Corps haut et comprimé, de forme ovale
Taille généralement comprise entre 13 et 20 cm
Front bombé
Dos et flancs de couleur jaunâtre à brun
Ventre de couleur crème
Cinq larges bandes brun foncé s'arrêtant au niveau du ventre
Point brun foncé sur le haut du pédoncule caudal
Chofé de nuit, chofé (créole), demoiselle
Night sergeant, dovetail, pilotfish (GB), Petaca toro, petaca, píntano toro (E), Nat-sergentfisk (Danemark), Pofu, turturi (Guinée), Sur dul (Sénégal)
Glyphisodon taurus Müller & Troschel, 1848
Nexilarius taurus (Müller & Troschel, 1848)
Glyphidodon taurus Müller & Troschel, 1848
Euchistodus analogus Gill, 1863
Abudefduf analogus (Gill, 1863)
Atlantique tropical Ouest, Atlantique subtropical Est
Zones DORIS : ● CaraïbesAbudefduf taurus est présent dans l'Atlantique tropical Ouest, du sud des États-Unis jusqu'au nord de l’Amérique du Sud, au Venezuela. Dans la zone caraïbe, il est signalé au niveau de toutes les îles des Grandes et Petites Antilles, mais semble moins présent dans le golfe du Mexique.
Il est également trouvé dans l'Atlantique subtropical Est, le long des côtes africaines, du Sénégal à l’Angola, et aussi autour des îles du Cap Vert, d'Ascension, de Sainte-Hélène et de São Tomé-et-Príncipe, avec des densités relativement faibles cependant.
Dans les eaux françaises, ce poisson peut se rencontrer à la Martinique et à la Guadeloupe.
Le sergent-major de nuit est un poisson associé aux petits fonds des récifs, rocheux ou coralliens, côtiers accidentés, balayés par les vagues et/ou soumis aux marées. Il fréquente préférentiellement la zone 0-3 m sans descendre guère en dessous de 5 m. Il apprécie aussi les crevasses à ces mêmes profondeurs.
Les juvéniles sont souvent observés dans 10 à 40 cm d’eau.
Le sergent-major de nuit a un corps haut et comprimé, d'aspect robuste et de forme ovale. Sa taille est généralement comprise entre 13 et 20 cm mais peut atteindre 25 cm, ce qui en fait un grand représentant de la famille des Pomacentridae. Cependant, les individus visibles en plongée mesurent rarement plus de 15 cm. Les écailles sont grandes et bien distinctes car cerclées de noir.
Son front est bombé, la bouche est située nettement sous l'œil, la lèvre supérieure est légèrement proéminente.
La couleur de base du dos et des flancs est jaunâtre à brune. Le ventre est crème. Cinq larges bandes brun foncé, traversent le corps verticalement de l’opercule* jusqu’au pédoncule* caudal et s'arrêtent au niveau du ventre. Un point brun foncé est visible sur la partie supérieure du pédoncule caudal. Ce point peut prendre l'aspect d'une sixième bande. La délimitation des bandes n'est pas strictement fixée et elles peuvent être incomplètes, notamment chez les jeunes individus. Une petite tache sombre est visible à la base supérieure des nageoires pectorales.
Les nageoires dorsale, pectorales et caudale sont arrondies. Les pelviennes* sont fines. La nageoire dorsale est continue et comporte 13 épines et 11 à 13 rayons mous. La nageoire anale possède 2 épines et 10 rayons mous.
Les juvéniles ont une livrée beaucoup plus contrastée que les adultes, avec des bandes plus nettes et une coloration générale plus claire. Le point brun sur le haut du pédoncule caudal est souvent moins prononcé que chez les adultes.
Aux Antilles, il existe une autre espèce du genre Abudefduf qui peut être confondue avec ce poisson : le sergent-major des Antilles (Abudefduf saxatilis). Plusieurs différences permettent de distinguer ce dernier : une taille plus petite, un front rectiligne, des bandes plus fines et d'un noir plus franc distinctement dessinées et qui descendent au-delà du ventre (contrairement à Abudefduf taurus) et surtout un dos avec une touche de jaune qui lui a donné son nom créole de "chofé soleye".
En Atlantique Est, Abudefduf hoefleri peut aussi prêter à confusion. Cependant, il est plus élancé, ses bandes sont beaucoup plus fines et sa caudale est nettement plus fourchue.
Comme beaucoup de poissons de la famille des demoiselles (Pomacentridae), Abudefduf taurus se nourrit principalement d’algues filamenteuses à croissance rapide pendant la journée. Il les trouve sur les rochers qu'il fréquente. A ce régime, les adultes ajoutent des zoanthaires (ex : Palythoa caribaeorum) et des hydroïdes chassés la nuit, tandis que les jeunes recherchent des copépodes.
Les post-larves* sont essentiellement zooplanctonophages*.
Abudefduf taurus est une espèce gonochorique* (sexes séparés) ovulipare*. La période de reproduction s'étale d'avril à septembre, mois pendant lesquels la température de surface est la plus chaude. Elle est l'occasion de regroupements de plusieurs individus. La fécondation est externe.
La veille du frai, les mâles s'activent à préparer les nids qui recevront les œufs. Ils choisissent des endroits cachés dans les rochers ou à l’intérieur de petits trous, et en nettoient méticuleusement la surface.
Lorsque les femelles s’approchent, les mâles commencent leur parade nuptiale en effectuant plusieurs mouvements saccadés pour se signaler. Les femelles qui y sont sensibles, écartent leurs nageoires, battent de la queue rapidement et rejoignent leur partenaire en inclinant leur corps vers le bas. Elles déposent ensuite leurs ovules dans le nid, en prenant alors une couleur plus sombre. Pendant ce temps, les mâles montent la garde empêchant les prédateurs (autres demoiselles, blennies,...) d'approcher. Lorsque la femelle quitte le nid, le mâle, dont la robe s'est assombrie, prend sa place et fertilise les ovules jusqu'à ce que sa partenaire revienne pour une ponte supplémentaire. Parfois, deux femelles peuvent passer dans le même nid pour pondre. Le frai, qui se termine avec la lumière du jour, dure souvent plus de deux heures.
Les couvées peuvent contenir chacune de 2000 à 10000 œufs dont le développement se fait sur environ 7 jours. Ces derniers, de forme elliptique, sont démersaux* et adhèrent au substrat*. Les œufs sont violets à bleutés, puis jaunâtres à mesure du développement embryonnaire. C'est le mâle qui est chargé de la garde et des soins en les aérant régulièrement jusqu'à l'éclosion. Durant cette période, il arbore une livrée plus foncée et devient plus agressif sans toutefois s'en prendre au plongeurs.
Les larves* vont ensuite connaître une période pélagique* de 20 à 23 jours en haute mer. Elles s'y développent rapidement pour devenir une version miniature d'adulte. Les juvéniles finissent par rejoindre le récif pour s'y établir définitivement.
Le sergent-major de nuit peut être aperçu non loin de sergents-majors des Antilles (Abudefduf saxatilis) qui apprécient parfois les mêmes environnements que lui, ses habitats préférentiels étant plus variés.
Il peut abriter des isopodes parasites (Gnathiidae) visibles la nuit sur les flancs.
Les juvéniles font parfois office de nettoyeurs pour d'autres poissons. Ils participent parfois à des stations de nettoyage mixtes avec des gobies nettoyeurs (Elacatinus spp.). Ils peuvent être la proie du poisson-lion (Pterois volitans/miles), récemment implanté dans la zone. Il est toutefois délicat de savoir si cette prédation provoque une baisse de ses effectifs.
C'est une demoiselle timide voire farouche qui ne s'aventure pratiquement pas en pleine eau. Nageuse vive et rapide pour sa taille, elle s’éloigne rapidement pour se réfugier dans les rochers quand on l'approche, pour en ressortir très peu d'instants après. A la vue de gros prédateurs (carangues, thazards), elle se plaque immédiatement contre le fond imitée en cela par toutes ses congénères présentes sur le site.
En dehors des périodes de reproduction, le sergent-major de nuit est une espèce vivant en groupe dispersé pouvant réunir jusqu'à une dizaine d'individus.
Contrairement
à certains membres de sa famille qui défendent leur ressource en
algues, le sergent-major de nuit ne semble pas territorial.
Bien qu'il soit très commun, c'est un poisson pas toujours facile à observer, d'une part parce qu'il est fuyant et d'autre part du fait de sa préférence pour les habitats rocheux et les eaux agitées soumises aux vagues, habituellement à l'écart des parcours de plongée.
Depuis 2015, ce poisson est classé LC, soit Least Concern, dans la liste rouge de l'UICN*, c'est-à-dire dont le statut de conservation est jugé de préoccupation mineure. Cela signifie que les informations recueillies sur l’espèce ne permettent pas de la classer dans les autres catégories, en particulier celles qui alertent sur une menace (CR : En danger critique d’extinction, EN : En danger, VU : Vulnérable).
Sergent-major : les barres noires de son corps rappellent le grade de sergent-major qui comporte quatre chevrons.
de nuit : du fait de sa robe sombre, par opposition au sergent-major des Antilles ou chauffet soleil (Abudefduf saxatilis) qui vit dans les mêmes eaux et qui arbore une robe teintée de jaune. Plusieurs langues locales (créole, wolof) nomment également l’espèce par analogie avec sa livrée sombre.
Abudefduf : de l’arabe [Abu] = père, [def] = côté et [duf] = pluriel intensif. Ce serait donc le père (dans le sens leader du récif) aux flancs importants. On doit ce nom de genre à Pehr Forsskål (1732-1763), un explorateur et naturaliste suédois.
taurus : du latin [taurus] = taureau. Probablement en raison de son front bombé, de son museau rappelant celui des bovins et de son corps à l'aspect robuste.
La première description faite de ce poisson, en 1848 par Johannes Peter Müller (1801-1858) et Franz Hermann Troschel (1810-1882) sous le nom de Glyphisodon taurus figure dans un ouvrage consacré à l'île de la Barbade, œuvre de Robert Hermann Schomburgk (1804-1865), botaniste, ichthyologue, explorateur, prussien devenu citoyen anglais par la suite.
Numéro d'entrée WoRMS : 273701
| Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
|---|---|---|---|
| Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
| Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
| Super classe | Actinopteri | ||
| Classe | Teleostei | ||
| Ordre | Ovalentaria incertae sedis | Ovalentaria nom temporaire | |
| Famille | Pomacentridae | Pomacentridés | |
| Genre | Abudefduf | ||
| Espèce | taurus |
Poissons osseux nageant près du fond
Spécimen représentatif
Corps massif parcouru de 5 larges bandes brun foncé, ventre crème, point sur le haut du pédoncule caudal, front bombé, nous sommes bien en présence du sergent-major de nuit.
Îles Vierges britanniques, 1 m
14/04/2009
Poissons osseux nageant près du fond
Bandes brunes
Le dessin des bandes brunes sur le corps n'est pas toujours net. Elles peuvent être parfois incomplètes. L’individu, posé, a été photographié de nuit. Il ne se pose jamais de jour !
République dominicaine, 1,5 m
23/1/2018
Biotope
Ce jeune individu évolue en bordure de falaise rocheuse dans quelques centimètres d'eau. Il côtoie une gorette juvénile, probablement Haemulon parra, la gorette marchand.
Îles Vierges Britanniques, 0,50 m
2009
Eaux agitées
Le sergent-major de nuit est un poisson associé aux récifs rocheux côtiers accidentés balayés par les vagues et soumis aux marées.
Pointe des Nègres, Martinique (972), 2 m
25/03/2007
Alimentation
Comme beaucoup de poissons de la famille des demoiselles (Pomacentridés), Abudefduf taurus se nourrit principalement d’algues filamenteuses à croissance rapide. Il les trouve sur les rochers qu'il fréquente.
Pointe des Nègres, Martinique (972), 2 m
23/06/2009
Sur un champ de zoanthaires
Les zoanthaires, comme ici le zoanthaire caraïbe brun (Palythoa caribaeorum) font partie du régime alimentaire du sergent-major de nuit.
Pointe des Nègres, Martinique (972), 2m
25/03/2007
A la Guadeloupe
A la Guadeloupe, c'est en PMT que vous avez le plus de chance de rencontrer ce poisson, dans 1 ou 2 mètres d'eau, près des rochers qui bordent la plage. Il y vit avec d'autres poissons des "petites eaux" comme ici avec un poisson-écureuil (Neoniphon vexillarium), à droite et un jeune sergent-major des Antilles (Abudefduf saxatilis), en bas.
Petite anse, Vieux-Habitants, Guadeloupe (971), 2 m
07/04/2017
A la Martinique
Dans les eaux françaises, ce poisson peut se rencontrer à la Martinique et à la Guadeloupe.
Pointe des Nègres, Martinique (972), 2 m
15/05/2007
Atlantique Est
Abudefduf taurus est également signalé dans l'Atlantique subtropical Est, le long des côtes africaines, du Sénégal à l’Angola, et autour des îles du Cap Vert, d'Ascension, de Sainte-Hélène et à São Tomé-et-Príncipe où cette photo a été prise.
Cette dernière permet de voir toutes les différences de coloration avec son "cousin", Abudefduf saxatilis. Aux Antilles, ils sont appelés chofé soleil et chofé de nuit.
Île de São Tomé, océan Atlantique Est, 1 m
19/03/2022
Au Cap-Vert
En Atlantique Est, les individus ne semblent pas être différents de ceux rencontrés dans les Caraïbes. Ici, de jeunes adultes de moins de 10 cm, très près de la surface.
Île de Santiago, Tarrafal, Cap-Vert, océan Atlantique Est, en surface
28/10/2015
Rédacteur principal : Jean-Michel SUTOUR
Vérificateur : Thomas MENUT
Responsable régional : Jean-Michel SUTOUR
Fishelson L., 1998, sociology and sexuality in damselfishes (Pomacentridae), Italian Journal of Zoology,
65:S1, 387-398.
Schomburgk, R. H., 1848, The history of Barbados, comprising a geographical description of the island and an account of its geology and natural productions, London, i-xx + 1-722. 7 pls).
Wirtz P., Ferreira C.E.L., Floeter S.R., Fricke R., Gasparini J.L., Iwamoto T., Rocha L., Sampaio C.L.S., Schliewen U.K., 2007, Coastal Fishes of Sao Tome and Principe islands, Gulf of Guinea (Eastern Atlantic Ocean), Zootaxa, 1523: 1-48.
La page sur Abudefduf taurus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
La fiche d'Abudefduf taurus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
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