Nudibranche éolidien de 20 mm de long maximum
Rhinophores lisses plus grands que les tentacules buccaux
Grande variété de couleur du blanc translucide au noir foncé
Cérates longs et renflés qui laissent toujours le pied de l'animal apparent
Taches pigmentaires dorsales jaune orangé chez les individus foncés
Un anneau jaune à orange est souvent observable à l'extrémité des cérates
Atlantique, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Amphorina andra est présente en Méditerranée française (Étang de Thau, Marseillan, Antibes) mais également en Croatie, Italie, Espagne (Catalogne) et sur toutes les côtes atlantiques européennes jusqu'au nord de la Norvège.
On trouve Amphorina andra sur une large plage de profondeur (0,5 m à 20 m environ) sur les hydraires dont elle se nourrit (voir Alimentation) ou à proximité. Elle apprécie une salinité comprise entre 33 et 35‰. Les individus profonds sont de plus petite taille que ceux retrouvés près de la surface.
Amphorina andra est un nudibranche éolidien* qui peut atteindre jusqu'à 20 mm de longueur. Les cérates* sont longs et renflés, les plus gros au centre avec de nombreux exemplaires plus petits sur la périphérie. Il y a jusqu'à 4 rangées de cérates dans la partie antérieure. Ils recouvrent le dos mais laissent le pied apparent à l'arrière de l'animal. Les cérates se terminent par un anneau jaune orangé précédant une pointe blanche ou translucide.
Les rhinophores* sont lisses et 1,5 à 2 fois plus longs que les tentacules buccaux*.
Les couleurs d'Amphorina andra sont très variables avec 3 types principaux et plusieurs types intermédiaires. Certains individus sont plutôt blanchâtres sans marques colorées distinctives sur le dos ou sur les cérates. D'autres sont également complètement pâles mais avec des cérates orangés sur le dernier tiers. D'autres encore sont colorés, uniformément ou non. Certains sont uniformément orangés, presque rouges tandis que d'autres tirent sur le violet, jusqu'au noir mais avec des taches pigmentaires brun-grisâtre, brun foncé ou noirâtres sur le corps et les cérates. Tous les individus colorés portent un anneau orangé à l'extrémité des cérates et ces derniers se terminent alors par une pointe blanche ou translucide pouvant laisser apercevoir les cnidosacs*. Quand les cérates manquent de pigmentation, la glande digestive peut être visible. Elle apparaît alors relativement épaisse et non ramifiée.
Les spécimens colorés sont caractérisés par de grandes taches pigmentaires dorsales allant du jaune-orange vif à l'orange rougeâtre. Ces taches sont particulièrement visibles en arrière des rhinophores et avant la première rangée de cérates. Par contre, il n'y a jamais de taches colorées sur le pied apparent à l'arrière de l'animal, quelle que soit la couleur générale de l'individu concerné. Néanmoins la queue peut présenter une ligne médiane blanchâtre.
Les rhinophores et les tentacules buccaux sont de couleurs similaires. Ils sont clairs chez les individus foncés avec une coloration jaune brunâtre sur le tiers apical. Chez les individus orange ou rouges, ils sont également orange ou rouges avec une extrémité légèrement plus claire. La base des rhinophores est alors blanche. Les rhinophores et les tentacules buccaux des individus blanc pâle sont également blanchâtres.
Le pied est étroit et ne forme pas de coins antérieurs. Il n'y a jamais de ligne ponctuée blanche le long du pied chez Amphorina andra. Les mâchoires sont triangulaires et ovoïdes.
La confusion est possible avec les différentes espèces du genre Amphorina et entre les différents morphes de chaque espèce. La publication de Korshunova et al. (2020) propose une figure recensant l'essentiel de ces morphes par espèce. Les individus sont classés verticalement du plus clair au plus foncé et sont repartis horizontalement en trois grands groupes : les transparents peu colorés, les modérément transparents modérément colorés et les non-transparents intensément colorés. Tous les morphes n'ont pas été nécessairement observés et il se peut que cette liste ne soit pas exhaustive.
Au-delà de la variabilité des couleurs et des teintes, chaque espèce possède certains traits caractéristiques.
Ainsi pour :
Amphorina farrani : présence de coloration sous forme de spots jaune orangé mais absence de formes superficielles noirâtres sur le corps et les cérates
Amphorina linensis : présence d'une ligne ponctuée blanchâtre le long du pied et plus grand nombre de cérates à l'extrémité effilée
Amphorina pallida : spots dorsaux de plus petite taille et nombre de rangées de cérates antérieurs plus grand
Amphorina viriola : présence d'un anneau subapical sur les cérates
La répartition géographique est aussi un critère d'identification. Par exemple, Amphorina viriola vit exclusivement en eaux saumâtres et n'a été observée que sur les côtes suédoises et norvégiennes.
Comme bien des éolidiens*, Amphorina andra se nourrit d'hydraires. On la retrouve sur les genres Obelia, Sertularella et Endendrium.
Comme tous les nudibranches, Amphorina andra est hermaphrodite*.
Ses orifices génitaux, mâle et femelle, se situent à l'avant droit du pied. Les partenaires en cours d'accouplement seront donc dans une position tête-bêche, pour une fécondation réciproque avec échanges de gamètes* mâles.
La ponte contient des centaines d'œufs englués dans un ruban blanc torsadé sur environ deux ou trois tours. Elle est déposée sur les hydraires dont se nourrissent les parents, ou à proximité.
La radula* est un élément essentiel pour la détermination des différentes espèces de nudibranches, selon le nombre, l'arrangement et la forme des dents.
La formule radulaire* d'Amphorina andra est 30-37 x (1.1.1), soit une radula comportant 30 à 37 rangées de trois dents, une dent gauche, une dent centrale et une dent droite. Les dents sont jaunâtres.
L'holotype* de l'espèce provient de la côte sud-ouest de la Suède (Smögen) et a été prélevé à une profondeur d'environ 15 - 20 m.
Le genre Amphorina est constitué à l'heure actuelle de 5 espèces européennes (A. farrani, A. viriola, A. andra, A. linensis et A. pallida) et a été séparé du genre Eubranchus, représenté par Eubranchus tricolor, sur différents critères morphologiques apparents (nombre de rangées de cérates, cérates ramifiés par exemple) et internes (système génital).
Il n'en reste pas moins que la mise en évidence de différences subtiles entre les espèces très similaires du genre Amphorina restera difficile, même pour le plongeur naturaliste averti. En effet, les descriptions scientifiques publiées restent parfois obscures.
Éolis : ce nom rappelle son appartenance au groupe artificiel des nudibranches éolidiens.
magnifique : car cette espèce, avec sa variabilité de couleurs, est indéniablement d'une grande beauté.
Amphorina : genre créé en 1844, par Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau (1810-1892). Il inclut en 2020, cinq espèces valides.
Le nom fait probablement référence aux cérates un peu renflés qui évoquent de petites amphores mais l'auteur n'a pas donné dans sa description d'explications précises à ce choix, comme c'était fréquemment le cas à cette époque.
andra : du suédois [andra] = deuxième ou autre pour distinguer A. andra d'A. viriola.
Numéro d'entrée WoRMS : 1424907
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Eubranchidae | Eubranchidés | Eolidiens aux cérates renflés de formes variables, en rangées simples ou ramifiées. Rhinophores lisses et tentacules labiaux. Absence de tentacules pédieux. Se nourrissent d'Hydraires. |
Genre | Amphorina | ||
Espèce | andra |
Cérates renflés et longs rhinophores
Cet individu rencontré dans la lagune de Thau porte tous les attributs caractéristiques de cette espèce : rhinophores plus longs que les tentacules buccaux, des cérates renflés plus gros au centre qu'en périphérie du dos, un anneau jaune-orangé terminal précédant une pointe blanche.
Étang de Thau (34), 3 m
22/12/2020
Un individu particulièrement foncé
Les couleurs d'Amphorina andra peuvent être très variables, de très pâles à presque noires. Les cérates de cet individu en balade sur les hydraires dont il se nourrit arborent de larges plages pimentées de noir.
Étang de Thau (34), 3 m
05/01/2021
Variabilité des couleurs
Ces deux individus de coloration très différente portent très bien leur nom d'éolis magnifiques. Ils se trouvaient sur la même touffe d'hydraires à quelques centimètres de distance l'un de l'autre. Ils ont déposé leurs pontes directement sur leur garde-manger. Rien ne permet de dire que ces pontes résultent de leur accouplement.
Étang de Thau (34), 3 m
31/01/2024
Encore une autre teinte
Un individu foncé côtoie un individu plus clair, les deux sur leur hydraire de prédilection. Notez la taille extrêmement longue des rhinophores de l'individu foncé.
Étang de Thau (34), 3 m
05/01/2021
En balade sur des fonds sablo-vaseux
On peut aussi rencontrer Amphorina andra sur des fonds meubles. Selon sa couleur, il pourra être difficile à repérer. Les taches orange que cet individu porte sur le dos entre les cérates sont bien visibles sur la tête et derrière les rhinophores. Du coup, il est moins discret.
Banc de sable de l'Espiguette, Grau du Roi (34), 3 m
30/01/2022
En promenade sur des clavelines
Le contraste entre les couleurs vives d'Amphorina andra et la pâleur translucide des grandes clavelines (Clavelina lepadiformis) est saisissant. Cet individu est en chemin vers sa nourriture qui n'est pas cette ascidie.
Étang de Thau (34), 3 m
22/12/2020
Ça flashe !
Un individu entièrement orange vif près d'une ponte en ruban torsadé déposé sur un hydraire du genre Obelia (probablement Obelia longissima). On ne peut pas le rater.
Étang de Thau (34), 3 m
31/12/2020
Accouplement d'Amphorina andra
Ces deux individus très pâles mais avec des tâches orange sur le dos se retrouvent tête-bêche sur une feuille de zostère, dans la position caractéristique des éolidiens* en cours d'accouplement. Les organes génitaux disposés à l'avant à droite, juste à l'arrière des rhinophores, rendent obligée cette figure de style.
Tour Solidor, Saint-Malo (35), 6 m
12/10/2023
Transparence
Cet individu très pâle parcourt le dessous d'une feuille de zostère. Son absence de pigmentation permet de voir très nettement les diverticules de la glande digestive à l'intérieur des cérates ainsi que les cnidosacs à leur extrémité.
Tour Solidor, Saint-Malo (35), 6 m
28/08/2023
Rédacteur principal : Jacques COVES
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Pascal GIRARD
Korshunova T., Malmberg K., Prkić J., Petani A., Fletcher K., Lundin K., Martynov A., 2020, Fine-scale species delimitation: speciation in process and periodic patterns in nudibranch diversity, ZooKeys, 917, 15-50.
Salvador X., Fernández-Vilert R., Moles, J. 2022, Sea slug
night fever: 39 new records of elusive heterobranchs in the western Mediterranean (Mollusca:
Gastropoda), Journal of Natural History, 56, 265-310, DOI: 10.1080/00222933.2022.2040630
----------
La page d'Amphorina andra dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN