Coquille ovale-oblongue, courte, équivalve, inéquilatérale, blanche, brillante, opaque
10 à 15 mm de longueur
Sommet petit et central
Les 2 sommets se touchent
Périostracum très mince, blanc jaunâtre
Coquille lisse ou avec de très fines stries de croissance
Bord inférieur du sinus palléal partiellement fusionné avec la ligne palléale
Abra ovale
Abra ovata (R. A. Philippi, 1836)
Erycina ovata R. A. Philippi, 1836
Syndesmya (Lutricularia) ovata (R. A. Philippi, 1836)
Syndesmya ovata (R. A. Philippi, 1836)
Amphidesma lactea Krynicki, 1837
Amphidesma segmentum (Récluz, 1843)
Syndosmya segmentum Récluz, 1843
Abra segmentina H. Adams & A. Adams, 1856
Scrobicularia fabula Brusina, 1865
Syndosmya cailliaudi P. Fischer, 1867
Syndosmya segmentum var. brevis P. Fischer, 1867
Syndosmya segmentum var. incrassata P. Fischer, 1867
Syndosmya segmentum var. subrostrata P. Fischer, 1867
Abra tenuis lorenzoi Cecalupo, Buzzurro & Mariani, 2008
Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Abra segmentum est présente en Atlantique Nord-Est, de la France au Maroc, en Méditerranée, en mer Noire, en mer Caspienne et autrefois en mer d'Aral.
En Méditerranée, Abra segmentum, est strictement lagunaire (comme dans les étangs de la côte méditerranéenne française) et elle est considérée comme caractéristique de ces lagunes littorales, avec un large spectre de salinité (euryhaline*, elle supporte des salinités comprises entre moins de 1 et 62 ‰) et de température (eurytherme*).
Dans le golfe du Morbihan, en particulier, elle est présente en forte densité dans des sédiments peu profonds recouverts de Zostères.
Elle peut être présente dans des sites d'eau saumâtre.
La coquille est ovale-oblongue, courte, équivalve, inéquilatérale, blanche, brillante, opaque. Elle mesure 10 à 15 mm de longueur (jusqu’à 17 mm). Elle est lisse ou avec de très fines stries de croissance. Le sommet est petit et central. Vus de dessus, les deux sommets se touchent. Le périostracum* est très mince et blanc jaunâtre.
L’intérieur est terne, blanc uni. Le bord inférieur du sinus palléal est partiellement fusionné avec
la ligne palléale.
Le manteau est
jaune pâle ou orangé.
Il existe 5 autres espèces du genre Abra sur nos côtes. Elles sont difficiles à distinguer les unes des autres, elles sont toutes de petite taiIle et blanches. Il est nécessaire d’avoir les coquilles entre les mains (et souvent une loupe) pour les distinguer.
Abra alba (Wood, 1802). Elle est présente en mer Baltique, en mer du Nord, de la Norvège jusqu’au Sénégal, ainsi qu’en Méditerranée et en mer Noire. La coquille, équivalve*, blanche et brillante, légèrement transparente avec un éclat velouté, est largement ovale. Elle mesure 10 à 15 mm de longueur (mais peut atteindre 20 mm). Les sommets sont en arrière d’une ligne médiane. Le périostracum*, mince, brun clair ou rouille, n’est apparent que sur les marges de la coquille. La coquille est lisse ou avec de très fines stries de croissance.
Elle vit dans les 3 à 5 cm des sédiments avec une préférence marquée pour les sables fins envasés.
Abra longicallus (Scacchi, 1834). Elle est présente de la Norvège à la Macaronésie* et en Méditerranée. La coquille, fragile et blanche, mesure 7 à 12 mm de long (jusqu’à 15 mm), elle est ovale, aplatie, inéquivalve* (la valve gauche est plus gonflée que la droite) et son extrémité postérieure est pointue. Les stries concentriques de croissance sont fines et la présence de fines stries rayonnantes est caractéristique. Le périostracum est brun. Le sinus* palléal* est profond et son bord inférieur est partiellement confluant avec la ligne palléale.
Elle vit en dessous de la zone de balancement des marées jusqu’au bas de la pente continentale.
Abra nitida (O.F. Müller, 1776). Elle est présente de la Norvège au nord-ouest de l’Afrique et en Méditerranée. La coquille est mince et cassante, blanche, semi-transparente et brillante, équivalve*. Elle est allongée-ovale et mesure 7 à 15 mm de longueur. Les sommets sont juste en arrière de la ligne médiane. Les stries de croissance sont très fines (à peine visibles à la loupe). Le périostracum est rarement conservé. L’intérieur de la coquille est blanc, brillant. Le sinus palléal est profond et son bord inférieur est confluant avec la ligne palléale.
Ce petit bivalve vit dans les sables vaseux et dans les graviers envasés en dessous de la zone de balancement des marées jusqu’à 200 m de profondeur.
Abra prismatica (Montagu, 1808). Cette espèce est présente de la Norvège au nord-ouest de l’Afrique et en Méditerranée. La coquille est fine et cassante, allongée-ovale à fusiforme, environ deux fois plus longue que large, blanche, semi-transparente et brillante, inéquilatérale*, sa surface présente une brillance veloutée. Elle mesure 7 à 15 mm de long. La surface de la coquille est lisse, tout au plus avec de très fines lignes de croissance visibles à la loupe. Le périostracum est brun clair. L’intérieur de la coquille est blanc brillant. Le bord inférieur du sinus palléal est partiellement fusionné avec la ligne palléale.
Elle vit dans une grande variété de substrats, mais se rencontre préférentiellement dans les sables hétérogènes envasés. En dessous de la zone de balancement des marées jusqu’à environ 60 m de profondeur.
Abra tenuis (Montagu, 1803). Cette espèce est présente du Danemark jusqu’au nord-ouest de l’Afrique et en Méditerranée. La coquille mince et cassante, équivalve*, équilatérale*, est presque triangulaire et arrondie dans sa partie la plus large. Cette coquille est d’un blanc terne avec un périostracum souvent irisé, blanc grisâtre ou fauve parfois taché d’un brun très foncé près des marges. Elle mesure 5 à 10 mm de longueur (jusqu'à 12 mm). Les nombreuses fines stries de croissance sont visibles à la loupe. Le sinus palléal est profond, son bord inférieur est partiellement fusionné avec la ligne palléale.
Elle vit dans les sables vaseux (comme la slikke*) de la zone de balancement des marées et plus spécialement dans des zones soumises à des dessalures comme les estuaires ou certaines lagunes saumâtres.
Abra segmentum vit dans des environnements vaseux calmes. Elle est suspensivore* dans le golfe du Morbihan et plutôt déposivore* (dépositivore ou "deposit-feeder") dans les lagunes méditerranéennes. Elle se nourrit de la matière organique (et de petits organismes) présents à la surface du sédiment.
Le siphon* inhalant* explore le sédiment en décrivant des cercles autour de son orifice de sortie. Il capture ce qui est présent en surface. Régulièrement ce siphon se rétracte dans le sédiment et émerge, à côté, afin d’explorer une nouvelle zone.
Le siphon exhalant* reste presque toujours sous la surface et parfois il est possible d’observer le sédiment rejeté sous forme de cercles à la surface. Mais les pelotes fécales ne sont jamais déposées en tas à la surface du sédiment.
Abra segmentum est une espèce gonochorique*. Les
sexes sont séparés mais ils ne peuvent être distingués que par une dissection.
Dans les lagunes et le golfe du Morbihan, l'activité reproductrice s'observe au printemps et en été quand la température de l'eau augmente. Les individus les plus jeunes commencent à se reproduire quand ils ont 5 à 6 mm de long. Les gamètes* (spermatozoïdes* et ovules*) sont rejetés dans la cavité palléale* et évacués par le siphon* exhalant* par pompage. La fécondation se produit dans le milieu extérieur.
Les œufs se transforment en larves* trochophores* nageant librement, puis en larves véligères* planctotrophiques*. Les stades larvaires sont tous planctoniques*. Les larves sont soumises à une très forte mortalité. Au moment de la métamorphose*, les larves quittent le plancton et le bivalve passe le reste de sa vie comme membre du benthos*.
Il est possible que dans des conditions environnementales différentes, A. segmentum adopte des stratégies de vie différentes, à moins qu'il ne s'agisse d'un cas d'espèces sœurs (ou cryptiques*).
On peut trouver jusqu’à près de 5 000 individus/m² dans certaines lagunes méditerranéennes.
Abra segmentum est souvent accompagnée par les espèces suivantes : Ficopomatus enigmaticus, Hydroobia acuta, Gammarus aequicauda, Hediste diversicolor.
Abra segmentum peut héberger de nombreux endoparasites* aux stades larvaires* comme :
Pronoprymna ventricosa (Rudolphi, 1819) Poche,1926, Cercaria plumosa Sinitsin, 1911, Gymnophallus nereicola Rebecq & Prevot, 1962, Gymnophallus rebecqui Bartoli, 1983, Paratimonia gobii Prévôt & Bartoli, 1967, ou Parvatrema isostoma Belopolskaja, 1966.
Abra segmentum, par son abondance, joue un rôle important dans l'alimentation des poissons présents dans le même milieu.
Les siphons* sont consommés par Solea vulgaris et, en Méditerranée, l'animal entier est consommé par de nombreux poissons comme Sparus aurata.
Par son abondance, cette espèce homogénéise le substrat de façon mécanique et aléatoire sur de courtes distances. De tels organismes sont qualifiés de bio diffuseurs.
Syndesmie ovale : le nom vernaculaire d'une autre espèce plus commune, Abra alba, est syndesmye blanche. Afin de garder une unité, le nom de syndesmye est proposé. La forme de la coquille est ovale et un des noms synonymes est ovata, soit ovale.
Abra : du grec [abros] = gracieux, délicat. Genre créé par le zoologiste britannique William Elford Leach (1790-1836), rapporté en 1818, par le naturaliste français Jean-Baptiste Pierre Antoine de Monet Chevalier de Lamarck (1744-1828).
segmentum : du latin [segmentum] = section, gravure, segment. Le malacologue français Constant Récluz (1797-1973) a décrit cette espèce en conservant le nom donné par le malacologue italien Oronzio Gabriel Costa (1787-1867) qui l'avait récoltée auparavant.
Numéro d'entrée WoRMS : 141438
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Autobranchia | Autobranches | |
Infra-classe | Heteroconchia | Hétéroconchie | |
Subter-classe | Euheterodonta | Euhétérodonte | |
Super ordre | Imparidentia | Imparidenties | |
Ordre | Cardiida | Cardiides | |
Super-famille | Tellinoidea | ||
Famille | Semelidae | Semelidés | |
Genre | Abra | ||
Espèce | segmentum |
Petit bivalve blanchâtre et aplati
Les fines stries de croissance sont bien visibles.
Le Ranquet, Istres, étang de Berre (13), 1 m
30/09/2020
Rédacteur principal : Yves MÜLLER
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Yves MÜLLER
Cilenti L., Scirocco T., Florio M., Specchiulli A., Barbone E., Rosati I., Vignes F., Renzi M., Basset A., Breber P., 2009, Renewal time in a population of Abra segmentum (Mollusca, Bivalvia): a case of marked r strategy, Transitional Waters Bulletin, 2, 1-14.
Denis P., 1981, Croissance linéaire, croissance pondérale et période de reproduction de Abra ovata, Mollusque Pélécypode, dans la partie orientale du Golfe du Morbihan, Cahiers de Biologie Marine, 22, 1–9.
Grémare A, Duchêne JC, Rosenberg R, David E, Desmalades M., 2004, Feeding behaviour and functional response of Abra ovata and A. nitida compared by image analysis, Marine Ecology Progress Series, 267, 195–208
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Maire O., Duchêne JC., Grémare A., Malyuga VS., Meysman FJR., 2007, A comparison of sediment reworking rates by the surface deposit-feeding bivalve Abra ovata during summertime and wintertime, with a comparison between two models of sediment reworking, Journal of Experimental Marine Biology and Ecology, 343, 21–36
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La page de Abra segmentum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel :INPN
La page de Abra segmentum sur le site de référence de DORIS pour les mollusques : MolluscaBase