Tortue géographique

Graptemys geographica | (Lesueur, 1817)

N° 2892

Amérique du Nord

Clé d'identification

Motifs concentriques jaunes sur la carapace
Dossière verdâtre ou grisâtre carénée en son centre
Plastron jaunâtre uni
Tête, cou et pattes de couleur olivâtre et zébrés de lignes jaunes
Petite tache jaune plus ou moins triangulaire juste en arrière de l'œil

Noms

Noms communs internationaux

Common map turtle, northern map turtle (GB), Tartaruga carta geografica (I), Tortuga mapa común (E), Gemeine Landkartenschildkröte (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Testudo geographica Lesueur, 1817
Malacoclemmys geographica (Lesueur, 1817)
Emys geographica (Lesueur, 1817)
Graptemys geographica (Lesueur, 1817)
Emys lesueuri Gray 1831

Distribution géographique

Amérique du Nord

Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest

Elle est présente dans le sud du Canada (Québec et Ontario) et le nord-est des États-Unis.
Au Québec, on la rencontre dans la région de l'Outaouais, dans la rivière Richelieu, dans le lac Champlain et dans la région de Montréal.

Biotope

La tortue géographique est présente dans les lacs et les rivières de grande étendue à une moyenne d'environ 5 m de profondeur. Elle a une préférence pour les eaux à faibles courants, les fonds vaseux et les zones où il y a beaucoup de végétation aquatique. On la retrouve dans les milieux riverains ou terrestres uniquement lors de la ponte au mois de juin. En été, elle affectionne les sites exposés au soleil, elle n'hésite pas à s'entasser l'une sur l'autre. En hiver, elle hiberne principalement dans les zones profondes des rivières, là où le risque de gel au fond ou d'assèchement est nul et où le faible courant assure une stabilité du substrat. On trouve alors parfois des groupes de plus de 100 individus confinés dans des espaces restreints.

Description

La carapace de la tortue géographique comporte de fins motifs concentriques jaunes ressemblant aux courbes de niveaux des cartes géographiques. La dossière* est verdâtre ou grisâtre. Elle est carénée en son centre. La carène* est légèrement dentelée. L'extrémité des écailles marginales arrière est pointue. La tête, le cou et les pattes de couleur olivâtre sont zébrés de lignes jaunes. On note la présence d'une petite tache jaune plus ou moins triangulaire juste en arrière de l'œil. Le bec est large et pâle. Le plastron* est jaunâtre uni. Ses yeux sont dorés et barrés d'une tache noire qui semble plonger en direction du nez. La tortue géographique possède de longues griffes (surtout aux pattes antérieures). La taille de la carapace du mâle atteint 17 cm au maximum, sa queue est large. La femelle est plus grande, la taille de sa carapace peut atteindre 27 cm, la queue est plus petite et la dossière moins carénée, mais elle est plus bombée que celle du mâle. Elle a le museau un peu pointu et des narines bien visibles.

Espèces ressemblantes

La tortue de Floride Trachemys scripta : sa dossière est d'un brun-vert sombre, basse, de forme régulière sans carène vertébrale. Elle peut être légèrement dentelée ou non à l'arrière. Le plastron est jaune orangé, marqué de grosses taches verdâtres. Elle se différencie principalement par la présence d'une tache ou bande rouge orangé visible sur la tête, derrière l'œil (sauf chez les très vieux spécimens mâles qui sont uniformément brun sombre).

La tortue peinte Chrysemys picta : sa dossière est de forme ovale non carénée, elle peut présenter des lignes jaunes qui ne forment pas de réseau complexe. On note la présence de rayures jaunes ou rouges sur le cou, les membres et la queue. Une grande tache jaune est présente en arrière des yeux, une ligne jaune part de l'œil et s'étire postérieurement.

Alimentation

La tortue géographique se nourrit principalement sous l'eau de mollusques, de crustacés et d'insectes. Elle consomme également quelques plantes, des poissons, des salamandres et des vers. Les proies auxquelles elle s'attaque dépendent de leur taille : les jeunes et les mâles se nourrissent plutôt d'insectes, de petits crustacés, et attaquent la partie exposée des gastéropodes. Les femelles, plus grosses, peuvent en briser la coquille à l'aide de leur mâchoire. Elle peut également s'alimenter de moules zébrées (Dreissena polymorpha) : une espèce invasive dans le fleuve Saint-Laurent. Sa nourriture est toujours avalée sous l'eau.

Reproduction - Multiplication

Les accouplements se produisent au printemps et à l'automne. Les pontes ont lieu de mai à juillet sur les berges et les bancs sableux ou graveleux. Elles comportent en moyenne une quinzaine d'œufs blancs de forme ellipsoïdale et d'un diamètre moyen de 30 mm. Les œufs éclosent au bout de 51 jours (d'août à octobre). La carapace des nouveau-nés est presque ronde vu du dessus, la carène centrale de la dossière est déjà bien développée. Les nouveau-nés mesurent environ 3 cm à l'éclosion. Le sexe est déterminé en fonction de la température d'incubation : à 25 °C on constate qu'il y a plus de mâles et à 30 °C plus de femelles.

Vie associée

Ses prédateurs sont principalement la loutre de rivière (Lontra canadensis), le raton laveur (Procyon lotor), la mouffette rayée (Mephitis mephitis), le pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) et le grand héron (Ardea herodias).

Divers biologie

L'hibernation se passe sous l'eau : les tortues s'enfouissent dans la vase, une mince couche d'eau sous la glace est suffisante. Elles peuvent hiberner sans respirer.

La tortue géographique assure sa thermorégulation en se chauffant au soleil durant le printemps et l'été, et en hibernant sous la glace pendant l'hiver. Contrairement à d'autres tortues, la tortue géographique n'entre pas totalement en léthargie en hiver mais continue à se déplacer sur le fond du cours d'eau ou du lac. À mesure que l'animal se refroidit, son rythme cardiaque ralentit avec la baisse de la température, passant de 20-21 battements par minute à 20 °C à 5-6 battements par minute à 5 °C. Lorsque la température atteint à peu près 2 °C, les tortues se rassemblent au point le plus creux jusqu'au printemps à la fonte des couvertures de glace.

Elle est très craintive et se jette à l'eau au moindre dérangement. Fortement dérangée par les activités nautiques, elle est vulnérable aux collisions avec les bateaux à moteurs. La dégradation des zones humides où l'activité humaine est intense, nuit également à la survie de l'espèce notamment par la destruction des sites de ponte.

Informations complémentaires

Selon la légende iroquoise, la terre aurait été formée sur le dos d'une tortue. Cet animal est également présent dans la structure sociale du peuple iroquois, un des trois clans étant celui de la tortue.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Elle figure à l'annexe II de la CITES* depuis 1996 en raison de sa ressemblance avec d'autres espèces de Graptemys qui sont récoltées intensivement aux États-Unis.

Au Québec, la tortue géographique n'a pas de statut légal en vertu de la loi provinciale sur la conservation et la mise en valeur de la faune (Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune, C-61.1), mais elle y est considérée comme sensible. Il est interdit de déranger, de détruire ou d'endommager ses nids (L.R.Q., chapitre C-61.1, article 26). La collecte, la garde en captivité et la vente d'individus sont interdites en vertu du Règlement sur les animaux en captivité. Le Centre Saint-Laurent (1996) a attribué un statut prioritaire à la tortue géographique.

En 2002, le comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) l'a classifiée comme "espèce préoccupante".

Origine des noms

Origine du nom français

Les motifs concentriques qui ornent sa carapace ressemblent aux courbes de niveau des cartes topographiques.

Origine du nom scientifique

Graptemys : du grec [graptos] = inscrit ou peint et [emys] = tortue d'eau.
geographica : du grec [gê] = terre et [graphicos] = qui concerne l'action d'écrire, l'art d'écrire et la peinture.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Reptilia Reptiles Groupe paraphylétique incluant les vertébrés tétrapodes "rampants" à la peau sèche et écailleuse : tortues, serpents, crocodiles et lézards.
Ordre Testudines Chéloniens Reptiles possédant une carapace dorsale, une carapace ventrale (plastron), et un bec corné. Ce sont les tortues.
Sous-ordre Cryptodira Cryptodires Le cou se rétracte à l’intérieur du corps, sous la carapace, dans un plan vertical, les vertèbres formant alors un S. Le bassin est libre.
Famille Emydidae Emydidés Tortues d'eau douce, de petite taille.
Genre Graptemys
Espèce geographica

Nos partenaires