Couleur rose-orangé, légèrement plus foncée dorsalement que ventralement
Pas de bandes blanches latérales
Fine bande blanche dorsale, de l’avant de la tête au pédoncule caudal
Nageoire dorsale transparente, caudale blanche, pectorales, pelviennes et anale jaunes
Amphiprion sans parure, poisson-clown à bande dorsale
Skunk clownfish, nosestriped anemonefish, skunk-striped anemonefish, whitebacked clownfish (GB), Pesce pagliaccio puzzola (I), Pez payaso mofeta (E), Weißrücken-Anemonenfisch, Indischer Weißrücken-Clownfisch (D), Rugstreepanemoonvis (NL), Kaarivuokkokala (FI), Margasnukis jūrų klounas (LI), Pajkos bohóchal (H), Скунсовый клоун (Ru)
Amphiprion akalopisos Bleeker, 1853
Amphiprion akallopisus Bleeker, 1853
Phalerebus akallopisos (Bleeker, 1853)
Prochilus akallopisos Bleeker 1865
Amphiprion acallopistus Day 1889
Amphiprion acallopisos Ahl 1926
Océan Indien tropical
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueAmphiprion akallopisos est, avec A. sebae mais après A. clarkii, un des poissons-clowns ayant l’aire de répartition la plus vaste. On le trouve dans tout l’océan Indien tropical, de l’Afrique de l’Est (limite sud en Afrique du Sud) à la mer de Java en passant par Madagascar, les Comores, les Seychelles, la mer d’Andaman et Sumatra.
C’est cependant le seul poisson-clown dont l’aire de répartition est séparée en deux par une grande zone dont il est absent : en Inde et au Sri Lanka. Il est également absent du nord-ouest de l’océan Indien (mer Rouge, mer d’Oman et golfe Persique), et sa présence aux Maldives est controversée.
Le poisson-clown mouffette se rencontre sur les têtes coralliennes dans les lagons et récifs extérieurs jusqu’à au moins 15 m de profondeur, avec un courant modéré à fort. Il est toujours associé à une grande anémone, qui héberge en général un couple reproducteur et plusieurs petits mâles immatures (voir Reproduction et Vie associée, ci-dessous), en groupes pouvant atteindre une dizaine d’individus.
Le poisson-clown mouffette est de couleur rose-orangé, légèrement plus foncée dorsalement que ventralement. Contrairement à la plupart des poissons-clowns, A. akallopisos n’a pas de bandes blanches latérales mais une seule fine bande blanche le long de la ligne du dos, de l’avant de la tête (presque à la bouche) jusqu’au pédoncule* caudal, y compris la base de la nageoire dorsale. Cette dernière est par ailleurs transparente et présente une légère dépression en son milieu, au niveau de laquelle se trouve l’avant de la nageoire anale. Même quand la coloration générale est plutôt rose, les nageoires pectorales, pelviennes et anale sont généralement jaunes, ainsi parfois que la zone ventrale. La nageoire caudale est blanche et arrondie.
Les mâles ont souvent une marge orange aux nageoires dorsale postérieure et caudale.
La taille maximale est de 11 cm pour les femelles et 7 cm pour les mâles.
Une nouvelle espèce de poisson-clown a été décrite en 2010 : Amphiprion pacificus, qui est presque impossible à distinguer d'A. akallopisos, bien que plus proche génétiquement d'A. sandaracinos. Son aire de répartition est cependant bien distincte, dans le Pacifique Ouest : Wallis, Tonga, Fidji et Samoa.
Amphiprion akallopisos est très proche du poisson-clown jaune ou amphiprion mouffette oriental A. sandaracinos, plutôt présent dans l’ouest du Pacifique mais aussi dans les mers d’Andaman et de Java. A. sandaracinos est cependant plus jaune-orange que rose, sa nageoire caudale est jaune, sa nageoire dorsale blanche ou jaune et sa bande dorsale blanche plus large et nette que chez A. akallopisos. Celle-ci se prolonge en outre jusqu’à la lèvre supérieure, ce qui n’est pas le cas chez A. akallopisos. Les deux espèces ont enfin des dents de formes différentes : coniques chez A. sandaracinos, elles sont incisiformes* chez A. akallopisos, ce qui indique probablement des régimes alimentaires différents.
Le poisson-clown à collier A. perideraion ressemble également à A. akallopisos, et le mâle peut aussi présenter une marge orange aux nageoires dorsale et caudale. Cette espèce ne peut cependant pas être confondue avec le poisson-clown mouffette, car elle présente une fine bande blanche caractéristique au bord de chaque opercule.
Le poisson-clown mouffette est omnivore, se nourrissant principalement d’algues filamenteuses, mais aussi de petits invertébrés benthiques* et de zooplancton.
Comme tous les poisson-clowns, Amphiprion akallopisos est hermaphrodite* protandre* et monogame. Le spécimen le plus gros est toujours la femelle et le deuxième, par ordre de grandeur, est toujours le mâle reproducteur. Tous les autres poissons sont des mâles subadultes immatures, plus petits, mais pas forcément plus jeunes : ce statut social inférieur inhibe fortement leur croissance. Chez A. akallopisos, la hiérarchie entre mâles est maintenue par la relation croissante entre taille et agressivité, le mâle reproducteur harcelant en permanence les mâles plus petits.
Si la femelle meurt, le mâle reproducteur (qui conserve des ébauches d’organes génitaux femelles) se transforme en femelle et le mâle immature le plus grand devient mâle reproducteur. Chez le poisson-clown mouffette, cette transformation prend au moins 18 jours, indépendamment de la taille du mâle.
En captivité comme à l’état sauvage, Amphiprion akallopisos peut pondre toute l’année, en moyenne 2 à 3 fois par mois, avec une augmentation au printemps et en été liée à l’accroissement de la durée du jour, en corrélation avec les cycles lunaires (à l’état sauvage) et à l’augmentation de température.
Le mâle nettoie un pan de rocher, à proximité de l’anémone, où la femelle dépose ses œufs. Une femelle peut pondre entre 300 et 700 œufs transparents de couleur bleue et d’un diamètre de 1 mm. L'incubation des œufs dépend de la température et dure en moyenne de 6 à 10 jours. Le mâle prend grand soin des œufs qu’il nettoie régulièrement et qu’il protège des éventuels prédateurs.
Après l’éclosion, les larves flottent dans le plancton jusqu’à ce que les alevins soient suffisamment âgés pour rejoindre une anémone et commencer la lente ascension de l’échelle hiérarchique.
Comme le poisson-clown orange Amphiprion percula, le poisson-clown mouffette vit toujours en association étroite (mutualisme) avec une des deux anémones Heteractis magnifica ou Stichodactyla mertensii. L’espèce d’anémone occupée dépend cependant de la compétition avec d’autres poissons-clowns : aux Seychelles Amphiprion akallopisos n’occupe que H. magnifica, alors que S. mertensii est occupée par le poisson-clown endémique A. fuscocaudatus.
Le poisson-clown s’immunise contre les cellules urticantes de l’anémone en se frottant progressivement contre les tentacules de l’anémone dès la fin du stade larvaire. Il ne s’agit pas d’une protection liée au système immunitaire du poisson mais plutôt à un changement de composition du mucus, qui contient moins de protides et davantage de glucides complexes, limitant la décharge des nématocystes* de l’anémone.
Le poisson-clown utilise l’anémone comme une barrière protectrice face à des prédateurs potentiels. Réciproquement, le poisson-clown protège les anémones des agressions de la part des poissons-anges, des poissons-papillons et des balistes, qui sont amateurs de tentacules d’anémones.
Les poissons-clowns consomment également leur nourriture au sein des tentacules, et l'anémone, carnivore (même si beaucoup hébergent aussi des algues symbiotiques), peut profiter des restes de ces repas. Enfin, les mouvements du poisson-clown pourraient favoriser l’élimination du mucus produit en permanence par l’anémone.
A. akallopisos partage parfois son anémone avec d’autres espèces de poissons-clowns, comme A. clarkii, ou avec la demoiselle à trois points Dascyllus trimaculatus.
Aux Seychelles, le poisson-clown mouffette peut être parasité par un crustacé isopode cymothoïde : Renocila heterozota. Contrairement à d’autres cymothoïdes parasites des amphiprions, ce parasite externe est toujours localisé dans la même zone : la partie antérieure du corps, en arrière de la tête. Tout comme son hôte, le parasite est insensible aux cellules urticantes de l’anémone Heteractis magnifica.
La durée de vie d’Amphiprion akallopisos est de 5 à 8 ans.
Les Amphiprions possèdent une particularité partagée par certains groupes de poissons : la capacité d’émettre des sons. Ces sons sont produits par un mouvement de tête vers l’arrière, qui entraîne d’abord une ouverture de la bouche puis un recul de la langue et la fermeture très rapide de la bouche. Le son est produit par le choc des dents de la mâchoire inférieure contre celles de la mâchoire supérieure.
Chez Amphiprion akallopisos, les sons produits sont généralement associés à des parades d'intimidation accompagnant la défense du territoire, et se présentent comme des séries sonores dont la fréquence et la durée sont liées à la taille de l’individu. A ce jour, il est possible de distinguer 3 types de sons différents au sein du répertoire vocal d’Amphiprion akallopisos, ces sons étant constitués de séries d'impulsions sonores (avec fréquence, amplitude, nombre et durée variables).
Séparées par le sous-continent indien, les populations de poissons-clowns mouffettes de l’est et de l’ouest de l’océan Indien ont en outre des « dialectes » différents, ce qui pourrait suggérer que ces deux espèces ont un « accent » différent et qu’elles seraient en cours de spéciation*. Une autre hypothèse serait que ces variations de vocalises entre les espèces seraient liées aux variations géographiques de leurs milieux respectifs (ex : bruit ambiant, facteurs biotiques…).
Dans l’ancienne classification des poissons-clowns, Amphiprion akallopisos faisait partie du sous-genre Phalerebus. Suivant la nouvelle classification en 5 complexes, il fait partie du complexe des clowns mouffettes (en anglais « skunk complex » ou « akallopisos complex »), comprenant également A. leucokranos, A. nigripes, A. perideraion, A. sandaracinos, A. thiellei et A. pacificus.
Le poisson-clown mouffette est assez courant en aquarium et sa reproduction est maîtrisée depuis les années 1970. Des individus conservés en aquarium ont vécu plus de douze ans.
Par analogie de robe avec les mouffettes (ou sconses, en anglais skunks, famille des Méphitidés), petits mammifères carnivores d’Amérique et d’Asie du sud-est caractérisés par la présence d’une ou deux bandes blanches sur la ligne du dos.
Amphiprion sans parure : du fait de l’absence de bandes blanches latérales.
Amphiprion : du grec [amphi] = des deux côtés et [prion] = scie, en référence aux pointes présentes sur le bord des opercules (N.B. : Pomacentridés = « opercules épineux »).
akallopisos : du grec [akallopistos] = sans parure, sans coquetterie.
Numéro d'entrée WoRMS : 212770
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Labroidei | Labroïdes | Une seule dorsale, dents molariformes formant un puissant appareil masticatoire. |
Famille | Pomacentridae | Pomacentridés | |
Genre | Amphiprion | ||
Espèce | akallopisos |
Poissons-clowns mouffettes dans l’anémone Heteractis magnifica
Amphiprion akallopisos est un poisson-clown rose-orangé sans bandes latérales, mais avec une fine bande blanche le long de la ligne du dos.
Piste de ski, Mayotte, 5 m
03/12/2008
Couleurs des nageoires
La nageoire dorsale est transparente, la caudale blanche et les autres nageoires jaunes.
Mayotte, Sakouli, 3 m
25/10/2009
Grande femelle et petit mâle
La femelle peut atteindre 11 cm de longueur, le mâle 7 cm.
Mayotte, Piste de ski, 5 m
08/04/2009
Amphiprion akallopisos rose à nageoires jaunes
Même quand la coloration générale est plutôt rose, les nageoires pectorales, pelviennes et anale sont souvent jaunes, ainsi parfois que la zone ventrale.
Thaïlande, Shark Point
12/02/2007
Vue de face
La bande blanche dorsale d’Amphiprion akallopisos est fine et ne va pas jusqu’à la lèvre supérieure, ce qui permet de le distinguer aisément du poisson-clown mouffette jaune A. sandaracinos.
Mayotte, 10 m
26/04/2010
Dans leur anémone
Comme tous les poissons-clowns, le poisson-clown mouffette vit toujours en association étroite (mutualisme) avec une anémone, ici Heteractis magnifica.
Mayotte
23/09/2009
Dans Heteractis magnifica
Le poisson-clown s’immunise contre les cellules urticantes de l’anémone en se frottant progressivement contre ses tentacules dès la fin du stade larvaire.
Thaïlande, Koh Phi Phi, 15 m
05/05/2003
Poisson-clown moufette et parasites externes
Ce poisson-clown mouffette est couvert de petites taches noires qui pourraient être des parasites. Aux Seychelles, le poisson-clown mouffette peut être parasité par un crustacé isopode cymothoïde : Renocila heterozota, mais celui-ci est toujours localisé dans la même zone : la partie antérieure du corps, en arrière de la tête.
Mayotte, Sakouli
07/02/2010
Avec Dascyllus trimaculatus
A. akallopisos partage parfois son anémone avec la demoiselle à trois points Dascyllus trimaculatus (en bas à droite).
Nosy Bé (Madagascar), Nosy Tanikely, 10 m
27/04/2011
Avec Amphiprion latifasciatus
A. akallopisos partage parfois son anémone avec d’autres espèces de poisson-clowns, comme ici A. clarkii. La cohabitation de ces deux espèces dans la même anémone n’est décrite nulle part dans la littérature scientifique, cette photo est la preuve qu’elle est possible en milieu naturel.
Mayotte
23/09/2009
Rédacteur principal : Benjamin GUICHARD
Correcteur : Gaël ROCHEFORT
Responsable régional : Véronique LAMARE
Allen G.R., Drew J., Fenner D., 2010, Amphiprion pacificus, a new species of anemonefish (Pomacentridae) from Fiji, Tonga, Samoa, and Wallis, Island, Aqua, International Journal of Ichthyology, 16(3), 129-138.
Bowman T. E. et R. N. Mariscal, 1968, Renocila heterozota, a new Cymothoid Isopod, with notes on its host, the anemone fish, Amphiprion akallopisos, in the Seychelles, Crustaceana, 14(1), 97-104.
Casadevall M., Delgado E., Colleye O., Ber Monserrat S. et E. Parmentier, 2009, Histological study of the sex-change in the skunk clownfish Amphiprion akallopisos, The Open Fish Science Journal, 2,55-58.
Colleye O., Frederich B., Vandewalle P., Casadevall M. et E. Parmentier, 2009, Agonistic sounds in the skunk clownfish Amphiprion akallopisos: size-related variation in acoustic features, Journal of Fish Biology, 75, 908–916.
Frédérich B., Fabri G., Lepoint G., Vandewalle P. et E. Parmentier, 2009, Trophic niches of thirteen damselfishes (Pomacentridae) at the Grand Récif of Toliara, Madagascar, Ichthyol. Res.,56, 10–17.
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Lagardère J.-P., Fonteneau G., Mariani A. et P. Morinière, 2003, Les émissions sonores du poisson-clown mouffette Amphiprion akallopisos, Bleeker 1853 (Pomacentridae), enregistrées dans l’aquarium de La Rochelle, Ann. Soc. Sci. Nat. Charente-Maritime, 9 (3), 281-288.
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Parmentier E., Lagardère J.-P., Vandewalle P. et M.L. Fine, 2005,Geographical variation in sound production in the anemonefish Amphiprion akallopisos, Proc. R. Soc. B, 272, 1697–1703.
La page sur Amphiprion akallopisos sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La page d'Amphiprion akallopisos dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN