Antennaire strié

Antennarius striatus | (Shaw, 1794)

N° 2847

Circumtropical

Clé d'identification

Corps massif et globuleux atteignant 22 cm
Nombreuses stries brunes sur le corps
1ère épine dorsale différenciée en un filament pêcheur
Illicium fin et de même longueur que la 2ème épine dorsale
Leurre constitué de 2 à 7 appendices en forme de ver
Nageoires pectorales et pelviennes en forme de pattes
Bouche très large

Noms

Autres noms communs français

Poisson-grenouille strié, poisson-crapaud strié, antennaire poilu, lafe 5 doigts

Noms communs internationaux

Striated frogfish, striped anglerfish, spitlure frogfish, blotched anglerfish, zebra frogfish, hairy frogfish (GB), Pez rana rayado, ranisapo estriado (E), Gestreifter Anglerfisch, Streifen Anglerfisch (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Il existe plus de 40 synonymes pour cette espèce, qui ne sont plus utilisés aujourd'hui.
Le nom originel était Lophius striatus Shaw, 1794.
Dans l'Atlantique Ouest, on le retrouve encore sous le nom d'Antennarius scaber (Cuvier, 1817).

Distribution géographique

Circumtropical

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes

Antennarius striatus est présent dans les zones tropicales de l'Atlantique, du New Jersey au Brésil et du Sénégal à l'Afrique du Sud. Dans l'Indo-Pacifique, on le trouve depuis la mer Rouge et les côtes africaines jusqu'à Hawaï. Du nord au sud, il est présent du Japon à l'Australie et la Nouvelle-Calédonie.

Biotope

L'antennaire strié fréquente les récifs coralliens, les herbiers et les zones sableuses riches en algues et en débris coralliens, de la surface à une vingtaine de mètres de profondeur, mais il a été observé jusqu'à 219 m.
Les populations de l'Atlantique sont généralement observées plus profond que celles de l'Indo-Pacifique.

Description

Antennarius striatus est un poisson au corps massif plus ou moins globulaire, atteignant 22 cm de longueur. Sa couleur varie du blanc au jaune, vert, brun, rouge, noir... avec des taches brunes, plus ou moins allongées, formant des stries. Ces stries sont rayonnantes autour des yeux. La peau, rugueuse et extensible, ne porte pas d'écailles. Parfois, le corps est couvert d'excroissances cutanées donnant un aspect "chevelu" à cette espèce.
La bouche prognathe*, dirigée vers le haut, est aussi large que le corps. Elle porte de nombreuses dents villiformes*, fines et serrées comme les poils d'une brosse. L'ouverture branchiale, réduite à un simple trou circulaire, se situe en arrière des nageoires pectorales.
La nageoire dorsale se compose de 4 parties distinctes : 3 rayons épineux espacés chacun l'un de l'autre, puis la partie composée de 11-12 rayons mous. Le premier rayon épineux, situé au-dessus de la bouche, a évolué en filament pêcheur, constitué d'une tige (illicium) surmontée d'un leurre (esca). Les deuxième et troisième rayons épineux sont recouverts de peau. L'ensemble ressemble plus à une bosse ou une protubérance qu'à des nageoires. Une membrane fine, difficile à voir, relie la base de ces deux nageoires.
Le filament pêcheur est un critère d'identification chez les antennaires. Pour cette espèce, l'illicium est de même longueur que la deuxième épine dorsale et l'esca est formée de 2 à 7 appendices en forme de ver. Les pelviennes mais surtout les nageoires pectorales font penser à des pattes terminées par une petite main palmée. Contrairement à la majorité des poissons, les pelviennes sont placées en avant des pectorales.

Espèces ressemblantes

La discrimination des différentes espèces d'antennaires n'est pas toujours aisée, notamment du fait de la très grande variation de couleur au sein d'une même espèce.
Un bon critère d'identification est l'illicium et son leurre.
Chez Antennarius striatus, l'illicium est fin, de la même taille que la deuxième épine dorsale. Le leurre est formé de 2 à 7 appendices ressemblant à des vers.

Avec ses nombreuses taches allongées l'antennaire strié se différencie facilement des autres espèces sauf de Antennarius hispidus, l'antennaire hispide, qui lui ressemble beaucoup. Il présente les mêmes taches et stries que l'antennaire strié et peut également avoir un aspect "chevelu". La principale différence vient du leurre qui est en forme de boule chez A. hispidus. De plus, cette espèce à la même répartition géographique que A. striatus dans l'Indo-Pacifique, mais est absente de l'Atlantique.

Il existe aussi une autre espèce assez ressemblante : Histrio histrio, l'antennaire des sargasses. Cette espèce a également des taches ou stries, et parfois des lambeaux cutanés, mais elle est toujours de couleur jaune orangé, son filament pêcheur est très court. Elle ne vit jamais sur le fond et ne se rencontre que dans les sargasses flottantes ou autres objets flottants. Sa distribution est la même que celle de l'antennaire strié.

Parmi les espèces les plus fréquentes, parfois confondues avec l'antennaire strié citons :

  • Antennarius pictus ou antennaire peint : taille maximale de 21 cm, illicium plus long que la 2ème épine dorsale, leurre touffu à sa base puis membraneux vers son extrémité. Coloration très variable (blanche, grise, rose, rouge, jaune, verte, brune, noire) mais généralement uniforme avec de nombreux ocelles*, qui sont en fait de petits cratères, ressemblant à des oscules* d'éponges. 3 ocelles disposés en ligne verticale sur la queue. Distribution : de la mer Rouge à Hawaï.
  • Antennarius maculatus ou antennaire verruqueux : taille maximale de 11 cm, illicium plus long que la 2ème épine dorsale, leurre en forme de petit poisson ou de petite crevette avec souvent un point imitant un œil. Membrane en arrière de la 2ème et 3ème épine dorsale assez développée. Coloration moins variable (blanche, jaune, verte, brune, noire) avec toujours un réseau de croûtes colorées (rouge, violette, blanche). La peau est couverte de pustules. Distribution : de l'île Maurice aux îles Salomon.
  • Antennarius commerson ou antennaire géant : taille maximale de 38 cm, illicium plus long que la 2ème épine dorsale, leurre touffu à sa base puis prolongé par quelques filaments. Coloration plus variable et le plus souvent uniforme. Distribution : de la mer Rouge à l'Amérique Centrale.

  • Antennarius coccineus ou antennaire à taches de rousseur : taille maximale de 12 cm, illicium de même taille que la 2ème épine dorsale, leurre touffu souvent de couleur blanche. Coloration variable (grise, rose, rouge, brune) mais généralement avec 5 bandes noires sur la queue. Distribution identique à A. commerson.

  • Antennarius multiocellatus ou antennaire longue ligne : taille maximale de 20 cm, illicium 2 fois plus long que la 2ème épine dorsale, leurre foliacé. Coloration sans tache, mais très variable. Distribution : Caraïbes.

Alimentation

L'antennaire strié chasse à l'affût de petits poissons jusqu'à des poissons ayant la même taille que lui, y compris ses congénères. C'est un maître du camouflage très vorace. Il reste immobile, confiant dans son camouflage et gobe les proies passant à sa portée. Pour cela, il a une bouche protractile*, c'est-à-dire qu'il est capable de projeter ses mâchoires en avant, tout en ouvrant sa bouche aussi large que son corps en moins de 10 millisecondes. La dépression créée par cette ouverture brutale aspire tout ce qui se trouve devant lui. Pour attirer ses proies, il peut également agiter son leurre au-dessus de sa bouche. Malgré sa voracité, il peut se contenter d'une ou de deux proies par semaine.

Reproduction - Multiplication

Il n'y a pas de différenciation sexuelle chez Antennarius striatus. C'est une espèce ovulipare*. Un couple se forme. La femelle est alors reconnaissable à son ventre distendu par les milliers d'ovules qu'il contient. Après une parade plus ou moins longue, le couple quitte le fond et remonte près de la surface où la femelle expulse ses gamètes*, en se secouant violemment, qui sont alors immédiatement fécondés par le mâle. Les œufs sont groupés dans une masse gélatineuse flottante en forme de ruban qui va dériver au gré des courants. On parle de ponte épipélagique*. Les œufs éclosent au bout de quelques jours et la larve* restera encore 1 ou 2 mois dans le plancton*. Déjà à ce stade, la larve a un leurre au-dessus de sa grosse tête.

Vie associée

Comme de nombreux poissons, les antennaires peuvent être parasités par des petits crustacés copépodes.

Divers biologie

Antennarius striatus, avec son corps massif et globulaire, est un mauvais nageur. Pour se déplacer, il se sert le plus souvent de ses pectorales comme des pattes et il est alors possible de le voir marcher sur le fond ou avancer en sautillant. Cependant, en cas de danger ou quand il est dérangé, il est capable de nager sur de longues distances en se servant de sa queue comme propulseur. Il peut aussi se propulser en avalant de grandes quantités d'eau par son immense bouche et en la rejetant par ses ouïes étroites, qui jouent alors le même rôle que le siphon d'un poulpe ou le réacteur d'un avion.

Il est fréquent de voir les antennaires bâiller sans que l'on sache vraiment la signification de ce phénomène.

La très grande variété de couleurs au sein d'une même espèce explique le grand nombre de synonymes. En effet, par le passé, un nom différent a souvent été attribué pour chaque couleur d'une même espèce. Les analyses modernes ont permis de confirmer que le plus souvent il ne s'agissait que de variations d'une même espèce. Dans le cas de A. striatus, qui a également une vaste aire de distribution, il subsiste un doute et il pourrait y avoir plusieurs espèces regroupées sous ce nom.
Chez les antennaires, un même individu est capable de changer de couleur (homochromie*) en fonction de celle du substrat sur lequel il se pose, afin de parfaire son camouflage. Cela peut prendre plusieurs jours à plusieurs semaines, ce qui ne gêne pas ce poisson, qui peut rester des semaines au même endroit. En aquarium, un antennaire noir avec des taches orange est devenu jaune à points noirs en un mois. La couleur n'est donc pas un critère d'identification.
De nos jours, 12 genres et 46 espèces (dont 25 espèces pour le genre Antennarius) sont reconnus dans la famille des Antennariidés.

Informations complémentaires

En cas de danger, cette espèce peut gonfler son corps en avalant de l'eau afin de paraître plus impressionnante.

Origine des noms

Origine du nom français

Antennaire est la francisation du nom latin du genre.
Strié, car il arbore de très nombreuses taches ou stries plus sombres sur le corps.
Avec leur forme massive et leurs pectorales en forme de pattes, souvent bien écartées de chaque côté de leur corps, les antennaires ressemblent vaguement à des grenouilles d'où leurs autres noms communs de poissons-grenouilles ou poissons-crapauds.

Origine du nom scientifique

Antennarius : du latin [antenna] = antenne, car le leurre est semblable à une antenne.

striatus
: du latis [striatus] = strié.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 158790

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Lophiiformes Lophiiformes
Sous-ordre Antennarioidei Antennarioïdes
Famille Antennariidae Antennariidés Famille des antennaires.
Genre Antennarius
Espèce striatus

Nos partenaires