Chou marin

Clé d'identification

Noms

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est, Atlantique Nord-Ouest

L’espèce se rencontre sur le littoral européen, depuis la Norvège jusqu’à l’Espagne. Elle est également présente au Québec (Canada).
En France, on ne la rencontre que sur les côtes du nord de la France, de la Normandie et de la Bretagne, son extension la plus méridionale se limitant à la Loire-Atlantique où elle est considérée comme en danger critique.
L’espèce serait également rencontrée sur les rivages de la Méditerranée et de la mer Noire (Turquie du côté européen, Roumanie, Bulgarie, Ukraine).
Cette répartition sur le pourtour méditerranéen, qui figure dans toutes les bases de données de répartition des espèces, sont cependant surprenantes compte tenu des conditions de reproduction de l’espèce. Il est donc probable que des erreurs de détermination en soit à l’origine.

Biotope

En France, l’espèce se rencontre principalement au sommet des cordons de galets sur les plages mais on peut également la rencontrer sur d’autres substrats* grossiers (graviers) au niveau de la laisse* de haute mer et, de manière plus rare, sur du sable comportant une certaine fraction organique. Il arrive également de l’observer sur des falaises ou des rochers soumis aux embruns. Son optimum écologique correspond à une exposition très ensoleillée, un sol rocheux et riche en éléments minéraux. Crambe maritima pousse préférentiellement dans les zones où se trouve enfoui de l’humus issu de la décomposition des algues. Elle ne pousse qu’en milieu littoral. Il s’agit d’une espèce halo-nitrophile.

Crambe maritima est une espèce indicatrice pour 3 habitats EUNIS sur nos côtes : B2.3 (partie supérieure des plages de galet avec végétation ouverte), B2.32 (Communautés de la Manche à Crambe maritima), B2.33 (Communautés atlantiques à Crambe maritima). Elle est également espèce indicatrice de l’habitat 1220-1 des cahiers d’habitat (végétation des hauts cordons de galets) de la directive européenne 92/43/CEE du 21 mai 1992 modifiée par la directive 97/62/CEE (Natura 2000).

Description

Cette plante glabre, à tige épaisse, ramifiée, peut atteindre 60 cm de long. Les feuilles, charnues et pruineuses, sont oblongues et présentent une couleur bleu-vert. Elles sont découpées et ondulées sur les bords. La ressemblance avec le chou cultivé est relativement forte et sa reconnaissance est donc immédiate lorsqu’on l’observe dans son biotope*.

Les plants se développent chaque année à partir d’une souche ligneuse d’où émergent au printemps des petites pousses crépues de couleur violette, qui deviendront progressivement bleu-vert en grandissant. En hiver, le plant, limité à sa souche, n’émerge pratiquement plus des galets.

Espèces ressemblantes

Le chou marin ne peut être confondu avec aucune autre plante dans son biotope* naturel.

Alimentation

Comme tout végétal, le chou marin élabore sa matière organique carbonée par photosynthèse* à partir de dioxyde de carbone, en utilisant la lumière comme source d'énergie. Son système racinaire lui permet d'absorber l'eau et les éléments minéraux.

Reproduction - Multiplication

La floraison a lieu en mai/juin sur nos côtes, sur les plants âgés de plus de 5 ans. Les fleurs, nombreuses, sont de couleur blanche, parfois rosée. Elles comportent quatre pétales* et quatre sépales* étalés, comme toutes les fleurs de plantes crucifères, et six étamines*. Les fleurs sont hermaphrodites*. Elles sont regroupées en panicules*.

Après pollinisation, assurée par les nombreux insectes qui fréquentent les fleurs, celles-ci donnent naissance à des fruits secs et très durs. Ces fruits sont composés de deux parties : la première est globuleuse et fertile, la seconde, qui relie la partie globuleuse à la plante, a la forme d’un pédoncule* et est généralement stérile. Chaque fruit, que l’on appelle silicule (ou silique), contient une à deux graines. Les fruits arrivent à maturité durant l’été. Un seul plant peut produire jusqu’à 10 000 fruits chaque année.

Les fruits contiennent une substance inhibitrice de germination. Pour que cette substance disparaisse, il est nécessaire que le fruit soit enfoncé dans un sol initialement humide mais bien drainé et subisse une séquence de température particulière comportant une période pas trop chaude (25 °C) et une période froide (4 °C). Les graines issues des plants bretons ne germent qu’entre 5 °C et 10 °C. La germination est nettement favorisée par la présence d’eau peu salée.

En milieu naturel, Crambe maritima se reproduit fréquemment de manière végétative, par export de fragments de la souche (arrachés par exemple lors de tempêtes).

Divers biologie

La durée de vie des plants de Crambe maritima peut dépasser 20 ans.

La teneur en chlorophylle* (et donc la photosynthèse*) diminue avec la concentration en sel du milieu racinaire. Inversement, la transpiration de la plante augmente avec la concentration en sel, ce qui correspond au comportement normal des plantes halophiles*.

Bien que les populations du littoral de la Manche soient relativement espacées les unes des autres, J.M. Bond & al. (2005) ont montré qu’il n’y avait pas d’isolation génétique. Les courants marins favorisent les flux génétiques via le transport de graines. Il n’en va pas de même pour les populations du sud Bretagne, pour lesquelles aucun courant marin ne peut amener de graines étrangères aux populations.

Informations complémentaires

L’espèce est comestible et consommée notamment en Grande-Bretagne. En général, on consomme les jeunes feuilles que l’on fait blanchir en les faisant pousser à l’abri de la lumière (selon la même technique que les endives). Elle peut facilement être cultivée en jardin, pour peu que le substrat* corresponde à ses préférences.

Origine des noms

Origine du nom français

Le nom français tire son nom de la ressemblance de cette espèce avec le chou potager

Origine du nom scientifique

Le nom de genre Crambe provient du latin [Crambe] = chou

Le nom d’espèce maritima provient du latin [maritima] = maritime

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 426071