Salmacine de Dyster

Salmacina dysteri | (Huxley, 1855)

N° 109

Cosmopolite

Clé d'identification

Pelote de tubes calcaires blancs très fins et très fragiles
Panache branchial à peine visible à base souvent rougeâtre
Vit dans des zones abritées
Souvent en épibionte (gorgones, etc...)

Noms

Noms communs internationaux

Salmacina (GB, E, NL), Sagebrush tube worm (GB), Filigrana di mare (I)

Synonymes du nom scientifique actuel

Filipora filograna Dalyell, 1853
Protula (Salmacina) dysteri Huxley, 1855
Filograna dysteri (Huxley, 1855)
Protula dysteri Huxley, 1855
Salmacina aedificatrix Claparède, 1870

Distribution géographique

Cosmopolite

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes

Cette espèce commune et indigène en Europe serait devenue cosmopolite (transportée sur les coques des bateaux). A noter que le site de référence WoRMS signale que ce nom regroupe probablement un complexe d’espèces cryptiques.*

Biotope

La salmacine de Dyster se trouve à partir du bas de l'estran* jusqu'à 600 mètres de profondeur. La fragilité de ses tubes calcaires la localise sur des substrats* durs, dans des endroits abrités ou parfois avec de forts courants, des grottes, sous des surplombs, et en épibionte* sur des gorgones, sur des éponges (Axinelles) ou sur des algues (cystoseires, laminaires), des structures artificielles (épaves, récifs) mais toujours éloignée du substrat.

Cette espèce est réputée commune dans le coralligène* et a aussi été observée sur fonds détritiques non envasés.

Description

Cette annélide* polychète* vit en colonies fixées et forme des pelotes pouvant atteindre 30 cm de diamètre. Chaque individu vit dans un tube calcaire cylindrique très fin et très fragile de couleur blanc opaque, de 30 à 50 mm de long et d'environ 0,5 mm de diamètre. Le panache branchial est composé de 2 lobes branchiaux portant chacun 4 filaments. Il ne comporte pas d'opercule*. Les branchies sont incolores et rougeâtres à la base.

A l’intérieur du tube, le corps mesure jusqu'à 5 cm de longueur. Il est de couleur rouge ou orangée et peut comporter jusqu’à 60 segments.

Espèces ressemblantes

Filograna implexa Berkeley, 1835 : il est impossible de différencier in situ Salmacina dysteri et Filograna implexa. Les différences sont trop subtiles pour être vues sous l'eau, une détermination exacte étant l'affaire de spécialistes. Elles portent éventuellement sur la couleur du panache, l'opacité relative des tubes, mais principalement sur la présence (Filograna implexa) ou non (Salmacina dysteri) d'un opercule* en forme de coupe porté sur deux filaments, un de chaque côté de la couronne branchiale.

Salmacina incrustans Claparède 1870 : la morphologie de cette espèce est très voisine de celle de S. dysteri, cependant S. incrustans forme généralement des tubes qui adhèrent au substrat (pierre, algue, …) sur toute leur longueur. Elle peut aussi former des pelotes comme S. dysteri. Elle supporte mieux que S. dysteri les biotopes* vaseux. Cette annélide a été décrite de Méditerranée où elle est très commune, elle serait également présente en Atlantique Nord tropical.

Salmacina huxleyi (Ehlers, 1887) : cette espèce bien représentée en Floride est signalée en eaux françaises dans la zone caraïbe. A notre connaissance, elle ne se rencontre pas en dehors de cette zone où l'on rencontre également Salmacina amphidentata.

Salmacina australis Haswell, 1885 est une espèce d'Australie et de Nouvelle-Zélande. Elle est supposée présente en Nouvelle-Calédonie.

Alimentation

Les salmacines sont des animaux filtreurs*. Le panache est muni de cils recouverts d'un mucus qui capturent les particules alimentaires et les amènent vers la bouche.

Reproduction - Multiplication

La reproduction peut être sexuée ou asexuée. L'espèce est hermaphrodite* et scissipare*. La reproduction sexuée peut avoir lieu toute l'année, avec cependant un optimum au printemps ou en été. Les œufs sont probablement incubés dans les tubes. Les colonies se forment par reproduction asexuée (scissiparité) : constriction dans la région abdominale et reconstitution d'une queue et d'une tête.

Vie associée

On trouve très souvent les pelotes de salmacines en épibiontes* sur des gorgones pourpres Paramuricea clavata, des gorgones jaunes Eunicella cavolinii ou blanches Eunicella singularis ainsi que sur des bryozoaires tels que les roses de mer Pentapora fascialis, des Cellaria ou des Carbasea. En Manche, l'espèce est parasitée par des haplosporidies (organismes unicellulaires).

Divers biologie

Espèce très commune.

Informations complémentaires

Les colonies de salmacines sont très fragiles, ne pas les toucher et faire attention aux palmes !
Ces animaux sont, comme beaucoup d'organismes vermiformes, les premiers colonisateurs (pionniers) des épaves et de toutes structures (récifs artificiels par exemple) assez éloignées du fond. La compétition pour l'espace et le développement des autres organismes modifieront les conditions de nutrition de la salmacine qui perdra du terrain sur les autres colonisateurs.

Des observations de colonisation des récifs artificiels du Prado à Marseille montrent que les pelotes de salmacines se développent en premier. Elles deviennent rapidement tellement grosses que le moindre courant ou simplement leur propre poids les font s'effrondrer, ce qui laisse la place pour d'autres organismes moins précoces.

Origine des noms

Origine du nom français

Salmacine de Dyster est la françisation du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Salmacina : du latin [sal] = sel et [macir] = écorce d’un arbre de l’Inde.
A part cela, Salmacis est le nom d'une nymphe qui en s’unissant au fils d’Hermès et d’Aphrodite forma avec lui le premier être hermaphrodite de la mythologie grecque, ce qui vaut probablement ce joli nom à notre ver polychète !

dysteri : en hommage au Dr Frederick Daniel Dyster (1810-1893), ami de Thomas Henry Huxley et passionné de biologie marine.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 131038

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Annelida Annélides

Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites.

Classe Polychaeta Polychètes

Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles.

Sous-classe Sedentaria - Canalipalpata Annélides polychètes sédentaires - Canalipalpata

Annélides polychètes sédentaires vivant dans des tubes ou des terriers semi-permanents, avec une paire de palpes creusés d'un sillon longitudinal cilié.

Ordre Sabellida Sabellides

Métamérie très altérée, corps divisé en deux régions distinctes, une thoracique à segments peu nombreux et une abdominale, le plus souvent à segments très nombreux, parfois seulement 3 segments chez les très petites espèces. Prostomium indistinct et peristomium faisant une collerette plus ou moins développée, entière ou divisée en lobes, branchies volumineuses (2 lobes semi-circulaires ou spiralés portant de nombreux filaments ou rayons garnis de barbules ciliées) en panache terminal disposé en entonnoir entourant la bouche.

Famille Serpulidae Serpulidés

Tube calcaire blanc, non enroulé en spirale, attaché au substrat. Panache de 30-40 appendices tentaculaires (radioles) dont quelques-uns sont transformés en un opercule. Parfois en groupes.

Genre Salmacina
Espèce dysteri

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