Nudibranche de petite taille, jusqu'à 8 mm
Corps épais avec une tête large et une queue pointue
Nombreux tubercules globuleux sur tout le corps
Corps blanc opaque avec des taches brunes à l'apex des tubercules et sur les rhinophores
De chaque côté, une ligne brune partant de la base des tubercules protégeant le panache et se dirigeant vers le pied
Rhinophores lisses brunâtres, rétractables dans un fourreau
Trois branchies bipennées en position médio-dorsale protégées par un tubercule
Aegires leuckartii Verany, 1853
Aegires leuckartii (Verany) Bergh, 1883
Aegires leuckarti (Verany) Vayssière 1901
Aegires leuckarti (Verany) Risbec, 1953
Aegires leuckarti (Verany) Pruvot-Fol, 1954
Aegires leuckarti (Verany) Haefelfinger, 1960c
Aegires leuckarti (Verany) Schmekel, 1968b
Aegires punctilucens leuckarti Schmekel and Portmann, 1982
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Aegires leuckartii est présente en Méditerranée occidentale et centrale, notamment sur les côtes françaises, espagnoles (îles Baléares incluses) et italiennes (y compris la Sicile). Des observations récentes rapportent également sa présence en Adriatique (Slovénie). L'espèce est décrite comme rare.
Aegires leuckartii se rencontre sur les fonds rocheux, de la surface jusqu'à 30 m de profondeur. Bien que rarement observée, son occurrence est plus forte entre décembre et avril.
Aegires leuckartii est caractérisée par un corps blanc jaunâtre translucide d'apparence rigide. Il est épais à l'avant et au niveau des branchies* et se termine par une queue pointue. De profil, le manteau* dépourvu de bord laissera apparaître un pied blanc. A l'avant, la tête est large, avec un voile frontal aux lobes* latéraux arrondis et aux tentacules* oraux aplatis. Les rhinophores* sont lisses, blancs à leur base et brunâtres à la deuxième moitié. Ils peuvent se rétracter dans un fourreau épaissi par la présence d'un tubercule* latéral. Sur la partie postérieure du manteau*, les branchies bipennées* sont au nombre de trois, chacune protégée par un tubercule. Ces branchies en position médio-dorsales ne sont pas rétractables.
Le corps est intégralement recouvert de tubercules blanchâtres de forme conique et concave dont le sommet est parsemé de taches brunes et de spicules* saillants. Une ligne brune verticale à légèrement oblique, partant de la base du tubercule protecteur et se dirigeant vers le pied est présente de chaque côté de l'animal. Les tubercules dorsaux sont plus grands le long de la ligne médiane que sur les bords. De petites zones circulaires lisses perforées se trouvent entre les tubercules situés au niveau des rhinophores*, des branchies, ainsi que sur le pied.
Les individus juvéniles d'une taille de 2 à
Deux autres espèces d'Aegires sont présentes en Méditerranée française : A. palensis et A. punctilucens.
Aegires leuckartii se nourrit essentiellement d'éponges calcaires de la famille des Leucosoleniidés. La consommation d'algues du genre Codium a été évoquée mais pas confirmée.
Aegires leuckartii est hermaphrodite* simultanée. La reproduction est sexuée et par fécondation interne. Classiquement, la copulation se déroule en position tête-bêche. Le pénis est armé de petites épines et le canal vaginal est court et se connecte à une bourse copulatrice (bursa copulatrix) presque sphérique. La ponte se retrouve entre septembre et octobre.
La formule radulaire* est de 12-16 x (13-16,0,13-16). Cela signifie que la radula*, sorte de langue râpeuse, contient 12 à 16 rangées de 13 à 16 dents de chaque côté, sans dent centrale. Les variations sont fonction de la taille des individus disséqués, les plus petits ayant le moins de dents. Les dents radulaires sont lisses et crochues, augmentant de taille de l'intérieur vers l'extérieur de chaque rangée, puis diminuant à nouveau près de la marge.
Des spicules* calcaires sont disposés en un réseau très dense sur toute la paroi corporelle, en particulier dans la partie située entre les rhinophores* et les branchies*. Ils sont plutôt courbés, avec un ou plusieurs axes, certains avec des protubérances, ce qui leur confère une grande rigidité.
Aegires leuckartii peut se rencontrer sous le nom de A. leuckarti (un seul i terminal). Les noms d'espèce dédiés à des personnes peuvent se terminer par "i" ou par "ii" si le nom de la personne se termine lui-même par un i. L'écriture ici devrait donc être leuckarti mais le descripteur initial ayant écrit leuckartii, la CIZN* l'a conservée ainsi.
L'holotype de l'espèce décrit en 1853 par Jean-Baptiste Vérany a été collecté à Nice (06).
Aegires de Leuckart : le nom français est une francisation partielle du nom latin.
Aegires : ce nom fait référence au dieu nordique et celtique Aegir. Aegir est à la fois dieu de la mer et de la bière, de la tempête et de l'hospitalité. Les tubercules dorsaux d'Aegires leuckartii pourraient évoquer à la fois l'écume de la mer et la mousse de la bière.
leuckartii : l'espèce est nommée en l'honneur du médecin et naturaliste allemand Friedrich Sigismund Leuckart (1794-1843). Il est l'auteur de nombreux travaux sur les invertébrés marins.
Numéro d'entrée WoRMS : 138704
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Aegiridae | Aegiridés | |
Genre | Aegires | ||
Espèce | leuckartii |
Une petite limace blanche
Sur cet individu adulte de 7-8 mm, tous les attributs de
l'espèce sont représentés. Le corps massif est recouvert de tubercules blancs
opaques parsemés de taches brunâtres. La ligne brune parcourant chaque côté de l'animal, de la base du tubercule protecteur des branchies vers le pied, est parfaitement visible. La queue est effilée et les branchies en
position médio-dorsale.
Marseille (13), Méditerranée, 18m
26/07/2019, de nuit
Repas d'éponge calcaire
Les éponges de la famille des Leucosoleniidés sont le mets
de prédilection d'Aegires leuckartii. Ce jeune individu ne s'en prive
pas.
Ile des Vielles, Saint-Raphaël (83), Méditerranée, 6 m
19/07/2015
Branchies et spicules
La respiration d'Aegires leuckartii est assurée par la présence de trois branchies en positon médio-dorsale. Un réseau dense de spicules donne à l'animal son aspect rigide et massif. Les spicules sont ici visibles à l'extrémité des branchies. Par ailleurs, le manteau sans bord ne recouvre pas le pied blanc de l'animal.
Carro, Martigues (13), Méditerranée, 0,5 m
12/05/2024
Une petite limace discrète
Aegires leuckartii est considérée comme rare mais c'est peut-être sa petite taille qui la rend difficile à trouver. Les frondes* de dictyotes donnent l'échelle pour cet individu minuscule, sans doute un juvénile.
Agay (83), Méditerranée, 1 m
12/05/2025
Vue de face
Le corps est épaissi au niveau de la tête et des branchies. Chaque rhinophore s'enchâsse dans un fourreau dans lequel il peut se rétracter. La partie basale est blanche tandis que la moitié apicale apparaît brunâtre. Les lobes du voile frontal et les tentacules oraux sont arrondis et se confondent avec les tubercules qui recouvrent tout le corps d'Aegires leuckartii.
Carro, Martigues (13), Méditerranée, 0,5 m
12/05/2024
Vue détaillée des rhinophores
Les rhinophores blancs à la base et brunâtres à l'extrémité peuvent se rétracter dans un fourreau.
Parc National des Calanques (13), Méditerranée
11/07/2024
Rédacteur principal : Jacques COVES
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Pascal GIRARD
Fahey S. J., Gosliner, T. M., 2004, A phylogenetic analysis of the Aegiridae Fischer, 1883 (Mollusca, Nudibranchia, Phanerobranchia) with descriptions of eight new species and a reassessment of Phanerobranch relationships, Proceedings of the California Academy of Sciences, 55, 613–689.
Thiriot-Quievreux C., 1977, Veligere planctotrophe du doridien Aegires punctilucens (D'Orbigny)(Mollusca: Nudibranchia: Notodorididae): description et métamorphose, Journal of Experimental Marine Biology and Ecology, 26, 177-190.
Vérany G.B., 1853, Catalogue des Mollusques Céphalopodes, Ptéropodes, Gastropodes, Nudibranches etc. des environs de Nice, Journal de Conchyliologie, 4, 375-392.
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