Cône strié

Conus striatus | Linnaeus, 1758

N° 4617

Tout l'Indo-Pacifique et la mer Rouge

Clé d'identification

Coquille cylindrique épaisse
Taille de 5 à 11 cm de hauteur
Dernier tour avec de nombreuses stries spirales
Spire crénelée fortement carénée
Coquille blanche avec des taches irrégulières marron
Robe de l’animal tachetée de brun sur fond clair

Noms

Autres noms communs français

Rouleau ou cornet écorché (noms vulgaires anciens)

Noms communs internationaux

Striated cone, grooved cone (GB), Cono estriado (E), Gestreifte Kegelschnecke, Streifen-Kegelschnecke, Gestreifter Kegel (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Conus (Pionoconus) striatus Linnaeus, 1758
Dendroconus (Strioconus) striatus (Linnaeus, 1758)
Hermes striatus (Linnaeus, 1758)
Pionoconus striatus (Linnaeus, 1758)
Conus leoninus [Lightfoot], 1786
Conus huberi Thach, 2018

Distribution géographique

Tout l'Indo-Pacifique et la mer Rouge

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

Cette espèce est très commune et cosmopolite. Elle est présente dans tout l'océan Indien, la mer Rouge ainsi que dans l'océan Pacifique occidental, Hawaï et Polynésie françaises inclus.

Biotope

Ce cône vit principalement enfoui dans le sable dans les lagons coralliens ou sous des blocs de coraux morts du platier peu profond. Il est présent également le long du récif jusqu’à 40 m de profondeur environ.

Description

Conus striatus est un cône d'assez grande taille, pouvant mesurer de 5 à 11 cm de hauteur (un exemplaire de 12,9 cm a été trouvé à Hawaï).

Sa coquille, de forme cylindrique, est épaisse et recouverte d’un fin périostracum* brun jaunâtre à olivâtre plus ou moins transparent. Le dernier tour présente de nombreuses stries spirales ciselées et disposées régulièrement.

La spire* est légèrement pyramidale, crénelée et présente 8 à 10 tours fortement carénés. L’épaule est large et effilée. L'ouverture longitudinale de couleur blanche est longue. Plus étroite postérieurement, elle s'élargit vers la base. Le labre*, convexe, est lisse et tranchant.

La couleur de fond de la coquille est blanche ou ivoire avec des nuances rosâtres ou bleuâtres. Elle est décorée de nombreuses taches irrégulières marron, noires, bleuâtres ou brun-rouge. On distingue souvent 2 bandes spirales assez larges plus marquées de part et d'autre du milieu de la coquille. La spire arbore également des taches agencées de façon radiales ou axiales. La base est blanche, jaunâtre ou rosâtre. Le pied porte dans sa partie postérieure un petit opercule* corné onguiforme* à noyau apical*.

La robe de l’animal (manteau et pied) présente un fond clair (allant du blanc pur au crème) tacheté de brun plus ou moins foncé à brun-roux. Ces nombreuses taches sont disposées de façon irrégulière.

Le siphon est blanc à crème avec de nombreuses petites lignes axiales de couleur marron, réparties sans ordre défini. Les deux tentacules oculaires sont blancs.

Espèces ressemblantes

Conus circumcisus : cette espèce assez rare n’est présente que dans l’océan Pacifique occidental (des Philippines au nord-est de l’Australie).

Conus floccatus : les stries spirales sont nettement moins prononcées. Il est plus petit (il ne dépasse pas 75 mm de hauteur) et il n'est présent que dans l'océan Pacifique occidental.

Conus gubernator : son dernier tour est moins cylindrique et il n’est présent que dans l’océan Indien occidental.

Conus magus : la coloration de la coquille est variable mais le plus souvent on distingue plusieurs bandes axiales irrégulières marron à noires sur fond clair. Sa zone de répartition se limite au nord-ouest de l'océan Pacifique. Les observations dans l'océan Indien semblent douteuses.

Conus floridus, Conus juliaallaryae, Conus subfloridus ont longtemps été considérés comme des sous-espèces de C. striatus. Ils sont considérés de nos jours comme des espèces à part entière mais leurs dissemblances sont très ténues, souvent pour une question d'aire de distribution restreinte, et leur identification demeure une affaire de spécialistes.

Alimentation

Le cône strié est piscivore*, c'est un chasseur nocturne qui se nourrit essentiellement de petits poissons, rarement de mollusques, qu'il chasse à l'affût. Comme tous les cônes, il possède une trompe ou proboscis* située à l'intérieur d'une sorte d'enveloppe musculeuse extensible, le rostre (parfois appelé rostrum ou rhynchodaeum).

L'animal localise sa proie, un poisson, grâce aux chémorécepteurs* très sensibles du siphon* dans lequel l'eau environnante circule. Il développe l'entonnoir musculeux extensible aussi largement que possible ainsi que son proboscis muni à son extrémité d'une dent radulaire* en forme de harpon (de quelques mm de long) contenant un venin très puissant, composé de nombreuses substances neurotoxiques*. Le proboscis s'allonge considérablement afin d'entrer en contact avec la proie. Il enfonce alors la dent qui reste plantée dans la proie. Chez Conus striatus, le sac radulaire peut contenir jusqu'à 40 dents radulaires. Le venin agit rapidement et la proie est immobilisée, paralysée. Comme cette dent est toujours maintenue par le proboscis, grâce à des muscles circulaires (ou sphincters), le cône peut ramener la proie vers l'entonnoir musculeux extensible. Celui-ci enveloppe la proie qui sera digérée par des enzymes puissantes sécrétées par le cône, en deux ou trois heures.
Les arêtes, écailles et structures indigestes seront rejetées.
Le cône peut capturer ainsi un groupe de petits poissons ou un poisson presque aussi gros que lui.

Des observations suggèrent également que certaines espèces de cônes utilisent des composants venimeux pour attirer leurs proies potentielles. Sur le terrain, on a vu certaines espèces de poissons nager vers un Conus striatus qui semblait utiliser un agent d’attraction chimique.

Reproduction - Multiplication

Les cônes sont des animaux à sexes séparés, dits gonochoriques*, et fécondation interne. Les mâles possèdent un pénis en arrière du tentacule oculaire, sur le côté droit. Après l'accouplement, les femelles pondent des œufs protégés dans des capsules ovigères* en forme de vasques aplaties, ondulées et crénelées dans leur partie supérieure. Ces capsules de 25 x 16 mm environ sont disposées en rangées parallèles serrées les unes contre les autres.
Lorsque les larves* trochophores* sortent de la capsule, elles passent par une phase planctonique* d'une vingtaine de jours. Après un stade véligère*, les larves se métamorphoseront chacune en un jeune cône qui se posera ensuite sur le fond.

Vie associée

Conus striatus est rarement recouvert d’épibiontes* dû très certainement à la présence du périostracum*.

Divers biologie

Le siphon*, en plus de sa fonction respiratoire, est l'organe principal qui permet au cône de détecter ses proies, plus que les yeux qui sont moins efficaces.

Les Conus striatus juvéniles portent des couleurs plus brillantes, souvent dans les tons orangés, et la coquille est dépourvue de stries.

Informations complémentaires

On observe une certaine homogénéité des caractères remarquables sur l'ensemble des régions. Cependant, la population de l'archipel d'Hawaï présente des particularités légèrement différentes (coquille plus allongée, spire plus courte, flancs plus rectilignes, …) dues à l'isolation de ces îles.

On distingue, de ce fait, deux sous-espèces de Conus striatus :

Conus striatus oahuensis (J. K. Tucker, Tenorio & Chaney, 2011) dans l’archipel d’Hawaï (océan Pacifique).

Conus striatus striatus Linnaeus, 1758, la plus commune, régulièrement observée dans tout l’Indo-Pacifique.

Le venin des Conus striatus est un des plus puissants après celui du Conus geographus et du Conus textile.
L'étude de ce venin, qui contient différentes protéines, les conotoxines, neurotoxiques puissants, est d'un grand intérêt pour les neurobiologistes.
C'est donc un cône extrêmement dangereux qui, par mesure de défense, peut attaquer une personne (plongeur, promeneur) qui le tiendrait dans sa main ou qui le manipulerait. Une vive douleur, un gonflement de la partie piquée, une sensation d'engourdissement apparaissent rapidement. La mort par paralysie des muscles respiratoires peut intervenir, plusieurs cas létaux ont été rapportés avec cette espèce. Comme il n'existe pas d'antivenin contre les conotoxines, une hospitalisation rapide est essentielle.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Conus striatus apparaît sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN*). Il est rangé depuis octobre 2011 dans la catégorie des espèces dont la préoccupation est mineure (LC pour Least Concern).

Origine des noms

Origine du nom français

Cône : désigne une coquille dont la base est circulaire et qui se termine en pointe.

strié : marqué de sillons parallèles peu profonds.

Origine du nom scientifique

Conus : mot latin = cône, allusion à la forme de la coquille. Nom de genre créé par Linné en 1758.

striatus : mot latin = strié, cannelé.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 215466

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Neogastropoda Néogastéropodes Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea.
Famille Conidae Conidés

Coquille de taille moyenne à grande voire très grande, normalement 20-50mm jusqu'à 170 mm de haut, conique ou biconique avec une ouverture étroite et un canal siphonal court. Sculpture spirale habituellement développée, sculpture axiale absente ou sous la forme de tubercules sur l'épaulement. Sinus anal peu profond à modéré sous la suture. Opercule présent, petit à nucléus terminal. Bouchet & al.2011.

Genre Conus
Espèce striatus

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