Coquille massive
Ouverture rose lisse et brillante
Pied musculeux puissant
Yeux pédonculés
Opercule corné long en croissant
Lambi, conque
Pink conch, queen conch (GB), Coborosado, cobo (E), Riesenflügelschnecke, Königs-Conch (D), Grote kroonslak (NL), Teccizmama chez les Aztèques, Caracol rosa (Mexique), Cambute (Costa Rica), Carrucho (Puerto Rico)
Strombus gigas Linnaeus, 1758
Lobatus gigas (Linnaeus, 1758)
Mer des Caraïbes
Zones DORIS : ● CaraïbesCette espèce se rencontre dans toute la zone Caraïbe, des Bermudes au Brésil.
Cette espèce fréquente les zones sableuses peu profondes et les prairies de phanérogames (herbes à tortues et herbes à lamantins), de 1 m à 35 m de profondeur. On peut cependant la trouver jusqu'à 60 m.
La coquille massive du strombe géant peut atteindre 30 cm de longueur. Il est doté d'un puissant pied musculeux. L'opercule corné long en forme de croissant lui permet de creuser le sable ou d'avancer par bonds. La coquille est couverte de nombreuses excroissances coniques. L'intérieur de la coquille est lisse et brillant. La couleur varie du rose au jaune d'or.
Une échancrure à la base de la coquille permet au strombe d'observer les alentours à l'aide de ses yeux pédonculés caractéristiques et cerclés de jaune. La tête porte aussi deux tentacules sensoriels plus courts.
On peut le confondre avec Macrostrombus costatus, le strombe laiteux qui est plus petit (10 à 20 cm) et dont la coquille blanchâtre est épaisse et possède un pavillon peu développé.
Le strombe se nourrit d'algues et de phanérogames ainsi que de détritus organiques dans les zones sableuses à faible profondeur.
La reproduction est sexuée.
La ponte forme un long cordon de gelée collante qui contient les œufs microscopiques. En forme de croissant de 10 à 15 cm et ressemblant à une pelote de laine, la ponte peut contenir environ 400 000 œufs.
Sa coquille volumineuse est souvent couverte d'organismes qui s'y fixent.
La larve véligère* possède une minuscule coquille transparente. Après trois semaines passées dans le plancton*, la larve se pose sur le fond et se métamorphose. Chez le strombe adulte, la coquille forme un large pavillon étalé appelé aussi lèvre (ou labre).
L'opercule est utilisé par l'animal comme levier afin de se redresser ainsi que pour progresser par bonds en avant. L'opercule lui sert aussi pour la défense contre les crabes et les poissons prédateurs.
Le strombe géant produit parfois des perles roses très recherchées.
La coquille du jeune strombe (avant un an) possède un bord coupant.
A trois ans, la lèvre ou pavillon commence à se développer. A partir de quatre ans, le strombe est adulte et la lèvre est épaisse et bien développée.
Lorsque le plongeur s'approche du strombe, celui-ci se rétracte dans sa coquille mais avec un peu de patience, le plongeur peut observer les yeux du strombe qui ressortent de sa coquille afin d'observer son entourage.
Instrument de communication :
La conque de strombe (du latin [concha] = coquillage) désigne tous les grands coquillages marins dont les navigateurs se servaient comme de trompe. Elle était déjà connue chez les Aztèques et dans tous les pays de l'Amérique centrale. Elle était utilisée pour communiquer à distance, en particulier pour annoncer le départ et l'arrivée des pêcheurs. Elle annonçait aussi de grands évènements de la vie (naissance, mariage, mort). Il existait un véritable dialecte du lambi. De nos jours aux Antilles les orchestres de Carnaval l'utilisent pour le rythme.
Production de chaux :
Dès l'installation des colons en Martinique, vers 1635, la production de chaux s'est mise en place, non seulement pour les constructions (élaboration des mortiers et enduits) mais aussi en agriculture (préparation des engrais) et dans la fabrication du sucre (ajouté aux mélasses). Le lambi était la matière première, utilisée de façon industrielle très prisée pour la fabrication de la chaux par les chaufourniers.
Alimentation :
Pour les premiers colons européens et leurs esclaves, le lambi constituait la principale source de protéines. Dans toutes les Antilles et surtout aux Bahamas, il constituait la nourriture de base pour les indigènes. Actuellement, il fait partie des aliments typiques de la cuisine créole où il est accommodé de multiples façons, sous forme de ragoût, de beignets ou de soupe. Tout comme le poulpe, il faut le battre afin de l'attendrir.
Décoration :
Le strombe se retrouve dans l'art des mayas ; les murs du temple de Quetzal, au Mexique, sont ornés d'un grand nombre de strombes.
Plus récemment, la coquille de strombe géant était encore utilisée pour la confection de camées roses et blancs mais ces bijoux sont peu appréciés car ces couleurs passent rapidement.
Aux Antilles, de nombreuses coquilles de lambi ornent encore les tombes des pêcheurs, en particulier dans le cimetière de Port-Louis en Guadeloupe.
Souvenir : Le transport des coquilles de lambi est interdit. Bien que la pêche au lambi soit autorisée en Guadeloupe et qu'on trouve de nombreuses coquilles vides caractérisées par un trou à l'arrière de la coquille, leur transport reste interdit par la Convention de Washington. Vous risquez une forte amende si vous êtes contrôlé par les douanes.
Cette espèce fait partie des espèces protégées par la convention de Washington depuis 1994. Elle figure à l'annexe II, c'est-à-dire parmi les espèces non menacées actuellement mais qui pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens n'était pas étroitement contrôlé.
En Guadeloupe, la pêche est strictement réglementée et réservée aux professionnels. La capture des lambis est interdite du 1 avril au 31 août.
Strombus latinisation d'un mot provenant du grec [strombos] signifiant toupie : c'est donc un coquillage en spirale. Le strombe géant était rattaché au genre Lobatus, (latin) qui signifie lobé. Actuellement il est rattaché au genre Aliger du latin [aliger] = qui porte des ailes.
gigas : du grec [gigas] = géant.
Numéro d'entrée WoRMS : 1429769
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Famille | Strombidae | Strombidés | Coquille biconique. Premiers tours de la coquille avec des côtes radiales puis des varices noduleuses. Large pavillon lisse et nacré, avec des expansions digitiformes, une échancrure près de la base du labre (pour le pédoncule oculaire). Pied musculeux, opercule corné long, courbe et étroit (en faux), dentelé d'un côté. Herbivores. |
Genre | Aliger | ||
Espèce | gigas |
Le regard du strombe
Les yeux pédonculés sortent de la coquille pour vérifier la présence d'un danger.
Guadeloupe, Ilet Pigeon, 20 m
05/1998
Malformation ?
Deux yeux, c'est bien, trois c'est encore mieux !
A l'avant, la trompe du lambi.
Punta la Rubia, Cayo Largo,(Cuba), 8 m
26/04/2009
La ponte du strombe
Les œufs se présentent sous la forme de tortillons enchevêtrés et incrustés de sable.
Punta la Rubia, Cayo Largo,(Cuba), 8 m
26/04/2009
Pêche intensive
La pêche du strombe géant est maintenant réglementée grâce à la convention de Washington qui l'a porté dans les espèces menacées à l'annexe II.
Le Moule, Guadeloupe
05/1988
Coquille juvénile du strombe géant
Coquille juvénile de strombe géant âgée de 8 à 10 mois
Collection
01/2007
Coquille du strombe géant adulte
La lèvre du strombe adulte est épaisse et très développée
Collection
01/2007
Sommet de la coquille du strombe géant
La coquille du strombe géant est ornée de nombreuses excroissances coniques. La cassure visible est pratiquée par les pêcheurs pour sortir l’animal de sa coquille.
Collection
01/2007
Juvénile 1 an
Cette coquille est celle d'un Lobatus gigas d'un peu plus d'un an. La première arête est plus grande que les autres ce qui est une caractéristique des coquilles juvéniles de cette espèce. L'intérieur est rose et le bord est coupant. La cassure présente est due au pêcheur. L'usure de la mer est visible.
Collection
1996
Les yeux
Une fois retourné l'animal sort les yeux pour se rétablir.
Guadeloupe, Port-Louis, 5 m
16/04/2006
Tombe décorée
Aux Antilles, de nombreuses coquilles de lambi ornent encore les tombes des pêcheurs, en particulier dans le cimetière de Port-Louis en Guadeloupe, ou dans celui de Terre de Haut, aux Saintes.
Terre de Haut, Saintes, Guadeloupe
10/08/2006
Rédacteur principal : Nadine SABOURIN
Vérificateur : Alain GOYEAU
Correcteur : Robert OMS
Responsable historique : Denis ADER
Responsable régional : Sylvie HUET
La page de Lobatus gigas dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN