Corps noir barré de trois fines bandes verticales blanches
Partie inférieure de la tête, moitié antérieure du ventre et nageoires pectorales de couleur jaune orangé
Nageoires dorsale, anale et caudale noires
Liseré blanc bordant la partie postérieure de la nageoire dorsale
Liseré blanc aussi pour le tour des nageoires caudale et anale
Clown de l'île Maurice, amphiprion à ventre jaune
Mauritian anemonefish, orange-fin anemonefish (GB), Mauritansk klovnfisk (Danemark), Maugandumas (Inde)
Amphiprion chryogaster Cuvier, 1830
Amphiprion fusciventer Bennett, 1832
Amphiprion mauritiensis Schultz, 1953
Océan Indien : La Réunion, Maurice et Rodrigue
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueIl est réputé endémique des îles Mascareignes : La Réunion, Maurice et Rodrigues, de l'océan Indien.
Il a probablement été vu sur la barrière corallienne de Tuléar dans le sud-ouest malgache.
C'est le seul poisson-clown présent le long des côtes de l’île de La Réunion.
On rencontre assez fréquemment le poisson-clown de Maurice dans les lagons, les récifs coralliens, notamment sur leurs pentes externes, depuis deux mètres jusqu’à quarante mètres de profondeur.
Le poisson-clown de Maurice mesure entre 9 et 15 centimètres. Il a un corps noir, comprimé latéralement, barré de trois fines bandes verticales blanches avec la partie inférieure de la tête, la moitié antérieure du ventre et les nageoires pectorales de couleur jaune orangé. La première bande verticale forme un anneau passant derrière les yeux et joignant le bas de chacun des opercules. La deuxième bande ceinture le corps d’Amphiprion chrysogaster au niveau de l’anus, en passant au milieu de la nageoire dorsale entre les rayons épineux et les rayons segmentés. La troisième bande se trouve sur le pédoncule de la nageoire caudale, qui est de forme tronquée. Les nageoires dorsale, anale et caudale sont noires. Un liseré blanc borde la partie postérieure de la nageoire dorsale, fait le tour de la nageoire caudale et de la nageoire anale.
Juvénile, Amphiprion chrysogaster est jaune barré de trois bandes blanches bordées de noir. Sa livrée va progressivement passer du jaune à l’orange puis au noir.
Dans son aire géographique des îles Mascareignes :
- Amphiprion bicinctus, le poisson-clown à deux bandes. Celui-ci ne possède que deux bandes blanches et l’ensemble des nageoires et le bas du corps sont jaune orangé. La confusion est possible notamment pendant la période de croissance d'Amphiprion chrysogaster.
En dehors de son aire géographique :
- Amphiprion fuscocaudatus, le poisson-clown des Seychelles. Cette espèce possède une queue blanche avec de fines lignes horizontales noires et une anale jaune. Amphiprion fuscocaudatus est endémique des Seychelles et du groupe d'îles d'Aldabra, près de la côte est-africaine. Les possibilités d'observation dans le milieu sont rares (plongées très limitées) et les captures sont interdites.
- Amphiprion latifasciatus, le poisson-clown de Madagascar. Celui-ci possède deux larges bandes blanches, une queue jaune clair fourchue, et l'ensemble des autres nageoires jaunes.
- Amphiprion clarkii, le poisson-clown de Clark. Ce poisson possède trois larges bandes blanches, la tête, la poitrine et les nageoires paires sont jaune-orangé. La queue est jaune.
- Amphiprion sebae, le poisson-clown de Seba (nord de l'océan Indien, jonction indo-pacifique). Cette espèce possède deux larges bandes blanches, les nageoires paires et anale bordées de noir et une queue jaune.
- Amphiprion tricinctus, le poisson-clown à trois bandes (Pacifique ouest). Celui-ci est tout orange ou tout noir en fonction de son anémone : Heteractis aurora ou Stichodactyla haddoni.
- Amphiprion chrysopterus, le poisson-clown à ventre jaune. Ce poisson présente deux bandes blanches (mais son juvénile en a trois !), il possède des nageoires dorsale, paires et anale jaunes, et une caudale blanche, sauf en Polynésie où elle est jaune. Amphiprion chrysopterus, qui se trouve dans le Pacifique tropical ouest de la Nouvelle-Guinée à la Polynésie, est une espèce jumelle d'Amphiprion allardi.
Amphiprion chrysogaster est omnivore. Il est planctonophage*, il se nourrit de petits crustacés copépodes, de larves de tuniciers... mais consomme également des algues. Il est connu pour son association symbiotique* avec les anémones de mer qu’il nettoie en mangeant leurs tentacules morts.
Le poisson-clown de Maurice est hermaphrodite*. Il s’agit d’un hermaphrodisme successif, ou hermaphrodisme séquentiel, d'abord mâle puis femelle, on parle de protérandrie ou de protandrie*. Il est monogame. Adulte, il est très territorial et ne tolère que les jeunes immatures. La femelle est plus grosse que le mâle et inhibe son inversion sexuelle.
Lorsque la femelle meurt, le mâle reproducteur se transforme alors en femelle, et le mâle immature le plus grand devient mâle reproducteur.
En captivité, la maturité sexuelle a été atteinte à l'âge de 20 mois.
Le mâle nettoie un pan de rocher ou un morceau de corail, à proximité de l’anémone hôte. En fin de journée, la femelle dépose ses œufs sur le substrat au pied de l’anémone, assurant ainsi leur protection. La ponte prend la forme d'un cercle intermittent.
Le mâle féconde les œufs les uns après les autres. Cette phase peut durer une heure. Ensuite, le mâle va garder les œufs, les nettoyer régulièrement, les soigner et il les protège des éventuels prédateurs jusqu’à leur éclosion. Il oxygène l’eau en battant les pectorales ou en expulsant de l'eau par la bouche sur les œufs. Pendant l’incubation des œufs, qui dure huit jours, leur couleur change pour passer de l’orange vif au brun foncé avant de devenir argentée le jour qui précède l’éclosion. Les yeux des larves sont alors clairement visibles. Les œufs mesurent 3 mm environ.
L'éclosion intervient peu après le coucher du soleil, suivant les phases de la lune et la température de l’eau. Après cette éclosion au pied de l'anémone protectrice, les larves* planctoniques*, d’une taille de 4 à 5 mm, flottent dans le courant pendant une quinzaine de jours, jusqu'à ce que les alevins soient suffisamment grands pour rejoindre une nouvelle anémone et commencer leur croissance.
En captivité, un couple a procédé à 19 phases de pontes, elles étaient espacées de 16 à 24 jours.
Un bon nombre d'informations reportées ici proviennent d'observation réalisées en aquarium.
Le poisson-clown de Maurice vit toujours en association avec une des cinq espèces d’anémones suivantes qui lui servent d'hôte et dont il ne s’éloigne jamais :
- Heteractis aurora,
- Heteractis magnifica,
- Macrodactyla doreensis,
- Stichodactyla haddoni,
- Stichodactyla mertensii.
Le poisson-clown s’immunise contre les cellules urticantes de l’anémone en se frottant progressivement contre les tentacules de l’anémone dès la fin du stade larvaire. Il ne s’agit pas d’une protection liée au système immunitaire du poisson mais plutôt à un changement de composition du mucus, qui contient moins de protides et davantage de glucides complexes, limitant la décharge des nématocystes* de l’anémone.
Le poisson-clown utilise l’anémone comme une barrière protectrice face à des prédateurs potentiels. Réciproquement, le poisson-clown protège les anémones des agressions de la part des poissons-anges, des poissons-papillons et des balistes, qui sont amateurs de tentacules d’anémones.
Les poissons-clowns consomment également leur nourriture au sein des tentacules, et l'anémone, carnivore (même si beaucoup hébergent aussi des algues symbiotiques), peut profiter des restes de ces repas. Enfin, les mouvements du poisson-clown pourraient favoriser l’élimination du mucus produit en permanence par l’anémone.
Les Pomacentridés possèdent une particularité partagée avec certains groupes de poissons : la capacité d’émettre des sons.
Une étude menée par une équipe de l'université de Liège avec des chercheurs internationaux a démontré les choses suivantes : d’une manière simplifiée, le mouvement de tête vers l’arrière entraîne d’abord une ouverture de la bouche puis un recul de la langue. Cela entraîne une fermeture très rapide de la bouche et le son est émis par le choc des dents des mâchoires inférieures contre les mâchoires supérieures. Ce système de communication avec ses semblables est utilisé soit pour exprimer son hostilité à un concurrent, soit pour attirer un partenaire.
Amphiprion chrysogaster est très peu présent en aquariophilie, du fait de son endémisme sur un territoire géographique limité sur lequel cette activité n'a pas été encore beaucoup développée. (Des essais de reproduction sont en cours).
Poisson-clown de Maurice : les premiers spécimens décrits par Cuvier avaient été rapportés de l’île Bourbon (actuelle île de La Réunion) par Monsieur Leschenault, conditionnés dans de la liqueur ! Les couleurs furent altérées par le conditionnement et les parties jaunes du poisson sont apparues blanches.
Ce n’est que plus tard que Cuvier a pu décrire la couleur gris perle des bandes et celle jaune d’or du ventre et des pectorales à partir de spécimens frais expédiés de l’Isle de France (actuelle île Maurice) par Monsieur Desjardins. C’est probablement à ce moment que le nom français de poisson-clown de Maurice est né.
Amphiprion : du grec [amphi] = des deux côtés et [prion] = scie, en référence aux pointes présentes sur le bord des opercules.
(N.B. : Pomacentridés = « opercules épineux »)
chrysogaster : du grec [chrysos] = doré et [gaster] = ventre, estomac, décrivant le ventre jaune.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Labroidei | Labroïdes | Une seule dorsale, dents molariformes formant un puissant appareil masticatoire. |
Famille | Pomacentridae | Pomacentridés | |
Genre | Amphiprion | ||
Espèce | chrysogaster |
Dans le bleu
Cliché sur fond bleu, mettant en évidence les caractéristiques du clown de Maurice.
La cheminée, La Réunion (974), 17 m
2009
De face
De face deux individus (un couple ?), probablement au-dessus d'une anémone de Mertens Stichodactyla mertensii dont on voit les taches orangées sur la colonne.
Passe de l'ermitage, La Réunion (974), 20 m
16/02/2011
Noir et blanc
Ce cliché montre le beau contraste qui est visible entre le fond noir et les bandes blanches de la robe de ce poisson-clown.
Passe de l'ermitage, La Réunion (974), 20 m
16/02/2011
Attitude agressive
Attitude caractéristique d'un poisson-clown qui se défend.
Flic en Flac, Île Maurice, 16 m
01/09/2010
Œufs frais pondus
Une ponte fraîchement déposée montre des œufs orange vif, et les yeux ne sont pas visibles.
La Pierre du Préfet, La Réunion (974), 17 m
17/10/2009
Œufs en maturation
Ici les œufs sont encore orangés et un peu plus allongés, les yeux deviennent visibles.
Cirque Aigrette, La Réunion, 22 m
08/2008
Avant l'éclosion
Pendant l’incubation des œufs, qui dure huit jours, leur couleur change pour passer de l’orange vif au brun foncé avant de devenir argentée le jour qui précède l’éclosion. Les yeux des larves sont alors clairement visibles. Les œufs mesurent 3 mm environ.
La Pierre du Préfet, La Réunion (974), 17 m
10/2009
Juvéniles
Ce cliché montre bien des juvéniles qui ont une teinte bien plus claire que celle des adultes.
Saint Gilles, La Réunion (974), 20 m
20/12/2010
Jeunes audacieux
Des jeunes clowns commencent à s'éloigner un peu de la proximité des tentacules de l'anémone : ils acquièrent plus d'assurance.
Flic en Flac, Île Maurice, 16 m
20/08/2010
Avec des demoiselles à trois points
Comme souvent les poissons-clowns partagent leur anémone avec des demoiselles à trois points Dascyllus trimaculatus
Saint Gilles, La Réunion (974), 20 m
20/12/2010
Rédacteur principal : Jean-Marc CHAREL
Rédacteur : Vincent MARAN
Vérificateur : Stéphane ORES
Correcteur : Philippe MESPOULHÉ
Responsable régional : Vincent MARAN
Durville P., Fabre J.-N., Germain G. et Mulochau T., 2004, La reproduction du poisson-clown Amphiprion chrysogaster (Cuvier, 1830) endémique des îles Mascareigne, Seascope, Aquarium Systems, Inc., Mentor, OH, 2-4
Fourmanoir P., Guézé P., 1963, Les poissons de la Réunion, Fascicule VI. Familles des Istiophoridés, Scombridés, Scombéromoridés, Lethrinidés, Sphyraenidés, Polynémidés, et familles de moindre importance économique, Publ. Inst. Rech. Scient. Madagascar, 13
La page sur Amphiprion chrysogaster sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase.
La page d'Amphiprion chrysogaster dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN