Eolis magnifique

Amphorina andra | Korshunova, Malmberg, Prkić, Petani, Fletcher, Lundin & Martynov, 2020

N° 5352

Atlantique, Méditerranée

Clé d'identification

Nudibranche éolidien de 20 mm de long maximum
Rhinophores lisses plus grands que les tentacules buccaux
Grande variété de couleur du blanc translucide au noir foncé
Cérates longs et renflés qui laissent toujours le pied de l'animal apparent
Taches pigmentaires dorsales jaune orangé chez les individus foncés
Un anneau jaune à orange est souvent observable à l'extrémité des cérates

Noms

Distribution géographique

Atlantique, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Amphorina andra est présente en Méditerranée française (Étang de Thau, Marseillan, Antibes) mais également en Croatie, Italie, Espagne (Catalogne) et sur toutes les côtes atlantiques européennes jusqu'au nord de la Norvège.

Biotope

On trouve Amphorina andra sur une large plage de profondeur (0,5 m à 20 m environ) sur les hydraires dont elle se nourrit (voir Alimentation) ou à proximité. Elle apprécie une salinité comprise entre 33 et 35‰. Les individus profonds sont de plus petite taille que ceux retrouvés près de la surface.

Description

Amphorina andra est un nudibranche éolidien* qui peut atteindre jusqu'à 20 mm de longueur. Les cérates* sont longs et renflés, les plus gros au centre avec de nombreux exemplaires plus petits sur la périphérie. Il y a jusqu'à 4 rangées de cérates dans la partie antérieure. Ils recouvrent le dos mais laissent le pied apparent à l'arrière de l'animal. Les cérates se terminent par un anneau jaune orangé précédant une pointe blanche ou translucide.

Les rhinophores* sont lisses et 1,5 à 2 fois plus longs que les tentacules buccaux*.

Les couleurs d'Amphorina andra sont très variables avec 3 types principaux et plusieurs types intermédiaires. Certains individus sont plutôt blanchâtres sans marques colorées distinctives sur le dos ou sur les cérates. D'autres sont également complètement pâles mais avec des cérates orangés sur le dernier tiers. D'autres encore sont colorés, uniformément ou non. Certains sont uniformément orangés, presque rouges tandis que d'autres tirent sur le violet, jusqu'au noir mais avec des taches pigmentaires brun-grisâtre, brun foncé ou noirâtres sur le corps et les cérates. Tous les individus colorés portent un anneau orangé à l'extrémité des cérates et ces derniers se terminent alors par une pointe blanche ou translucide pouvant laisser apercevoir les cnidosacs*. Quand les cérates manquent de pigmentation, la glande digestive peut être visible. Elle apparaît alors relativement épaisse et non ramifiée.

Les spécimens colorés sont caractérisés par de grandes taches pigmentaires dorsales allant du jaune-orange vif à l'orange rougeâtre. Ces taches sont particulièrement visibles en arrière des rhinophores et avant la première rangée de cérates. Par contre, il n'y a jamais de taches colorées sur le pied apparent à l'arrière de l'animal, quelle que soit la couleur générale de l'individu concerné. Néanmoins la queue peut présenter une ligne médiane blanchâtre.

Les rhinophores et les tentacules buccaux sont de couleurs similaires. Ils sont clairs chez les individus foncés avec une coloration jaune brunâtre sur le tiers apical. Chez les individus orange ou rouges, ils sont également orange ou rouges avec une extrémité légèrement plus claire. La base des rhinophores est alors blanche. Les rhinophores et les tentacules buccaux des individus blanc pâle sont également blanchâtres.

Le pied est étroit et ne forme pas de coins antérieurs. Il n'y a jamais de ligne ponctuée blanche le long du pied chez Amphorina andra. Les mâchoires sont triangulaires et ovoïdes.

Espèces ressemblantes

La confusion est possible avec les différentes espèces du genre Amphorina et entre les différents morphes de chaque espèce. La publication de Korshunova et al. (2020) propose une figure recensant l'essentiel de ces morphes par espèce. Les individus sont classés verticalement du plus clair au plus foncé et sont repartis horizontalement en trois grands groupes : les transparents peu colorés, les modérément transparents modérément colorés et les non-transparents intensément colorés. Tous les morphes n'ont pas été nécessairement observés et il se peut que cette liste ne soit pas exhaustive.

Au-delà de la variabilité des couleurs et des teintes, chaque espèce possède certains traits caractéristiques.

Ainsi pour :

Amphorina farrani : présence de coloration sous forme de spots jaune orangé mais absence de formes superficielles noirâtres sur le corps et les cérates

Amphorina linensis : présence d'une ligne ponctuée blanchâtre le long du pied et plus grand nombre de cérates à l'extrémité effilée

Amphorina pallida : spots dorsaux de plus petite taille et nombre de rangées de cérates antérieurs plus grand

Amphorina viriola : présence d'un anneau subapical sur les cérates

La répartition géographique est aussi un critère d'identification. Par exemple, Amphorina viriola vit exclusivement en eaux saumâtres et n'a été observée que sur les côtes suédoises et norvégiennes.

Alimentation

Comme bien des éolidiens*, Amphorina andra se nourrit d'hydraires. On la retrouve sur les genres Obelia, Sertularella et Endendrium.

Reproduction - Multiplication

Comme tous les nudibranches, Amphorina andra est hermaphrodite*.
Ses orifices génitaux, mâle et femelle, se situent à l'avant droit du pied. Les partenaires en cours d'accouplement seront donc dans une position tête-bêche, pour une fécondation réciproque avec échanges de gamètes* mâles.
La ponte contient des centaines d'œufs englués dans un ruban blanc torsadé sur environ deux ou trois tours. Elle est déposée sur les hydraires dont se nourrissent les parents, ou à proximité.

Divers biologie

La radula* est un élément essentiel pour la détermination des différentes espèces de nudibranches, selon le nombre, l'arrangement et la forme des dents.
La formule radulaire* d'Amphorina andra est 30-37 x (1.1.1), soit une radula comportant 30 à 37 rangées de trois dents, une dent gauche, une dent centrale et une dent droite. Les dents sont jaunâtres.

Informations complémentaires

L'holotype* de l'espèce provient de la côte sud-ouest de la Suède (Smögen) et a été prélevé à une profondeur d'environ 15 - 20 m.

Le genre Amphorina est constitué à l'heure actuelle de 5 espèces européennes (A. farrani, A. viriola, A. andra, A. linensis et A. pallida) et a été séparé du genre Eubranchus, représenté par Eubranchus tricolor, sur différents critères morphologiques apparents (nombre de rangées de cérates, cérates ramifiés par exemple) et internes (système génital).

Il n'en reste pas moins que la mise en évidence de différences subtiles entre les espèces très similaires du genre Amphorina restera difficile, même pour le plongeur naturaliste averti. En effet, les descriptions scientifiques publiées restent parfois obscures.

Origine des noms

Origine du nom français

Éolis : ce nom rappelle son appartenance au groupe artificiel des nudibranches éolidiens.

magnifique : car cette espèce, avec sa variabilité de couleurs, est indéniablement d'une grande beauté.

Origine du nom scientifique

Amphorina : genre créé en 1844, par Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau (1810-1892). Il inclut en 2020, cinq espèces valides.
Le nom fait probablement référence aux cérates un peu renflés qui évoquent de petites amphores mais l'auteur n'a pas donné dans sa description d'explications précises à ce choix, comme c'était fréquemment le cas à cette époque.

andra : du suédois [andra] = deuxième ou autre pour distinguer A. andra d'A. viriola.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 1424907

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Cladobranchia Cladobranches
Famille Eubranchidae Eubranchidés Eolidiens aux cérates renflés de formes variables, en rangées simples ou ramifiées. Rhinophores lisses et tentacules labiaux. Absence de tentacules pédieux. Se nourrissent d'Hydraires.
Genre Amphorina
Espèce andra

Nos partenaires