 2007, Situation des écrevisses en France en 2006, Bulletin du Conseil Supérieur de la Pêche et protection des milieux aquatiques, 47-48, p17-33.
Vigneux E., 1997, Les introductions de crustacés décapodes d'eau douce en France, peut-on parler de gestion ? Bulletin français de la pêche et de la protection des milieux aquatiques, 344-345, 357-370.
Vigneux E. (éd.), 2000, Spécial « écrevisse », Les espèces natives d'Europe (volume 2). Bulletin français de la pêche et de la protection des milieux aquatiques, 356, 160 p.
La page d'Astacus astacus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN