Eponge-voile

Halisarca harmelini | Ereskovsky, Lavrov, Boury-Esnault & Vacelet, 2011

N° 3417

Méditerranée (endémique)

Clé d'identification

Eponge revêtante de Smittina cervicornis
Aspect de voile mince et transparent
Surface lisse et douce au toucher
Couleur jaune pâle

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Halisarca dujardinii Johnston, 1842 (redesciption)

Distribution géographique

Méditerranée (endémique)

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Cette espèce endémique* est présente sur les côtes occidentales de la Méditerranée, entre les détroits de Gibraltar et de Sicile.

Biotope

Cette éponge préfère les fonds du coralligène* entre 15 et 65 m de profondeur.

Description

Cette éponge revêtante, dépourvue de squelette fibreux ou minéral, se présente sous l'aspect d'un voile mince (0,17 à 0,19 mm d'épaisseur) et transparent recouvrant le bryozoaire* Smittina cervicornis. Sa texture est douce au toucher, très délicate et facilement déchirable. Sa surface est lisse et sans éclat, elle fait penser à de la peau.
On observe par endroits sur les bords du bryozaire un large épaississement latéral blanchâtre qui correspond au canal exhalant de l'éponge. Les oscules* sont de forme conique et s'ouvrent longitudinalement sur les bords de ce canal. Les pores* inhalants ne sont pas visibles. La couleur de cette éponge est jaune pâle.

Espèces ressemblantes

Aucune autre éponge ne présente cet aspect de voile transparent.
La seule confusion possible ne pourrait se faire qu'avec certaines ascidies* de la famille des Didemnidés*.

Alimentation

Comme toutes les autres éponges, Halisarca harmelini se nourrit et capte l'oxygène en créant dans ses chambres internes un courant d'eau. Celui-ci est engendré par le battement des cils de certaines cellules spécifiques aux Spongiaires : les choanocytes*. Sa nourriture se compose de plancton* (en particulier d'organismes dinoflagellés*) et de particules organiques détritiques* en suspension. L'ensemble pénètre avec le courant d'eau via de tout petits trous, les ostioles* puis est capté par les choanocytes. La digestion est intracellulaire, les déchets non métabolisables sont évacués via des orifices (ou pores) exhalants : les oscules.

Reproduction - Multiplication

La reproduction peut être sexuée ou asexuée.
- Sexuée : par œufs et spermatozoïdes*, aboutissant à la naissance d'une larve* ciliée* nageuse qui donnera une nouvelle éponge. Chez cette espèce, les sexes sont séparés. L'émission des gamètes* mâles et femelles a lieu de mai à septembre avec cependant une production nettement plus importante au début de l'été. Cette éponge est vivipare*. La larve de type « disphaerula* » se fixe sur son support après quelques jours de vie pélagique*.
- Asexuée : par bourgeonnement* ou bouturage de fragments qui se détachent de l'éponge mère pour se fixer un peu plus loin. Bien qu'existante, cette reproduction est relativement secondaire et n'a pas été décrite chez les Halisarca.
Les éponges ont une forte capacité de régénération.

Vie associée

Cette éponge est toujours associée au bryozoaire ascophore* Smittina cervicornis. Elle gaine d'un voile flou tout ou partie des rameaux du bryozoaire et rend les lophophores* moins visibles. Le bryozoaire ne semble pas du tout souffrir de cette association. Il s'agit d'une véritable symbiose* bénéfique aux 2 espèces car l'éponge qui est une pompe va générer un courant plus puissant que celui des cils des tentacules* des lophophores et en échange le bryozoaire arbustif va offrir un support à l'éponge très fragile.
Cette association entre les deux espèces est effective dans 90 % des cas.

Divers biologie

Cette éponge est dépourvue de spicules* et de squelette.
Les chambres choanocytaires* sont parmi les plus grandes de tous les Démosponges ; elles ont la particularité d'être tubulaires, irrégulières et ramifiées voire dichotomes* et d'être situées en rayons irréguliers autour d'un canal exhalant.

Informations complémentaires

L’absence de Halisarca harmelini sur les autres bryozoaires arbustifs qui vivent dans le même habitat, montre que ces derniers ont développé des défenses spécifiques absentes chez Smittina cervicornis.
Cette espèce a longtemps été confondue avec une autre Halisarca : H. dujardinii. Ce n’est que depuis 2011, après révision du genre, que les deux espèces ont été séparées.

Origine des noms

Origine du nom français

Eponge voile : aspect de voile mince et transparent que donne cette Halisarca.

Origine du nom scientifique

Halisarca : du grec [halo] = sel et [sarco] = chair, que l'on peut interpréter comme chair marine.
harmelini : en hommage à Jean-Georges Harmelin, biologiste français spécialiste des bryozoaires de Méditerranée qui, le premier, a récolté cette espèce.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 560066

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Porifera Spongiaires / Eponges Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules).
Classe Demospongiae Démosponges

Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella.

Ordre Chondrillida Chondrillides

Démosponges à cortex différencié, à orifices inhalants regroupés en des zones spécialisées, et pouvant avoir comme squelette soit des asters, soit des fibres de spongine, soit aucun élément figuré. Le collagène y est toujours très dense.

Famille Halisarcidae Halisarcidés Eponges caractérisées par la présence de chambres à choanocytes* tubulaires et divisées en plusieurs branches et par l’absence, dans le squelette, de fibres ou d’éléments minéraux.
Genre Halisarca
Espèce harmelini

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