Ange des mers

Clione limacina | (Phipps, 1774)

N° 4484

Circumpolaire, Atlantique Nord-Ouest, Atlantique Nord-Est, Pacifique Nord, Méditerranée

Clé d'identification

Taille 40 mm
Forme conique transparente
Absence de coquille
Organes natatoires en forme d'ailes
Pélagique
Nage rythmée en pleine eau

Noms

Autres noms communs français

Ange de mer, clione, papillon de mer, escargot de mer, limacine hélicine

Noms communs internationaux

Naked sea butterfly, common clione, sea angel (GB), Angel del mar, (E), Angelo di mare (I), Ruderschnecken, Flügelschnecke (D), Gewone vlerkslak (NL), Änglavingsnäcka (Suède)

Synonymes du nom scientifique actuel

Clio limacina Phipps, 1774
Clio borealis (Pallas, 1774)
Clione borealis Pallas, 1774
Clio miquelonensis Rang, 1825
Trichocyclus dumerilii Eschscholtz, 1825
Clione papilionacea Jeffreys, 1869
Clione anctartica Smith E.A., 1902
Clione gracilis Massy, 1909
Clione kinkaidi Agersborg, 1923

L'écriture Clione limacina limacina (Phipps, 1774) est acceptée comme valide.
Il existerait 2 sous-espèces : Clione limacina antarctica E. A. Smith, 1902 et Clione limacina australis (Bruguière, 1792).

Distribution géographique

Circumpolaire, Atlantique Nord-Ouest, Atlantique Nord-Est, Pacifique Nord, Méditerranée

Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ○ [Terres antarctiques françaises], ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Il vit en Arctique et en Antarctique. On relève sa présence en Atlantique Nord-Ouest dans l'archipel français de Saint-Pierre et Miquelon, dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent jusqu'en Caroline du Nord. On le retrouve en Atlantique Nord-Est sur les côtes européennes, et dans le Pacifique Nord en Alaska.
Cette espèce est parfois signalée en mer Méditerranée.

Biotope

Il nage en pleine eau entre la surface et 350 m de profondeur. Les battements et les ondulations des "ailes" contribuent à le maintenir à une certaine profondeur.
Clione limacina est capable de s'adapter à de larges variations de température ainsi que de salinité.

Description

C'est un gastéropode pélagique* sans coquille au corps transparent. Celui-ci est de forme conique, surmonté d'une tête globuleuse. Le pied de l'ange des mers s'est transformé en une paire de parapodes*, organes natatoires en forme d’ailes ou de nageoires assurant son déplacement.

Sa position d'équilibre est verticale, sa tête est orientée vers la surface. Celle-ci est dotée de 2 paires de courts tentacules* buccaux. Ses yeux sont situés à l'arrière des tentacules postérieurs.

Plusieurs parties de l'animal sont colorées en rouge cerise notamment ses organes internes et sa queue. En phase de prédation, l'animal projette rapidement 6 tentacules longs de sa bouche.
Il peut mesurer jusqu'à 40 mm de long.

Alimentation

L'ange des mers se nourrit de zooplancton* tel que le gastéropode thécosome Limacina helicina, sa proie favorite. Dans l'Atlantique Nord, Limacina retroversa (Fleming, 1823) est également chassée. Ayant un nombre assez restreint de proies, Clione limacina est un prédateur extrêmement spécialisé.
Les tentacules buccaux sont exclusivement utilisés pour capturer ses proies. Lorsqu'il établit un contact avec ces dernières, l'ange des mers éjecte vivement ses trois paires de cônes buccaux. L'ouverture très rapide de la bouche s'effectue en 10 à 20 ms, tandis que le gonflage hydrostatique des cônes buccaux prend de 50 à 70 ms ! Puis il s'agrippe à la coquille de la proie et la fait pivoter de telle manière que l'ouverture de la coquille se présente à l'entrée de sa bouche. L'ange des mers va ensuite extraire sa proie à l'aide de crochets spécialisés et de sa radula*. Il lui faut environ une demi-heure pour nettoyer une coquille et avaler en entier les parties molles du thécosome.

Reproduction - Multiplication

Les anges des mers sont des organismes hermaphrodites* protandres* qui doivent s’accoupler pour se reproduire. Lorsqu’ils rencontrent leur partenaire, les anges des mers s’attribuent le rôle de mâle ou de femelle, selon un entretien réalisé par Christiane Geoffroy et le responsable de l'aquarium d'Osaka au Japon en 2015. La copulation est mutuelle, chaque individu introduit son pénis dans l'orifice sexuel de son partenaire.
Selon le témoignage d'un témoin, plongeuse-photographe de "black dive" (plongée de nuit au-dessus des grands fonds) : le frai* prend 20 à 30 minutes pour la libération des œufs et l'accumulation du mucus qui les entoure. Pendant tout ce temps, la pondeuse agite vigoureusement ses ailes, puis elle nage loin de la masse d’œufs flottante.
Le développement du stade larvaire* jusqu’à l’âge adulte n'est pas documenté à ce jour.

Vie associée

Limacina helicina est sa proie favorite tel que décrit dans la section alimentation. Il est pourvu d’une coquille hélicoïdale senestre* et transparente, particulièrement mince et fragile. Il atteint quelques millimètres, quatre ou cinq, parfois plus. Il se déplace, l’apex* de la coquille dirigé vers le bas, par des mouvements dynamiques de ses organes natatoires.

Divers biologie

Il ne possède pas de branchies, les échanges respiratoires se font par diffusion passive à travers sa peau gélatineuse.

L'appareil buccal est constitué de trois paires de cônes buccaux (intérieurs en comportement courant), de sacs à crochets jumelés qui serviront à crocheter les masses molles de la proie ainsi que d'une radula*. Chez les Clionidés, il n' y a pas de mâchoires.
Les cônes buccaux sont des structures creuses en forme de tentacule provenant de la paroi interne de l'enveloppe du corps, de la cavité buccale, juste à l'intérieur de la bouche. Ces cônes/tentacules sont généralement pigmentés, variant de l'orange clair au rouge, et ont une surface mamelonnée. En position de repos, les cônes sont rétractés dans la tête. Pendant l'alimentation, ils sont projetés, et deviennent très allongés. Les cônes buccaux sont donc des organes préhensiles qui servent à attraper la proie et à retenir sa coquille pendant l'alimentation.
Deux grands sacs, contenant une trentaine de crochets chitineux, sont situés à l'arrière et au centre des cônes buccaux. Chaque sac s'ouvre par une petite ouverture ovale dans la cavité buccale, au-dessus et latéralement à la radula. Lors de la prédation, les crochets seront éjectés pour s'ancrer dans les parties molles de la proie et essayer d'extraire celle-ci de sa coquille.
La petite radula est située entre les extrémités postérieures des sacs à crochets. Le ruban radulaire mobile sert à amener la proie dans la cavité buccale et vers l’œsophage.

Les anges des mers nagent parfois en grand nombre. Ils constituent un élément important de la nourriture des cétacés. Cuvier dans son mémoire décrit que les matelots anglais ont donné le nom de "pâtures à baleine" à Clio borealis.

Informations complémentaires

Ils sont évoqués dans "Vingt mille lieues sous les mers", de Jules Verne : lorsque le Nautilus s'aventure en Antarctique, ses passagers font une excursion à terre et le Professeur Aronnax note : "Le rivage était parsemé de mollusques [...], et particulièrement de clios au corps oblong et membraneux, dont la tête est formée de deux lobes arrondis. Je vis aussi des myriades de ces clios boréales, longues de trois centimètres, dont la baleine avale un monde à chaque bouchée. Ces charmants ptéropodes, véritables papillons de la mer, animaient les eaux libres sur la lisière du rivage."

Origine des noms

Origine du nom français

Ange des mers ou papillon de mer : analogie en lien avec ses organes natatoires en forme d’ailes. Ange de mer est réservé au requin Squatina squatina.
Clione : francisation du nom scientifique.
Homonymes : les éponges de la famille des Clionaïdés

Origine du nom scientifique

Clione : de Clio, la première des neuf Muses, dont le nom signifie en grec : "célébrer". C'est la fille de Zeus et de Mnémosyne (déesse de la mémoire) et c'est la Muse de la Poésie Épique et de l'Histoire, qui chante le passé des cités et des hommes, en glorifiant leurs hauts faits.
Clio est également, selon l'auteur latin Hygin (mais ni Homère, ni Apollodore, ni Hésiode ne la reconnaissent), le nom d'une Néréide, nymphe de la mer dans la mythologie grecque.

limacina
: du latin [limax] = visqueux.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 139178

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Ordre Pteropoda Ptéropodes
Sous-ordre Gymnosomata Gymnosomes
Famille Clionidae Clionidés

Mollusques hétérobranches

Genre Clione
Espèce limacina

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